Maddie

Chapitre 57 - Jalousie

— Mes chers élèves ! s'écria M. Whelan en se levant. Nous voici arrivés. Pile-poil dans les temps, c'est super ! Alors, je vous explique.

Il se tint debout et appuya ses mains sur le dossier des sièges de part et d'autre de l'allée centrale. Les soufflements et murmures se multiplièrent. Les lycéens connaissaient la longueur des discours de leur principal.

— Nous allons nous diriger vers un restaurant sans prétention, un fast-food pour tout dire ! Ce n'est pas des plus équilibrés, je vous l'accorde, mais on se rattrapera ce soir, car comme vous pourrez le découvrir, le restaurant offrira de nombreux choix et permettra de diversifier bien plus votre alimentation. Pour le moment, nous nous rendons dans un lieu proche, cela évite les déplacements trop nombreux. Nous pourrons manger rapidement...

Une voix s'éleva du fond du car.

— Monsieur Whelan, on peut descendre ?

Il fit la moue en réfléchissant.

— Mais oui ! Trêve de jacasseries, allons manger !

Anthony se dirigea vers Maddie, mais celle-ci lui passa devant sans le regarder. Elle se rendit vers la sortie et sauta du car. Il marmonna dans sa barbe. Si Maddie commençait ainsi le week-end, cela allait vite le fatiguer. Il décida de la laisser dans son coin afin qu'elle se calme seule. Ses sautes d'humeur étaient bien exaspérantes.

Maddie jeta un œil par-dessus son épaule et vit qu'Anthony l'ignorait. Elle fit de même et se dirigea vers le fast-food situé à quelques mètres. Le groupe fit une entrée remarquée et s'installa à l'étage. Maddie se pressa pour s'asseoir et attendit Anthony avec inquiétude.

Il arriva dans les derniers et murmura à l'oreille d'Ashton qui lui asséna une tape dans le dos. Maddie fit semblant de regarder dans une autre direction et espéra anxieusement qu'il se présente dans son champ de vision. Il tira la chaise face à elle avant de s'y asseoir.

Elle savait que son attitude était excessive, mais ne pouvait s'en empêcher. Ses réactions étaient épidermiques quand il s'agissait de son petit ami. À chaque fois, elle s'en voulait, car elle ne pouvait rien reprocher au jeune homme. Elle baissa les yeux et murmura.

— Je suis désolée.

Elle avait parlé trop bas. Anthony pencha la tête et lui demanda de répéter. Elle réitéra ses excuses et lui adressa un timide sourire. Il lui lança un regard de défi.

— Prête à passer un week-end sympa et sans crise de jalousie ?

Elle hocha la tête et essaya de sourire, mais ce n'était pas ça.

Les lycéens étaient affamés et surexcités. Le déjeuner fut vite englouti et le groupe se dirigea vers l'entrée du parc. M. Whelan distribua des bracelets colorés qui permettaient aux lycéens d'accéder aux boissons gratuitement et de façon illimitée. Dans le brouhaha que cela suscita, le principal eut du mal à donner les différentes consignes et l'heure de rendez-vous. Les lycéens se dispersèrent et se ruèrent vers les différentes attractions.

Anthony prit Maddie par les épaules et donna rendez-vous à Ashton en fin de journée. Maddie soupira. Elle allait passer l'après-midi avec son chéri qui n'avait pas hésité avant de se séparer de son meilleur ami. Elle lui adressa un regard plein de reconnaissance.

— Je suis contente de partager ça avec toi.

Elle se précipita vers son attraction préférée : les montagnes russes. Anthony traîna des pieds derrière, peu enthousiaste par tout ce qui se passait à plus de trois mètres de hauteur. Les sensations fortes, ce n'était pas sa tasse de thé. Il se laissa convaincre et suivit Maddie dans la plupart des autres attractions du parc. Il fit un plaisir immense à sa chérie en acceptant la grande roue. À leur sortie, ils croisèrent une dizaine de leurs camarades. Ashton en faisait partie et s'étonna.

— Dis, Art, je croyais que tu n'aimais pas ce qui est en hauteur ?

— Qu'est-ce qu'on ne ferait pas par amour ! lui répondit le concerné.

— Garde de l'énergie pour ce soir, en tout cas, lança Ashton en s'éloignant.

Maddie continua à marcher en silence et finit par demander.

— Ce soir ? Pourquoi il te faut de l'énergie ?

Le jeune homme choisit ses mots avec précaution.

— Eh bien, les Mercures organisent un petit rassemblement.

Elle laissa échapper un drôle de bruit de gorge et rétorqua amèrement.

— C'est de ça dont tu parlais dans le car ?

Anthony hocha la tête et vit l'agacement se peindre sur le visage de Maddie.

— Et tu vas vraiment y aller ?

Anthony haussa les sourcils d'étonnement.

— Pourquoi je n'irai pas ?

Maddie répondit d'une voix lasse.

— Je ne sais pas. Peut-être pour rester avec moi ?

Il passa sa langue sur ses lèvres et la claqua contre son palais. Il prit le visage de Maddie entre ses mains.

— Madeleine Harrington. Je t'aime à la folie. Je ne te le répète que trop souvent, mais là, tu me saoules. On peut passer une partie de la soirée ensemble et après, je peux profiter un peu avec mes anciens coéquipiers. Tu sais, des garçons.

— C'est juste qu'hormis Ashton, les autres n'ont jamais été tes amis, lâcha Maddie.

Anthony reçut cela comme une claque. Il afficha un air outré.

— Je devrais pas passer une soirée avec ceux qui ont été mes coéquipiers pendant le lycée ! Avec qui j'ai apprécié jouer tous les matchs et qui m'ont toujours soutenu !

Il secoua les mains.

— Je ne te demande pas ton avis. Clôturons la discussion.

Il avança rapidement et Maddie, en ronchonnant, accéléra le pas pour le suivre. Le reste de l'après-midi se passa dans un climat tendu.