XXIII : La surprise - (2/2)

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La jeune femme se laissa câliner un moment par Nëjya. Quand elle se fut suffisamment reprise, elle la repoussa.

— Je dois y retourner, dit-elle. C'est ma fête après tout.

— Tu es sûre d'en être capable ? s'inquiéta Nëjya.

— Capable de quoi ? De passer une soirée avec mes amies ?

Elle s'examina dans la glace. Son maquillage avait disparu. Dovaren l'avait déjà essuyé lors de sa crise de larmes précédente. Elle chercha autour d'elle, mais cette chambre vide n'était pas équipée.

— Tu as un mouchoir ? demanda-t-elle à Nëjya.

— Attends, laisse-moi t'arranger.

La Samborren se servit de l'extrémité de sa manche pour achever le travail de Dovaren. Mais son nécessaire se trouvait dans sa suite, deux étages plus haut. Deirane se passerait de maquillage. De toute façon, son tatouage en constituait un bien original à lui seul.

— C'est bon, dit-elle quand elle estima le résultat satisfaisant.

— Merci.

Soudain, prise d'une impulsion, elle écarta le boléro qui lui couvrait la poitrine.

— Eh ! s'écria Deirane en s'éloignant.

Elle referma son corsage, sans toutefois replacer la chaînette qui lui évitait de s'ouvrir de façon intempestive.

— Il y a déjà Dursun qui ne manque jamais une occasion de me les tripoter. Tu ne vas pas t'y mettre aussi.

— Je comprends qu'elle ait du mal à résister. Mais ne t'inquiète pas. Mes pensées vont vers une autre personne que toi.

— J'en suis soulagée.

Deirane était également surprise. La Samborren paraissait si dure qu'elle ne l'imaginait pas éprouver des sentiments pour un homme.

Quelques instants plus tard, les deux jeunes femmes rejoignaient la fête. Le départ de Deirane avait jeté un froid. Les gens discutaient, mais l'ambiance joyeuse du début s'était envolée. Dursun s'était mise à l'écart sur une banquette. Elle ne pleurait pas, mais elle semblait triste. Dovaren l'avait prise dans ses bras pour la réconforter. Il ne restait que Sarin pour assumer le rôle d'hôtesse. Le fait que seuls des domestiques et des eunuques l'entourent d'elle ne paraissait pas la gêner. En fait, elle semblait plutôt joyeuse. Elle avait trouvé quelques volontaires pour lui servir de modèle de nu. À sa grande surprise, Loumäi avait accepté. La jeune femme était si timide que Sarin était sûre qu'elle refuserait.

D'un coup d'œil rapide, Deirane évalua la scène. Elle tourna vers Dursun, mais Nëjya la retint par le bras.

— Je m'en occupe, dit-elle, attends que je te dise de venir.

Deirane hocha la tête puis dirigea Sarin.

Nëjya ayant pris le relais, Dovaren put rejoindre son amie.

— Que s'est-il passé ? demanda-t-elle.

— Des noix de beurrier.

— Des quoi ? C'était le cadeau de Dursun ?

— Oui.

— Et pourquoi cette réaction face à une telle gourmandise ?

— Dresil en vendait. C'est même avec ça qu'il m'a courtisée.

— Oh !

Elle enlaça son amie.

— Les dieux t'ont joué un bien vilain tour.

La chanceuse (La malédiction des joyaux -  Livre 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant