Intrusøs (Tome 2)

By BarbaraDray

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Après Alice la vie continue. Julien est partie, la vie a reprit son cour mais pour combien de temps? More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20

Chapitre 4

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By BarbaraDray

Je ne m’attardai pas dans la cafeteria et fonçai en direction de la sortie. J’étais bouillante de rage quand j’arrivai dans la salle des répétitions. Tout le monde n’était pas encore présent. Je n’arrivais à me concentrer, à bien jouer mon texte, je béguellais, j’avais des trous alors que je connaissais mon rôle sur bout des doigts. Je sortie alors un moment pour m’allumer une cigarette et reprendre ma concentration. Le vent glacé me giflait le visage, le temps me faisait penser à celui qu’il y avait en Irlande. Un brin de nostalgie vint habiter mon esprit quelques instants ; je caressai mon ventre tout plat et vide en repensant à cette petite vie qui m’avait habité sans que je le sache forcément : cette petite vie, je l’aimais.

            Quand je rentrai dans la salle, il y’avait la troupe de Joseph. Il vint se mettre à côté de moi avec Stéphanie. Je lui adressai un sourire gênée –non pas gênée par les événements d’hier mais plutôt par sa manière de toujours me chercher. Julien était lui aussi bien présent, il ne me regardait pas, ne m’accordais aucune attention, je pouvais mourir de douleur. Lui qui m’avait  tant de fois murmuré des « Je t’aime », lui qui m’avait dit que j’étais sa vie ne me regardait pas et faisait comme si je n’existais pas. Je le haïssais, maudissait.

            Durant les répétitions, il ne monta pas sur scène contrairement à moi. Il restait tapissé dans un coin de la salle à observer ce qui était dans son champ de vision et ne s’intéressait pas à moi. Par dignité et snobisme je mis tout ce que j’avais dans le ventre et jouai alors parfaitement mon rôle de Célimène : les répliques étaient fluides avec la ponctuation qui était respectée à merveille, mes gestes propres et net, mes entrées et mes sorties parfaitement planifiés. Notre metteur en scène à qui j’avais fait piquer une crise tout à l’heure n’en revenait pas. Je faisais la Célimène à la fois touchante et indifférente, la mystérieuse, l’incompréhensible, la raisonnée, l’insatisfaite, la sournoise ; en réalité je me jouais moi. Je descendis alors de la scène pour laisser place aux autres acteurs Mathieu et Stéphanie qui étaient respectivement dans le rôle de Philinte et Eliante. J’avais perdu ma place et je dû m’assoir à trois siège de Julien qui était indifférent, impassible, discutant avec un de ses ami, un autre Julien et Joseph. Il ne me regarda pas. Je voulais pleurer de désespoir, de rage. J’aurais pris tout ce qui aurait pu être à ma portée et je lui aurais brisé la nuque. Je voulais le faire souffrir comme moi je souffrais. Des larmes chaudes, brûlantes comme la lave des volcans coulaient sur mes joues accompagnées d’aucun bruit mis à part ceux de la scène. Je restais alors sur mon siège, les genoux que je serrais contre moi en train de me détruire et de pleurer.

            La vie me montra une de ses seules preuves d’affection en mon égard. Le soir même, le 27 novembre. De la neige recouvrait alors Liège et ses alentours. Le chauffage de ma chambre ne fonctionnait plus et je n’avais aucune solution ; même avec dix pulls sur moi, et sous les draps, je transissais de froid. Je descendis alors dans le petit salon réservé aux comédiens car c’était le seul endroit qui était chauffé. A l’heure qu’il était, tout le monde dormais et je ne dérangerais alors et personne et ne se serais dérangée par personne réciproquement. Je m’assis sur le canapé en velours rouge tout poussiéreux avec une grosse tasse remplit de café dans la main. Je me repliai sur moi-même et me mis à penser à la vie et à ses questions essentielles : est-ce que Dieu existe ? Est-ce qu’il y a quelque chose après la mort ? Je me lançai alors dans des réflexions et des cheminements logiques que moi seule pouvais comprendre. Je bu une tasse de café fumant et consultai l’heure sur mon téléphone : vingt-deux heures cinquante-quatre. Tout le monde dormait et j’étais alors tranquille : j’étais de nouveau seule. De toute manière la vie m’a conçue pour être seule : personne ne s’intéressais jamais à moi et je ne m’intéressais par conséquent jamais à personne : de la légitime défense. Parfois j’avais envie de pleurer car j’en avais marre de partager toute ma vie avec moi-même mais je me réconfortais en me disant que cela m’évitait bon nombre de problèmes et d’inconvénients.

            Perdue dans mes pensées, j’entendis alors soudainement un bruit de porte derrière moi. Je me retournai brusquement : c’était Julien. J’avais envie de me jeter sur lui et de tout lui balancer à la gueule mais j’étais trop digne et me contentai de le maudire en silence avec mes mains tremblantes qui serraient ma tasse brûlante. Il devait faire de même et ne me regarda pas. J’eus un rictus qu’il remarqua et prononçais entre mes dents : « pauvre lâche t’es un mec et t’en as pas les couilles » avant de reprendre une gorgée de mon café.  Julien alla alors dans la minuscule cuisine et revint lui aussi avec une tasse de café, la même que la mienne. Il regarda par la porte-fenêtre avant de venir s’assoir à côté de moi sur le canapé. Je me dégageai sur le côté comme si je lui faisais de la place alors que c’était juste par dégout.

