De retour dans sa chambre après l'exploration des nouveaux lieux, Kokichi se laissa tomber d'une manière légère sur le canapé. En se rappelant de ce que Gonta avait dit sur les insectes, le jeune homme réfléchit à ce qu'il devrait faire.
Cela ne faisait qu'une semaine depuis qu'ils se connaissaient, mais c'en était assez pour le despote pour déterminer de quoi était capable quelqu'un.
Il savait que Gonta n'était peut-être pas le plus intelligent de tous, mais il savait que sa force phénoménale n'était pas quelque chose à ignorer. Comment est-ce qu'un homme aussi fort pouvait s'éprendre de petites choses comme les insectes ? Il ne savait pas vraiment, mais une chose était sûre, le géant était beaucoup trop facile à manipuler. Jusqu'ici il avait cru sans aucune hésitation ce que le despote lui avait dit, sans rien remettre en question, et s'était même montré extrêmement gentil avec lui malgré toutes les horreurs qu'il crachait sans cesse. C'était sans doute un de ceux à qui il devait faire le plus faire attention.
Le géant était trop gentil, naïf mais surtout manipulable pour ce monde. Il ne pourrait jamais mentir, n'est-ce pas ? Il y avait donc de fortes chances pour que ce qu'il ait raconté plus tôt s'avère être vrai. Gonta avait dit que sa vue était si développée qu'elle était presque surhumaine... À quel point pouvait être petit cet insecte qu'il aurait vu ?
Continuant de réfléchir, le jeune despote finit par se relever et attraper un carnet à spirale à la couverture orange ainsi qu'un crayon avant de s'asseoir sur la chaise en face de son bureau pour commencer à schématiser quelque chose qui pourrait permettre à l'autre de vérifier si ce qu'il avait vu était bien réel. Après tout, si même l'entomologiste ultime ne pouvait pas les attraper avec ses moyens habituels, peut-être vaudrait-il mieux utiliser des moyens mécaniques.
De toute façon, que pouvait-il bien y perdre ? Ça tuerait le temps au moins, et puis, Gonta devait bien mériter une petite récompense pour tous les efforts qu'il fournissait pour le plus petit, même s'il n'en avait pas conscience. Le géant semblait vraiment triste de n'avoir pu rien attraper depuis leur arrivée dans cette académie, alors peut-être qu'avec cet appareil... De plus, s'il trouve réellement des insectes, cela signifierait qu'ils sont encore un peu connectés au monde extérieur ! Si des insectes pouvaient entrer et sortir, cela voudrait dire qu'effectivement il restait un contact avec l'extérieur.
Faisant tournoyer son crayon entre ses doigts, le jeune garçon commença doucement à gratter la mine contre la feuille, marmonnant pour lui-même ses propres plans.
- Peut-être faire comme une sorte d'aspirateur ? Les insectes, quelle que soit leur taille, devraient être aspirés facilement...
Commençant par faire une vague forme de rectangle aux bords arrondis pour contenir les insectes attrapés, Kokichi continua en faisant au sommet un autre bloc avec une tige qui aura le même rôle qu'un aspirateur. Commençant à détailler les pièces qui devraient se trouver à l'intérieur pour former ledit aspirateur, le despote ne vit même pas le temps passer tant il était concentré.
Plusieurs dizaines de minutes s'écoulèrent et le jeune aux cheveux violets avait commencé à chantonner une petite mélodie, simple habitude qu'il avait pris lorsqu'il était concentré, un fin sourire s'étant aussi dessiné sur son visage entre temps. En tapotant doucement sa joue avec le bout de son crayon, Kokichi se relit lentement pour s'assurer que tout était clair, que tout fonctionnerait et qu'il n'avait rien oublié. Faire un système d'aspirateur n'était pas si compliqué que ça, comparé à certaines de ses folles idées qui lui parcouraient l'esprit.
Ayant finit de se relire, le despote posa délicatement chaque chose qu'il avait dans les mains, à côté de lui ou sur ses genoux sur le bureau en face de lui avant de se lever et de s'étirer.
- Pfiou, voilà qui est fait. Je repasserai tout ça au stylo plus tard, c'est l'heure de la paaaause !
Le despote se leva de sa chaise et se dirigea lentement vers son lit, tournant sur lui-même avant de s'allonger sur le dos, attrapant son coussin pour le serrer dans ses bras.
Après quelques secondes à regarder le plafond, le despote se redressa afin de s'allonger plus confortablement dans son lit, ses yeux dans le vague.
Il repensait à hier, le meurtre, le procès, l'exécution...
Bon sang ! Pourquoi n'avait-il rien fait ? Il était le despote ultime ! De par ce rôle, il était en quelque sorte le leader du groupe ! Un leader est censé protéger son équipe et la motiver à avancer ! Mais lui, qu'avait-il fait ? Rien. C'était la jeune fille qui avait tout fait. Du plan jusqu'au sacrifice d'elle-même, Kaede avait fait de son mieux pour sauver tout le monde. Pourtant, rien ne l'obligeait, elle n'avait aucune obligation, elle l'avait fait d'elle-même.
Pourquoi, une jeune fille douce et fragile comme elle avait-elle dû se sacrifier ? Pourquoi avait-elle dû penser à tout cela ?
Kokichi l'avait admiré de loin. Sa détermination de stopper le jeu et le vaincre était énorme et cela sautait aux yeux. C'était en quelque sorte admirable. Malgré la situation, le désespoir qui aurait dû envahir tout le monde, Kaede avait gardé le sourire et avait continué d'encourager tout le monde. Elle avait continué d'espérer.
Pourquoi avait-elle dû faire quelque chose pour sauver tout le monde et lui, le supposé despote ultime, n'avait rien fait ? Il était censé protéger son équipe et la jeune fille ainsi que Rantarô en faisait partie. Mais pourtant...
Il n'avait pas su réfléchir correctement et agir à temps.
Kokichi resta silencieux quelques secondes avant de se donner quelques tapes sur les joues. Il avait échoué à son rôle pendant la première semaine de ce jeu, maintenant il devait se reprendre en main ! Kaede était partie en leur faisant confiance, en leur léguant son espoir. Ils ne devaient pas le gâcher. Kokichi lui ferait honneur, il ferait tout son possible pour arrêter ce maudit jeu, il le promettait.
Finissant par se lever, celui habillé tout en blanc marcha jusqu'à sa porte pour prendre un peu d'air, l'ouvrant d'un geste léger avant de la refermer après être sorti. Insérant la clé dans la serrure afin de la verrouiller, le petit rangea ensuite ses clés dans sa poche avant d'entendre quelqu'un faire exactement la même action que lui un peu plus loin.
En regardant par-dessus la barrière qui entourait l'étage où se trouvait sa chambre, Kokichi reconnut sans mal la tête aux cheveux bleu foncé qui venait de sortir de sa chambre. Un sourire se dessinant sur son visage, le despote se dirigea vers les escaliers, interpellant le garçon qu'il venait de voir, commençant à le rejoindre en bas.
- Saiharaaaaaaa !
L'interpelé se retourna bien vite, reconnaissant également la petite tête aux épis abondants violets qui se dirigeait vers lui. Ce-dernier arrivant bien vite à son niveau, le détective le salua doucement avec sa voix calme habituelle.
- Bonjour, Ôma.
- Toi aussi tu viens de sortir de ta chambre ? Je viens exactement de faire la même chose, quelle synchronisation !
En lui offrant un sourire amusé, le plus petit croisa ses mains derrière sa tête en regardant plus attentivement le garçon en face de lui qui lui semblait plus pâle que d'habitude.
- Oui, je suppose... répondit simplement le détective en regardant le sol. Mais rien d'extraordinaire, je comptais juste sortir prendre l'air un peu.
- Wow, incroyable ! s'exclama bien rapidement le despote en se penchant légèrement en avant alors qu'il ramenait ses mains devant lui. Je faisais exactement ça moi aussi ! Décidément, on est vraiment pareils, nishishi !
En prenant une petite pause pour détailler un peu plus le visage fatigué de son camarade, Kokichi reprit :
- Et doooonc... Tu comptais aller où ?
- Oh... Ça je n'en sais rien pour l'instant, je comptais laisser mes pas me diriger.
- Oooooh génial ! Je comptais faire ça aussi ! Nous avons tellement de points communs Saihara !
"Je ne suis pas sûr qu'on puisse réellement appeler ça des points communs..." se dit immédiatement Shûichi en regardant le visage enfantin de celui en face de lui qui ne tarda pas à faire avancer la discussion de nouveau.
- Dooonc, si tu n'as rien de prévu, ça te tenterait de venir un peu avec moi ? On pourra tuer l'ennui ensemble !
Prenant quelques secondes pour réfléchir, le plus grand se dit que de toute façon il n'avait rien à faire de mieux. Acceptant l'invitation de plus petit qui rit de son rire habituel, ils se dirigèrent tous deux vers la grande porte vitrée qui menait sur le jardin. Une fois sortis dehors, ils respirèrent tous les deux naturellement l'air pur alentour, le ciel bleu se dévoilant à eux illuminant le reste de l'endroit.
Le détective se sentit soulagé de pouvoir respirer cet air, lui qui avait passé plusieurs heures seul dans sa chambre à angoisser et ruminer sur le fait de ne pas avoir pu aider sa camarade Kaede. Son visage rempli de désespoir lorsque cette corde s'était enroulée autour de son cou, puis cette main qu'ils avaient tous deux tendue pour pouvoir s'accrocher, le corps inerte de la lycéenne pendant dans le vide, le sang qui avait giclé lorsque ce mur rempli de piques était tombé sur elle... Tous ces souvenirs lui venaient à l'esprit peu importe à quel point il essayait de ne penser à rien. Puis ces moments qu'ils avaient passés ensemble aussi, les précieux conseils qu'elle lui avait donnés, l'amitié qui était doucement née entre eux deux... Kaede était une personne douce et énergique, contrastant avec l'attitude timide et nerveuse de Shûichi, mais pourtant ils s'entendaient bien. La jeune pianiste était si gentille avec lui, avec tout le monde. Elle n'a jamais perdu espoir et était même prête à se salir les mains pour le bien de tous. Pourquoi a-t-il fallu que ça finisse comme ça ?
Les deux adolescents marchaient le long du chemin sans trop savoir où ils allaient et le despote semblait observer du coin de l'œil son camarade. Lui dont la peau était si blanche qu'elle était un énorme contraste avec les autres éléments si sombres de sa tenue ou encore ses cheveux, semblait plus pâle que les autres jours et son air fatigué ainsi que les cernes sous ses yeux ne passaient pas inaperçus. La démarche de l'adolescent qui à l'accoutumée n'était pas des plus joyeuse semblait encore plus monotone alors que le détective semblait se torturer l'esprit malgré les encouragements que Kokichi avait pu entendre de la part de Kaito. Juste en cet instant il semblait ruminer.
Après tout, il venait de perdre une amie, Kaede, avec qui il avait passé tant de temps. Cette peine qui se lisait dans ses yeux était bien compréhensible.
Kaede l'appréciait lui aussi, il le savait. Elle avait tout fait pour faire avancer le détective, même si elle n'avait rien à gagner derrière. En pensant à ça, le despote baissa la tête. Il pouvait bien continuer à sa place, n'est-ce pas ? Que ce soit pour sa bonne conscience ou en hommage à Kaede, aider ne détective ne devrait pas être si compliqué.
Trouvant que ce silence avait assez duré, le plus petit commença :
- Bon Saihara, ça devient lourd là, non ? Aaah, j'ai compris ! On dirait que quelqu'un ne s'est toujours pas remis de la mort de son crush, huh ? Tu as l'air teeeelleement fatigué, et un peu pâle aussi. Je veux dire, regarde toi ! Tu es encore plus pâle que moi, et pour arriver à ce stade, il faut le faire, quand même ! Regarde ! Tu es presque aussi blanc que mes vêtements, avança le despote en montrant du doigt sa manche.
Prenant un peu de temps pour décider d'une réponse, le détective finit par simplement hocher la tête, laissant également un petit "hm" monotone se faire entendre.
Curieux, le despote pencha un peu plus la tête pour bien voir le visage de son camarade. Prenant aussi un peu de temps pour répondre, Kokichi continua :
- Tu sais Saihara, se sentir triste c'est la loose, mais ça arrive à tout le monde, même aux meilleurs : ça m'arrive à moi ! Moi dans ce genre de moment je vais chercher un enfant et je déverse ma rage sur lui avant de le tuer, ça décontracte de fou ! Ce que je veux dire c'est que se renfermer sur soi et déprimer seul ne te fera jamais avancer dans la vie tu sais, Saihara ? Bref, en gros ce que je te dis c'est de crier si ça va pas comme tout garder en toi ne sert à rien. Alors dépêche-toi de me retirer ce visage fatigué et déprimé ou alors je vais devoir prendre ta vie car si tu ne souries plus ta vie n'a plus aucun sens !
Le détective regarda incrédule le visage de son camarade. Est-ce qu'il venait d'essayer de le réconforter ? Même si la dernière phrase était une menace, le jeune despote semblait l'avoir conseillé. En regardant le sol quelques secondes, le détective finit par sourire doucement et souffler :
- Oui c'est vrai, tu as raison. Merci, Ôma.
- Ah, voilà quand tu veux, nishishi ! Maintenant tu ferais mieux de te prosterner devant moi pour me remercier de t'avoir conseillé !
- Tu plaisantes, n'est-ce pas ? demanda Shûichi en regardant son camarade, un sourire inquiet sur le visage.
- Bien sûr, nishishi !
Souriant tous deux, les deux adolescents finirent par s'asseoir sur un banc et continuèrent de discuter joyeusement, passant tous deux un bon moment de détente. Et avant même qu'ils ne s'en rendent compte il était déjà l'heure de dîner, puis vint ensuite l'horaire de nuit.
En retournant dans sa chambre, Shûichi se sentait totalement soulagé, comme si le fardeau qui pesait sur ses épaules venait de s'alléger. Kokichi n'était pas si mauvais dans le fond. Même s'il jouait des tours à tout le monde et ne cessait de mentir, le jeune détective était certain que les paroles qu'il lui avait dites étaient bien sincères.
Mais à ce moment précis, quelqu'un sembla marteler sa sonnette, sortant le détective de ses pensées.
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Voilà voilà~
Qu'en avez-vous pensé ? J'attends vos avis avec impatience ! (Le chapitre 1 est très trèèès loin d'être celui dont je suis le plus fière.)
Est-ce que cette longueur de chapitres vous semble bien ? Je ne sais pas si c'est trop long ou pas. x) Comme j'ai prévu beaucoup d'événements, je pense faire des chapitres plutôt longs, mais peut-être que c'est trop long ? (Je pense que celui-là est plus courts que les autres.)
N'hésitez pas à laisser un commentaire, ça me motive énormément de voir mes histoires "vivre" !