Intrusøs (Tome 2)

By BarbaraDray

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Après Alice la vie continue. Julien est partie, la vie a reprit son cour mais pour combien de temps? More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20

Chapitre 12

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By BarbaraDray

Julien me dévorait des yeux pendant que moi je lutter pour garder les yeux ouvert. J’avais peur de les fermer et de m’endormir…pour toujours. C’est alors que soudainement il commença : « Tu m’as fait peur tu sais, pourquoi tu ne m’as rien dit ? –Parce que je t’aimais Ju – Tu m’aimais ? – Tu peux pas comprendre, tu peux pas – Hélo, explique moi, s’il te plait, tu m’as fait vivre trois jour d’enfer, trois jours pendant lesquels je me suis battus pour que la police intervienne et que tu sortes vivante. Trois jours durant je ne pouvais pas dormir, je me couchais à côté de ta place vide et froide en me demandant si je pourrais encore un jour te serrer dans mes bras. Hélo, si tu m’aimes vraiment raconte-moi tout. Je t’en prie. »

            Je le regardais, j’avais envie de pleurer. Lui aussi me fixait en attendant une réponse. J’avais la gorge nouée, me ressasser tout ce cauchemar me faisait peur. Je commençai alors, au bord des larmes : « Ju, je...je sais pas par où commencer. Je… » Je fondis en larmes.

            Julien s’approcha de moi et se mis à me caresser le dos tendrement. Il y avait tellement de choses à raconter que je ne savais pas par où commencer. Lorsque mon chagrin se calma un peu, je commençai mon récit en essayant de l’orienter de manière à ce qu’il soit le plus bref possible : « Ju, je l’ai fait pour toi. C’est l’autre…il… m’a dit que si je ne couchais pas avec lui il allait pourrir et massacrer tout ce que tu as construit… Je pouvais pas Julien, je pouvais pas coucher avec ce connard donc… (Je fondis en larmes) – donc… -donc il s’est mis à me frapper. J’étais comme un animal pour lui. Un jour (je ravalai un sanglot) je lui ai tout balancé à la gueule. Je lui ai dit que je ne voulais plus faire affaire avec lui, qu’il n’avait aucun droit. Au moment de partir, il m’a assenait un coup violent à la nuque ; je me suis réveillée plusieurs heures plus dans l’armoire – Et alors ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ? –Mais tu le sais très bien, il m’a battu jusqu’à la limite de la mort, il a essayé de me tuer en m’étranglant… il... –Il t’a pas violé au moins ? – J’en sais rien, il m’injectait du LHB constamment, je ne savais pas ce qu’il faisait de moi. Il a dû probablement le faire mais je n’ai rien senti. »

            Nous restâmes un long moment à nous regarder dans le blanc des yeux. Julien était à la fois ébahit, triste et furieux à cause de Trensovski. Moi, je n’éprouvais rien, je voulais juste dormir, j’avais faim, et une terrible migraine. J’avais envie de me reposer, d’oublier ce qui venait de m’arriver, penser à autre chose, retrouver mon ancienne vie tranquille. « Et, pour tes parents ? » me dit Julien. Alors eux pas question. Je ne voulais pas entendre parler d’eux. Je ne supporter pas ma famille, je priais pour me faire adopter.

            Mon père me dégoutait profondément, j’étais la seule fille au milieu de trois garçon, pour un Africain comme lui, cherchez l’intrus. Sexiste comme il était, je devais aider ma mère, faire mon lit, la vaisselle, le ménage… le genre de chose que ses fils étaient incapables d’accomplir. Ma mère, pfft, elle soumise comme ce n’était pas permis jouait sa féministe alors qu’au fond elle s’en foutait. Elle trouvait normal que ce soit les femmes qui soient à la cuisine et les hommes au bureau. Quatre enfants, elle qui disait qu’elle n’en voulait pas quand elle était plus jeune a bien tenu ses promesses et ses plans de vie. A chaque fois que je lui faisais une remarque sur la condition des femmes et notamment son caractère soumis et sexiste qu’elle perpétuait à travers moi, elle trouvait toujours le moyen de détourner la conversation comme quoi j’exagérais et comme quoi j’allais me brûler les ailes en continuant avec mes idéologies. De plus, mes parents et mon père en particulier n’avaient jamais eu confiance en moi. Un fille qui allait premièrement passer un BAC L et puis ensuite faire des études de théâtre c’est ce que l’on appelle purement et simplement de la folie. Comment, selon eux, j’allais pouvoir m’en sortir dans un monde comme celui-là ? Mon père était doté d’un franc parlé hors du commun, lorsque j’ai fait mon stage d’entreprise en troisième –je crois- et que au cours d’une conversation j’ai lâché que le métier d’infirmière était intéressant, il me répliqua jusqu’à ma terminale que c’était un métier merdique, sans devenir, que c’était pourrie J’ajoute à cela, les autres petits mots d’encouragements qu’il m’attribua comme par exemple à la fin d’un spectacle de fin d’année en cinquième quand il m’avait dit que je chantais faux et que le spectacle avait était nul.  Bref, voilà comment se dressait le portrait de ma famille et les différents combats que j’ai dû affronter durant mon adolescence.

            « Alors eux, tu les laisses là où ils sont ! Ca ne les regardes pas, tu les appelleras que quand je serais maman ou à l’article de la mort quoi que tout bien réfléchi, dans un cercueil comme ça ils ne me feront pas plus chier. » La simple évocation de mes géniteurs me réveilla brusquement et me jeta dans un une rage incontrôlable et inexpliquée. Ju me regardais amusé et tout souriant, il avait repris des couleurs.

            On frappa à la porte et nous tournâmes alors la tête en direction de celle-ci ; un docteur suivi d’une infirmière entra. Il serra la main à Julien et me salua. L’infirmière, remplaça ma perfusion, pris ma tension ainsi que ma température et check quelques trucs sur l’écran des machines à mon chevet.  Le docteur me demanda si j’allais mieux, comment je me sentais, des questions de médecins en gros. Puis, il demanda à Julien de le suivre. Ju et moi échangeâmes un regard stupéfait avant que mon prince le suive. Je me retrouvai rapidement seule dans la chambre. Je regardais en direction du fauteuil de Julien, il y avait dessus sa veste et dans sa veste, un objet qui m’était familier. Je me penchai péniblement avec tous les maux du monde pour attraper la chose.

            Après quelques instants de lutte considérable, je retirai une peluche rose pâle avec un nœud vert autour du coup : c’était un nounours que j’avais acheté à Ju avant qu’il ne parte en tournée en mémoire d’Alice. C’était une peluche assez petite qui tenait facilement dans une veste moyennement large comme celle de mon homme. Je regardai le jouet, le retournait et le sentait. J’avais l’impression d’avoir ma fille dans mes bras.

            La peluche possédait un petit médaillon en tissu accroché à son collier vert, dessus, j’avais fait brodé le nom de ma fille et sa date de naissance : Alice, 23.03.12. J’esquissais un sourire plein de larmes. Je serai le doudou contre moi et me blottit contre moi-même dans mon lit. Je ressentais quelque chose de bizarre qui s’expliquait par le fait que Ju avait toujours gardé le cadeau que je lui avais offert en mémoire de son bébé décédé. C’était,…la plus belle chose du monde qu’il avait fait pour sa fille. Je me mis à pleurer silencieusement, touchant, sentant, retournant le médaillon de la peluche. J’avais comme une partie d’Alice en bas et l’autre qui veillait sur moi en haut.

            La porte de ma chambre se rouvrit brusquement, je tournai la tête effrayée et surprise : c’était Julien. Il affichait une expression neutre puis vint s’assoir de nouveau sur sa chaise. « Qu’est-ce que tu fais ? » me demanda-t-il « Tu l’as gardé ? –Bien sûr que oui, qu’est-ce que tu crois, je l’ai tout le temps sur moi, je ne peux pas m’en séparer surtout ces derniers jours. » Il se leva les fesses de sa chaises pour essuyer de son pouce les larmes qui perlaient sur mes joues. Je lui souris et lui tendis la peluche : « Tiens, elle est à toi. » Ju la pris et la glissa dans la poche de son blouson. « Qu’est-ce que le médecin te voulait ? –Deux trois trucs pas très importants –Comme ? –Comme les tests ADN que l’on t’a fait ainsi que le test de grossesse – DONC ?! –Pour le test de grossesse il est négatif –ouf ! –Pour le test d’ADN pour savoir si tu as été violé faut attendre encore un peu ».

            J’étais soulagée de ne pas être enceinte et encore moins avec ce salaud comme père du bébé. De toute manière je l’aurais avorté. Je n’étais pas prête à redevenir maman et je ne voulais absolument plus le devenir surtout que le fait d’être mère m’a toujours repoussé. J’étais une mamange, cela me suffisait ; je n’avais pas terminé mon deuil et je ne voulais pas remplacer mon bébé qui était au ciel par un autre qui pourrait vivre tout bonnement et simplement à la place de celui qui est parti. Je ne voulais plus revivre les douleurs de l’accouchement, le stress qui s’accumulait au fil des mois, le nouveau regard de pitié et de compassion des gens quand ils vous voient. Non, je ne voulais pas de ça.

            Julien devait lui aussi être soulagé. Il tenait à moi plus que tout, il ne voulait pas tout comme moi d’un autre enfant. Même si il ne me le disait pas, je le sentais. Il me demandait si je prenais correctement ma pilule avant chaque rapport, moi, étant allergique physiquement –et psychologiquement (un peu aussi)- au préservatif, cela l’ennuyait plus qu’autre chose. Néanmoins, malgré cela nous possédions toujours une vie sexuelle malgré cela. Nous ne le faisons pas pour avoir des enfants mais pour le plaisir, pour nous retrouver, nous montrer mutuellement à quel point on s’aime tout bonnement. Le fait d’avoir des enfants est quelque chose de tellement narcissique au fond que je ne voulais pas en avoir : mettre au monde un être qui n’avait rien demandé pour et au final pour qu’il finisse dans du sapin, non, non. Je ne voulais pas cela. Le monde était trop moche et la vie trop injuste.

            Une idée ma traversa alors l’esprit : « Julien, tu ne m’as jamais parlé d’Alice, fait le s’il te plait, j’en ai besoin. »

            Ju me regardait avec des yeux étonnés, et émus. Il allait enfin se livrer. J'allais enfin découvrir l'homme qui se cachait derrière ce tas de peau et d'os. Julien avait un coeur qui battait..

        Il me regardait, il rougissait au fil des secondes et avait l’air de plus en plus ému. Je le regardais, je voulais qu’il parle car cela ferais du bien à tout le monde y compris en premier lieu à lui. Il baissa la tête, regarda ses pouces qui étaient en train de se faire la guerre avant de relever cette dernière et commencer : « Alice… Alice, je l’ai toujours aimé. Je…je sais pas quoi dire. C’est ma princesse, mon ange, la seule femme que j’aime plus que toi. Elle… te ressemblait tellement, je me rappelle la première fois que je l’ai vu : elle venait tout juste de sortir de ton ventre quelques minutes après que tu ais perdu connaissance. On m’a demandé si je voulais suivre l’infirmière avec qui était mon bébé. Je dis immédiatement oui. Je me rappelle… quand on l’a posé sur le champ, le pédiatre a pris son bras et la relâché : elle ne bougeait pas, je me suis dit qu’elle était morte car elle ne criait pas, ne bougeait pas. Rapidement…du personnel est venu s’occuper d’elle, lui a prodigué les soins nécessaire, on lui a donné un masque à oxygène et tout le tralala. Je n’oublierai jamais son premier cri, la première fois qu’elle a dit : je suis là… » Julien s’effondra en sanglots, je m’approchai le plus possible de lui pour le caresser le dos et lui embrasser le haut de la tête. Il reprit : « J’ai pris quelques photos d’elle et on l’a emmené pour la transférer en réanimation néonatale. Elle était minuscule, si fragile. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, c’était… pfou… le plus beau moment de ma vie. Non… c’était la semaine passée avec elle à partir de ce moment. Après, j’ai compris au fur et à mesure qu’il ne fallait pas trop s’y attaché mais je ne pouvais pas, je…elle m’avait ensorcelé au milieu de tous ces tuyaux.  –C’est tout ce que tu peux dire sur elle ? – Non, non. Si je devais raconter tout ce que j’ai à dire sur elle on y serait encore l’année prochaine. Mais, voilà quoi. C’est mon bébé, ma chair, celle que…celle que j’ai faite au fond. Même si les premières minutes où j’ai su que tu étais enceinte je… je n’y croyais pas, j’avais maudit ce bébé, et bien plus les jours passés, plus je voyais ton gros ventre et plus je voulais devenir papa. – Attend, sérieux, tu ne pensais pas ce que tu me disais quand je t’ai dit que j’attendais un bébé ? – Au début non. Au fait, je savais que tu étais enceinte depuis les première minutes à partir du moment où le docteur t’a prise en charge. On me l’a dit. J’avoue que, je t’avais en partit maudit, je ne voulais pas de bébé…enfin pas maintenant tu vois, je voulais profiter de toi, de t’avoir à moi tout seul, de n’avoir aucune responsabilité. Je t’avoue que si j’avais été un salaud je me serais barré. – Mais tu l’es… en partie –Quoi ? – Tu as beau me dire ce que tu veux Ju, le fait que tu sois partis et que tu ais coupé les ponts, j’ai tout de suite compris. J’avoue que, et bien je t’ai presque oublié. Je dis presque parce que je t’ai tout donné, je pensais au fond de moi toujours à toi, j’avais toujours nos photos dans mon portable, j’ai toujours la peluche chien que tu m’as offerte pour la Saint-Valentin. –J’avoue, en partie. Je voulais casser avec toi, me séparer. Je n’avais pas le courage de le faire, je voyais que tu n’allais pas bien, je savais que si je te disais que je partais que tu te serais probablement jetée sous un train pour rejoindre notre bébé. Je le savais. Et puis tu es réapparut, j’avais honte de moi, je n’assumais rien. Tu refaisais surface dans ma vie, je luttais constamment avec moi-même pour me convaincre que je ne t’aimais pas, que c’était fini mais au fond…au fond je n’ai aimé que toi. Le soir de ton anniversaire, je voulais te parler, m’excuser, je voulais qu’on recommence tout à zéro. Certes je suis un salaud, certes si tu avais été une fille comme les autres tu m’aurais renvoyé chier, mais tu n’es pas une fille comme les autres. J’ai compris, dans le regard qu’on s’était échangé à la cafeteria que tu n’avais rien oublié, que tu ne t’étais trouvé personne d’autre, Julien m’a alors dit que je devais retenter ma chance : c’est ce que j’ai fait. –Attends encore un peu, tu as parlé de toutes nos histoires à Julien Lamassone, ce Julien-là ?! – Oui, oui j’avoue que j’ai rompu notre pack mais je suis désolé, je ne pouvais pas garder ça pour moi tout seul, il fallait que ça sorte. – T’inquiète, moi aussi, j’ai tout dit à Farés, moi aussi il fallait que ça sorte, je…Pour le pendentif Ju, si tu voulais me quitter, explique-moi comment ça se fait que tu me l’as offert – Ah ça, ça fait deux ans qu’il est dans mes affaires. Je me suis toujours promis de te l’offrir à notre premier enfant en même temps que ma demande en mariage. J’ai été trop lâche pour te demander en mariage mais pour lé bébé, et bien…de toute manière, je te l’aurais offert que tu m’aimes encore ou non. Notre histoire et liée Héloïse, on en peut rien y faire. Alice nous unis bien plus qu’un mariage. »

            Ces dernières paroles tournèrent comme une douce musique dans ma tête : c’était la plus belle phrase sortie à jamais de sa bouche. Alice nous unis bien plus qu’un mariage. On resta calme un long moment, méditant sur les paroles de chacun, j’avais l’impression de découvrir un nouveau Julien, un homme que je n’avais jamais vu auparavant. Il était…plus humain, non, plus…plus je ne sais pas. Il venait de se dévoiler entièrement, il venait de parler de sa fille pour la première fois, j’avais aussi des colères et des rancunes contre lui qui ne se manifestaient pas mais qui étaient bien présentes. Il avait au fond voulu se barrer, j’en étais sûre de toute manière, il ne pouvait pas me mentir. Nonobstant, la dernière phrase prononcé par lui m’apaisait, je le regardais en souriant, plus amoureuse que jamais. C’est fou comme on est con quand on aime. Une seconde idée me traversa la tête : « Julien, et maintenant, si je te dis que dans quelques moi je veux un enfant ? – Pour être franche, je en sais pas mais…mais je n’ai pas encore fini avec Alice, je ne veux pas d’un autre enfant. J’en voudrais peut-être un plus tard, avec toi, mais pas maintenant, pas dans quelques mois. Je ne suis pas prêt, je…voilà – Moi aussi, je m’attendais à cette réponse. »

            Un long silence reprit le contrôle sur la pièce, Ju se leva de sa chaise pour aller contempler le paysage à la fenêtre. On toqua à la porte. « Entrez ! ». Le battant en bois grinça pour laisser passer Farés, il avait dans sa main un bouquet de roses pâles, mes préférées. Julien se retourna et le découvrit sur le seuil, à quelques mètres de mon lit : un regard noir s’échangeant entre eux deux. Julien fit comme si il n’avait rien vu et continua d’observer à travers la vitre. Je t’aime Ju, mais tu vois enfin ce que ça fait que de subir ce genre de choses. Continu avec ta poufiasse, mais tu ressens les mêmes choses que moi à présent. Quand mon ami fut à ma portée, je lui « sauta » au cou et le serrai de toutes mes forces bien qu’elles soient faibles. Farés déposa le bouquet dans un vase posé sur ma table de chevet pour s’assoir sur le lit : « Alors tite sœur ? Ça va mieux ? – Ouais et toi ? Je t’attendais pour que tu viennes me défendre » lançais-je avec un air taquin qui nous fit ricaner. Julien se retourna alors violemment, saisit sa veste sur la chaise : « Je rentre, faut que j’aille nourrir les animaux, je reviendrais dans quelques heures ». Il ne me laissa même pas le temps de lui répondre, empoigna la poignée de la porte pour la claquer. Jamais il n’avait été comme cela. Tu vois Juju, on est toujours jaloux quand on aime. Notre différence, j’ai de la maîtrise de moi-même, toi moins.

            Farés et moi nous nous regardâmes avec de gros yeux, avant de se remettre à rire et de faire comme si de rien était. Je recouvrais petit à petit goût à la vie. Julien, puis Farés me faisaient le plus grand bien. Je pouvais parler, me livrer, raconter mon cauchemar, pleurer pour me vider, rire, plaisanter. Farés et moi étions comme des frères jumeaux, on ressentait chacun l’émotion, le malheur, la détresse de l’autre.

            Le jour passait lentement. Je me retrouvai seule dans ma chambre à partir de vingt-heures, la fin des visites. Julien n’était donc pas revenu, il devait être très en colère. Néanmoins, c’était en partie bien fait pour lui. Je devais toujours tout supporter et lui rien. Certes il a souffert mais quand même. Il ne m’assumait pas, j’avais l’impression de vivre un amour imaginaire qui n’avait lieu de dans mon appartement. Quand je sortais de mon immeuble j’étais comme redevenu célibataire, la fille du quartier que tous les petits voyou et les vieux pépés en charentaises draguent. Je n’ai jamais compris pourquoi je devais supporter plus de choses que mon conjoint ne supportait. Par amour, je vivais tout, je devenais un peu comme…ma mère ? Non, non, cela n’est que clairement, simplement et purement impossible. Je ne voulais en rien finir comme une mère au foyer à s’occuper de quatre gamins toute la journée et à s’occuper de la bouffe et des chaussons de monsieur quand il rentrait du travail. Non ! NON ! Moi je n’étais pas comme ça. Si Julien m’aimait vraiment, il devait m’accepter en premier ainsi que mes choix. Le rêve d’avoir un petit-ami qui me prenne la main devant ses potes et qui dise haut et fort que : « Oui, c’est elle ma copine, oui c’est elle et je l’aime » devenait de plus en plus inexécutable.

            Je devais m’affirmer, arrêter de faire la petite soumise car Ju me l’a appris, j’ai autant de force que les autres, je n’ai pas à me soumettre, je ne dois pas. J’ai la force de décider, de commander ce que je veux. Oui Julien tu m’as dit ça, oui tu me l’as répété sans cesse quand je rentrais de mes casting en larmes. Oui, tu me l’as toujours dit ; et bien maintenant je vais appliquer tes bons conseils et sur toi en premier. Je t’aime, je t’adore mais je n’en peux plus de vivre comme ça, je ne suis pas le sac à main que l’on sort tous les dimanches pour aller voir belle-maman. Je suis avant tout ta copine, celle à qui tu as fait un gosse, celle à qui tu as dit que tu ne la quitteras jamais. Oui, c’est à moi. Je suis une femme, j’ai des besoins, j’ai le droit d’avoir ce que je désire aussi non ? Je ne veux pas être soumise, je ne suis pas une soumise, je ne le serais jamais.

            Je me blotti au fond de mes draps, méditant sur ces bonnes paroles pendant que je me rendais au pays des puces.

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