The upside of falling (Fanfic...

By mllemysteres

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Après la disparition de tous ceux qui lui étaient chers dans un accident de voiture, Katniss Everdeen s'est i... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12

Chapitre 3

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By mllemysteres


Le lendemain Katniss voulut appeler Camille pour se plaindre en long et en large du problème qui s'était installé dans l'appartement d'à côté mais elle se ravisa au dernier moment. Camille était très prise par son travail et en y réfléchissant bien, le problème de Katniss n'était pas à proprement parler un problème. Pas encore en tout cas. De plus, si le docteur Aurelius apprenait qu'elle perdait les pédales pour quelque chose d'aussi insignifiant, il la ramènerait à Atlanta en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Il avait encore le pouvoir de la déclarer dangereuse pour elle même et réduire à néant tous les efforts qu'elle faisait pour se créer une nouvelle vie.

Katniss avait tendu l'oreille toute la matinée mais pas un bruit ne s'était échappé de l'appartement au bout du couloir. Elle en conclut qu'ils n'étaient pas rentrés. Six personnes enfermées dans un espace de la taille d'une boîte à chaussure, ça peut s'avérer bruyant. Mais peut être qu'elle avait surestimé leur proximité et que Johanna serait seulela plupart du temps.

Elle se rendit soudain compte que ses inconnus monopolisaient ses pensées depuis leur malheureuse rencontre de la veille. Une vague d'agacement la traversa. Katniss détestait plus que tout donner raison au docteur Aurelius et il lui avait dit récemment - pas en ces termes - que un de ses plus gros problèmes était sa tendance à l'obsession.Katniss savait très bien qu'il y avait une bonne part de vérité dans ce qu'il lui disait là, mais elle avait été si offensée par cette remarque qu'elle lui avait raccroché au nez, sa fierté mal placée étant un autre de ses gros problèmes. Elle avait un nombre conséquent de gros problèmes pour une fille de si petite carrure.Force était de constater que encore une fois il avait raison à son sujet. Elle sur-analysait les choses jusqu'à s'en rendre malade et se créait des problèmes qui n'existaient pas. La situation présente en était un parfait exemple. D'une rencontre de cinq minutes, Katniss avait déjà intériorisé des détails que son  cerveau refusait d'oublier. Comme la façon dont les yeux de Finnick pétillaient de malice. Ou la corne qu'elle avait sentie sur la main de ce garçon quand il l'avait posée sur son bras nu. Ou encore les regards qu'ils échangeaient qui semblaient valoir milles mots. Ils lui donnaient vraiment l'impression d'être une fratrie. Cette pensée lui fit l'effet d'une flèche qui lui transperçait le cœur. Pour la deuxième fois, Katniss se résolut à ne plus y penser. A la place elle s'absorba dans les tâches ménagères qu'elle ignorait depuis plusieurs jours. Son esprit préoccupé par des considérations plus matérielles, elle se détendit peu à peu. Elle se surprit même à siffloter une vieille mélodie en descendant ses poubelles. Elle arrivait dans le hall quand le fracas de la porte du hall qui s'ouvrait vint interrompre le fil de ses pensées. Le bruit fut immédiatement suivi d'une voix, accompagnée par les bruits de pas de ce qui semblait être une petite armée :

- Je pourrais manger un bœuf ! Jo, ma douce, s'il te plaît dit moi qu'il y a quelque chose de comestible dans ton taudis.

Cela prit une seconde à Katniss pour reconnaître la voix suave de Finnick et une seconde de plus pour se jeter derrière la première porte qu'elle vit. Dans la précipitation elle ne parvint pas à refermer la porte complètement et un filet de lumière vint se poser sur son visage. Elle lâcha une bordée de jurons dans un souffle puis les pas se rapprochèrent et elle retint sa respiration. Ils la dépassèrent sans accorder un regard au placard à balais dans lequel elle était cachée. Ils s'arrêtèrent comme un seul homme devant l'ascenseur. De là où elle était, Katniss pouvait apercevoir un large dos musclé sur lequel était perché une tête brune. Soudain le pouls de Katniss s'accéléra imperceptiblement :contre une paire de jambes reposaient une guitare électrique bleue turquoise. Sans vraiment s'en rendre compte et poussée par une force qui semblait la dépasser, Katniss poussa la porte du bout des doigts. Elle les voyait maintenant. Ils étaient tous là. Non, il manquait quelqu'un. Un, deux, trois, quatre, cinq silhouettes. La fille aux cheveux roses n'étaient pas là.

Même de dos, elle pouvait voir qu'ils étaient épuisés. Il y a quelques secondes elle aurait pu supposé que leur fatigue était dû à une nuit passée dans les boîtes de nuit hors de prix de New York, mais à présent les instruments lui soufflaient une autre histoire. Une paire de baguettes tournaient machinalement entre des doigts, une autre guitare – une basse peut-être - étaient jetée négligemment dans un dos. Une voix grave s'éleva, brisant le silence qui s'était installé entre eux et balaya les derniers doutes de Katniss :

- Désolé de mettre les pieds dans le plat, mais comment est-ce qu'on va pouvoir s'inscrire au concours si on n'a pas notre chanteuse ?

- On a une chanteuse Gale, c'est juste la chanteuse avec le plus mauvais caractère au monde. Elle va revenir, répondit Finnick avec nonchalance.

Un reniflement dédaigneux se fit entendre.

- Est ce qu'elle a un mauvais caractère ou est-ce qu'elle a juste conscience qu'elle mérite d'être mieux traitée ? Demanda Johanna avec hargne.

- Et si elle ne revient pas ? Insista la voix de départ qui semblait provenir du seul garçon brun du groupe. Parce que oui, maintenant elle en était certaine ils formaient un groupe de musique. Même sans mentionner le concours, on doit quand même jouer au Penthouse la semaine prochaine. Et sans Stella...

- Si elle ne revient pas Rye ira la chercher, intervint une autre voix plus douce, plus posée mais dans laquelle Katniss décela une pointe de ressentiment.

Quelqu'un lui répondit mais le 'ding' de l'ascenseur empêcha Katniss de comprendre. Ils montèrent et elle recula précipitamment dans l'obscurité. Elle resta là un moment après que les portes se soient refermées sur eux, le cœur battant à la chamade et respirant les effluves des produits ménagers. Un groupe. Qui avait besoin d'une chanteuse. L'idée prit racine dans son cœur avant qu'elle ait pu s'empêcher d'y penser. Malgré la peur, malgré toutes les raisons qui lui venaient en tête pour ne pas s'en mêler,une petite étincelle s'était allumée au fond de Katniss et elle persistait à grandir.


      Durant les jours qui suivirent, Katniss avait réussi à éviter Johanna et compagnie. Elle bloquait leurs allers et venus, leurs rires et leurs bruyantes chamailleries en écoutant sa musique bien trop fort. Elle avait aussi tenté de ne pas penser à cette histoire de chanteuse,avec moins de succès cependant. Katniss avait vraiment du mal à démêler ses sentiments sur le sujet. Son esprit faisait le tour du problème trente fois par heure. Elle savait très bien qu'elle n'aurait jamais le courage d'aller les trouver pour se proposer comme remplacement pour la chanteuse principale, cette dernière pouvant très bien revenir réclamer sa place à tout instant. De plus,Katniss n'avait pas chanté pour quelqu'un depuis des années.  La dernière fois, se rappela-t-elle, c'était pour le douzième anniversaire de Prim. Les yeux émerveillés de sa petite sœur  lui revinrent en mémoire en même temps que la sensation de bien être que lui procurait une performance. Mais non, elle ne pourrait jamais s'acoquiner avec une bande d'inconnus sous prétexte que le chant lui manquait. L'esprit de Katniss revenait sur ces arguments plusieurs fois par jour, pas forcément dans cet ordre mais elle en arrivait toujours à la même conclusion : pas question. Son esprit relançait toujours le cycle avec un « Et si ? ». 

Elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce que ça ferait de rechanter pour une audience aussi petite soit elle. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Voilà ce que lui aurait dit Camille si elle s'était décidée à l'appeler. Prim voudrait que tu le fasses,lui souffla une voix qu'elle chassa avec empressement. Les examens de fin d'année approchaient et si elle ratait son année parce qu'elle passait tout son temps à rêver d'une chimère, elle ne se le pardonnerait jamais. 

Katniss tenta de noyer ses pensées en montant le volume de sa musique. Elle ferma les yeux et se plongea dans la musique comme à chaque fois que cette impression de se noyer dans ses sentiments s'emparait d'elle. L'immeuble était exceptionnellement vide et en l'absence de ses nombreux et bruyants voisins, elle se sentait particulièrement seule. Le pouls de Katniss se cala presque automatiquement sur le rythme du morceau. Le tempo s'accéléra et lui donna l'impression de s'élever à plusieurs mètres au dessus du sol. Très vite, oubliant ses inquiétudes,s'oubliant elle même, Katniss joignit sa voix à celle de Lorde. Sa voix monta, limpide, pour redescendre ensuite très bas. Pendant quatre minutes Katniss s'autorisa à croire à l'optimisme de la chanson. Elle se laissa emporter par l'énergie et pendant un instant, rien qu'un instant, elle y crut pour de vrai. Puis la chanson se termina abruptement et elle retomba sur son canapé sans jamais vraiment s'apercevoir qu'elle s'était levée. Si elle avait pu, elle aurait étiré ces quatre minutes à l'infini pour y vivre.Juste pour pour retrouver ce bref instant où elle croyait avec plénitude à ce qu'elle chantait. Une autre chanson débuta mais Katniss arracha ses écouteurs de ses oreilles. Elle resta assise là un moment, le souffle court, à écouter son cœur battant à la chamade. Elle chantait souvent mais rarement comme ça. Pas depuis longtemps en tout cas. 

Soudain quelqu'un frappa à la porte et la fit sursauter. Katniss recevait tellement peu de visites – pas de visites en fait- qu'elle fut immédiatement sur ses gardes. Elle s'avança à pas de loup vers la porte et y colla son oreille. Elle écouta le silence puis de nouveau des coups pressants firent vibrer sa porte. Soudainement agacée, Katniss ouvrit la porte avec force pour s'entretenir avec la personne qui essayait manifestement d'enfoncer sa porte. Elle avait la bouche à moitié ouverte pour demander des comptes quand elle réalisa, un peu trop tard, à qui elle avait affaire. Finnick, Johanna, Gale et les deux autres garçons blonds, qui vu leur ressemblance étaient parents, étaient campés devant sa porte. Finnick avait son habituel sourire en coin mais il y avait une certaine tension dans l'expression des autres. Malgré la vulnérabilité qu'elle ressentait à cet instant, son corps réagit de lui même : elle croisa les bras et fronça les sourcils. Finnick dut remarquer ce changement dans son langage corporel car son sourire vacilla pendant une demie-seconde.

 - Salut Katniss, dit il comme si ils se connaissaient depuis des années.

Ne faisant pas confiance à sa voix, elle se contenta d'un léger hochement de tête. Un silence s'installa entre eux pendant qu'ils se regardaient en chien de faïence. Le plus petit des deux blonds (elle le reconnaissait maintenant, c'était celui qui avait voulu la raccompagner jusqu'à chez elle) se racla la gorge et dit :

- Tu as une très jolie voix.

La signification de ces mots mirent quelques secondes à faire le chemin jusqu'au cerveau de Katniss. Quand elle comprit elle sentit tous son sang quitter son visage. Elle n'avait pas réalisé que le fait qu'ils soient sur son palier impliquait qu'ils étaient présent dans l'immeuble lors de sa petite performance.

- Quoi ? Croassa-t-elle, faute d'une réponse plus intelligente.

- On t'a entendu chanter, élabora Gale, le grand brun.

Katniss dut jeter la tête en arrière pour pouvoir le regarder dans les yeux.

- Oui les murs sont assez fins par ici, ajouta Johanna comme si c'était Katniss qui venait d'emménager et non elle.