            Je brûlais de commencer à lui parler, d’entendre sa voie. J’avais envie qu’on se déballe tout quitte à ce foutre sur la gueule. Mes mots voulaient sortir mais ma bouche les bloquait et refusait leur libération. Julien se rapprocha de moi. Je me levai alors brusquement, posant ma tasse dans l’évier de la cuisine pour ensuite aller sur le balcon malgré le froid. Je préférais me congeler plutôt que rester dans la même pièce que lui. Je regardai fixement l’horizon lorsqu’il arriva et me dit : « Arrête ton cinéma, rentres tu vas prendre froid ». Je ne répondis pas car j’allais faire un malheur. Il insista et se répéta : « Rentre je te dis. Tu n’as jamais supporté le froid tu vas t’attraper la crève ». Je ne répondis toujours pas, la gorge nouée, les membres tremblant de haine. « Allez, rentre ! » et il me saisit le bras. Je fis volte-face et lui assena une gifle leste. Il renversa un peu de son café sur la neige du balcon qui fondit immédiatement. « Ne me touche pas ! » Lui lâchais-je alors. Il me regarda les yeux, les yeux passant d’un bleu clair à un ton presque vert. Je reculai d’un pas, j’avais peur du retour. Il s’approcha de moi, je fermai alors brusquement les yeux et mis mes mains devant mon visage par simple réflexe de protection. « Arrête ton cinéma. Je ne vais pas te frapper. Rentre. » Je me mis alors à pleurer et à tout déballer :

« Arrête Julien, j’en ai marre. Laisse-moi tranquille. Laisse-moi comme tu l’as fait durant plus de cinq mois. Pour ton travail c’est ça ? Mon œil. T’es un mec comme tous les autres, tu ne portes pas tes couilles, t’es un lâche. Tu m’as laissé, en pleine dépression, j’étais au bord du suicide, sans aucune nouvelle de ta part. T’étais incapable de me  dire en face que tu me quittais. Tu as fait un gosse, qui maintenant là où il est ne t’importe plus et tu ne l’assume pas. J’ai toujours culpabilisé en me disant que c’était de ma faute la mort de ma fille et ton départ mais non. C’est fini tout ça. Alice elle n’est pas venue dans mon ventre comme par magie, t’étais dedans je te signale, tu éprouvais bien du plaisir ce soir-là quand on baisait parce qu’on était bourré ; et bien bravo un an plus tard il se barre comme un lâche. Julien, je n’ai plus rien à faire avec toi. Tu me dégoutes. Depuis le début t’as pas cherché à savoir comment j’allais, depuis que je suis ici tu ne m’as même pas accordé un regard. Rien. Tu en as trouvé une autre c’est ça ? Tu peux me le dire, je m’en fou. C’est qui ? C’est Anaïs, dis-le moi. Allez, t’es incapable de me dire quoi que ce soit, au début je croyais que ce n’était pas pudeur mais non. T’es qu’un lâche, ma fille elle ne peut même pas prendre un peu d’honneur du côté de son père. Pfft. Tu me dégoutes. TU ME DEGOUTES !!!! ».

            Julien me regardait les yeux écarquillés, moi dévisagée par la haine, la rage, la colère. Je me laissai alors glisser le long de la rambarde du balcon et mis ma tête entre mes genoux pour me mettre à pleurer. Tout venait de sortir. Cela me faisait du bien, j’avais certes perdu le seul homme jusqu’à présent que j’aimais et que j’aurais pu récupérer mais je m’en foutais. J’avais eu ma fille et n’avait besoin de rien d’autre. Il s’approcha alors de moi, s’assit à mes côtés et après avoir appuyé le derrière de sa tête sur les barreaux du balcon commença : « Hélo, je t’ai jamais abandonné, je te le jure. J’ai juste pris mes distances, je voulais réfléchir, après ce que tu m’avais dit un peu avant la naissance d’Alice m’a fait réfléchir et du coup, j’ai profité de la reprise de la tournée pour me plonger dans moi-même et réfléchir. Je ne voulais pas répondre à tes messages car…car j’avais honte de moi. Je venais de te laisser et je ne voulais pas te parler parce que voilà : j’avais honte. Je sais que je suis un lâche et puis…Alice…Alice… »  Il se mit alors à pleurer lui aussi. Je relevai ma tête de mes genoux et respirait de nouveau. La brise fraîche vint me frapper le visage violement. Je posai ma main par terre et touchai avant de prendre la main de Julien. Il releva la tête à son tour puis me regarda. J’avais à mon tour honte de mon comportement et à défaut me mo portable, j’avais honte de le regarder dans les yeux. Je fixais alors mes genoux. Je sentais qu’il venait de sourire. Il se leva alors et retira sa main de la mienne ; je levai la tête vers lui : il me tendait la main. J’hésitais et tendis avec une certaine méfiance la mienne. Il me releva du sol avec sa force d’homme puis m’enlaça dans ses bras. Je respirais à nouveau son odeur. Je croyais rêver. J’enroulais par la suite mes bras autour de sa taille.

                        Après de longues minutes dans les bras de l’autre, en train de savourer ses retrouvailles, nous nous séparâmes. « Vas te coucher, il est tard. – Je ne peux pas. Je n’ai pas de chauffage dans ma chambre. ». Il me sourit puis m’emmena à l’intérieur ; Je m’assis sur le canapé pour essuyer mes larmes et me replier sur moi-même. « Viens » me dit-il en me tendant une nouvelle fois sa main que je pris. Il me conduit alors à sa chambre qui elle était chauffée. C’était comme pour ma première fois. Je pénétrais dans un monde qui n’était pas le mien, à la fois anxieuse et excitée. On nous dit souvent que les gens qui sont fait pour être ensemble se retrouveront toujours et resteront unis ; est-ce notre cas à nous ? Je vous laisse en décider.

           

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