Chapitre 39 - Frapper d'effroi

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En arrivant chez les Connan, Maddie pria pour qu'Ashton soit déjà parti à son entraînement. Et grand bien lui fit, elle apprit qu'il n'avait pas passé la nuit chez lui.

Sam et Dean, très en forme dès le matin, souhaitèrent jouer à cache-cache. Maddie refusa sous prétexte que la maison était trop grande.

Après réflexion et sous la pression des garçons, elle envisagea l'activité sous un autre angle et y trouva son intérêt.

— C'est d'accord ! Pour commencer, vous vous cachez et je vous cherche.

— OK ! s'exclamèrent-ils.

Maddie s'assit dans le grand canapé du salon et proposa de compter jusqu'à mille.

— Ça vous laisse le temps.

— Super, s'enthousiasma Dean. On se cache ensemble, d'accord.

Il attrapa la main de son frère et ils s'élancèrent dans les escaliers. Maddie s'enfonça dans le canapé moelleux et ferma les yeux.

Alors qu'elle entendait les bruits de pas des garçons qui couraient à l'étage, elle repensa aux évènements de la veille.

— Ce qui est sûr, c'est que peu importe ce qu'on me proposera, les soirées Venus c'est fini pour moi ! s'exclama-t-elle en bâillant.

Alors que les pas avaient cessé de résonner au-dessus de sa tête, Maddie bâilla encore et se mit à compter à voix haute.

— 212, 213, 214, 215, 216...

Épuisée après la nuit courte et agitée qu'elle avait passée, la fatigue eut raison d'elle et elle sombra dans un sommeil profond.

Soudain, une sensation de froid la fit sursauter. Elle battit des paupières pour s'habituer à la luminosité.

— Qu'est-ce que c'était ? s'exclama-t-elle en caressant son bras.

Sam et Dean lui faisaient face, les mines renfrognées.

— C'est moi ! répondit Sam en reposant sa main glacée sur sa baby-sitter.

Maddie se dégagea et se leva.

— OK, je pensais un peu, là ! Retournez dans vos cachettes, je viens vous chercher !

Sam croisa les bras sur son torse et Dean pointa du doigt la grosse horloge au mur.

— Tu pensais pas, tu dormais ! C'est l'heure de manger !

— Même que tu ronfles, se moqua Sam.

Maddie jeta un rapide coup d'œil sur l'horloge. Il était midi. Elle n'en croyait pas ses yeux, elle avait dormi près de trois heures ! Elle s'était littéralement écroulée.

— Pourquoi vous n'êtes pas venus me voir ?

Les garçons haussèrent les épaules et répondirent qu'ils s'étaient bien amusés à l'étage.

— Allez les p'tits gars, dans la cuisine ! Je vous prépare tout ce que vous voulez à manger ! Et après, la télé ! annonça Maddie avec l'idée d'acheter leur silence.

Alors que les garçons mangeaient bruyamment leur burger dans la cuisine, la sonnette retentit. Sam commença à se lever de sa chaise, mais Maddie l'arrêta.

— Je m'en occupe, dit-elle en quittant la pièce.

Elle actionna la poignée et la porte d'entrée s'ouvrit. Sally se tenait là, le visage rayonnant d'un large sourire. À la vue de la capitaine, une expression mêlée de choc et d'étonnement apparut sur le visage de Maddie. Le sourire de Sally s'élargit encore et elle fit un pas vers sa coéquipière. Maddie sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale.

— Bonjour Madeleine, prononça Sally d'un ton neutre.

— Ashton n'est pas là, bégaya Maddie.

— Je le sais. C'est toi que je viens voir, répondit-elle en entrant dans le vestibule.

Maddie referma la porte et se tourna vers sa capitaine. Le sourire ravi de Sally continuait de flotter sur ses lèvres colorées. En entendant les cris des garçons, Sally se rendit dans la cuisine.

