Yerine (Mélusine HS.1)

By dredre_iga

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- Cette histoire est un hors-série de la trilogie « Melusine ». Il est grandement conseillé d'avoir lu la tri... More

Prologue.
Chapitre 1.
Chapitre 2.
Chapitre 3.
Chapitre 4.
Chapitre 5
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Chapitre 8.
Chapitre 9.
Chapitre 10.
Chapitre 11.
Chapitre 12.
Chapitre 13.
Chapitre 14.
Chapitre 15.
Chapitre 16.
Chapitre 17.
Chapitre 18.
Chapitre 19.
Chapitre 20.
Chapitre 21.
Chapitre 22.
Chapitre 23.
Chapitre 24.
Chapitre 26
Chapitre 27.
Chapitre 28.
Chapitre 29.
Chapitre 30.
Epilogue.
Mot de la Fin.
Bonus.

Chapitre 25.

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By dredre_iga

Mes jambes me lâchent dans un des couloirs des bâtiments délabrés. Le mur en béton contre lequel je m'adosse se couvre de mousse à mon touché. Je ne peux m'empêcher de penser que cette illusion est fascinante. Tout semble réel. Trop réel.

Je bascule la tête en arrière et ferme les yeux, inspirant à fond dans l'espoir de me calmer. À priori, je ne contrôle plus rien car une mousse sombre fleurit sous mes pieds, avalant le sol. Je frissonne. Au moins, je ne fais pas tout faner aux alentours...

Cette pensé me pétrifie. Elle me rappelle Flétrissure et les révélations de la prêtresse. Mes poings se serrent et je lutte pour ne pas céder à nouveau face à la crise d'angoisse qui se profile à la lisière de mon esprit. Pour cela, je fais appel à tous ces pouvoirs enfouis en moi, à ce lien avec la nature, plus fort que jamais, à cet équilibre dans mon cœur. Les yeux fermés, je fais de mon mieux pour ressentir la Terre et y puiser de la force et du calme. Ce qui marche un peu.

Je sens soudain une présence à mes côtés, me poussant à soulever les paupières. Je n'ai pas besoin de me tourner pour reconnaître Orphée. Il s'assoit sans dire un mot à côté de moi. Le silence nous entoure sans qu'aucun de nous d'eux n'ose le briser. Je crois que c'est mieux ainsi. Sa présence me rassure et j'aime le fait qu'il ne s'impose pas. Je crois bien que nous sommes restés une dizaine de minutes, assis là, sans un son, sans un mot, blottis l'un contre l'autre. Cela a fini par m'apaiser quelque peu et je ne retiens pas mes pensées lorsqu'elles m'échappent.

« J'ai bientôt vingt et un ans...

Dans moins de deux mois à vraie dire... Début printemps... J'avais complètement oublié, comme si le temps s'était tout bonnement arrêté ces derniers jours.

- Je sais, j'ai déjà acheté ton cadeau.

- Je déteste les cadeaux.

- Je sais.

- Tu fais ça exprès pour m'embêter à chaque fois...

- Totalement.

Son ton monocorde finit par me perturber et je lui jette un bref coup d'œil en coin. Il fixe la mousse au sol, l'air plongé dans une profonde réflexion. Je me mure à nouveau dans le silence. Je n'ai même pas vingt et un ans et je suis déjà condamnée. Je risque de ne même pas être en vie pour souffler cette vingt et unième bougie et ouvrir le cadeau d'Orphée en grommelant comme le fais d'habitude.

Le héros finit par rompre le silence, d'un ton hésitant.

- Elämä nous a raconté pour...

- Mère Nature. je complète.

Il acquiesce.

- Tu préfères ce nom à Gaïa ?

À mon tour de hocher affirmativement la tête. Son bras vient encercler mes épaules pour me serrer contre lui. Je pose ma tête sur son épaule. Ce geste me calme aussitôt. Le contact d'Orphée a quelque chose de magique. C'est comme si une bulle se créait autour de nous. Je ferme un instant les yeux. Sa voix rauque fait vibrer ma poitrine lorsqu'il me glisse :

- Et bien au moins, je suis flatté d'avoir été marié à une entité telle que toi.

C'est plus fort que moi, un très léger rire m'échappe.

- Eurydice n'était même pas au courant.

- Ce n'est pas parce que tu ne sais pas qui tu es et à quel point tu es fantastique que cela enlève à l'honneur et au plaisir que cela fait de te côtoyer et de t'aimer, Riri.

- Depuis quand es-tu si sage ?

- J'ai arrêté de compter.

