Chapitre 40.2

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- Venez, Charles. J'ai une surprise pour vous.

Astrid prit le bras du vieil homme et l'aida à se lever, puis à sortir de la Maison des Morts. Sur la petite place du village maltais était installé un orchestre symphonique, avec les violons à gauche ; les altos, les flûtes, les hautbois, les percussions, les timbales, les clarinettes et les trompettes au centre ; les violoncelles et les contrebasses à droite. Le chef d'orchestre, juché sur un perchoir, fit un signe amical à Astrid.

- Asseyez-vous, Charles. Cet orchestre est uniquement pour vous.

- Pour moi ? répéta le vieil homme, éberlué.

- Ils joueront tous les airs que vous désirez. Vous n'avez qu'à demander à Milo, le chef d'orchestre.

- Comme c'est gentil, Astrid. Je n'ai jamais vu d'orchestre symphonique. Je n'avais ni le temps, ni les moyens. C'était mon rêve ! En faire venir un ici... ça a dû vous coûter une fortune !

- L'argent, ce n'est rien. Vous m'avez apporté bien plus.

Charles hocha la tête, les yeux humides, et tapota la joue d'Astrid.

- Je vais commencer par du Beethoven.

                                                                                       ***

Astrid était nerveuse. Seule dans le salon, elle savait qu'ils n'attendaient plus que son feu vert. Fébrilement, elle lissa sa chemise blanche et sa veste rouge. Sur la table, il y avait plusieurs couteaux et le Pacte de Manfredi, soigneusement reconstitué et encadré.

- Je n'arrive pas y croire, murmura la jeune femme. Ça va recommencer.

Après un dernier coup d'œil à sa coiffure dans le miroir, elle alla ouvrir la porte. Salvatore entra, tout de blanc vêtu, avec ses cheveux argentés et son beau visage aristocratique.

- Je savais que tu serais le premier de la queue, sourit Astrid.

- J'ai dû me battre. Mais je n'aurais laissé personne me doubler.

Il s'avança vers elle, la prit à bout de bras et la regarda intensément.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je te regarde.

- Tu ne m'as pas assez vue, en vingt-quatre ans ? rit la jeune femme.

- Je regarde la femme que tu es devenue.

Il avisa les couteaux sur la table et en prit délicatement un.

- Je suis égoïste et autoritaire, mais je pense que je ne me suis pas mal débrouillé avec toi,

non ?

Salvatore lui adressa un sourire presque timide.

- Tu t'es très bien débrouillé, Salva.

Il lui toucha la joue et referma sa main sur le couteau.

- Il n'y a pas eu un seul jour où je n'ai pas remercié Alvaro et Esperanza de t'avoir mise au monde.

- Tu n'es pas obligé de faire ça, murmura Astrid en regardant le sang qui coulait sur sa paume.

- Bien sûr que si, mon amour. Donne-moi ta main.

Il fit couler quelques gouttes de son sang sur la paume de la jeune femme, et récita les termes du Pacte de Manfredi.

- Sur ma vie et par le sang, je scelle le Pacte de Manfredi. Je protégerai tes intérêts et je ne te trahirai pas. Je protégerai ton existence ainsi que celle de tes descendants.

La Villa Gialla : Tome 1Where stories live. Discover now