XXXV : L'annonce

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Ard tomba sur Deirane au réveil. Ayant grandi dans une ferme, elle avait pris l'habitude de se lever tôt, même si elle aimait paresser au lit à l'occasion. Depuis son agression, ce trait s'était accentué. Surtout quand son emploi du temps prévoyait des cours à suivre. Il fallait qu'elle fourbît ses armes si elle voulait sortir d'ici un jour. Et vu sa corpulence, ce ne serait pas à la force de son bras qu'elle y arriverait. Ce rôle serait plutôt dévolu aux pierreries qui couvraient son corps. Encore devait-elle apprendre à s'en servir au mieux.

Le vieillard s'assit sur le bord du matelas. Il était le seul homme à pouvoir approcher ainsi Deirane quand elle était nue dans son lit sans qu'elle se sentît menacée. Quoique, à la réflexion, elle n'en savait rien s'il était le seul. Ard était le seul homme à pouvoir entrer dans sa chambre sans invitation.

— Tu penses pouvoir me parler de Dovaren ? demanda-t-il

— Que veux-tu savoir sur elle ? répondit Deirane.

— Tous les détails sur la tentative d'évasion. Je cherche à comprendre pourquoi ça a foiré.

Deirane lui raconta tous les éléments de la fameuse nuit. Quand elle eut terminé, Ard ne dit rien. Il réfléchissait.

— Je crois que Sarin n'a pas menti, suggéra-t-il enfin, ils disposaient déjà toutes les informations quand ils l'ont interrogée.

— Mais comment ?

— Je ne sais pas, mais je dois trouver rapidement. J'ai pu constater que le Seigneur lumineux sait de plus de choses qu'il ne devrait sur ce qui se passait dans le harem.

— Tu penses à un espion ? Pourtant en dehors de notre petit groupe, je n'ai pas de relations avec les autres concubines. On nous ignore ostensiblement.

— Dans quelle mesure crois-tu en la loyauté de Loumäi ?

— Elle ne me trahirait jamais, je lui ai sauvé la vie.

— Peut-être ?

— Comment ça peut-être ?

— Se trouvait-elle réellement en danger ou était-ce une mise en scène pour te donner confiance en elle ? En tout cas, je constate que la recherche du poison destiné à te tuer n'a pas donné de suite.

— Ils ne l'ont trouvé nulle part. Je ne vois pas ce qu'ils pouvaient faire d'autre ?

— Il réapparaîtra un jour. Mais je ne crois pas que la personne accusée sera celle qui s'en sera servi.

Deirane hocha la tête. Elle se doutait depuis longtemps que ce genre de manœuvre arriverait tôt ou tard. Elle espérait juste que le couperet ne tomberait pas sur une de ses amies. Le mieux pour ça était qu'il ressurgît bientôt, pendant que son groupe de fidèles ne possédait encore qu'une influence trop insignifiante pour constituer une cible. Plus tard, quand elle aurait acquis du pouvoir, si le poison refaisait alors surface, il y avait fort à parier qu'il accuserait Dursun ou Nëjya.

Dursun et Nëjya. Deux alliées. Son parti avait déjà perdu la moitié de ses membres, si on excluait les enfants. Elle n'avait pas commencé à se battre qu'elle était en train de perdre la guerre. Elle devait se reprendre.

— On doit vite trouver comment Brun nous espionne, continua-t-elle.

— C'est évident, confirma Ard. Personne ne doit connaître votre prochain plan d'évasion jusqu'à son exécution si vous voulez qu'il réussisse.

— Sans aide extérieure, nous ne pourrons jamais escalader ces murs, remarqua Deirane.

— Il n'y en a pas besoin. Il suffit d'emprunter les passages secrets.

La chanceuse (La malédiction des joyaux -  Livre 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant