Partie 2 - Illusions d'amour - Chapitre 1

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I'll fulfil all your dreams
Every fantasy
I will be
What you need
Satisfaction guaranteed

- World of Glass de Tristania

Julien s'éveilla en sursaut et s'essuya la bouche. Il avait bavé sur l'oreiller durant son sommeil. Dehors, un soleil timide s'infiltrait entre les nuages. La fièvre l'avait quitté sans un seul au revoir ou mot d'excuse. Et il avait une glorieuse érection.

Ce qui n'avait plus été le cas depuis longtemps.

La panique et la honte le submergèrent au souvenir des scènes les moins plaisantes de cette nuit, et d'un baiser qui lui soulevait encore le cœur, puis il soupira de soulagement. D'autres bribes lui revenaient. Un sourire idiot se peignit sur ses lèvres. Depuis quand ses rêves n'avaient-ils pas été habités par autre chose que des chimères hideuses ?

Dommage que ce charmant « infirmier » ne fût qu'une illusion, car penser à lui réchauffait son âme meurtrie. Pourtant, il ressentait aussi un sentiment de malaise diffus, mais il ne parvenait pas à en identifier l'origine et supposa que ses cauchemars avaient laissé leur empreinte, contaminé de leur poison cette merveilleuse vision. Il aurait attrapé la grippe en déterrant des menhirs plus souvent rien que dans l'espoir de le revoir. L'embrasser. Le toucher. Le caresser. Le sentir frémir de désir contre lui. Non ! Non... Pour la soupe au poulet, bien sûr... Une soupe au poulet aussi délicieuse, comment lui résister ?

Julien entendit du bruit provenant de la pièce d'à côté, la cuisine qui servait aussi de salle à manger. Un verre avait tinté d'une note cristalline.

Un doute affreux s'empara de lui. Il n'avait pas rêvé ? L'ange existait vraiment ?

Mais, dans ce cas, quelle partie de la nuit avait été un rêve et l'autre pas ? Qu'avait-il fait ? Qu'avaient-ils fait ?

Réfléchis cinq minutes : dans ton état, il est impossible que vous l'ayez fait sur la table.

Vrai. Je me serais effondré en bas du lit.

En plus, tu ne dragues des inconnus que si tu t'es mis minable.

Oui, mais j'aurais préféré que tu ne me rappelles pas ce triste fait.

Et tu pues.

Pardon ?

Tu as passé ta journée à vomir, alors qu'est-ce que tu crois ? On n'est pas dans un film hollywoodien où les héros n'ont jamais de morve qui leur coule du nez quand ils pleurent et ne refoulent pas quand ils vomissent. La soupe au poulet : réelle. Le reste : tu devrais arrêter de mater des films pornos.

Ne sous-estime pas mon imagination. Et je suis sûr que son cul réel est aussi beau que son cul onirique.

Alors qu'il débattait avec son âme et conscience, une pensée plus prosaïque lui vint. Il avait intérêt à se calmer, ce qui n'était pas tâche aisée avec les images sulfureuses qui lui revenaient en mémoire. Il se morigéna. Voyons, il n'avait plus quinze ans ! Même si beaucoup de femmes – et il était de leur avis compte tenu de son expérience – estimaient que les hommes ne grandissaient jamais et n'atteignaient jamais la maturité. Après tout, son ex l'avait abandonné comme un chien pour s'amuser avec des garçons encore plus jeunes.

Cette réflexion eut le mérite d'inverser la vapeur de façon radicale, ce qui lui permit de quitter le lit aux couvertures empuanties par la sueur. L'atmosphère de la petite chambre était pour le monde méphitique. Après avoir enfilé un peignoir et passé sommairement la main dans ses cheveux bruns pour se donner l'air présentable, il se glissa prudemment dans la cuisine. Même s'il ignorait pourquoi il agissait avec autant de précautions. Soit ils avaient couché et tout était dit, y compris sur son absence d'hygiène dans la maladie. Soit pas et, dans ce cas, il n'avait rien à se reprocher, n'est-ce pas ? Et comme la seconde solution s'imposait comme la plus probable...

Le roi des tréfondsWhere stories live. Discover now