Chapitre 31 - Être surprise

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Maddie n'avait jamais connu cela ; cette émotion si forte qui se propageait dans ton son corps et se concentrait dans son ventre. Elle était stressée, crispée. Quand elle était invisible, elle ne se rendait pas au lycée une boule d'angoisse lui tiraillant l'estomac. Elle était triste de découvrir cette sensation alors qu'elle faisait partie du groupe le plus populaire et envié du lycée.

Elle descendit lentement les marches de l'escalier. Joanna l'accueillit dans la cuisine.

— Comment tu te sens ma puce ? Tu as bonne mine en tous cas.

Maddie marmonna.

— J'ai plus de douleur. Mais je stresse de retrouver les filles.

— Pourquoi ? Ça arrive d'être malade. Personne n'est infaillible !

Maddie bougonna en jetant un œil à son portable. Un texto de Sally venait d'apparaitre.

Désolée j'suis en retard, m'attends pas, on se retrouve au lycée !

Maddie fit de suite les yeux doux à sa mère et tapota sur son ventre du bout des doigts.

— Je crois que j'ai de légères douleurs, finalement.

Joanna rit en attrapant sa fille par les épaules.

— OK, je te dépose !

Les regards furent pesants à l'entrée de Maddie dans l'enceinte du lycée. La quasi-totalité du lycée avait assisté à sa fuite du terrain en direct. Maddie savait ce qu'elle allait vivre : quand elle n'essuierait pas des regards moqueurs, ce serait de mauvaises blagues ou des reproches d'avoir laissé tomber l'équipe.

Une voix féminine s'éleva derrière elle.

— Maddie !

Elle jeta un œil par-dessus son épaule et aperçut Caroline qui se pressait pour la rejoindre.

— Dis-moi, comment tu vas ? s'enquit sa coéquipière en arrivant à sa hauteur.

— Ça va, merci, répondit Maddie, sur ses gardes.

Elle avait en tête le message de Rachel et s'attendait à une réflexion ou à une critique. Mais rien de tout cela ne sortit de la bouche de Caroline.

— Tant mieux ! J'ai eu peur quand tu es partie du terrain ! Vicky nous a dit qu'elle t'avait renvoyée chez toi, que t'avais une dégaine de zombie. Tu as pu récupérer ce week-end ?

— Oui, je me suis reposée, hésita Maddie.

Caroline avait l'air de se soucier de son état de santé et ne semblait pas le moins du monde énervée.

— Super ! J'espère que tu m'aimes bien parce que tu vas devoir me supporter beaucoup cette semaine, la prévint Caroline.

Maddie la fixa, le regard empreint d'inquiétude.

— Ça va bien se passer, la rassura sa coéquipière en riant. On doit récolter encore un peu d'argent pour la compétition !

Maddie se détendit, la perspective de passer du temps en compagnie de Caroline et d'apprendre à la connaître l'enchantait.

— Des sucettes encore ?

— Oh non ! C'est fini ! Sally avait eu une super idée avec ça, mais là, elle a proposé autre chose. On organise une tombola au lycée. On va vendre des tickets pour faire gagner des lots, genre des trucs dont on n'a plus besoin et qu'on peut donner ! T'en aurais toi ?

Maddie n'avait pas grand-chose qu'elle pouvait donner pour la tombola. Elle n'était pas comme toutes ces filles qui obtenaient ce qu'elles voulaient.

— Genre un petit sac, ou un bibelot, un truc de déco, continua Caroline.

Maddie secoua négativement la tête.

— OK, je comprends. Même un bijou fantaisie ? tenta Caroline.

— Ah peut-être. Je regarderai ce soir.

Caroline lui adressa un franc sourire. Elle lui raconta le match et la victoire des Mercures en défaisant son chignon. Ses cheveux couleur blond vénitien lui tombèrent sur les épaules. Elle secoua sa tête de haut en bas.

— T'as une drôle de façon de te recoiffer ! commenta Maddie en riant.

— Je me coiffe et me décoiffe tellement de fois par jour ! J'en viens à me demander pourquoi je me prends la tête à faire une belle coiffure tous les matins !

En continuant leur discussion, Caroline accompagna Maddie à son premier cours. Elles se donnèrent rendez-vous à la pause du déjeuner pour débuter la vente des tickets de tombola. Maddie soupira, satisfaite de ne pas être de nouveau avec Lena.

Rachel lança un regard gêné vers Maddie quand celle-ci pénétra dans la salle de classe. Maddie s'installa et se contenta de lui sourire.

— Ça va ? hasarda Rachel.

Maddie hésita entre l'envoyer balader et faire comme si de rien n'était.

— Bah, je ne sais pas. Je devrais aller bien ou pas, dis-moi ?

Rachel se trouva désemparée face au ton de son amie.

— Eh bien, tu t'es levée du mauvais pied ce matin ? Je peux savoir ce qui me vaut le plaisir de me faire agresser comme ça ?

Maddie répondit, sur un ton sec et moqueur.

— C'est une bonne question ! Je suis malade comme un chien depuis vendredi, je pensais avoir des nouvelles de mes amies et...

— Je t'ai envoyé un texto, la coupa Rachel.

Maddie émit un ricanement méprisant.

— Oh oui, je t'en remercie ! Message de deux lignes à peine pour me dire que ce n'était pas la joie dans l'équipe !

Rachel commença à s'irriter et siffla.

— Tu devrais être contente que je te prévienne.

— Pardon de ne pas me mettre à genoux pour te vénérer telle une déesse. C'est vrai, tu en es une, tu es une Venus !

Maddie sentit monter en elle une vague de colère et s'efforça de maitriser sa voix.

— Tu aurais pu m'appeler ou prendre plus de mes nouvelles. Pourquoi tu ne l'as pas fait ? Tu préfères rester proche de ta capitaine, c'est ça ! Même si elle m'a rendue malade !

Rachel rit aux éclats.

— C'est une blague ? Qu'est-ce qu'elle vient faire dans cette histoire Sally ? Oui t'es malade, mais de la tête, je crois !

Maddie prit cette réflexion en pleine figure. Elle n'aurait pas dû parler de Sally de la sorte, mais c'était sorti tout seul.

Rachel posa sa main sur celle de Maddie et voulut la raisonner.

— Maddie, je comprends que tu aies mal vécu ta maladie pour le match, mais ça ne sert à rien de vouloir mettre la faute sur les autres. Sally, la pauvre, elle n'y est pour rien. Ce n'est pas sympa ce que tu fais là !

Maddie retira sa main. Elle était déçue. Elle aurait aimé que Rachel cherche au moins à comprendre pourquoi Maddie pensait ça. Mais non, Rachel avait, sans hésiter, prit la défense de Sally. Mais qu'est-ce qu'elle espérait ? Sally était sa meilleure amie et elle, Maddie, n'était qu'une pièce rapportée dans leur équipe !

— Laisse tomber, tu ne peux, ou tu ne veux, pas comprendre, lui reprocha Maddie.

Elle tourna ensuite la tête et fixa le tableau blanc. Blessée, Maddie sentit un flot de larmes la submerger et elle fit un effort colossal pour ne pas se mettre à pleurer.

— Mais Maddie, commença Rachel, attristée.

— Buenos dias a todos ! lança Monsieur Sanchez en entrant dans la pièce et en mettant ainsi fin à la conversation houleuse des deux amies.


MaddieWhere stories live. Discover now