Yerine (Mélusine HS.1)

By dredre_iga

8.6K 1.3K 1.7K

- Cette histoire est un hors-série de la trilogie « Melusine ». Il est grandement conseillé d'avoir lu la tri... More

Prologue.
Chapitre 1.
Chapitre 2.
Chapitre 3.
Chapitre 4.
Chapitre 5
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Chapitre 8.
Chapitre 9.
Chapitre 10.
Chapitre 11.
Chapitre 12.
Chapitre 13.
Chapitre 14.
Chapitre 15.
Chapitre 16.
Chapitre 18.
Chapitre 19.
Chapitre 20.
Chapitre 21.
Chapitre 22.
Chapitre 23.
Chapitre 24.
Chapitre 25.
Chapitre 26
Chapitre 27.
Chapitre 28.
Chapitre 29.
Chapitre 30.
Epilogue.
Mot de la Fin.
Bonus.

Chapitre 17.

229 41 17
By dredre_iga

« Voyez, chère Yerine, vous ne pouvez rien contre nous... L'espoir est une faiblesse. Vous me l'avez pris. Et je vous l'ai pris. »

La voix grave et éraillée, emplie d'une cruauté et d'une satisfaction malsaine, résonne à mes oreilles sans que je ne comprenne d'où elle vient. C'est celle de Flétrissure. Et comme une menace, ses mots s'infiltrent dans mon esprit, paré à anéantir le maigre espoir qui venait de s'allumer. Je n'arrive pas à cesser de dévisager avec horreur l'Apogonos qui continue de m'observer, sa lame tâchée de sang. M'arrachant douloureusement de ma torpeur, je parviens à souffler :

« Pourquoi ?

Un éclat s'allume dans les yeux de la femme qui s'avance vers moi, d'un pas, menaçante, jouant avec sa lame.

- Pourquoi les nymphes ne trouvent-elles jamais autre chose à demande que ce geignard « pourquoi » ? fait-elle mine de se plaindre, son effroyable sourire au bord des lèvres.

Sa question allume quelque chose en moi, une colère sourde, étouffée jusque-là, mais qui commence à s'éveiller. Une fureur qui ne demande qu'à s'exprimer. Mon regard glisse de son horrible visage à son arme. À cet instant, je rêve de la lui planter en plein cœur. Ou pire encore. Pour ce qu'elle a fait.

Pourtant, je me contente de répéter, un peu plus durement, laissant peu à peu ma rage m'envelopper comme une carapace contre me chagrin :

- Pourquoi ?

- T'es butée ma belle... Ordre du patron. Il trouve cela bien plus intéressant de te laisser seul. La solitude sera ton châtiment. Il ne fait que te rendre la monnaie de la pièce après tout. C'est ce que tu lui as infligé.

Je fronce des sourcils. J'ai beau fouillé les souvenirs d'Eurydice, il n'y a rien de tel. Pourtant, cette évocation de la solitude en tant que châtiment me dit quelque chose. J'ai l'impression d'avoir déjà prononcé ces mots. Sans que ça ne soit moi. Ou, plus étrange encore, sans que ça ne soit l'ex-femme d'Orphée...

À force de fouiller dans mes différents souvenirs, quelque chose me revient. Quelque chose qui n'avait pas refait pas surface. Et qui pourrait m'être utile... Il est temps de laisser tout ce qu'Eurydice sait, tout ce que je sais, revenir à la surface.

Car j'ai un pouvoir. Un pouvoir que je brûle d'utiliser à l'instant.

Il ne me suffit que d'un regard en direction d'Isadora, de son corps étendu sans vie au sol. Que d'un rappel de sa peur, de la douleur, de la mort. Que d'une once de soif de vengeance. Pour que tout s'embrase. D'un élan que je ne soupçonnais pas, je me relève, me jetant contre l'Apognos. Entraînée par mon poids, nous tombons au sol et y roulons.

Son cris de rage fuse à mes oreilles tandis qu'elle se débat, renversant mon corps pour me surplomber. Elle est bien plus forte physiquement que moi. Mais ce n'est qu'une humaine. Et moi je suis une nymphe doublée d'une destinée. Loin d'être inoffensive. Loin d'être passive.

Alors qu'elle coince la lame de son poignard sous ma gorge, je profite d'avoir le bras libéré pour apposer ma main sur son visage. Cette fois, la luminescence qui s'échappe de mes paumes n'a rien de bienveillant. L'énergie ne part plus de mon cœur, de mon corps, mais de celui de ma geôlière. Son sourire se change en grimace tandis qu'elle pâlit. Elle tente de se dégager de mon emprise sans y parvenir.

Et tandis que je sens ce nouveau souffle pénétrer mon corps, s'écouler dans mes veines, j'aspire toujours plus son essence vitale. Son visage déformé par la haine pâlit de plus en plus, ses rides s'accroissent, ses cheveux grisonnent et ses yeux s'injectent de sang. Ses forces l'abandonnent, quittant son corps maudit pour rejoindre le mien. Encore une fois, je me sens ivre de cette puissance, ivre de ce pouvoir mortel.

Si je peux guérir, je peux également tuer.

Et alors qu'elle s'écroule, raide morte, aussi morte que ne l'est mon amie, je ne peux m'empêcher de me sentir satisfaite, ma soif de vengeance quelque peu étanchée.

Avec difficulté, je me redresse. Le moindre de mes membres me fait souffrir. Je m'approche du corps d'Isadora. Sa gorge ouverte répand encore un sang qui me donne une nausée effroyable.

« Isa ?

Je pose une main sur la sienne, dans l'espoir peut-être de parvenir à la guérir. Des larmes se mettent à couler le long de mes joues, brouillant ma vue. Sous mes yeux, les formes se floutent jusqu'à ne devenir qu'une immense tâche rousse baignée d'écarlate. Elle est toujours aussi belle.

Et la Nature souffre, en écho à ma propre peine. La nature souffre de la perte d'une des siennes. Pourquoi cela fait-il si mal ? Je ne la connaissais même pas ! Ce n'était qu'une inconnue...

Pourtant, j'ai cette sensation qu'on m'arrache le cœur, qu'on le broie et qu'on lui ôte le moindre espoir. C'est ce que voulait Flétrissure je crois. Que mon cœur soit brisé. Et pourquoi vouloir de mon cœur ?

D'une main tremble, je sèche mes larmes. Il faut que je m'en aille. Que je fuis. L'espace d'un instant, j'hésite à prendre le corps de la naïade avec moi. Mais je n'y parviendrais pas. Alors je me relève, refrénant un nouveau sanglot. Peu à peu, mon instinct de survie semble prendre le dessus sur ma peur et ma tristesse. Je me dirige vers la sortie de ma cellule et me retourne une ultime fois.

- Repose en paix Isadora. »

Et je referme la lourde porte derrière moi, dans l'espoir de ne pas attirer trop vite l'attention.

Les couloirs sont étrangement vides. Je ne parviens toujours pas à sentir la Nature, mais je sais qu'elle est là. Je parviendrai à la retrouver, j'en suis certaine. Je dois juste ne pas me faire attraper en chemin. Mes doigts tremblent autour du couteau que j'ai volé à ma geôlière. Je ne pense pas que je saurai m'en servir mais on ne sait jamais... Je suis prête à tout pour quitter cet endroit de malheur.

Les portes s'enchaînent, les couloirs également et il n'y a pas la moindre âme qui vive. Pourtant, je sais qu'ils sont là. Sûrement à prier leur foutue divinité ou que sais-je... Mais je ne peux que remercier ma bonne étoile de ma chance presque insolente.

Je tremble tant que si j'étais tombée sur l'un d'eux, je n'aurais pas été capable de me défendre. L'angoisse obstrue ma gorge, bloquant ma respiration et j'ai l'impression que ce qui coule dans mes veines n'est plus du sang mais du béton. Un béton mortel qui me paralyserait et m'étoufferait si je lui en laissais l'occasion.

Poussant une énième porte, un courant d'air vient caresser mon visage, portant l'odeur de la liberté.

Le jardin flétri !

Celui-ci semble vide. Je m'engage dans l'allée, entre les plantes fanées et les arbres mourants. Comme la fois précédente, j'ai l'impression de ressentir toute la souffrance de la nature en ce lieu. Les ombres autour de moi m'effraient. À tout moment, j'ai l'impression qu'une d'elles va se détacher pour se jeter sur moi et me rejeter dans ma prison, dans les ténèbres.

Soudain, je la vois. La forêt qui se dresse devant moi. Une masse sombre et informe qui m'aurait effrayée si je n'avais pas été en fuite. Une masse sombre et informe qui représente ma porte de sortie.

« Vous savez, que si vous vous enfuyez, mes descendants vous retrouveront.

Pétrifiée, je fais volte-face, brandissant le coutelas en maigre protection. Devant moi, se dresse Flétrissure, toujours drapé dans on immonde cape dont l'ombre dissimule la partie ravagée de son faciès. Il semble impassible, pas le moins du monde surpris de ma présence ici. D'un ton toujours autant égal, il ricane :

- Ils connaissent bien mieux cette forêt que vous. Et être traqué n'est pas une partie de plaisir. Epargnez-vous cela.

Il s'approche d'un pas et je brandis un peu plus le poignard dans sa direction. L'expression sur son visage infernal reste neutre mais l'éclat que je devine dans son regard me terrifie. Il ne doit pas s'approcher de moi. Mon instinct me le hurle.

- Pourquoi avez-vous besoin de mon cœur ?

- C'est le seul moyen que j'ai pour retrouver les miens.

- Que leur est-il arrivé ?

Son regard se charge de haine et de cruauté et il s'avance encore d'un pas, levant sa main dans ma direction. Je frissonne, et soudain, il me semble que la Nature fait de même. Un étrange parfum envahit l'espace et me déconcentre un instant. Toujours cette effluve fleurit, douce. Quelque chose d'à la fois familier et insaisissable. Pourtant, l'étrange sérénité qu'il apporte à mon être se brise lorsqu'il ricane :

- Vous les avez détruits.

J'écarquille des yeux, foudroyée par la terreur. Les mots m'échappent, presque plaintivement :

- C'est faux !

- Oh que non μητέρα. Vous vous êtes assurée qu'ils ne reviennent jamais causer de tort. Mais vous avez été assez idiote pour me garder en vie. Pour ce soi-disant équilibre que vous deviez à tout prix préserver, vous aviez besoin de la flétrissure. Alors vous m'avez condamné à la solitude. »

Je voudrai hurler à nouveau qu'il a tort, que je ne lui ai rien fait. Mais je ne le peux. Même si je ne m'en souviens pas, même si tout cela me semble aberrant, je sais. Je sais que c'est la vérité. La vague de peur qui me gagne à cet instant est telle que le sol se met à trembler. Je manque perdre l'équilibre mais parviens à le retrouver. Une immense faille se met alors à s'ouvrir à mes pieds, se dressant en barrage entre moi et Flétrissure. Celui-ci comprend et tente de sauter avant qu'il ne soit trop tard mais une autre secousse le projette au sol.

J'en profite alors pour faire volte-face et m'enfuir en direction de la forêt. C'est mon seul espoir.

Continue Reading

You'll Also Like

16.4K 601 56
Adali ne se fait pas d'illusion sur sa nature, depuis toujours elle est certaine d'être un oméga, seulement depuis qu'elle a rencontré Hash, toutes s...
903K 96.1K 55
Fatima une jeune fille brisée par la disparution de ses parents, va voir sa vie basculer à nouveau du jour au lendemain, après être mariée de force à...
3.8M 265K 82
La vie de Ruby bascule quand elle se découvre métamorphe alors qu'elle se rend à Forest Dawn, un camp pour surnaturels où elle vivra des vacances pou...
50K 2.1K 51
Venez découvrir mon nouveau départ après avoir passé 2ans enfermé dans un hôpital ,ma nouvelle vie au côté de mes proches,mes déceptions,mes peines e...