Chapitre 62 - Explosion

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Maddie remarqua que Mia et Lena étaient à la porte et les espionnaient. Elle eut envie d'aller leur arracher les cheveux. Elle esquissa une grimace de mépris.

— C'est ça, observez bien ! tonna-t-elle. Vous n'avez rien d'autre à foutre de vos vies !

Les deux filles pouffèrent et rentrèrent dans la chambre en fermant soigneusement la porte. Maddie plongea son regard glacé dans celui d'Anthony et se contint pour ne pas exploser. Elle employa un ton menaçant en brandissant son poing sous son nez.

— Je ne veux pas t'entendre. Toi, tu vas m'écouter ! Tu me dégoûtes. Toi et tes belles paroles ! Toi et ton histoire de confiance ! Tu te fous bien de ma gueule ! Tu les apprécies tes groupies ! Ces pauvres filles qui te collent aux fesses et qui te massent l'ego depuis que tu es le « roi du lycée ».

Elle reprit sa respiration et poursuivit, ses prunelles vertes rivées dans celles d'Anthony.

— Quelle bonne idée j'ai eue de t'inscrire à cette élection ! Maintenant, je vois qui tu es réellement ! Tu as eu ce que tu voulais avec moi et tu veux aller voir ailleurs maintenant !

— Il faut que tu m'écoutes, lâcha-t-il d'un air malheureux.

Ses yeux s'emplirent de larmes. Maddie siffla, au bord de l'explosion.

— Oh non, je t'arrête tout de suite ! Tes larmes de crocodile, tu peux te les garder !

Les éclats de voix alertèrent M. Whelan et Mme Powell qui sortirent de leurs chambres respectives et tombèrent sur le couple. Le principal ferma sa veste, enfilée à la va-vite sur son large pyjama à carreaux et maugréa, en s'approchant.

— Qu'est-ce qui se passe ici ?

— Vous avez vu l'heure qu'il est ? s'offusqua Madame Powell en tapotant sur une montre invisible à son poignet.

Réveillés par le bruit, certains lycéens étaient sortis de leurs chambres alors que d'autres avaient entrouvert leurs portes et observaient discrètement la scène.

— Dans vos lits ! Vous rejoignez Morphée ! intima le principal d'un ton sans appel.

Les jeunes curieux disparurent aussitôt et les portes se refermèrent. Monsieur Whelan reporta son attention sur le couple.

— Vous n'avez rien à faire là, à cette heure-ci ! Et encore moins à faire du bruit !

— Je suis désolé, s'excusa Anthony, les mains tremblantes.

— Quel est le problème ? demanda Madame Powell, en tournant la tête vers Maddie.

La jeune fille resta muette, le regard mauvais braqué sur Anthony.

— On reparlera de tout ça, regagnez vos chambres. De suite, imposa Monsieur Whelan en les désignant de ses index.

Maddie leur tourna le dos et, en ouvrant la porte, bouscula Desiree qui se trouvait derrière à écouter. Maddie lui lança un regard noir et la poussa de l'épaule avant de se précipiter sur son lit. Ses colocataires étaient réveillées et assises sur leurs matelas, mais aucune, face à la détresse de Maddie, n'osa ouvrir la bouche.

Alors que toutes se recouchaient et que la lumière s'éteignait, le seul bruit qui brisa le silence fut les sanglots étouffés de Maddie dans son oreiller.

Anthony avança lentement vers sa chambre, sous l'œil attentif du principal et de Madame Powell. Il s'arrêta devant la porte et s'immobilisa.

— Allez, le pressa le principal du bout du couloir en lui mimant d'actionner la poignée.

Anthony y posa la main. Il la serra si fort que ses ongles s'enfoncèrent dans sa paume. Devant l'exaspération du principal, il se décida à entrer. Le silence dans la pièce était total. La plupart des occupants affichaient une expression gênée ou compatissante. Seule Sally avait l'air ravie, ce qui n'échappa pas à Rachel. L'ancienne capitaine était si surprise par la situation qu'elle cachait difficilement son plaisir.

Anthony s'assit sur le bord de son lit, courba le dos et croisa les bras sur ses cuisses. Il attendit. Lorsque deux claquements de portes résonnèrent dans le calme du couloir, Anthony leva la tête.

— La fête est finie, déclara-t-il sombrement.

Lena commença à s'énerver.

— Hé, ce n'est pas parce que...

— On y va les filles, la coupa sèchement Sally. C'est trop risqué de continuer maintenant. Dommage, on passait une bonne soirée, mais bon, tant pis !

Cet évènement avait enchanté sa soirée. Pour Sally, c'était un magnifique cadeau après son immense déception lors du bal. Elle n'avait fait que parler à Adèle et le couple avait fait le reste tout seul.

Elle attrapa son sac qu'elle remplit de bouteilles. Elle entrebâilla la porte avec délicatesse. Le couloir était obscur et silencieux. Sally s'y engagea et fit signe aux filles de la suivre.

Plusieurs Mercures profitèrent de l'occasion pour quitter la pièce et suivre le petit groupe, dans l'espoir de continuer la soirée ailleurs.

Anthony s'étendit de tout son long sur son lit et se tourna face au mur.

— Ça va aller, chuchota Ashton, une main réconfortante posée sur l'épaule de son ami.

Anthony avait la terrible sensation de vivre un cauchemar éveillé. Il se convint que, quoi qu'il lui en coûte, il récupèrerait Maddie. Il ne pouvait pas vivre sans elle. Et il trouverait un moyen de se venger d'Adèle qui l'avait mis dans cette situation.


MaddieWhere stories live. Discover now