11 ~ Learning the skills

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« -Pandore, debout

-J'arrive Cécile... »

Je serre un peu plus fortement l'oreiller contre moi, cherchant la pénombre alors que la lumière artificielle du matin inonde ma chambre. Dans quelques minutes j'ouvrirais les yeux, mais je veux encore me reposer. Alors je me tourne dos à la lumière et fais un bond lorsque quelque chose de glacé atterrit dans mon cou.

En un rien de temps j'ouvre les yeux sur un lieu qui n'est pas ma chambre et toute la réalité retombe sur mon esprit jusque-là perdu en plein rêve. Je n'ai plus de chambre, plus de chez moi et cette voix que j'ai prise pour celle de Cécile, ça ne l'était pas. Aux pieds de mon lit je trouve Lucie, occupée à noter quelque chose sur son calepin avant de me sourire en me voyant enfin éveillée. Je passe ma main dans mon cou, encore froid et humide, avant de remarquer la fine pellicule blanche trôner sur ma couverture. Dès que je fais un mouvement, quelques morceaux de givre se détachent de la couverture et glissent le long du tissu, arrivant sur ma combinaison thermique et disparaissant en quelques gouttes.

«- La température peut descendre très bas pendant la nuit –Me dit Lucie après avoir vu mon petit manège- Et le givre se répand partout, heureusement pour vous que vous portez des tenues spéciales. Comment va ta main ?

-Bien on dirait –Dis-je en la regardant enfin, la faisant bouger ainsi que mes doigts-

-Parfait, heureusement que Reni sait ce qu'elle fait, bien que parfois elle me fasse franchement peur –Dit-elle en levant les yeux au ciel- Veux-tu déjeuner ici ou au réfectoire ?

-Ici, si c'est possible –Dis- en retirant tout le givre de ma couette d'un revers de main et en me redressant, découvrant le lit adjacent vide- Calum est parti ?

-Ce matin quand tu dormais encore, non pas que sa cheville était guérie, mais il semblait avoir envie de retourner en cours. Tu ne bouges pas, je vais te chercher de quoi manger. »

Je la remercie et la laisse quitter l'infirmerie, me laissant plongée dans un silence plutôt agréable. Je ramène un peu l'épaisse couverture sur moi avant d'attraper mon sac de cours et de sortir mon cahier ainsi que celui de Rafael pour recopier, prenant dans le même temps mon petit déjeuner apporté par Lucie. Si le verre de lait chaud est difficile à faire passer, la brioche au sucre et la capsule de confiture sont, quant à elles, un vrai régal. Je n'en ai mangé que rarement au Terrier, nous avions du pain, ou du moins quelque chose de ressemblant, mais la confiture était un produit si cher que nous comprenions avec Victoria pourquoi il n'était pas possible de s'en procurer comme les autres enfants de la Perle.

Quand Lucie a le dos tourné, je racle même le fond de la capsule avec mon doigt pour ne pas en perdre une seule goutte et termine ma dégustation par un sourire de réelle satisfaction.

Le premier depuis que je suis arrivée ici.

Puis une fois débarrassée, je termine de recopier les cours, ajoutant une petite parenthèse au cours de biologie d'hier pour préciser que seul un poison spécifique pourrait tuer certains types de plantes. Et c'est en griffonnant ceci qu'une idée me vient en tête, pourquoi nécessairement tuer ? N'y aurait-il pas moyen de créer un sérum capable de ramener la plante à la normale ? Un remède ? Depuis des années l'AGFA et même les premiers hommes à avoir quitté la surface de la Terre pour la vie subaquatique, sont à l'origine de nombreux sérums, j'imagine qu'il n'est pas impossible qu'un tel produit puisse exister.

Je note l'idée dans un coin de page lorsqu'un cri lointain me fait sursauter, le cri aigü d'une jeune fille en réelle souffrance. Je me redresse plus encore et regarde Lucie se précipiter à l'extérieur à mesure que le cri se rapproche, se mêlant à des pleurs et bientôt des cris plus rauques, agacés, provenant d'un homme. L'écho se fait plus puissant et je vois bientôt trois silhouettes passer l'arche de l'infirmerie, dont Lucie, tenant fermement une petite fille dans ses bras, laquelle semble se vider de son sang. Son cri est intenable, il résonne dans tout l'espace métallique et je regrette finalement le silence de tout à l'heure, serrant les dents pour prendre sur moi.

HuntersWhere stories live. Discover now