Les jeunes gens avancent doucement dans le village.
Ou plutôt, les deux hommes suivent calmement leur Luna, qui observe avec une attention toute particulière son chez soi.
Comprenant son besoin de tout voir, tout observer, tout comprendre et tout connaître, ils restent silencieux.
Cette observation minutieuse est nécessaire, et c'est une première étape plus importante pour qu'elle prenne confiance.
Ils restent dans son ombre, surveillant ses faits et gestes et surtout les alentours. Pour l'instant, ils n'ont pas rencontré plus de deux ou trois elfes, alors qu'ils sont dans le village.
Comme s'ils l'avaient déserté.
Alors qu'ils continuent leur ballade champêtre, un bruit au loin commence à se faire entendre.
Et la jeune femme, l'ayant apparament entendu, accélère tranquillement son allure, tout en se dirigeant bien évidement vers le lieu d'où les bruits se précisent, au grand désespoir de ses gardes.
Lastalaica, l'elfe guérisseur qui avait pris en charge les soins de la femelle Alpha, avait briefé les deux hommes sur son état de santé, et leur avait expressément ordonné, sur les précision de leur Alpha qui leur a dit qu'elle avait des tendances très impulsives et que le mot repos avait du mal à rentrer dans sa petite tête, d'empêcher toute situation qui pourrait lui faire enfreindre son besoin de repos.
Peter commence donc à courir pour rattraper la jeune femme, tout en lui criant,
-Hey ! Hey arrête toi ! Il y a plein d'autres endroits à visiter !
-Et pourquoi pas commencer par celui là ? Lui demande t elle avec un air tout à fait innocent.
-Heu... Ben j'en sais rien... Bafouille l'Omega ne sachant pas quoi lui répondre, puisqu'il n'y a aucune raison particulière.
-OK ! Donc on va là-bas ! Sourit la jeune femme.
Elle reprend son chemin vers le bruit qui s'intensifie et se précise. Ses bruits de tintement, des vibrations...
Des bruits de lutte.
Intrigués, tout autant qu'elle, ils suivent désormais le mouvement, non sans avoir d'abord soupiré, désespérés.
Tant qu'elle ne fait rien de stupide, tout va bien. Et puis, Peter et Marc ne veulent pas voir disparaître ce soudain air serein, joyeux et enfantin qu'ils ont vu sur son visage.
Comme si elle a enfin trouvé un endroit qui lui convient.
C'est, non sans un pincement au cœur, qu'ils comprennent que même en étant l'âme sœur de l'Alpha Suprême, et étant de ce fait la Luna Suprême de tous les loups, elle ne peut pas se sentir réellement des leurs.
Tout simplement parce qu'elle est tout d'abord une elfe, même si elle l'ignorait ou l'avait oublié, et que c'est chez eux qu'est sa véritable place, car c'est là sa véritable nature.
Un elfe ne se sentira jamais complètement chez lui dans une meute et inversement.
Alors ils comprennent, oui, ils comprennent, même si leurs loups en sont terriblement peinés.
La jeune femme se retient de sautiller gaiement, puis s'arrête net lorsqu'elle arrive en face de la scène.
Las garçons la rattrape vivement et restent eux aussi scotchés. Mais pas d'impatience, non, de désespérance. Ils savaient qu'ils n'auraient jamais du venir ici. Ils ne sont nul part ailleurs que sur le terrain d'entraînement des elfes.
Et forcément, en bonne combattante due à sa formation de chasseuse mais aussi à ses gènes d'elfe, la jeune femme trépigne.
Les deux garçons voudraient sourire si jamais la menace de réprimandes de leur Alpha ne planait pas au dessus de leur tête s'ils ne font pas attention à sa moitié comme il le faut.
Mais malheureusement, ils se doutent bien que quoi qu'ils diront, elle n'écoutera pas.
De toute façon, depuis quand un elfe ou un chasseur écoute un loup ?
D'ailleurs, la voilà partie en courant vers le grand cercle de sable où sont entreposés comme s'ils l'attendaient, des arcs plus sublimes et raffinés les uns que les autres.
S'ils ne peuvent pas l'en empêcher, ils essayeront néanmoins de limiter les dégâts.
Alors qu'ils s'approchent, ils se rendent compte qu'à part quatre elfes, personne d'autre ne sait qu'il y a des loups ici. Et les elfes et les loups ne s'entendent pas très bien. Ne voulant pas déclencher une dispute, ils restent à l'écart des elfes et du terrain. Marc essaie quelque chose sans trop y croire
N'en fais pas trop. Rappelles toi que tu es blessée, pense t il en l'envoyant vers l'esprit de la chasseuse.
À sa grande surprise, elle se retourne et lui sourit jusqu'aux oreilles en faisant un signe de tête entendu.
Il soupire, après avoir été étonné que le lien de meute marche déjà avec elle sans la revendication. Peut être est-ce un des mystères des âmes sœurs inter espèces.
Ils la gardent néanmoins à l'œil, l'observant tandis qu'elle effleure délicatement les arcs un à un, croyant à un rêve. Elle comprend désormais mieux d'où lui vient cette passion du tir à l'arc : c'est l'arme de prédilection des elfes. De son peuple.
Cette phrase sonne toujours autant bizarre en elle, mais lui procure à chaque fois un étrange sentiment de bien être.
Un sentiment de plénitude comme elle n'en a jamais ressenti. Mais cette plénitude ne sera complète que lorsqu'elle se sentira enfin entièrement libre. Car elle ne l'est toujours pas.
Tant que son passé risquera de la rattraper, tant qu'Il sera encore en vie, tant qu'elle ne sera pas une elfe à part entière, tant qu'elle ne pourra pas contrôler ces pouvoirs qui vont avec sa nature, tant qu'elle n'aura pas accepter le lien qui l'unit à ce loup garou.
Lorsque tout ça sera réalisé, alors elle sera enfin libre. La page de son passé sera définitivement tournée, et celle de son avenir pourra désormais commencer sans retenue.
Mais pour ça, elle a encore un long chemin à faire. Mais pour l'instant, elle va en profiter pour s'amuser un peu et se reposer puisqu'elle est en convalescence.
-On dit qu'un arc ne fait qu'un avec l'elfe, retentit une voix derrière elle la faisant sursauter.
Elle se retourne et aperçoit un homme d'une grande beauté. Mais à ce qu'elle a remarqué, les elfes sont tous plus beaux les uns que les autres. Celui là encore plus.
C'est un jeune homme aux traits fin, mais avec un corps où se cache une certaine musculature. Ses épaules plus carrées que la normale, sont cachées derrière une avalanche de cheveux blonds vénitiens. Ses yeux verts la transperce de part en part.
La Légende qui dit que les elfes ont tous les yeux de la couleur de la nature à certains stade des saisons est véridique.
Ses yeux à lui sont un peu plus foncé, comme les épines des sapins. Un vert profond à couper le souffle.
-Je ne voulais pas t'effrayer désolé, dit il après l'avoir lui aussi détaillé, un grand sourire aux lèvres.
Elle se contente de répondre par un léger sourire crispé dont il ne s'offusque pas. Elle ne peut empêcher une partie d'elle de continuer à être méfiante.
-Je ne crois pas t'avoir déjà vu ici, continue le jeune homme.
-Non... Je suis nouvelle. Répond t elle.
-Une nouvelle elfe ? A ton âge ? Interroge le garçon, intrigué. D'où viens tu ?
Ne sachant quoi répondre, elle ne dit rien. Le garçon, hausse un sourcil, puis ses épaules.
-Alors comme ça, les arcs t'intéressent ? Change t il de sujet, voyant qu'elle n'a pas très envie de parler d'elle.
Elle hoche vigoureusement la tête, contente qu'il dévie la conversation.
-As tu déjà fait la Confirmation ?
Elle le regarde d'un air incompréhensif. Voyant qu'elle ne sait pas de quoi elle parle, il soupire.
-Tu es décidément très intriguante, jeune elfe. Normalement, tout elfe connaît ce terme. Mais bref, passons. Je regrette, mais seul un elfe Confirmé peut toucher à des arcs. Pour nous les elfes, le tir à l'arc est le summum de notre art, explique t il. Savoir manier l'arc est sacré, car ceux ci sont fait avec le corps d'arbre, et bien d'autres éléments naturels. Ce n'est que lorsqu'un elfe est confirmé, et que sa relation avec la nature est donc parfaite et qu'il sait communier avec chaque éléments de celle ci, qu'il se voit en cadeau, attribuer un arc, cadeau de celle ci, qui le reconnaît donc comme son protecteur et son ami fidèle. Car la nature pour nous est une amie, voire bien plus. Elle nous nourrie et nous abrite. Elle est la source de notre pouvoir. Un elfe privé de nature est un elfe mort.
Après avoir écouté sagement et avidité l'histoire de l'homme, elle ne peut s'empêcher de bouder. Elle sait se servir d'un arc mieux que quiconque. Ça a été sa première arme, son premier moyen de défense...
Et d'attaque, songe t elle amèrement.
-Mais si tu tient tant que ça à combattre, on peut commencer par l'art de l'épée, sourit le jeune homme en allant lui chercher une épée très fine et très légère, contrairement à ce qu'elle s'attendait.
Il en prend une autre pour lui semblable à la sienne et se met en garde en face d'elle.
Un peu perdue, elle imite sa position, n'ayant jamais combattue au corps à corps avec une telle arme.
Il attaque en premier, et ne sachant pas quoi faire de l'arme entre ses mains, elle se contente d'esquiver.
Mais cet arme est un frein et ralentit sa capacité d'esquiver, sachant qu'en face d'elle se trouve un elfe.
Elle finit par être plus lente que la salve offensive lancée par son adversaire, et un coup l'atteint à la joue et l'autre au bras, lui faisant lâcher son arme.
L'elfe s'arrête et l'observe.
-Crois moi jeune fille, tu es bien loin de pouvoir maîtriser l'art d'un arc et même de pouvoir en toucher un, si tu ne maîtrise même pas l'art primaire de l'épée.
Ne supportant pas d'être rabaissée si misérablement, elle envoie son pied vivement dans la main du guerrier tenant l'épée, qui la lâche en émettant un grognement de douleur. Alors qu'il s'apprête à lui dire quelque chose, elle lui fait une balayette, le faisant tomber misérablement sur le sol sur les fesses.
Tous les combats se sont arrêtés, les regards rivés sur eux.
Elle le regarde hautainement et le dépasse rapidement. Car si elle ne sait pas se servir de ce long couteau bien trop imposant et dérangeant, elle sait parfaitement manier les plus petits comme le combat au corps à corps. Et encore bien plus : le tir à l'arc.
Marc et Peter observent avec fierté leur Luna. Voir un elfe être remis à sa place est plus que satisfaisant. Et ils savent qu'il vaut mieux que cela vienne de la jeune femme que de leurs personnes.
Alors que l'elfe se relève précipitamment lorsqu'il voit où elle se dirige, elle prend l'arc qui l'avait attiré quelques minutes plus tôt, sous le regard offusqué de l'homme et des autres elfes.
Alors qu'il s'approche d'un pas vif, passablement énervé, elle attrape une flèche dans le carquois d'un elfe qu'elle croise tout en s'éloignant de son précédent adversaire et se dirigeant vers les cibles.
Sous le regard courroucé et provocateur de l'elfe, elle le regarde avec défi, et se retourne avant de brandir l'arc. Seulement en tendant la corde, ses côtes blessées protestent douloureusement, et elle relâche la corde en grimaçant de douleur.
Elle entend des elfes ricaner, et l'homme lui dire
-Tu ferais mieux de renoncer. Tu ne fais que te ridiculiser. Tirer à l'arc est tout un art.
Elle lui lance un regard noir et tend l'arc à nouveau dans un craquement de côtes que tous entendent et qui lui tire un cri de douleur.
Mais elle ne lâche pas cette fois.
Elle bande son corps et la corde de son arc, vise, et...
Tire, sous les regards exorbités de l'assistance.
Et comme elle s'y attendait, la flèche atterrit pile au milieu de la cible.
Elle se retourne et les regarde les uns après les autres avant d'ancrer son regard dans celui de l'elfe qui la prenait un peu plus tôt de haut et lui lance,
-Je pense savoir maîtriser l'art du tir à l'arc à la perfection, et ce, sans besoin d'une formation préalable qui n'a rien à voir avec celui ci.
Alors que l'elfe s'approche d'elle, le regard noir, elle le soutient jusqu'à ce qu'un lancement atroce la prenne, et qu'elle s'écroule à terre.
L'elfe continue d'avancer, sûrement sous le coup de la frustration, qu'elle, une elfe nouvelle qui ne sait pas de quoi elle parle, qui ne sait rien de sa propre race, ose en plus remettre en cause des pratiques sacrées, pratiquées depuis la nuit des temps.
Alors qu'il est à un mètre d'elle toujours à terre, gémissant de douleur en se tenant les côtes, une dizaine de loups jaillissent de la forêt, et se placent entre la jeune femme et les elfes, à grand renforts de hurlements et de grognements menaçants.
Ça a pour effet de faire brusquement reculer les elfes, tandis que l'armurier, lui, regarde avec de grands yeux ses intrus, tous crocs et griffes dehors, osant les menacer sur leur territoire.
Mais ce qui l'étonne, est surtout le fait qu'ils soient sortis de leur cachette pour protéger une elfe. Il pose donc la question qui est sur toute les lèvres.
-Mais qui es tu donc ? Demande t il, un sourcil haussé, car de toute évidence, ce n'était pas une elfe comme les autres.
***
Et voilà mes louveteaux !
La rencontre des elfes est plutôt mouvementée et pas très positive !
Que nous réserve l'avenir ? Vous le découvrirez très bientôt !
À la prochaine ! 🐺💕