Yerine (Mélusine HS.1)

By dredre_iga

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- Cette histoire est un hors-série de la trilogie « Melusine ». Il est grandement conseillé d'avoir lu la tri... More

Prologue.
Chapitre 1.
Chapitre 2.
Chapitre 3.
Chapitre 5
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Chapitre 8.
Chapitre 9.
Chapitre 10.
Chapitre 11.
Chapitre 12.
Chapitre 13.
Chapitre 14.
Chapitre 15.
Chapitre 16.
Chapitre 17.
Chapitre 18.
Chapitre 19.
Chapitre 20.
Chapitre 21.
Chapitre 22.
Chapitre 23.
Chapitre 24.
Chapitre 25.
Chapitre 26
Chapitre 27.
Chapitre 28.
Chapitre 29.
Chapitre 30.
Epilogue.
Mot de la Fin.
Bonus.

Chapitre 4.

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By dredre_iga

Je hais l'avion. Peut-être encore plus que je hais le bateau, le train et la voiture. Pour ce qui est de la pollution, il n'y pas mieux ! Ou plutôt, pas pire. Je refrène l'élan de joie qui me parcourt lorsque je mets enfin pieds à terre, hors de l'aéroport d'Athènes. Nous n'avons aucune valise, aucun bagage hormis un petit sac de voyage. Et je crois que je ne peux qu'en être satisfaite... Nous aurions alors été bien trop entravés dans nos mouvements.

Le climat méditerranéen est presque doux en cette période de début de printemps. Le dégel est déjà passé ici et la nature s'éveille petit à petit de son sommeil lourd. Attrapant le bras d'Orélien pour l'emprisonner du mien, je lève mon visage vers le ciel, savourant la caresse du soleil tandis que ma seconde main tripote le pendentif toujours autour de mon cou. C'est comme si mon père était toujours présent près de moi. Mon ami laisse échapper un rire doux et murmure :

« L'air de la Grèce te réussit bien mieux qu'à d'autres, Yerine...

Je crois que c'est un compliment. Pour toute réponse, je lui renvoie mon sourire et il y répond, avec une expression si tendre que je sens la boule d'anxiété qui s'est logée dans ma gorge diminuer légèrement de taille. J'ai besoin d'évacuer la tension qui s'agglutine en moi. J'ai besoin de sa présence, de ses sourires, de sa douceur. De son amour, même si ce n'est qu'amical, même si je ne suis qu'Yerine. Et peut-être parce que j'ai aussi besoin d'entendre encore sa voix si grave, j'interroge :

- Dis-moi Orélien, es-tu grec ?

- Qu'est-ce qui te fait penser cela ?

- Peut-être le fait que je t'entends parfois chanter en grec quand tu penses que je suis trop perdue dans mes études pour écouter ce que tu fais... Et que grâce à maman, je suis capable de reconnaître cette langue.

Un éclat nait dans son regard émeraude avant de s'assombrir à nouveau. D'un ton neutre, il m'explique, en se frottant la nuque :

- Je viens du nord de la Grèce, en Thrace, si tu arrives à situer.

J'esquisse une moue. Pas vraiment. Les cours de géographie n'étaient pas mes préférés au lycée et je n'en fais plus depuis que je suis à la fac. Quelque chose me chiffonne et m'arrêtant un instant, je m'enquiers :

- Pourquoi oncle Bel' t'a-t-il envoyé, toi ?

Orélien se gratte un instant le menton, sourcils froncés, l'air de chercher quoi répondre. Il semble opter pour la vérité, cependant j'aurai préféré que celle-ci s'exprime de façon moins sibylline :

- Nous sommes pareil, lui et moi.

- Tu es au courant que ça ne m'aide en rien à comprendre ? je soupire, croisant les bras sous ma poitrine.

Il sourit, l'air gêné. Mon sang ne fait qu'un tour et j'accuse :

- Tu me caches encore des choses !

- Je suis désolé.

Un soupire m'échappe. Moi qui pensait que la chose la plus compliquée que j'essayerai de comprendre au cours de ma vie c'était un foutu traité de médecine, je me trompais largement. Cette période me semble lointaine et pourtant elle ne remonte qu'à hier matin. Quand j'étais en cours et que tout allait bien. Entre temps, je me suis retrouvée saoule à une soirée, puis je me suis faite agressée, j'ai appris que mes parents s'étaient faits assassiné – à cause de moi – et je me retrouve désormais à l'autre bout de l'Europe. Dépitée, je passe une main dans mes cheveux blonds retenus par un simple bandeau. Quelque chose me dit que les choses ne font que de commencer... Finissant par me raccrocher à nouveau à Orélien, je marmonne :

- Tu as intérêt à tout me raconter.

- Promis Yerine.

- Bientôt ?

Son regard d'un vert profond plonge dans le mien et il rétorque, d'un ton sérieux et d'une voix douce qui font fondre mon cœur comme de la neige au soleil :

- Bientôt.

Tentant de chasser la rougeur qui désire s'emparer de mes joues, je détourne le regard et lâche :

- Bon et bien... Trouvons ton amie que nous puissions en finir avec tout ça ! »

Orélien grimace, comme s'il n'était pas sûr lui-même de trouver une réelle solution même en retrouvant sa mystérieuse possible aide. Pourtant, je refuse de laisser le pessimisme me gagner. Sans cesser d'admirer la ville autour de moi, je le suis à travers Athènes.

*

« Un bar ? Sérieusement, c'est là que tu penses trouver l'aide dont tu as besoin ?

- Dis-moi Yerine, dans tous les romans fantastiques que tu caches sous ton lit, n'y en a-t-il aucun qui indique que c'est là que les héros vont trouver leurs informations ?

Bien malgré moi, un rictus amusé vient étirer mes lèvres et je réplique :

- Tu te considères comme un héro maintenant ?

Le regard que me jette mon compagnon me coupe dans ma moquerie et sans plus un mot, nous pénétrons dans le petit bar. Un bar bondé ! À priori, tous semblent s'être donné rendez-vous pour assister à un concert. La musique mi-rock mi-mélodique attire tout de suite mon attention. Elle vibre sous ma peau, comme la voix cristalline et féminine qui la chante. Le blond se raidit avant de me glisser :

- Essaye de ne pas te perdre ici... On ne sait pas qui peut s'y trouver...

Pour une fois, j'acquiesce sans discuter. D'une oreille distraite, je suis Orélien à travers les clients qui se massent autour de la scène, tentant de comprendre les paroles de la chanson. J'en viens à remercier mentalement maman de m'avoir appris le grec quand j'étais petite. C'est une chanson d'amour. Mais d'amour triste, lié à l'océan, aux peines et à la mort. Une mort qui semble être une délivrance. C'est un appel aussi. De ma place, je peux observer la chanteuse : une silhouette fine et élancée, gracile, se meut, habillée d'un pantalon en cuir noir et d'un haut de la même couleur laissant dévoiler son nombril. Il est impossible de voir son visage au travers de la foule mais tous semblent hypnotisés par son timbre. Il y a de quoi, c'est tout à fait exceptionnel. Jamais je n'avais entendu un tel son enchanteur... Je me retourne à la recherche d'Orélien mais celui-ci a disparu. Flûte... Ça ne me dit rien qui vaille !

La voix de la chanteuse se tarit et je devine sa silhouette quittant la scène pour rejoindre les coulisses. Aussitôt, la foule se disperse et j'ai l'impression d'enfin pouvoir respirer. Mais toujours nulle trace d'Orélien... Soupirant, je cherche du regard les toilettes. J'éprouve le besoin soudain de m'isoler quelques instants. Pourtant, je ne vois rien, hormis une petite porte. Croisant les doigts pour qu'il s'agisse de ce que je cherche je m'avance vers elle. Un homme pourtant se dresse sur mon passage et je sursaute. L'image de mon agresseur me revient en mémoire et je pâlis de manière incontrôlée.

L'homme face à moi semble remarquer ma peur et lève les mains avant d'articuler difficilement dans un grec chargé d'un lourd accent une demande qui retire le poids qui pesait sur ma poitrine. Il ne veut qu'une cigarette...

Lui faisant signe que je n'en ai pas, il hoche la tête et s'éloigne en ronchonnant. Enfin seule... Alors que je pousse la porte, me dérobant ainsi à tout ce monde, je tombe nez à nez sur deux personnes.

Un homme et une femme, dont le visage plongé dans la gorge de l'homme est dissimulé par sa longue et lisse chevelure d'ébène tranchée par une mèche dont le nacre rayonne dans l'obscurité. Si au début je crois surprendre une scène entre deux amoureux, je me pétrifie aussitôt lorsque je comprends avoir tort sur toute la ligne. L'homme me fixe de ses yeux vitreux, plus pâle que la mort et du sang coule le long de sa gorge. La femme lui maintient la tête d'une poigne qui semble ferme. Lorsque ses yeux d'un bleu transperçant, luisant dans la pénombre se posent sur moi, elle se fige. Puis elle repousse l'homme qui tombe au sol, et j'ai tout juste le temps d'apercevoir ses canines se rétracter. Ses lèvres sont d'un écarlate bien trop prononcé pour que ça ne soit autre chose que du sang.

Un juron m'échappe et pour une fois je n'en ai que faire. Je viens de comprendre pourquoi cette femme me semble connue : à sa tenue, je reconnais la chanteuse. À présent je peux distinguer son visage bien que toujours à moitié dissimulée par l'obscurité. Elle essuie d'un geste gracieux le liquide carmin qui tâche sa peau avant de secouer la tête.

- On ne t'a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut, ma belle ?

Sa voix, si belle, si grave, si douce, rebondit contre mon cœur et répand une douce torpeur dans mes veines d'une manière presque... sensuelle. Cependant, la vue du sang suffit à m'arracher de cette étrange léthargie. Je veux m'échapper de ces coulisses mais alors que je m'apprête à faire volte-face elle ordonne :

- Ne bouge plus !

Aussitôt, sa voix s'insinue à nouveau sous ma peau, provoquant cet étrange effet de vibration. Je ne contrôle plus mon corps, ne pouvant plus exercé le moindre mouvement hormis dévisager la femme, effrayée. Bien qu'elle ne semble pas bien dangereuse à première vue, à présent, c'est comme si elle dégageait une sorte... d'aura puissante et mortel qui l'entoure et se meut, comme dotée d'une propre vie. Chacun de ses mouvements sont accompagnés d'une grâce et d'une sensualité indéniable. Irrésistible. La mystérieuse chanteuse m'observe quelques instants avant de siffler, moqueuse :

- Tu n'as jamais vu de sirène prendre son repas, n'est-ce pas ?

Je blêmis. Où ciel suis-je encore tombée ? Et que fabrique Orélien ? Je vais me faire tuer par une frappa-dingue qui parle de créatures surnaturelles telles que les sirènes et qui se prend pour un vampire... Lorsque je pense sirène, je ne peux m'empêcher de la relier aux femmes-poissons du film « Pirates des caraïbes », bien plus proches de cette femme qu'Ariel, la petite sirène d'Hans Cristian Andersen. En proie à la panique, j'éructe :

- Pardon ?

- Ah... Tu n'as donc jamais vu de sirène tout court... Pourtant tu n'es pas humaine, je pensais au moins que tu saurais que nous existons.

J'écarquille encore plus les yeux – si, si, je vous l'assure, c'est possible – et m'arrachant de l'étrange force qu'elle exerçait sur mon esprit, recule d'un pas, mon dos rencontrant la porte close derrière moi. Elle lâche une sorte de sifflement presque impressionné tandis que je secoue la tête :

- Mais qu'est-ce que vous racontez ?

- Ça aussi tu l'ignorais alors ?

- Ignorer quoi ? j'explose, au bord de la crise de nerfs.

Ça ne peut pas être réel. Je dois vraiment être en plein milieu d'une mauvaise blague... Une très mauvaise blague... Je déteste les mauvaises blagues !

- Tu as besoin d'une preuve autre que ce cadavre au sol, je suppose ?

Avant que je ne puisse répondre, elle s'avance dans un rayon de lumière, laissant apparaître des écailles sombres tout au long de son bras. Elles scintillent dans l'obscurité et je ne peux m'empêcher de les observer à la fois fascinée et terrifiée. La réalité semble avoir disparu. Il n'y a plus que moi et cet être dangereux et mortel qui me fait face. Et ce nouveau monde qui s'ouvre à moi. Une sirène ? De la magie ? Mais qu'est-ce que...

L'horreur me frappe avec violence lorsque j'assimile ses mots.

- Vous l'avez tué ?

Elle hausse des épaules, me lançant un clin d'œil complice. Voilà qui confirme donc ce qu'elle a fait à ce pauvre homme !

- Ne fais pas cette tête, je ne vais pas te dévorer. Même si ton sang sent diablement bon...

Un éclat s'allume brusquement dans ses prunelles bleues qui se mettent à lui dans l'obscurité, tel deux saphirs tandis qu'elle fait mine de humer l'air. De humer mon sang ? À son sourire de prédatrice, je jurerai qu'elle s'amuse comme une folle et pourtant ses traits crispés démontrent une forte tension en elle.

Je ne parviens pas à comprendre ses intentions tant elle paraît énigmatique et dangereuse. Dangereusement belle... Mais alors qu'elle s'approche à nouveau de moi, tel un félin qui s'apprêterait à bondir sur sa proie, elle se fige soudain. Un couteau vient de se glisser sous sa gorge avant de glisser jusqu'à son cœur, menaçant d'enfoncer sa pointe dans sa poitrine. L'ombre tenant le poignard se découpe dans son dos. Orélien !

La sublime femme ne réagit même pas et se contente de pencher la tête en arrière, les yeux mi-clos. Un rictus amusé sur les lèvres, la prétendue sirène s'esclaffe :

- Ça alors, pour une surprise, c'en est une.

Elle se retourne vivement toujours prisonnière des bras de mon ami et avant qu'aucun de nous ne puisse agir, elle l'embrasse soudain. Sa main agrippe la chevelure blonde du jeune homme qui lâche son arme, figé sous le coup de la surprise. Quant à moi, je crois bel et bien halluciner. Pour peu, ma mâchoire s'en décrocherait. Se détachant un peu, elle mord la lèvre inférieure de mon compagnon avant de ricaner :

- Salut Orphée. »

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