J'ouvre me yeux et attrape sa main sa main pour la serrer fort dans la mienne. Il l'a redit. Qu'il m'aimait. Cela me fait toujours aussi chaud au cœur. Je me rends compte soudain que moi, je ne l'ai pas fait. Je ne suis pas parvenue à lui avouer ces trois petits mots... Je crois qu'il est temps. Avec difficulté, je murmure, le cœur battant la chamade dans ma poitrine :

- Tu sais, moi aussi je suis tombée amoureuse. Avec le temps. Ça aurait été étrange sinon. Une gamine de seize ans amoureuse d'un homme qui a plus de dix ans qu'elle... en apparence évidemment.

Je ricane avant d'enfin tourner la tête dans sa direction. Son regard vert me transperce comme une flèche en plein cœur. Nulle trace de plaisanterie dans ses yeux lorsqu'il lâche :

- Mais tu as grandi.

- Yep. En revanche, toi, tu ne semblais pas vieillir. Ce qui était assez déroutant en fait.

- J'ai vingt-neuf ans depuis trois millénaires.

- Tu es mort à vingt-neuf ans alors.

Il me regarde, l'air quelque peu surpris.

- Comment le sais-tu ?

- C'est Eurydice qui le sait. Les héros n'atteignent l'immortalité qu'à leur mort. Nombre d'entre eux meurent durant leur quête d'ailleurs. Mais les rare chanceux qui vivent une longue vie se réveille dans les morts et leur physique est celui qu'ils avaient lorsque l'exploit qui leur a permis d'acquérir l'immortalité a été réalisé. Quel a été ton exploit ?

- Revenir des enfers. Vivants.

Je l'observe un instant, un masque d'impassibilité sur le visage. Je prends garde à bien mesurer mes paroles quand je souffle, presque à contrecœur.

- Je crois que je serais capable d'aller aux enfers pour toi, Orphée.

- Pardon ?

Nous y sommes. L'instant fatidique. Je ne peux plus tourner autour du pot. Je m'extirpe de ses bras pour lui faire face. Mon regard plonge dans le sien. Brun contre vert. Les couleurs de la terre. Les couleurs de la nature. Les couleurs de mon cœur.

- Je t'aime aussi Orphée.

La stupéfaction dans son regard est remplacée violemment par une pure joie qui balaye tous les doutes qui auraient pu persister. Ses doigts s'emmêlent aux miens tandis que sa paume douce vient étreindre la mienne. Mais alors qu'il s'apprête à dire quelque chose, je l'interromps.

- J'ai longtemps cru que ça n'était pas réciproque. Tu sais trop bien cacher tes sentiments. C'est horrible. Et puis étant persuadée que ta vie t'attendait ailleurs, je ne voulais pas te retenir. Comme tu l'as dit toi-même : c'est l'amour, le vrai. Pas parce que nous y serions forcé par le destin. Mais parce que c'est toi.

Son front se colle contre le mien tandis que sa main effleure ma nuque pour se perdre dans mes boucles blondes. Je me sens bien, ainsi, contre lui. À voix basse, il murmure :

- Pour toi, j'essaierai de moins cacher mes sentiments, Yerine.

Je ris. Le son est un peu étranglé, étouffé par mes tourments. Mais les mots d'Orphée m'apaisent. Autant que ses gestes. Ses lèvres se déposent sur les miennes, chassant ma peur, ma tristesse, mon désespoir. Je réponds aussitôt à son baiser. Sa main glisse le long de mon dos pour se nicher au creux de mes reins tandis que je me hisse sur ses jambes étendues de manière à pouvoir approfondir ce baiser. Mes joues me brûlent tandis qu'il me serre contre lui, avec toute la force et tout l'amour dont il dispose. Et j'en fais de même. Dans un souffle, je répète contre ses lèvres :

- Je t'aime, Orphée... »

J'ai toujours voulu vivre. C'est le moment d'enfin me battre pour réaliser ce vœu formulé à mi- mot à la moindre occasion. D'enfin me battre pour vivre.

*

Lorsque nous rentrons enfin dans la petite maison, nous retrouvons Bellérophon en train de lire un journal, assis nonchalamment sur la table de la cuisine. Elämä est à ses côtés. Elle fixe d'une drôle de façon les couverts sous ses yeux. Le héros se rend compte de notre retour le premier. Il nous jette un coup d'œil soucieux. Je pense cependant que la vue de ma main dans celle d'Orphée, le rassure un peu puisqu'il se détend légèrement, ses yeux couleur miel ne me quittant pas. Dès que la prêtresse nous aperçoit, un grand sourire vient étirer ses lèvres.

« Tu as pris ta décision Yerine ?

J'hoche affirmativement de la tête.

- Dis-nous où se trouve le bassin aux nymphaea. Il n'y a qu'en éveillant la Nature que nous aurions un moyen de battre Flétrissure.

- En effet. Cependant, je ne peux pas vous dire où se trouve le bassin.

Je fronce des sourcils. Je crois qu'une vague de colère gagne Orphée puisqu'il fait un pas dans sa direction menaçant.

- Comment ça, vous ne pouvez pas ?

- Elämä... gronde Bellérophon, l'indignation tordant son visage.

Elle lève les mains comme pour se défendre.

- Je ne peux pas parce que je ne le sais pas.

- Je pensais que tu savais tout. j'interviens.

- Ton bassin m'est caché. Il fallait bien que personne d'autre ne le trouve. Et comme on ne peut faire confiance à une prêtresse...

Le clin d'œil qu'elle m'adresse ne m'inspire en effet pas vraiment confiance.

- Comment comptes-tu procéder ?

- C'est ton bassin. Ta magie en dépend entièrement et ton cœur y est lié. Ça va être extrêmement simple. Il ne suffit que d'un peu de ton sang.

Je grimace. Non pas que le sang me fasse horreur mais je peine à imaginer ce qu'elle voudrait en faire.

- Miss. Catastrophe a horreur du sang ! ricane Bel.

Je le fusille du regard.

- Aux dernières nouvelles, je fais des études de médecines, figure-toi ! Le sang ne me fait plus rien.

Il éclate de rire avant de m'adresser un clin d'œil.

- Si j'étais humain, c'est chez toi que j'irais me soigner.

- Heureusement pour toi que tu n'es pas humain.

- Pour toi, surtout !

- Là, il n'a pas tort. murmure Orphée.

Elämä se racle la gorge afin de récupérer notre attention et explique :

- Je dois pouvoir avoir accès à un secret dont tu ne te rappelles même pas. Seul ton sang, celui qui pulse grâce à ton cœur, peut m'aider. Nous aider.

- Que vas-tu en faire ?

- Le boire.

Je dois tirer une drôle de tête à cet instant. Quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans cet univers et dans la tête de ceux qui le composent.

- Pourquoi est-ce que tout le monde boit du sans ici ?

- Pas tout le monde ! se défend aussitôt mon « oncle ».

- Juste les vampires et les sirènes. Et peut-être les prêtresses da la Vie lorsque leur abominable magie doit se mettre en œuvre.

Le ton de mon compagnon est sec. La principale concernée se contente de lui sourire avant de souffler :

- La magie qui coule dans mes veines est celle des entités créatrices. C'est la moins abominable qui soit, héros !

Orphée semble en douter cependant il ne répond rien. Sa méfiance me met légèrement sur les nerfs. Mais Elämä semble ne pas s'en soucier du tout car attrapant un objet sur la table de la cuisine, elle reporte son attention sur moi.

- Tu le fais ou je le fais ?

J'observe le couteau qu'elle tient dans ses mains. Je ne suis plus à ça près je crois. D'un geste sec je récupère la lame.

- Il a intérêt à être propre.

- Il n'a servi qu'à couper des carottes !

Je soupire. Au moins, ma nature de créature surnaturelle me protège de toutes infections. J'approche la lame de mes doigts et d'un geste rapide, avant que ma détermination ne flanche, je cisaille ma chair. Le sang perle et aussitôt, Elämä saisit mon poignet pour le porter à sa bouche, laissant les gouttelettes écarlates couler entre ses lèvres.

Elle relâche soudain ma main que j'essuie aussitôt sur mes vêtements. À ma grande surprise, l'entaille cicatrise déjà. La prêtresse ferme les yeux tandis que ses poings se crispent tant que ses phalanges en blanchissent. Bellérophon s'approche d'elle, soucieux. Brusquement, elle rouvre les yeux. Le regard que s'échange le héros brun et la femme n'annonce rien de bon.

- Alors ? Où se trouve ce bassin ? s'impatiente Orphée qui instinctivement s'approche de moi.

- Vous n'allez pas apprécier.

Son regard doré se pose sur moi. Quelque chose dans son attitude a changé. Elle se racle la gorge avant de plisser des yeux. Sa voix n'est plus qu'un murmure sombre lorsqu'elle annonce :

- Le bassin aux nymphaea se trouve sur l'île des Apognoì. À l'opposé de leur manoir. »

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