La période "M": Avant M.

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Note : Cette première partie a été écrite en 1997. Dans l'ensemble, j'ai laissé le texte tel quel, en faisant quelques modifications, pour laisser les mots, les émotions telles que je les ressentais lorsque j'ai écrit ces lignes. Il y a quelques notes de bas de page, qui expliquent mon point de vue à l'heure actuelle. Les noms de tous les intervenants ont été changés, sauf M qui est l'initiale de la personne.

1 Avant M.

Je crois que tout a commencé lorsque j'ai doublé. J'avais de bons copains, j'aimais la vie. J'étais bien dans ma peau, je vivais dans l'insouciance que chaque jeune possède. J'aimais tout ce que je faisais, le bonheur habitait sans cesse en moi. La vie était belle, même si des disputes éclataient souvent avec mes parents. Bref, j'étais un jeune normal. À la fin de cette année-là, j'eus une petite amie que j'aimais beaucoup. Elle s'appelait Caroline. Je voulais révolutionner le monde, comme tout hard-rocker qui se respecte, j'avais du goût pour la vie, même si les crises d'adolescence me donnaient des fois envie de crier mon dégoût pour cette société capitaliste et son système. Je me disais être anarchiste sans que je le sois vraiment. J'avais déjà écrit des poèmes, pour montrer mes tristesses et mes joies du moment. La crise que j'allais passer commençait déjà à s'amorcer. J'avais déjà deux trois fois touché à l'herbe. Je trouvais ça cool mais sans plus. Je ne savais pas que plus tard, c'est une des choses qui m'aiderait à survivre mais aussi quelque chose qui m'apporta plus tard pas mal de problèmes.

Comme je l'ai déjà dit, j'avais de bons amis, sur lesquels je pouvais compter et eux pouvaient compter sur moi. J'étais follement amoureux de Caroline, mais elle ne le savait pas. J'ai caché pendant longtemps mon amour pour elle, jusqu'à un vendredi, au début du mois de mai 1995. Elle m'avait d'abord dit non, puis sous mes instances, mes poèmes et ma tristesse, elle céda. C'était une fille très douce, avec un sourire réservé. Elle portait ses cheveux noirs en queue de cheval. Elle était très intelligente et elle avait un état d'esprit rationnel. Caro avait un parfum, une essence sublime qui pouvait attirer n'importe quel garçon. Elle avait un visage qui respirait la douceur, la bonté et une grande sensibilité. Je vécus trois mois de bonheur entiers. J'avais même tenté d'arrêter de fumer pour elle.

Ce furent mes trois derniers mois de vrai bonheur. Jamais plus je n'ai été aussi heureux de ma vie. Je croyais vivre dans un rêve fantastique et je croyais que jamais, je n'allais me réveiller. On m'annonça que je doublais. Au moment même, moi qui étais toujours dans mon rêve, je ne réalisais pas ce que ce mot signifiait. Je pense que c'est en partie à cause de ça que j'ai perdu Caro. Bref, elle m'a larguée, le mercredi 16 août 1995. Je m'en souviens comme si c'était hier, et je me rappelle aussi avoir pleuré pendant près de deux semaines.

Elle m'avait invitée chez elle, pour faire une partie de tennis. Dans une de ces dernières lettres, elle m'avait écrit qu'elle devait me parler, qu'elle ne pouvait pas l'écrire, et qu'elle ne pouvait pas me le dire au téléphone. Elle m'avait dit aussi que je ne devais pas m'inquiéter et qu'elle ne m'oublierait jamais. J'avais directement compris ce qu'elle avait voulu dire, ça me turlupinait l'esprit, mais je n'avais pas encore tout à fait réalisé. Après la partie de tennis, je lui ai demandé ce qu'elle voulait me dire elle m'a regardé avec un regard qui semblait avoir de la pitié pour moi. Et je lui ai dit que j'avais directement compris. Je n'ai pas pleuré devant elle, mais quand je suis rentré chez moi je me suis effondré sur mon lit. La première chose que je fis en la quittant fut d'acheter un paquet de cigarettes, que j'ai fumé en deux ou trois heures, allumant cigarette sur cigarette.

Mais à la rentrée scolaire, une déception tout aussi grande vint s'ajouter à mon mal de vivre. Les élèves arrivant en troisième étaient d'une immaturité la plus complète. Je n'arrivais pas à bien m'intégrer et moi-même je ne cherchais pas réellement de contacts auprès d'eux. Je continuais à aller avec les jeunes de mon âge, mais je sentis bien vite que je n'étais plus accepté parmi eux, à part certains potes, dont l'un d'eux s'appelle Marc. Je le cite ici, car il va jouer un rôle important dans mon histoire. Je commençai à connaître la solitude.

Fin septembre, nous avions une journée sportive, hors de l'école. Je fis la connaissance d'une fille, Marianne, une fille super sympa et qui, en plus, n'habitait pas très loin de chez moi. Et même si elle n'était pas canon, elle affichait un certain charme. J'ai passé pendant plusieurs mois les récréations avec elle. On parlait de temps en temps drogues, sans jamais avoir fumé ensemble. Comme on était très copains et qu'on ne se séparait presque pas, beaucoup de gens m'ont demandé si je sortais avec. Il n'y a eu que de l'amitié dans notre relation. Je n'ai jamais eu envie d'elle, et je suppose qu'elle n'a jamais eu envie de moi. Nous n'avons jamais parlé de ça.

Je fumais de temps en temps encore de l'herbe, mais chaque fois, je n'avais eu que des envies occasionnelles, principalement avec des potes, pour passer le temps ou s'amuser. Jamais à ce moment-là, il ne m'était venu à l'idée d'en fumer tous les jours. J'avais toujours mal à cause de ma rupture avec Caro, mais je ne l'ai jamais montré aux autres. Vers mi-octobre, je suis sorti avec une fille. C'était moi qui avais fait la demande, mais en réalité, je ne l'aimais pas vraiment. Nous n'avions pas spécialement d'atomes crochus, et je pense maintenant que c'était principalement par peur de rester seul. Quand elle m'a plaqué, deux semaines plus tard, j'ai pris ça comme une délivrance. Je n'en avais vraiment rien à cirer. Je me rappelle le soir de cette rupture, j'étais avec mon cousin. Il me demanda : « et comment vont les amours ? » Et je lui répondis en me marrant que je m'étais fait plaquer à peine quelques heures auparavant.

Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant