Chapitre 39.1

693 69 17
                                    

Chapitre 39

Daniel réussit à remporter la vente de la boîte à musique de Miguel Vargas.

- Je me suis férocement battu avec un type. La mise de départ était de deux-cent dollars, nous avons fait monter les enchères à cinq-mille ! Il a finalement abandonné. Où es-tu ?

- Euh, à Grenade. En Espagne, précisa-t-elle inutilement.

- Je viens te l'apporter.

- Oh, non, tu n'es pas obligé ! Je veux dire...tu peux me l'envoyer par colis, où...

- Astrid, donne-moi ton adresse. Tu es chez tes parents, c'est ça ?

- Oui. D'accord.

Il arriva le lendemain. Astrid resta plantée dans le salon à le regarder : il avait l'air plus vieux, plus sérieux. Plus triste, aussi. Il portait une élégante chemise bleue qui allait à merveille avec ses yeux, d'une excellente qualité. C'est sûrement Mélissa qui lui a achetée.

Daniel lui tendit la boîte à musique jaune, décorée de symboles aztèques violets. Elle la mit en marche et La Marche turque s'éleva dans les airs.

- Je peux savoir pourquoi il te fallait absolument cette boîte ? demanda doucement Daniel.

- Viens voir.

Sur la table, elle avait disposé les trois autres boîtes : celle de Bianca, celle de Charles et celle de Twen-Chang.

- Tu fais une collection ?

Astrid prit la boîte de Miguel, et la palpa jusqu'à trouver le tiroir secret. Avec un soupir de soulagement, elle constata que les morceaux du Pacte étaient toujours là.

- Ils n'ont pas parlé de tiroir caché pendant la vente ! s'exclama Daniel. Qu'est-ce que c'est ?

- Le Pacte de Manfredi, rédigé par Bianca elle-même en 1946.

- Nom de dieu ! Comment as-tu su ?

Astrid lui raconta toute l'histoire depuis sa rencontre avec Charles Massaba. Elle conclut par :

- Si la boîte de Bianca était ici, c'est sans doute parce qu'elle l'a léguée à sa fille, Carmen.

- Ta grand-mère !

- Oui.

Un éclair s'alluma dans les yeux de Daniel.

- J'ai déjà manipulé quelques vieux écrits... Je peux t'aider à reconstituer le Pacte ! Si tu veux, ajouta-t-il.

- Tu ferais ça ?

- Bien sûr. Il va me falloir des gants pour ne pas l'abîmer, une loupe, une pince à épiler et deux plaques de verre, pour pouvoir maintenir le Pacte quand il sera reconstitué.

- Je vais te trouver tout ça.

Elle fouilla dans les tiroirs des meubles du salon. Elle trouva un pistolet, un spray au poivre, et finalement, dans un nécessaire de couture, une petite loupe. Enfin, la jeune femme alla prendre sa propre pince à épiler dans sa trousse de toilette.

- Déjà ça...je vais aller acheter des gants et deux plaques de verre.

Quand elle revint, Daniel était assis à la table de la cuisine et inspectait les boîtes à musique.

- Voilà ! Tu as tout !

- C'est parfait. Merci.

- Merci à toi.

Astrid s'assit délicatement sur la chaise en face de lui. Elle était presque intimidée.

- Tu...tu te souviens de l'homme qui voulait aussi acheter la boîte ?

- Oui...blond, banal. À un moment, il a reçu un coup de fil et c'est là qu'il a arrêté d'enchérir.

- Comment va Mélissa ? demanda Astrid un peu plus tard.

Elle n'avait pas pu s'en empêcher.

- Bien, répondit Daniel d'un ton neutre.

- Et le bébé ?

- Il n'y a pas de bébé. Mélissa m'a fait croire qu'elle était enceinte pour que je l'épouse. Ça a marché, ajouta-t-il avec amertume.

Le cœur et la tête d'Astrid se transformèrent en fanfares. Pas de bébé ! Elle a menti !

- Et toi, avec Lars ?

- Oh...nous ne sommes plus ensemble, bredouilla la jeune femme.

Elle n'arrivait pas à y croire. Daniel ne va pas être père ! Il est libre ! Enfin, il est marié avec Mélissa, mais c'est une abominable garce, et il le sait ! Elle le regarda dans les yeux mais il enfila les gants et se concentra sur le Pacte. Astrid se résolut à aller faire le dîner.

- Tu aimes le chorizo ?

Il hocha la tête d'un air distrait, déjà plongé dans son œuvre.

- C'est une sorte de puzzle, dit-il quand Astrid lui servit une assiette de tortilla au chorizo. Ça va être long et fastidieux.

Mais il avait déjà reconstitué trois coins. Il tapota le quatrième.

- Il en manque un bout, apparemment.

- Oui ! Il reste la boîte de Vassili Pazov. J'avais complétement oublié.

- Tant pis, je vais faire sans.

Astrid regarda ses longs doigts agiles survoler la multitude de petits papiers, à la recherche de celui qui pourrait s'emboîter dans un autre. Elle avait tellement envie de lui qu'elle avait l'impression d'avoir un volcan dans le ventre. Un petit Vésuve.

- Donc, tu as épousé Mélissa...

- Par dépit, compléta-t-il. Par crédulité. Oui.

- Tu ne l'aimes pas. Et moi, je suis libre.

- Astrid...

- Tu as dit que j'étais le plus grand amour de ta vie ! J'ai eu une autre aventure, après Lars, avec Björn. Mais même quand j'étais dans ses bras, je continuais à t'attendre ! Je t'aime, tu m'aimes, alors pourquoi est-ce que tu ne m'embrasses pas, que tu ne me prends pas dans tes bras ? Pourquoi tu ne me fais pas passionnément l'amour par terre, là ? s'énerva Astrid en indiquant le tapis.

- J'en meurs d'envie, crois-moi.

Ses yeux cobalt s'assombrirent et prirent la couleur d'un ciel nocturne.

- Tu te souviens ? Tu disais que toi et moi, ce serait toujours compliqué. Maintenant, c'est plus que jamais le cas. Tu es l'héritière d'Antonio Cavaleri et de Bianca Manfredi, tu as, j'en suis sûr, un avenir prometteur. Tu vas peut-être renverser le président Solovine. Moi, je ne suis que le type lâche qui t'a abandonnée un nombre incalculable de fois et qui, par conséquent, n'est même plus digne de cirer tes chaussures.

Astrid lui prit le visage entre les mains.

- Arrête de te rabaisser tout le temps, Daniel. Tu pourrais prétendre avoir tous les défauts du monde, je t'aimerais quand même !

Il la contempla avec une telle tendresse que la jeune femme en eut les larmes aux yeux.

- Mon trésor, mon existence, c'est toi, murmura Daniel. J'ai fait tellement d'erreurs. Et tu m'aimes encore !

Il semblait ne pas y croire. Astrid l'embrassa avec ardeur.

- Si on testait le moelleux du tapis ? chuchota-t-elle.

Daniel lui fit le plus beau sourire du monde.


Merci <3


La Villa Gialla : Tome 1Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin