NOTRE CHANCE

By EmmyBlp

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Nora vient d'arriver à Paris pour passer quelques jours chez une amie. La foule de la gare est à peine derriè... More

CHAPITRE 1.2
CHAPITRE 1.3
CHAPITRE 2.1
CHAPITRE 2.2
CHAPITRE 2.3
CHAPITRE 3.1
CHAPITRE 3.2
CHAPITRE 3.3
CHAPITRE 4.1
CHAPITRE 4.2
CHAPITRE 4.3
CHAPITRE 5.1
CHAPITRE 5.2
CHAPITRE 5.3
CHAPITRE 6.1
CHAPITRE 6.2
CHAPITRE 7.1
CHAPITRE 7.2
CHAPITRE 7.3
CHAPITRE 8.1
CHAPITRE 8.2
CHAPITRE 8.3
CHAPITRE 9.1
CHAPITRE 9.2
CHAPITRE 9.3
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16.1
CHAPITRE 16.2
CHAPITRE 17.1
CHAPITRE 17.2
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19.1
CHAPITRE 19.2
CHAPITRE 19.3
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 31
CHAPITRE 32
CHAPITRE 33.1
CHAPITRE 33.2
CHAPITRE 34
CHAPITRE 35
CHAPITRE 36
CHAPITRE 37.1
CHAPITRE 37.2
CHAPITRE 38
FIN
REMERCIEMENTS
ANNONCE

CHAPITRE 1.1

641 78 130
By EmmyBlp

CHAPITRE 1
Partie 1

   Jamais je n'aurai pensé me rendre un jour à Paris. Cette ville me paraissait tellement loin quand j'étais petite et même encore aujourd'hui, à presque vingt-cinq ans. La capitale, pour les gens de la campagne comme moi, c'est un peu comme un pays lointain et inaccessible. Pourtant, j'ai l'impression d'être la seule que ça ne fait absolument pas rêver. Le monde, la pollution, les voitures, rien de comparable à ce que j'ai chez moi.

   Mon amie Elena, contrairement à moi, a réalisé son rêve de devenir Parisienne il y a deux ans déjà. Depuis qu'elle y est, elle n'arrête pas de me dire à quel point Paris est formidable, et qu'il faut absolument que je vienne la voir là-haut, mais je sais qu'au fond elle se sent un peu seule et que son groupe d'amis lui manque. Chaque fois qu'elle m'appelle, je lui promets que je viendrai bientôt, mais au refuge je n'ai jamais de jours de repos. Les chevaux ne vont pas se nourrir tout seuls.

   Le problème c'est que plus le temps passe et plus Elena s'ennuie alors elle trouve de nouvelles solutions à mes empêchements pour que je ne puisse plus lui refuser cette visite. Cette fois-ci, elle n'a pas eu besoin de trouver un argument de plus. Le simple fait d'entendre sa voix au téléphone m'a fait comprendre que je ne pouvais pas refuser sa demande une fois de plus. Elle semblait fatiguée et triste la dernière fois que je lui ai parlé. J'ai senti qu'elle avait besoin de moi et me voilà maintenant, à quelques minutes de mon départ pour la capitale le temps de quelques jours.

   Bien sûr, je ne suis pas complètement horrifiée à l'idée de partir et d'ailleurs j'ai très envie de voir mon amie, mais je me demande comment Ulysse et Jeane vont faire sans moi.

   Certes, ils me donnent régulièrement des coups de main, mais de là à gérer un refuge accueillant près de cinquante chevaux, pendant une semaine...

   Il faut que j'arrête de penser à ça, maintenant que je suis partie il faut que je leur fasse confiance. C'est déjà le cas, mais lorsqu'il s'agit de mes petits protégés je ne peux m'empêcher de me faire du souci.

   Il me revient une information importante que je voulais communiquer à mes amis avant de partir, mais je crois que j'ai oublié de le mentionner dans mon discours de départ. Il faut que j'appelle Ulysse avant que le train démarre et que je perde ma connexion.

   Il décroche avant la deuxième sonnerie, il sait qu'il n'a pas intérêt à rater un de mes appels sinon je serais dans le premier train en direction de la maison avant qu'il ait eu le temps de me rappeler.

   — Non Nora, nous n'avons pas encore tout fait brûler !

   — Ha ha ha.

   — Dis-moi tout.

   — J'ai oublié de vous parler d'Ivoir, le petit poulain noir. Il doit voir le vétérinaire demain après-midi donc il faut absolument que vous le rameniez aux écuries dans la matinée, avec sa mère bien sûr.

   — C'était déjà marqué dans le carnet que tu nous as laissé.

   — Tant mieux, je préférais m'assurer que je n'avais pas oublié parce que...

   — Nora !

   — Oui ?

   — Je vais raccrocher maintenant et toi tu vas monter dans ton train et profiter de cette semaine pour te détendre, compris ? Tu en as bien assez fait ces dernières années, les chevaux t'en remercient, mais passe un peu le relais !

   — Je suis déjà installée dans le train.

   — Parfait, bisou.

   Il raccroche avant que j'aie le temps de lui dire au revoir.

   Assise au fond de mon siège, je ne peux m'empêcher de penser encore à mon chez-moi, mes chevaux, ma vie. Car oui, là-bas c'est ma vie et ça n'a absolument rien à voir avec ce que je m'apprête à vivre pendant la semaine qui vient. Elena nous a prévu toutes sortes d'activités, de sorties et de visites qui ne m'enchantent pas plus que ça. Il y a tellement à faire au refuge...

   Stop ! C'est trop tard maintenant, le train commence déjà à quitter la gare.

*****

   Après un trajet qui m'a semblé interminable, le train s'arrête en gare une énième fois et c'est là que je vais enfin pouvoir descendre pour respirer. Enfin, c'est ce que je croyais, car à peine les pieds posés sur le quai, mes poumons sont assaillis par l'air chaud de la gare. Le mois de juillet est tout juste entamé, mais les températures avoisinent déjà les 30°C chez moi. Ici, c'est totalement différent, ce n'est pas seulement la chaleur qui me fait suffoquer, mais l'atmosphère générale. Les voies sont situées sous la gare ce qui rend l'air encore plus étouffant et je sens déjà que l'extérieur n'est pas beaucoup plus respirable.

   Je parcours le quai du regard et vois des dizaines de personnes se précipiter dans des directions opposées, se bousculant pour atteindre l'escalier roulant le plus rapidement. Il fait sombre et les lumières artificielles plantées au plafond me font un drôle d'effet.

   Il faut que je sorte rapidement d'ici, car j'ai l'impression d'être prise au piège sous terre et la chaleur est de plus en plus étouffante, l'odeur est insoutenable : un mélange de pollution et de sueur qui me rend nerveuse.

   Les escaliers roulants sont situés sur ma gauche, je m'y précipite. Un homme vient se coller à moi lors de la montée et je sens son agacement dans mon dos. Je tourne légèrement ma tête pour que mon œil droit puisse voir ce qu'il me veut et je perçois son regard noir. Son costume m'indique qu'il n'est pas là en vacances. Je remarque une dame aux cheveux grisonnants à notre droite, quelques marches en dessous de nous. Elle me regarde fixement puis lève les yeux aux ciels. Je savais que je ne me sentirais pas à ma place ici, mais c'est bien pire que tout ce que je me suis imaginé.

   L'homme dans mon dos se met maintenant à souffler et son agacement ne fait que renforcer mon sentiment d'étouffement. Je m'apprête à escalader les marches tandis que le mécanisme nous rapproche de la surface, mais je comprends soudainement où est mon tort en observant brièvement l'escalier descendant à ma gauche.

   Tout le monde se tient immobile sur un côté pendant qu'une autre file dévale les marches à toute vitesse. Mon escalier fonctionne de la même manière et je me trouve sur la file mouvante. Instinctivement, je me mets à monter le plus rapidement possible, sentant le soulagement dans mon dos alors qu'une deuxième personne arrivait à notre hauteur.

   Les quelques marches qui me séparent de la surface s'évadent sous mes pieds en un rien de temps et je me retrouve plongée dans une masse mouvante qui m'emporte vers la droite.

   Moi qui pensais que les escaliers allaient être ma remontée des abysses je n'ai fait que replonger dans la chaleur étouffante de la foule. Une foule entourée de lumière cette fois.

   Je me rends rapidement compte que la direction dans laquelle je marche ne sera pas celle qui me mènera à la sortie, car les panneaux indiquant le numéro des voix se trouvant sous nos pieds ne cessent de défiler en ordre croissant.

   Je m'arrête net, forçant une jeune femme à me bousculer de son épaule pour m'éviter, sans la moindre excuse au passage.

   Après avoir pris une grande inspiration, je tente ma chance en m'éloignant le plus possible des escaliers et j'aperçois une immense façade vitrée, l'extérieur est proche.

*****

   Mes poumons cherchent à se remplir d'air frais alors que la porte vitrée s'ouvre face à moi, mais comme je m'y attendais, l'air est toujours irrespirable.

   Je perçois un mur en pierre à l'abri du soleil qui frappe le parvis, il est mon seul espoir, car il n'y a aucun nuage en vue.

   Je sors mon téléphone de mon sac à dos et envoie immédiatement un message sur le groupe WhatsApp commun avec mes deux amis.

« Je suis bien arrivée »

   La minute d'après, je reçois un pouce de la part de Jeane. Message compris, il faut que j'arrête de les ennuyer pendant leur travail. Il est bientôt midi, ils doivent être en train de finir de nettoyer les boxes des chevaux malades ou blessés avant de pouvoir aller manger.

   Je me demande s'il ne faudrait pas que je leur propose d'appeler quelqu'un en plus pour venir les aider cet après-midi pour aller chercher le foin et...

   Mon téléphone sonne dans mes mains, la petite tête ronde d'Elena s'affiche et je décroche aussitôt.

   — Alors No, où es-tu ?

   — Perdue...

   — Perdue... perdue ?

   — Non, enfin, je n'ai pas encore cherché ma direction, mais pour l'instant j'essaie déjà de m'acclimater à... l'ambiance.

   — C'est super simple, tu vas voir.

   Elle tente de m'expliquer par où je dois passer pour rejoindre la station de métro qui m'amènera à l'arrêt de bus qui...

   J'ai cessé de l'écouter à partir du moment où elle m'a parlé du métro. Hors de question que je retourne dans les entrailles de cette ville répugnante. Il faudra que je demande mon chemin à coup sûr et la probabilité que je tombe sur une personne serviable est tellement faible que je préfère prendre le risque d'essayer de rejoindre l'immeuble de mon amie à pied. Quitte à y passer l'après-midi.

   Elena finit son explication et mon regard se pose sur un chien. Comme d'habitude, je suis souvent attirée par les animaux, mais ce chien est absolument magnifique. Je pense que c'est un berger blanc suisse, sa silhouette me fait penser à un loup. Il semble faire le même effet sur tous les passants. Certains sont impressionnés, d'autres méfiants, face à sa démarche si sauvage.

   J'adore ce côté lupin, sa robe aussi blanche que les contrées les plus reculées de l'Alaska. Sa démarche si gracieuse et légère ferait de lui un prédateur idéal en hiver.

   — Nora ? No-ra ?

   — Oui, pardon, tu disais ?

   — Laisse tomber, je te raconterai quand tu seras à la maison, nous avons toute la semaine pour ça de toute façon.

   — OK, je vais me mettre en route, à tout à l'heure.

   — Tu es sûre que tu vas t'en sortir, le métro, tout ça ?

   — Euh... oui, ne t'inquiète pas, je vais me débrouiller.

   Je bois une gorgée d'eau avant de me lancer dans cette escapade de tous les dangers, sans même savoir dans quelle direction je dois partir. Pas de panique, j'ai un téléphone avec une connexion internet. Il me suffit de rentrer l'adresse d'Elena dans le GPS et je n'aurai plus qu'à suivre gentiment ses indications.

   Une heure et vingt-sept minutes de marche. Aïe.

   Je suis plutôt athlétique même si je ne fais pas de sport quotidiennement. L'activité au refuge est assez intense pour me laisser sur les rotules chaque soir et je considère que c'est une excuse suffisante pour ne pas avoir à fournir plus d'effort en dehors de chez moi.

   Il faut que je me lance. Je m'assure que je me dirige dans la bonne direction pour rejoindre la première rue que m'indique le GPS.

   Je réalise assez rapidement que le voyage va être long et transpirant sous cette chaleur étouffante. Il va falloir que j'évite le soleil au maximum si je ne veux pas passer le reste de la semaine à me badigeonner de crème.

   De toute façon, Elena ne me laissera pas me plaindre de quelque douleur que ce soit, il faut que j'assure mes arrières. Mon amie ne m'a jamais laissée me plaindre en dix ans et je l'en remercie aujourd'hui, car c'est ce qui m'a permis de rester forte et d'aller de l'avant, même lorsque je voulais rester au fond de mon lit des journées entières.

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