Elle agrippa la poignée rouillée de la porte très fort pour s'empêcher de faire quelque chose de stupide comme leur claquer la porte au nez pour mettre fin à cette interaction.

- Peeta a raison, continua Finnick, tu as vraiment une voix incroyable. Ce qui m'amène à l'objet de notre visite. Nous formons un groupe de musique et il se trouve que nous...

- Ce n'était pas moi, coupa Katniss d'un ton précipité.

Leur petit groupe tomba alors dans un silence surpris, tous déconcertés par le mensonge de Katniss, y comprit elle même. Johanna pinçait les lèvres si fort qu'elles disparaissaient en une ligne blanche. Finnich haussa les sourcils tandis que Gale les fronça. Quand au dénommé Peeta et son double, ils la regardaient tous les deux avec la bouche entrouverte. Katniss fut agacée de remarquer qu'elle connaissait leurs noms même si ils ne s'étaient jamais vraiment présentés officiellement. Ce fut Johanna qui rompit le silence.

- C'est ça, rétorqua-t-elle, la voix chargée de sarcasme. Ça devait être la 408 alors ?

La résidente de l'appartement 408 était une vieille dame qui arrivait à peine à parler. Katnisss sentit ses joues rougir mais elle refusa de détourner le regard face aux yeux moqueurs de Johanna.

- Je ne sais pas, tu n'as qu'à aller lui demander, répondit Katniss d'un ton hargneux.

Johanna ouvrit la bouche pour réponde mais Peeta lui coupa la parole avec agilité. Ses joues étaient un peu rouges et ses grands yeux bleus brillaient d'une émotion que Katniss n'arrivait pas à définir.

- Tu travailles comme serveuse, demanda-t-il en pointant du doigt quelque chose derrière elle.

Il désignait son uniforme de travail qui était suspendu sur une poignée de porte. Elle y vit une échappatoire et sauta sur l'occasion.

- Oui. D'ailleurs il faut que j'aille travailler.

Sans leur laisser le temps de répondre, elle leur ferma la porte au nez.Elle n'osa pas bouger d'un pouce. Derrière la cloison, elle entendit un long sifflement puis une voix étouffée :

- Elle n'a pas l'air commode.

- Si elle était commode elle ne pourrait pas être la chanteuse d'un groupe de rock, argua Finnick. C'est un critère essentiel.

Elle les écouta s'éloigner puis leur porte se referma sur eux avec un bruit sourd. Katniss recommença à respirer.



       Par un heureux hasard, elle devait vraiment travailler ce soir là donc elle ne fut pas obligée de faire semblant de ne pas être dans son appartement. Après leur visite, Katniss s'était préparée à la vitesse de l'éclair avec des gestes mécaniques puis elle était partie pour Donnie's en faisant le plus de bruit possible. Plutarch fut très surpris de la voir arriver avec presque une heure d'avance puisqu'elle avait plutôt l'habitude d'arriver à reculons et pas une minute avant le début de ses horaires. «Le monde marche sur la tête ! » avait-il plaisanté. Katniss lui avait jeté un regard noir ce qui l'avait fait gloussé de plus belle. Elle s'était murée dans un silence de plomb ne parlant quand quand on s'adressait à elle. Sans surprise, Katniss n'arrêtait pas de ressasser ce qui s'était passé tout à l'heure. Est ce qu'ils avaient vraiment essayer de la recruter comme chanteuse ? C'est ce qu'il s'apprêtait à faire non ? Si elle était commode elle ne pourrait pas être la chanteuse d'un groupe de rock. Ça y ressemblait fortement en tout cas. Tune peux pas accepter, se rappela-t-elle une fois de plus. Pourquoi pas? Lui répondit une voix.Cette fois-ci elle ne trouva pas de bonnes raisons pour refuser leur offre. Son désir de faire partie de quelque chose de plus grand grandissait à chaque instant et éclipsait sa peur des autres.

Malheureusement, peut-être que elle avait était assez impolie pour que leur offre ne soit plus d'actualité. Katniss soupira dans sa barbe, terriblement frustrée par toute cette histoire. En arrivant à New York, elle s'était créée une routine qui occupait chacun de ces moments éveillés. C'était la technique qu'elle avait trouvé pour ne pas s'effondrer. Faire les choses qu'on avait à faire sans se demander pourquoi on les faisait. Du point de vue de Katniss,cette stratégie avait prouvé son efficacité puisqu'elle était toujours debout. C'est comme ça qu'elle survivait puisque le soleil persistait à se lever, jour après jour. Seulement, elle arrivait à la fin de sa deuxième année d'université et elle sentait bien qu'elle fonctionnait sur basse batterie. Elle courait dans le vide.Le peu de sens qu'elle avait pu trouver par le passé était entrain de s'estomper.

Les heures passèrent et le ciel s'assombrit. Katniss se retrouva seule à la caisse tandis que Plutarch passait des appels dans la salle de pause. Le menton posé dans la paume de sa main, elle passait un chiffon humide sur le comptoir sans conviction. Elle écoutait distraitement la radio qui passait en fond.

In the crowd alone
And every second passing reminds me I'm notwhole
Bright lights and city sounds are ringing like adrone
Unknown, unknown

La sonnette d'entrée tira Katniss de ses rêveries. Elle grogna de mécontentement. Elle avait espéré pouvoir passer sa dernière heure sans trop se donner de mal. Elle plaqua un sourire factice sur ses lèvres et s'avança vers les nouveaux venus. Elle faillit tomber à la renverse quand elle les reconnut. Encore ses putains de voisin.Ils l'avaient suivi à la trace ou quoi ? Probablement, puisque eux n'avaient pas du tout l'air surpris de la voir et la regardaient avec attente. Elle déglutit avec difficulté mais s'avança avec détermination vers leur table.

- Bonsoir, bienvenue chez Donnie. Je suis Katniss, je serais votre serveuse ce soir. Vous avez choisi ? débita-t-elle comme elle l'avait fait avec une dizaine de fois ce soir.

- Re bonsoir ! S'écria Finick avec un grand sourire prétentieux.

Il lui laissa quelques secondes pour répondre et en voyant qu'elle gardait les lèvres obstinément closes, il poursuivit :

- C'est marrant qu'on se retrouve ici parce que je n'ai pas eu l'occasion de te faire part de notre proposition tout à l'heure.

- Ah parce que c'est une coïncidence ? Interrogea-t-elle avec, elle l'espérait, un certain flegme.

Un rire nerveux parcourut leur table. C'était assez satisfaisant de ne pas être celle qui était mal à l'aise pour une fois.

- On a fait notre petite enquête pour savoir où tu travaillais, intervint le seul garçon dont elle ne connaissait pas le nom.

- Oui, on t'a retrouvé grâce ton affreux uniforme, ajouta Johanna. Tu es habillée comme le fantasme d'un quinquagénaire célibataire.

Gale toussota dans son poing pour la faire taire.

- Ce que j'essayais de te dire avant que tu t'enfuies tout à l'heure, c'est que tu es une chanteuse très talentueuse et qu'on a justement besoin d'une chanteuse, reprit Finnick.

Ah. On y était.Elle s'appliqua à garder un visage impassible.

- Quand, il dit « on » ça veut dire moi, Finnick et Rye, précisa Gale en les désignant à tour de rôle. On forme un groupe. Normalement il y a Stella aussi, notre chanteuse, mais elle est ... indisponible pour le moment. On en a absolument besoin d'une avant vendredi pour un concert. On pourrait annuler mais ce truc marche beaucoup au bouche à oreille et ça ne donne pas une bonne image du groupe. Et si on commence à avoir la réputation d'un groupe pas fiable, ça va nous mettre des bâtons dans les roues.

- Et c'est là que tu arrives comme la cerise sur le gâteau avec ta voix d'ange, ma belle ! Renchérit Finnick avec enthousiasme. Je sais que tu as dit que ce n'était pas toi mais entre toi et moi, je ne te crois pas. Alors qu'est ce que tu en dis ? Tu aurais ta part des recettes évidemment, mais je préfère te prévenir ils sont vachement radins.

Katniss ouvre la bouche pour répondre quelque chose entre« d'accord » et « allez vous faire foutre »mais c'est ce moment que choisit Plutarch pour faire irruption dans la pièce, ses yeux perçants fixés sur la nuque de Katniss. Son cœur rata un battement. Malgré son apparente joie de vivre,Plutarch, comme la plupart des patrons, était un sale con. Elle prit une voix enjouée et parla assez fort pour que Plutarch l'entende :

- Pas de souci ! Faites moi signe quand vous aurez décidé.

Elle ignora leurs regards interloqués et retourna le plus naturellement possible à son chiffon humide et continua d'essuyer son comptoir machinalement. Quelques secondes plus tard, elle sentit la main de Plutarch se posait dans le creux de son dos.

- Tout va bien ? Lui murmura-t-il à l'oreille avec une haleine chargée de whisky.

Katniss réprima un frisson de dégoût et hocha la tête. Avec Johanna et compagnie au fond de la salle et Plutarch qui ne semblait ne pas pouvoir la lâcher des yeux, elle se sentait comme un animal acculé. Quelques minutes plus tard, Johanna lui fit signe et elle fut soulagée de pouvoir s'éloigner de son patron. Elle se planta devant eux, la pointe de son stylo déjà posé sur son calepin.

- On va prendre un gâteau d'anniversaire au chocolat s'il vous plaît, dit elle d'un ton neutre sans même regarder Katniss.

- Des boissons ?

- Non, juste le gâteau. Est ce que vous pouvez écrire « Joyeux anniversaire Peeta » dessus ?Et des bougies aussi.

Katniss jeta un coup d'œil à Peeta qui lui offrit un petit sourire contrit. Si il voulait fêter son anniversaire dans un restaurant vide et crasseux, ce n'était pas ses affaires.

- Oui bien sûr.

Elle repartit avec leur commande et la transmit à Ed, le cuisinier qui était à moitié endormi sur son plan de travail. Quand le gâteau fut prêt, Katniss le poignarda à mort plus qu'elle ne planta les bougies. Elle se brûla au moins trois fois en essayant de les allumer. Normalement, il était coutume d'éteindre les lumières quand on amenait un gâteau d'anniversaire mais elle n'en avait pas la force. Sans cérémonie, elle fit glisser le gâteau jusqu'à Peeta qui lui souffla un remerciement. Il s'apprêtait à souffler ses bougies mais Johanna posa une main sur son bras pour l'arrêter.

- Attend. Tu ne peux pas souffler tes bougies comme ça enfin ! Se récria-t-elle avec un air faussement affligé. Personne n'a chanté « joyeux anniversaire ».

Katniss eut du mal à ne pas penser que la suite n'était pas préméditée, vu la façon dont ils tournèrent tous les yeux vers elle en même temps. Sa poitrine se comprima.

- C'est un peu tard pour une fête d'anniversaire non ? Fut tout ce qu'elle trouva à dire.

- Oh c'est encore l'anniversaire de Peeta pendant encore une heure au moins, remarqua Johanna innocemment.

- Désolée j'ai mal à la gorge, dit Katniss en desserrant à peine les dents.

- Oh vraiment, ce n'est pas important, balbutia Peeta dans son coin de table mais Johanna l'ignora complètement pour fixer Katniss avec défi.

Les secondes de tension semblèrent s'éterniser jusqu'à ce que Plutarch fasse apparition aux côtés de Katniss.

- Un problème ? Demanda-t-il de sa voix de commerçant

- Oh rien de grave. Nous nous demandions juste si les serveurs chantaient un joyeux anniversaire aux clients dans ce restaurant, dit Johanna avec un sourire qui n'atteignait pas ses yeux.

- Bien entendu très chère ! En écartant les bras comme pour montrer à quel point Donnie était un endroit où on faisait chanter les serveurs contre leur gré. Katniss ?

- Je...

- Katniss chante.

Le ton de Plutarch glaça son sang en un tour et elle comprit que si elle choisissait de désobéir maintenant il y aurait des conséquences plus graves que sa fierté froissée. Alors elle chanta un joyeux anniversaire à Peeta avec tout l'entrain dont elle était capable à presque onze heure du soir. Ils l'écoutèrent religieusement. Elle se contenta de chanter juste mais elle savait que sa voix était reconnaissable. A la fin de la chanson, les garçons avaient l'air ravi et Johanna avait l'air satisfaite. Ils applaudirent à tout rompre et Katniss se fit la remarque que ils devaient vraiment être désespérés. Pendant qu'ils dégustaient leur gâteau, Katniss alla se percher sur un tabouret, soudain plus épuisée que d'habitude. Plutarch avait disparu en lui disant que c'est elle qui ferait la fermeture ce soir.Elle commença à somnoler et elle se serait endormie si Peeta n'avait pas posé une main légère sur son épaule.

- Hey, dit-il d'une voix douce.

Derrière lui, ses amis renfilaient leurs vestes et ramassaient leurs sacs. Combien de temps s'était écoulé ?

- Hey, imita-t-elle sans parvenir à y mettre le sarcasme qu'elle aurait souhaité.

En le regardant de plus près, elle vit qu'il ne ressemblait pas tellement à Rye. Peeta était petit et large d'épaules là où Rye était svelte et grand. Sa mâchoire carré aurait pu lui donner un air de joueur de football américain coureur de jupons mais ses yeux bleus étaient trop bienveillants pour que ce soit vraiment le cas.

- Écoute, je sais que tu n'es pas emballée par l'idée de t'impliquer avec une bande d'inconnus. Je ne le serais pas moi non plus, à ta place. Mais sans vouloir t'offenser tu as l'air d'avoir besoin de sortir de cet endroit. Tu n'es pas obligée de donner une réponse de suite mais penses y, okay ? Nous ne sommes pas aussi terribles que ce que tu dois imaginer en ce moment. En tout cas tu sais où nous trouver si tu changes d'avis.

Tu as l'air d'avoir besoin de sortir de cet endroit. Katniss se demanda si elle était offensée par cette déclaration mais elle se rendit compte qu'elle était tout simplement trop fatiguée pour ressentir de telles émotions. Tandis qu'il se tournait pour rejoindre ses amis,plusieurs choses revinrent en tête à Katniss. Son appartement vide et silencieux. Le regard lubrique de Plutarch qui courait sur ses courbes sans aucune gêne, ni pudeur. Et le sourire de Prim quand elle lui avait chanté un bon anniversaire pour ses douze ans. Les mots s'échappèrent des lèvres de Katniss ans qu'elle puisse les arrêter.

- C'est d'accord.

Peeta se retourna, surpris. Il s'apprêtait à lui demander ce qui l'avait fait changer d'avis mais quelque chose dans son expression le fit taire. A la place, il interrogea avec une tendresse qui perturba Katniss :

- Est ce que tu as bientôt terminé ?

- Je dois juste fermer le restaurant.

Elle sauta de son tabouret et fut surprise de voir que ses jambes la soutenaient encore. Elle commença à s'activer sans jeter un autre coup d'œil à Peeta. La sonnette lui indiqua que ils étaient partis et elle se retrouva de nouveau seule. Katniss fit toutes les choses qu'elle avait à faire en évoluant dans une sorte de brouillard mental. Quand elle ferma enfin la porte du restaurant à clé, elle s'étonna de voir qu'ils étaient encore là. Elle resta un moment confuse, jusqu'à que Peeta demande d'une voix timide :

- On y va ?

Une chaleur se répandit dans le corps de Katniss. Ils étaient entrain de l'attendre pour qu'ils rentrent ensemble. Sans rien laisser paraître, elle hocha la tête et ils se mirent en route sans un mot. Elle se retrouva à marcher entre eux et ne put s'empêcher de se sentir protégée. Faute de pouvoir réprimer ce sentiment, elle s'interdit de l'apprécier.



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