Ne jamais se fier aux apparences

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Olivia
*
Par une belle journée d'automne, je partis en ballade avec Alaska, ma chienne qui voulait se dégourdir les jambes. Sur le chemin, nous avons aperçu une magnifique biche aux poils bruns. Celle-ci mangeait des châtaignes toutes fraîchement tombées des arbres de la forêt. Étrangement, elle arrivait à ouvrir le bulbe de ses fruits automnales malgré ses toutes petites pattes, comme si elle avait des mains. Une fois, après avoir fini de manger les châtaignes, elle partit.
J'attachai alors Alaska à sa laisse pour ne pas la perdre en faisant le moins de bruit possible. Nous suivîmes la biche dans son milieu naturel. J'étais curieuse de voir si elle était accompagnée par d'autres de son espèce. Mais plus on s'enfonçait dans la forêt, plus elle devenait sombre, les arbres étaient de plus en plus volumineux et de formes très étranges, le hululement d'une chouette comblait un silence inquiétant.

***

Quand nous arrivâmes, après l'avoir suivi à pas de loup pour ne pas nous faire entendre, au niveau d'une cabane presque en ruine, l'animal s'arrêta. Elle tourna la tête de tous les côtés, mais bien heureusement, ne nous vit pas.
Elle marmonna quelques mots incompréhensibles et un tourbillon de lumière apparut. Je fus abasourdi et mes yeux restaient grands ouverts. La biche avait maintenant des yeux globuleux, un nez crochu à grosses verrues, de longs ongles plein de crasses et un grand chapeau pointu noir. Je fus extrêmement effrayée ! Elle s'était transformée en sorcière. Elle regarda à nouveau dans tous les sens et entra dans ce qui restait de la cabane, qui était sans doute la sienne.
Je fus prise de panique quand je remarqua que j'avais lâché la laisse d'Alaska. Je regardai alors dans tous les sens et soudain, je l'a vis entrer à son tour par la porte de cette ruine. Comment allai-je récupérer ma douce chienne ?
Sur ce, je pris mon courage à deux mains et j 'allai toquer à la porte à laquelle il manquait une poignée. J'entendis une voix crasseuse me dire : « Entrez ! ». J'entrai donc en poussant la porte qui grinça. A l'intérieur, il faisait très sombre malgré le toit à moitié cassé. Il y avait un chaudron tout rouillé, des fioles en verre avec des yeux et des liquides gluants à l'intérieur, tout cela entouré de gigantesques toiles d'araignées. En fait, c'était comme dans un film d'Halloween. Sauf que là, rien de tout ça n'était fictif, je le vis de mes propres yeux.
Puis, une vieille femme apparut, la sorcière. Elle avait Alaska qui se débattait dans ses mains. Elle fut prête à la lâcher dans le chaudron qui fut au-dessus du feu. Elle m'a dit:

« - Ce chien t'appartient petite morveuse?

  - Oui ... elle ... s'appelle ... Alaska, dis-je tremblante.

  - Très joli nom.

  - Je suis vraiment désolé de l'avoir laissé s'échapper, affirme-je apeurée.

  - Sais-tu ce que je fais aux chiennes des petites curieuses qui ont peur des vieilles femmes comme moi?

  - Non...

  - Eh bien, je les mets à cuire dans mon chaudron, accompagnées de rats et de serpents pour les manger. »

Elle la jeta dans le chaudron sans que j'eu le temps de l'arrêter. Je me suis mise à sangloter puis, à pleurer. Je partis et courus le plus vite possible jusqu'à trouver quelqu'un pour m'aider à sauver l'Alaska. De grosses larmes chaudes coulèrent sur mes joues et enfin, je croisai des cyclistes sur la route, une chance en fin de journée. Je leur expliquai tout et ils vinrent avec moi à la cabane de la sorcière. Je pense qu'ils ne me crurent pas car ils n'arrêtèrent pas de rire entre eux alors que j'étais très inquiète et les yeux bouffis juste à côté d'eux. Arrivés sur place, plus rien, plus de cabane ni d'Alaska. Je fus pourtant bien sûr de ne pas m'être trompée de chemin. J'avais mis des indices pour être sûre de le retrouver, comme le Petit Poucet. Les randonneurs me regardèrent, toujours en train de rire. Ils me dirent que j'avais sans doute rêvé. Je me mis à genoux par terre et je pleurai de plus belle. Le plus étrange c'est que j'entendis des pleures juste à côté de moi. Des sanglots provenant d'un animal apeuré. Sur le coup, je crus à des hallucinations donc je partis.

***

Quand je rentrai chez moi, mes parents ne me demandèrent pas où était Alaska ni même pourquoi je pleurai. Finalement après quelques jours, j'essayai de ne plus penser à la sorcière et personne ne remarqua la disparition d'Alaska.

AlaskaWhere stories live. Discover now