— Hello les plus beaux ! s'exclama-t-elle en caressant la tête de chacun. Je vous emprunte votre nounou quelques minutes, restez tranquilles, on est juste à côté !

— On s'est bien débrouillé ce matin quand elle dormait, répondit Dean en mâchonnant.

Sally ne put réprimer un petit rire moqueur et remercia Dean de l'information. Elle adressa un clin d'œil à Maddie, qui se dressait sur le seuil de la porte. Sally ressortit de la pièce en faisant signe à Maddie de venir avec elle.

Dans le salon, Sally se promenait et regardait le jardin à travers l'immense fenêtre. Maddie se tenait droite, à l'entrée de la pièce. Elle ne voulait pas s'éloigner des garçons. Elle sentait son cœur battre la chamade et s'efforçait de prendre sa respiration calmement.

— Alors ? tenta Maddie, sentant une boule se former dans son estomac.

Le fait que la capitaine reste ainsi mutique ne présageait rien de bon. Après quelques secondes de silence pesant, Sally lâcha, les dents serrées.

— Il faut qu'on parle sérieusement. Je crois que tu n'as pas compris à qui tu t'attaquais.

— À qui je m'attaque ? Mais...

— Tu dois être consciente que je décide de tout, la coupa Sally en s'approchant à quelques centimètres du visage de sa coéquipière.

Son sourire avait disparu.

— Tout ce que tu vis, ce n'est pas de la malchance, je le décide, glissa-t-elle à l'oreille de Maddie.

Sally avait le visage dur et ses mots étaient tranchants comme des lames. Ses yeux n'avaient pas trace de pitié. Un éclair de frayeur traversa le regard de Maddie. Elle déglutit péniblement en sentant les larmes affluer à ses yeux.

— Je ne t'ai rien fait, se défendit-elle d'une voix frémissante. Pourquoi ?

— Parce que je l'ai décidé ainsi, chuchota Sally. Et parce que tu l'as cherché !

Elle s'étrangla presque de rire en voyant la grimace de peur de Maddie.

— Cette équipe est à moi et je ne te permets pas de répandre des rumeurs sur mon compte, continua Sally. Et qu'espérais-tu en demandant à mon mec de me mentir ? Tu n'aurais pas dû, Madeleine.

— J'expliquerai ce que tu fais à tout le monde ! s'écria subitement Maddie en bombant le torse.

Sally se dirigea vers la sortie. Juste avant de claquer la porte, elle rétorqua, en affichant une grimace de mépris :

— Ta parole ne vaut rien contre la mienne. Garde bien ça imprégné dans ton esprit !

Maddie était pétrifiée. Elle tremblait et serrait les poings, furieuse contre elle-même d'avoir été si naïve. Elle se reprochait d'avoir mis autant de temps à voir que Sally n'était pas innocente dans ses mésaventures. Mais comment aurait-elle pu imaginer autant de haine et de méchanceté gratuite ?

Une déception intense la submergea et un sentiment profond d'injustice s'empara d'elle. Elle n'avait rien fait pour mériter ça. Elle attendit de se calmer avant de retourner dans la cuisine.

Vidée de toute envie et énergie, elle rejoignit Sam et Dean qui se poursuivaient autour de la table. Une seule chose l'empêchait de s'effondrer à ce moment précis ; Anthony. Il fallait à tout prix qu'elle le voie. Et que tout s'arrange.

Avant de prendre congé des garçons, Maddie réussit tant bien que mal à faire croire à Liz Connan qu'elle n'avait pas dormi le matin même, comme le répétait Dean, mais que cela faisait partie d'un jeu. Liz sembla gober son mensonge et libéra sa baby-sitter.

Maddie ne se dirigea pas vers l'arrêt de bus et s'engagea d'un pas rapide sur le trottoir. Depuis la venue de Sally, tous les muscles de son corps étaient contractés. Marcher lui ferait le plus grand bien. En plus de lui vider l'esprit, cela lui permettrait de se détendre.


MaddieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant