Apprendre à remonter (1): première sortie

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Et voilà ! J'étais sorti de l'hôpital, donc j'étais guéri ! Mon père vint me chercher à 10 heures du matin. L'après-midi, une grande partie de la classe se retrouva au Bureau, un café de Wavre pour fêter cela. C'était cool, c'était chouette. Je retrouvais Marie qui venait me voir à la clinique et François. Une belle après-midi en perspective, pas d'emmerde, juste de l'amusement. En plus, l'ambiance à la maison était sereine. C'était bien. Je pensais que ce qui avait été dit en thérapie familiale porterait ses fruits, mais j'ai vite désenchanté. Ce n'était qu'illusoire, cela n'a été que deux ou trois semaines.


Le dimanche soir, j'allai chez mes grands-parents, car mes parents partaient en pleine nuit et ne voulaient pas que je reste seul, ils avaient trop peur que je fasse une connerie. J'avais rendez-vous le lendemain matin avec Aurélia, et on passa la journée ensemble, car je n'avais rendez-vous avec Olivier qu'à 16 heures. Elle m'accompagna chez lui et passa la soirée avec nous. La semaine en elle-même se passa fort bien, et en plus, Nico sortait aussi pour une période de quelques jours. On passait presque toutes nos journées à trois. On sortait en ville, on allait chez Nico, et surtout Nico et moi faisions les disquaires, ce qui n'enchantait pas toujours Aurélia, car on y restait parfois pendant plusieurs heures. On comparait les Cds on les critiquait etc.. Nico me fit découvrir de chouettes trucs, dont les Deftones et Truly. J'ai très vite adoré ces deux groupes. Surtout Deftones, qui est du même style que Korn. Groupe que j'aimais de plus en plus, et dont je commençais à découvrir ce que c'était réellement.


Une après-midi, Olivier qui est instituteur et qui donne des cours de méthode de travail, essaya de me faire travailler, de me remettre dans le bain pour les études. Je n'arrivais pas. Je n'arrivais pas à me concentrer sur quoi que ce soit. C'était impossible de me mettre au travail. Je voulais y arriver mais c'était impossible pour moi. Je ne savais pas comment j'allais faire à l'école, comment j'allais faire pour étudier et j'avais peur d'y retourner. Je ne voulais pas ravoir l'étiquette que je portais, je ne voulais plus être rejeté par les autres. Mais d'un autre côté je me disais que ça allait aller, avec tout le soutien que j'avais reçu ; je ne serai plus seul.


Le samedi soir de cette semaine chez Olivier, je dormis chez le père d'Aurélia. En effet, mon ami (que je considère d' ailleurs comme un des meilleurs amis qu'on puisse avoir) partait à la mer avec sa tendre moitié (ce terme vient de lui) et il y avait de fortes chances pour qu'il ne revienne pas. Le pire, c'est que je ne le connaissais pas, c'était la première fois que j'y allais. Je fis plus ample connaissance avec le frère d'Aurélia, que j'avais déjà vu une fois auparavant. Il s'appelait Alexis. Il était gravement malade, il avait une maladie qui s'attaque aux articulations, dont je ne me rappelle plus du nom. Aurélia me l'a dit à plusieurs reprises, mais c'était tellement compliqué que je ne l'ai pas retenu. Il allait faire une chimiothérapie. Alexis était un gars très chouette, très gentil, et j'aimais bien rester en sa compagnie. J'avais, et j'ai toujours une immense admiration pour lui, pour son courage, son sourire malgré la douleur qu'il éprouvait. Il m'a vraiment fait réfléchir sur moi-même plus tard, vers la fin octobre de la même année. J'y reviendrai beaucoup plus longuement quand on arrivera à cette période.


Le lendemain, mes parents revenaient de vacances. On était à ce moment-là chez Nico et je téléphonais chez ma grand-mère pour savoir quand ma mère arriverait. Elle était déjà là depuis longtemps. Je me suis pris bien sûr un de ces savons. Pour le début de mon retour à la maison c'était d'enfer. Je n'en pouvais rien, ce n'était pas de ma faute vu que je n'étais pas au courant. Ça recommençait. J'avais une énorme sensation dans le ventre. La même que lorsque on était stressé, mais en beaucoup plus grand, en pire. Depuis ma sortie d'Erasme, j'eus constamment cette sensation, elle s'appelle angoisse. A ce moment-ci, elle était encore légère mais au fur et à mesure que le temps passait, elle augmentait.


La semaine qui suivit mon retour à la maison fut assez pénible. Mon père recommençait. Il criait, me critiquait sans arrêt, disait que ce que je faisais c'était du show, pour que je ne puisse pas étudier. Et consort. C'était absolument faux. Je n'en pouvais rien, je me sentais mal. Mon hospitalisation ne m'avait pas aidé. Au contraire, elle n'a fait qu'empirer les choses. Je m'enfermais de plus en plus dans ma chambre. Surtout le soir, quand mon père revenait du travail. Je ne descendais que pour manger. Je restais tout le temps seul, et je n'arrivais pas à dormir malgré mes deux somnifères et deux antidépresseurs/sédatifs. J'allai chercher la toute vieille télévision et vidéo qui se trouvaient dans le grenier. Comme cela, j'avais une occupation en plus.


Durant cette semaine-là aussi, je téléphonai au Delhaize 2. En effet, mon contrat se terminait fin mars. Et je téléphonais pour voir si jamais ils allaient me réengager, mais je n'y croyais pas trop. Mais, entre janvier et mars, le magasin passa dans un autre district, et le manager de celui-ci, monsieur Mertens, avait eu une friction avec mon père il y a quelques années. En effet, le paternel avait renvoyé le beau-fils de ce dernier pour vol. Donc, M. Mertens me dit au téléphone que justement il n'y avait plus de place au magasin. Ce qui était faux, car mon père s'occupait aussi du Delhaize, mais du côté technique. Malheureusement, mon père ne pouvait rien faire pour cela. Ce qui fait que les absences, plus les broutilles entre mon père et le district manager mirent fin à la carrière d'étudiant chez Delhaize et donc je me retrouvais sans plus un balle.

Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant