Chapitre 15.2

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Quand Ozalee revint, Salvatore et Daniel sur les talons, elle sourit à Astrid mais ses yeux restèrent froids.

- Alors ? C'est la ruée vers l'or, en dessous ?

- Il n'y en a plus beaucoup, certes, mais Ozalee nous en a montré, affirma Daniel.

- C'est vrai, il en reste, rajouta Salvatore.

- Ah, vraiment ? Quelle bonne nouvelle.

Astrid n'en croyait pas un mot, persuadée qu'Ozalee les avait dupés. En ressortant à l'air libre, Daniel voulut lui passer un bras sur les épaules mais elle l'esquiva et piétina férocement l'herbe pour lui montrer qu'elle n'était pas contente. Mais elle n'avait encore rien vu.

- J'organise une cérémonie, ce soir, expliqua Ozalee. Vous pouvez venir.

- Moi aussi ? s'étonna Astrid.

- Oh, non, je suis désolée. Salvatore m'a dit que vous... fréquentiez... d'autres esprits que les miens. Vous pourriez...

- Faire interférence ? Ben voyons !

- Astrid, sois polie ! Tu pourras aller manger ton hamburger.

- Tu lui as parlé d'Erzulie, Salvatore ? Sérieusement ?

- Grace m'en a tellement rabattu les oreilles que...

- Amusez-vous bien, alors !

Astrid partit à grand pas furieux vers l'hôtel. Elle ignora superbement Salvatore et Daniel jusqu'à ce qu'ils partent à la « cérémonie » d'Ozalee. Comme elle recommençait à songer à Domenico et à Lars, elle décida d'aller manger son hamburger. Seule, mais digne.

Le restaurant était très américain, avec un sol en damier noir et blanc, des néons un peu partout et des tables rouges où étaient posées des bouteilles de ketchup et de moutarde. Il n'y avait que deux clients, un routier et un amérindien qui lisait un journal. Au-dessus du bar pendait le drapeau bleu orné d'un bison du Wyoming.

Une serveuse blonde portant un badge indiquant : Stacy apparut.

- Un cheeseburger, s'il vous plaît, avec des frites et un Coca-Cola, commanda Astrid.

Elle rumina un moment en imaginant que la « cérémonie » d'Ozalee se transformait en véritable orgie. Stacy lui apporta son plat et la jeune femme entreprit de dévorer son énorme hamburger en mastiquant comme un taureau furieux.

- Ils vont m'entendre, grogna-t-elle en gobant un cornichon. Tu vas voir.

Quand elle quitta le restaurant vers vingt-deux heures, ils n'étaient toujours pas rentrés. Elle donna un coup de pied dans une chaise et se pencha par la fenêtre pour vérifier qu'elle ne les voyait pas arriver. Comme ce n'était pas le cas, elle décida de retourner à la mine.

Après avoir enfilé son casque et prit une lampe de poche, elle s'enfonça dans le boyau obscur. En temps normal, elle aurait eu peur, mais la colère la poussait vers l'avant, pour prouver que cette fausse Pocahontas était une menteuse.

Astrid arriva enfin au chariot contre lequel elle avait attendu le matin. Elle descendit la pente en prenant appui sur les parois. Elle manqua de glisser plusieurs fois, et la quatrième fut la bonne. Elle atterrit sur les fesses et s'égratigna les mains. Sa lampe roula dans l'obscurité et elle dut pratiquement courir pour la rattraper.

Elle déboucha dans un grand espace et inspecta les murs et le sol soigneusement. Pas de trace d'or. Elle entrevit quelques petites particules brillantes et en gratta une avec son ongle. On dirait une paillette. Ne me dis pas qu'elle les a trompés en collant des paillettes sur les murs !

La Villa Gialla : Tome 1Where stories live. Discover now