18 ans.

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6 novembre 1998. Le jour de mon anniversaire. 18 ans. Généralement, on fête ça en grande pompe. J'étais toujours à l'hôpital, mais j'eus cependant une dérogation : je pouvais aller dîner au restaurant avec la famille. Ce fut un repas tranquille : mon père et ma mère rangèrent leur guéguerre le temps d'une soirée pour qu'on soit tous ensemble. Je reçus également un cadeau assez rare encore pour un jeune de mon âge à l'époque : un GSM (téléphone portable). C'était cependant difficile. Le restaurant se trouvait à moins de cent mètres de chez le père d'Aurélia. Je ne pouvais m'empêcher de penser à cela durant tout le repas. Mais globalement celui-ci se passa bien. Après un bon dîner, retour à l'hosto, jusqu'au lendemain, où je pourrai sortir pour le week-end.


Ce fut une des rares fêtes d'anniversaire que j'eus. Je n'aime pas trop être le centre de l'attention. En fait, ce n'est pas que je n'aime pas, c'est que ça me gêne. J'ai encore et toujours l'impression énorme de ne pas mériter une telle attention. Pourtant, ma mère avait bien préparé le coup : Mélanie, avec qui je filais le parfait amour nous attendait à la sortie de l'hôpital, et venait passer le week-end à la maison. Ma mère avait préparé une fête surprise à la Brasserie du Commerce. Mes quelques amis du secondaire étaient là : Marie, François et Maria (mais bien sûr, pas de M.). Comme promis, alors que j'étais toujours hospitalisé, Valentino m'accueillit avec mon verre de vodka. C'était une super soirée.

Bien sûr, le lundi matin, le pot pour le test d'urine était là à m'attendre. Mon sang ne fit qu'un tour : je demandai à signer une décharge pour sortir illico de l'hôpital. Le médecin me demanda de patienter un peu, de réfléchir à la question et d'en parler avec mes parents.

Il fallait aussi réfléchir à un autre problème : que faire de ma vie, maintenant ? Je ne me sentais pas apte à retourner à l'école. De plus, j'avais 18 ans. On ne pouvait plus m'obliger à y retourner. Mais que faire ? Avant de sortir, je rencontrai donc l'assistante sociale qui travaillait à l'hôpital.

Je me disais qu'une chose qui me plairait, avec tout mon vécu, serait d'aider d'autres personnes. Des tas de personnes m'avaient aidé d'une manière ou d'une autre, il était normal que je rende la pareille. L'AS me parla de ses études. Elle m'expliqua qu'il était possible de commencer les études sans avoir son CESS (équivalent du bac en Belgique), diplôme du secondaire supérieur, moyennant la réussite d'un examen d'entrée. Elle me donna diverses adresses d'écoles, dont plusieurs à Bruxelles. Seulement, en début d'année scolaire, il était encore un peu tôt pour s'inscrire pour la rentrée qui serait dix mois plus tard. Mais arrêter l'école entraînait des complications pour mon statut. Et je n'étais pas forcément apte à rentrer directement dans la vie active. On décida donc de me mettre sous certificat médical jusqu'à ce qu'on trouve une solution.

Je ne pouvais cependant plus rester dans l'hôpital. Comme je l'ai dit un peu plus haut, ça ne servait à rien. Discuter avec la psy devenait impossible. Je devais faire des pieds et des mains pour la voir. N'en pouvant plus, j'ai dû faire un sitting dans le hall de l'étage où j'étais hospitalisé, devant les ascenseurs pour qu'elle daigne me recevoir. L'équipe soignante voulait me déloger, que j'aille à table avec tout le monde. Mais je refusai. Cela faisait des heures que j'attendais que le médecin me reçoive, prétextant chaque fois qu'elle devait traiter des cas plus urgents. Ce fut l'avant-dernier entretien. On décida que je sortirais quelques jours plus tard, exactement un mois jour pour jour après mon entrée à l'hôpital.

Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant