Après quelques minutes de plus, Arwen, sort de la pièce, suivit de sa mère, et arrive la première en haut des escaliers de bois.
Anxieuse, lorsqu'elle entend les voix de son père et son Protecteur retentissant juste en bas, elle déglutit et prend son courage à deux mains.
Elle entame sa descente doucement, retardant le plus possible le moment de se montrer.
Mais les escaliers ne sont pas infinis et elle arrive au bout bien trop vite à son goût.
Elle va sur sa droite et atterit dans la salle du trône, où Mardil et Aldaron discutent tranquillement.
Les deux hommes, sentant certainement qu'ils ne sont plus seuls, se retournent d'un seul mouvement et avant qu'ils n'aient ou dire quoi que ce soit, sont subjugué par l'allure princière de la jeune elfe devant eux.
Les yeux grands ouverts, et la bouche les suivant presque, tout deux la dévisagent de haut en bas.
Impressionné, Mardil s'incline légèrement tandis que son père, ému, s'approche d'elle, lui prend sa main et lui dit, les larmes menaçant de couler.
-Tu es magnifique. Encore plus belle que dans mes souvenirs. Je suis si heureux que tu sois à nouveau à nos côtés, que chaque jour, j'ai peur que ce soit un rêve.
Et en gentleman parfait, il lui fait un baise main. Gênée par la situation, elle esquisse un sourire forcé ressemblant plus à une grimace et son père se recule en s'excusant du regard. Sa mère pose sa main sur son épaule et la serre brièvement pour lui apporter son soutien.
Elle tourne le regard vers elle et voit dans ses yeux tout l'amour et la fierté qu'elle peut éprouver à son égard. C'est comme si ses sentiments n'avaient pas de fin. Submergée par cette vision si déstabilisante, elle se soustrait à son contact.
Lorsqu'elle pense que son geste peut être mal interprété ou mal pris, elle s'excuse vivement et baisse la tête.
Mais elle n'a pas le temps de dire où faire quoi que ce soit qu'une main lui prend le menton et le relève pour la regarder droit dans les yeux.
-Ne baisses plus jamais le regard et ne t'excuses pas, lui dit fermement cette personne qui n'était autre que sa mère. Une personne de ton rang, de ton caractère ne doit jamais se soumettre, tu m'entends ? Peut importe qui est devant toi, je ne veux plus jamais que tu baisses le regard. Tu es forte, alors sert toi de cette force et ne te laisses plus marcher sur les pieds. Vis ta vie comme bon te semble. Nous sommes tes parents, mais toutes ces années, nous n'avons pu en exercer le rôle. Tu as appris à te débrouiller et à survivre seule, et tu sais sûrement le faire mieux que quiconque. Alors nous ne te dirons jamais quoi faire, car tu le sais mieux que nous. Par contre, si tu as besoin de nous, nous serons toujours là pour te conseiller.
Suprise mais regonflée à bloc par les paroles de cette femme emplie de sagesse, elle hoche vivement la tête.
Elle est heureuse de voir tant de compréhension dans sa voix, quant à leur relation quelque peu étrange et son besoin de distance et de temps pour apprendre à l'appréhender comme il faut.
Dans son regard, sa mère peut y lire tous les remerciements silencieux, et est fière d'avoir pu la mettre en confiance, autant en elle-même qu'en eux.
C'est difficile pour elle, en tant que mère, de devoir rester à distance de son enfant, de ne pas le câliner, lui donner un petit surnom ou même l'embrasser, mais elle a compris, en la regardant dormir toute la nuit et la matinée sans fermer une seule fois les yeux, que pour elle, ça l'était sûrement bien plus encore.
Alors elle attendra, tout le temps qu'il faudra, et le jour où elle sera prête, elle l'attendra les bras grands ouverts.
-Tu es une digne descendante de notre Déesse, intervient Mardil en se rapprochant. Cette même beauté stupéfiante, ces mêmes dons incroyable, et cette même relation profonde avec l'entièreté de la nature et des gens qui t'entourent.
La jeune femme, malgré elle, rougit imperceptiblement, en sentant cette étrange chaleur prendre possession de son visage lors de ce moment intense.
-En parlant de dons, enchaîne Aldaron, tu as travaillé très dur à ce qu'il paraît. As tu découvert quelque chose de nouveau ?
-Oui. Je ne peux pas seulement transporter mon âme entière dans un autre corps vivant, mais choisir seulement une partie de mon âme qui va partager les sens de l'animal ciblé. Je me suis entraînée sur la vue. J'ai donc profiter de la vision perçante d'un aigle du ciel, de celle nocturne d'un lynx pendant la nuit et celle à trois cent soixante degré d'un pigeon. C'est très étrange comme sensation, mais si exaltant ! S'exclame t elle en y repensant.
-Je n'en doute pas, sourit le Roi. Mais ça peut être également très utile pour le repérage. D'un lieu très éloigné de l'animal avec lequel tu échanges, tu peux voir, sentir, et écouter tout ce qui se passe à côté de lui. Pour parer à une éventuelle attaque et surveiller les limites de notre territoire, c'est un don parfait.
-Effectivement, affirme la jeune femme, n'ayant pas pensé à cet aspect pratique de son pouvoir qu'elle peut mettre au service des siens. Et si jamais j'ai besoin d'être sur place, je n'ai qu'à déplacer mon âme entière pour contrôler le corps de l'animal temporairement, en toute discrétion. Mais j'ai encore beaucoup de travail pour y arriver si aisément... Soupire t elle.
-Vu la vitesse fulgurante à laquelle tu t'adaptes, il en faudra moins que tu ne le penses, j'en suis convaincu, la rassure son père. Mais pour y arriver, il faut être confiant en ses capacités et déterminé. Sans ça, on arrive à rien, la préviens t elle. Mais venant de toi, je sais que tu n'en manque pas.
-Pour l'instant je ne me suis entraîné qu'avec la vue, et sur une certaine distance seulement. Il me faudra devenir plus endurante niveau mental et m'exercer sur les autres sens puis la distance avant de terminer par mon âme entière. Dans ce sens là, je suis certaine que je vais arriver à la phase finale sans grandes difficultés, ayant travaillé toutes les parties une à une avant.
-Prodigieux... Murmure son père. Tu as déjà établi un emploi du temps selon quelques essais. C'est parfait. Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais nous signe ! Dit il en lui lançant un sourire auquel elle répond d'un hochement de tête.
Alors qu'elle tourne les talons pour entamer la suite de son entraînement au plus vite, suivie de près par Mardil, la Grande Porte s'ouvre, laissant apparaître Michael et ses deux Bêtas, Marc et Peter.
Peter... Ça faisait un moment qu'elle ne l'a pas vu, tient. Elle a tant de choses à lui raconter !
Alors que Michael allait saluer en bonne forme les souverains du peuple allié, les sons se bloquent instantanément lorsque ses yeux tombent sur sa moitié, habillée sublimement, avec pour une fois, ses cheveux détachés, les laissant flotter sans son dos, libre comme l'air.
Peter et Marc restent coï eux aussi, devant l'accoutrement inhabituel mais non dénué de beauté de leur Luna.
Michael, sous un coup de coude très peu discret de Peter, entreprend de parler, ses yeux ne quittant pourtant pas ceux de son âme sœur.
-Roi Aldaron, Reine Kementari, je vous souhaite le bonjour.
-Pareillement, Alpha Suprême Michael, lui renvoie la Reine, légèrement outrée du regard perçant détaillant sa fille de part en part et de sa salutation sans aucun regard.
-Pourrions nous savoir ce que nous vaux l'honneur de votre présence ? s'enquiert le Roi.
Voyant que les deux âmes sœurs se dévorent du regard mutuellement, Marc répond à sa place.
-Mon Alpha aimerait savoir s'il peut soustraire votre fille à vos soins pour le reste de la journée.
Alors que la Reine va répondre par la négative, son mari la devance,
-Si celle-ci est d'accord, nous n'y voyons aucun inconvénient.
La Reine regarde son mari, choquée et celui ci lui répond d'un regard ferme.
Alors qu'elle comprend l'erreur qu'elle allait commettre, la Reine se tait et reprend son allure altière.
Elle ne doit pas décider pour sa fille, elle l'a promis. Hors, sans l'intervention bienheureuse de son mari, elle l'aurait fait et qui sait comment la concernée l'aurait prit. Rien que d'y penser lui fait froid dans le dos.
Et puis, refuser une requête de l'Alpha Suprême n'est pas aisé également, et peut être mal vu.
Elle doit une faveur l'homme qui se tient à côté d'elle.
Revoir son enfant lui fait reprendre son instinct maternel et protecteur qui n'a pas forcément lieu d'être.
Un peu peinée par cette remarque, elle ne dit plus un mot, laissant son mari prendre la suite des évènements en main.
-Arwen ? L'interpelle son père. Arwen ! Reprend t il plus fort, l'arrachant à la comptemplation du loup devant elle. Tu veux y aller ? Ton entraînement peut attendre, tu sais ? Dit il pour l'encourager, les deux jeunes gens ayant probablement des choses à se dire.
-Heu... Oui. Oui j'y vais.
Sous l'effet de la joie de son loup, l'Alpha se transforme dans la salle du trône.
À la place du jeune homme athlétique se trouve un grand loup noir comme l'ébène, aux yeux bleus océans.
Ce contraste fascinant a toujours beaucoup plu à la jeune elfe. C'est juste sublime.
Étant la seule à ne pas avoir été effrayée par cette brusque métamorphose, elle se rapproche de plus en plus du loup, comme attirée par lui. Délicatement, elle pose sa paume sur la tête de celui ci qui ronronne de plaisir en fermant les yeux.
Elle émet un petit rire discret et enfantin qui surprend tout le monde présent dans la pièce, en le comparant à un chat.
Le loup, pas le moins du monde offusqué, mais au contraire, content de la rendre plus joyeuse, vient se frotter à elle, renforçant encore plus la comparaison.
Le loup s'éloigne, et se tourne, l'arrière train devant son âme sœur, et se baisse. Le loup n'arrive plus à sa tête mais à son bassin.
Comprenant par sa position et son regard insistant, qu'elle doit monter sur son dos, elle s'exécute.
Sans plus de cérémonies, ils quittent la grande Salle, puis le château, pour se retrouver en pleine forêt, galopant, de plus en plus vite.
Le vent fouette le visage d'Arwen, et elle remarque à quel point les loups courent vite.
Néanmoins, accrochée à son pelage, tout en s'éloignant du château, de tous, pour être juste avec ce loup qui l'attire tant, elle se sent totalement bien. Après une course effrénée, ils s'arrêtent dans la même clairière que celle où elle a pris possession du corps du pauvre loup gris qui traînait par là.
Mais c'est aussi là qu'elle a passé du temps avec Michael dernièrement, là qu'ils se sont rapprochés, là que le lien, indépendamment de leur volonté, est devenu plus puissant encore.
Et là, que tout le reste de cette belle journée d'été ensoleillée, encore une fois bien malgré eux, le lien va encore se renforcer pour être presque achevé.
Le loup s'arrête et se couche dans les fleurs et l'herbe haute, permettant à sa moitié de descendre.
Une fois fait, elle s'assoit et le loup se couche, laissant sa tête reposer sur les jambes de sa moitié.
Tu es sublime, retentit une voix dans sa tête.
Étonnée de cette intrusion dans sa tête, elle regarde le loup qui hoche la tête. C'est Michael.
-De la... Télépathie ? Demande t elle.
Nouveau hochement de truffe.
Le lien d'âme sœur, à un stade bien avancé, permet ce phénomène.
-Mais notre lien est loin d'être avancé ! S'exclame t elle avec un petit rire.
Il faut croire que si. Plus on passe de temps ensemble, plus on se rapproche et plus le lien devient puissant. D'abord, c'est juste un trouble, un tourbillon d'émotions floues. Puis ça devient une attirance dérangeante, puis on ressent des sentiments, qu'on est sûr, ne nous appartiennent pas et qui sont en réalité de l'Âme sœur, et enfin, on peut lire dans les pensées de l'autre, une fois le lien accepté par les deux âmes sœurs.
Au fur et à mesure de ses paroles, elle se rend à l'évidence qu'il a raison. Tout ce qu'il a dit, elle l'a ressenti à certains moments.
Mais une chose la laisse perplexe.
-Je n'ai jamais accepté le lien pourtant.
Accepter le lien ne revient pas à le dire de manière orale en une phrase banale, mais à le ressentir au plus profond de son cœur. Lorsque l'on accepte l'autre comme il est, et pas comme on voudrait qu'il soit, qu'on apprécie sa présence, et que l'on n'appréhende pas sa partie louve, alors le lien est accepté. Je ne pensais pas non plus qu'on en soit à ce stade, mais notre lien est bel et bien en cours d'achèvement.
Lorsqu'il prononce ces paroles, elle n'est ni choquée, ni étonnée en fait. Au fond d'elle, elle savait qu'ils étaient devenus bien plus proches. Elle est même sûre d'elle.
Car elle est vraiment complète. Ce lien est sa dernière partie manquante d'elle même, la place du vide de son âme et de son cœur qu'elle a ressenti pendant toutes ses années et qu'elle mettait sur le compte de la solitude.
Non, ce qui lui manquait, c'était Michael, son loup, leur lien.
Et rien d'autre. Car même la grosse partie manquante qui a été remplie par la révélation de sa nature réelle d'elfe n'avait su combler la petite partie pourtant la plus douloureuse.
Depuis qu'elle l'a rencontré, ses blessures ont commencées à se refermer. À chaque fois qu'elle est avec lui, rien autour n'existe. Ni son passé, ni son futur, mais juste son présent, avec lui.
Elle est apaisée, bien comme jamais elle ne l'a été.
Oui, c'est lui, lui sa véritable raison de vivre.
Elle se l'avoue enfin :
Elle est tombée amoureuse...
***
Et voilà mes louveteaux !
La phrase tant attendue !
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