Mécontent d'avoir été repoussé, il ne dit cependant rien quand il la voit plonger son regard dans le sien, et y chercher quelque chose qui à l'air de raviver sa flamme de vie, son espoir.
Il aimerait tellement savoir son désir le plus profond, ce qui fait qu'elle n'a toujours pas sombré malgré ce qu'elle a sûrement vécu.
Lui, à sa place, quelques années plus tôt, avait sombré. Rien d'assez puissant comme ce qu'elle recherche n'a pu lui maintenir la tête hors de l'eau. Seule la meute et ses Bêtas lui ont permis de sortir de ses ténèbres.
Ils lui ont fait comprendre qu'il ne devait pas se laisser aller. Il ne pouvait pas. La meute avait besoin d'un Alpha pour les guider, les autres Alphas d'un Alpha Suprême pour leur montrer la voie également, et surveiller que le pouvoir ne leur monte pas à la tête, qu'ils prennent soin de leur meute et de chacun de ses membres.
Mais revoir le jour a été bien plus difficile que de se laisser aller.
Il est toujours plus facile de sombrer dans les ténèbres du tourment que d'en sortir.
Alors il ne veut pas qu'elle sombre. Car même si elle s'est accrochée jusqu'ici, rien ne dit qu'elle ne sombrera pas tout doucement. Il veut qu'elle se rende compte qu'il est là pour elle, malgré qu'il ne le veuille pas, comme l'a été son meilleur ami Marc sans que lui ne l'apercoive.
-Regarde moi. Je suis là d'accord. Laisses-moi t'aider. Laisse nous t'aider, murmure-t-il avec la plus grande douceur dont il est capable.
-Tu ne peux rien faire, pleure-t-elle. Le seul moyen de m'aider est de me laisser partir...
-Hors de question ! Hurle son loup ayant pris possession de son corps.
La chasseuse sursaute, mais cette fois elle n'a pas peur, quelque chose au fond d'elle s'est apaisé lorsque son loup a crié sa pensée.
Savoir qu'on veut bien d'elle ici, que lui veuille bien d'elle malgré ce qu'elle fut, et ce qu'elle avait bien pu causer comme tort à son espèce précédemment, lui faisait chaud au cœur. Mais malgré qu'elle en fut émue, son cœur restait cependant raisonnable, et son visage impénétrable.
Car jamais il ne serait en sécurité avec elle à ses côtés.
Son Père la chercherait, sans relâche, il tuerait tous les loups se mettant en travers de lui et elle.
Et elle-même est une menace pour eux. Si elle ne l'est plus déjà en tant que chasseuse, elle l'est désormais également en tant qu'elfe. Ses pouvoirs incontrôlables l'ont prouvés à plusieurs reprises.
Elle est dangereuse.
-Écoutes, reprend l'Alpha en lui prenant délicatement le menton entre le pouce et l'index. Maintenant que je t'ai trouvée, je ne te quitterais plus jamais. Jamais personne ne t'enlevera à moi, et jamais je ne te laisserai me fuir. Le jeu du chat et de la souris a assez duré comme ça. Je veux t'aider. Quels que soient tes problèmes ou tes peurs, je les effacerai.
-Tu te crois dans le monde des bisounours ! Ricane-t-elle amèrement. Rien n'est aussi simple ! Encore moins moi et mes problèmes. Jamais tu ne pourra y faire face, jamais tu ne sera assez fort. Moi même je ne l'ai jamais été face à Lui... Murmure-t-elle, énigmatique.
-De quoi parles-tu ? Lui demande L'Alpha, intrigué et inquiet par la nostalgie et la frayeur qui passe à travers le lien, qui pour une fois, n'est pas dirigée contre lui.
-Rien, termine-t-elle en baissant le regard, s'arrachant à son emprise
-Expliques-moi ! Exige le Loup plus fermement.
-NON ! Hurle-t-elle alors que la magie circule à nouveau dans ses veines.
-Qu'est ce que tu as ? S'enquiert L'Alpha, un sourcil haussé lorsqu'il sent son cœur s'emballer.
-Recule... Je ne me contrôle pas... Recule ! Crie-t-elle lorsqu'elle sent l'énergie à deux doigt de sortir, voyant que Michael ne bouge pas.
-Non. Rétorque-t-il aussitôt.
-Qu... Quoi ? Bégaye-t-elle, dans l'incompréhension.
-Si tu veux me blesser, alors fais-le, lâche-t-il, imperturbable.
-Mais... Non... Enfin... Je ne veux pas te blesser... Souffle-t-elle, perdue, ne comprenant pas le sens de ses paroles à lui, comme les siennes.
-Alors pourquoi attaques-tu ? Te sens-tu en danger ? Est-ce que je représentes une menace pour toi ? L'interroge-t-il, une pointe de tristesse dans la voix.
La magie stagne dans ses veines, comme si elle réagit à ses paroles.
Comme si son cœur réagissait à sa peine.
-Je... Je ne sais pas... Avoue-t-elle. Je... Je ne crois pas.
-Alors arrêtes.
-Tu ne comprend pas ! Répond-elle violemment en secouant la tête de droite à gauche.
-Alors expliques-moi !
-Je ne peux pas ! S'énerve-t-elle, alors que la magie arrive dans le bout de ses doigt, sur le point de sortir lorsqu'elle sent d'autres présences pas loin même si elle ne les voient pas.
Sa progression s'arrête cependant, lorsqu'une Aura l'entoure. Ce n'est pas la sienne, et elle lui semble... Familière. Très même. Mais surtout, elle est apaisante.
Le loup en face d'elle n'en est pas la source, mais son regard fuyant vers derrière prouve que cette personne n'est pas loin. L'Aura se renforce, et ses yeux rencontrent ceux de la personne derrière tout ça, lorsqu'elle sort du couvert des arbres.
La chasseuse, sous l'effet de son Aura, commence à se calmer.
Celle-ci est comme hypnotique. Elle l'endort tout doucement. Alors que son corps devient mou comme du marshmallow, des bras puissants la rattrape et elle finit allongée, non pas sur l'herbe, mais sur les genoux de l'Alpha Suprême en personne.
Elle n'a pas la force de contrer son contact, l'Aura apaisante devenue tellement forte, déployée à son maximum, qu'elle en devient soporifique.
L'homme s'avance, et les autres présences, la voyant maîtrisée, sortent à leur tour de l'ombre.
Elle voit Marc, et plus haut, l'ambassadeur elfique.
Celui-ci saute de son perchoir et atterrit en face d'elle, félicitant l'Omega, qui lui, la regarde.
Alors qu'ils s'approchent tous, l'elfe se retourne soudainement vers elle, en même temps que la magie accumulée dans ses bras et ses mains, rejoint inoffensivement le sol, retournant à sa source naturelle, la Terre.
Elle entend l'elfe jurer dans sa barbe et ses mains être prises pour que quelque chose s'y enfile.
-C'est pour ton bien, dit-il alors qu'elle les sent liées devant elle par un léger fil en or entrelacé et avec des symboles et filigranes complexes dont elle ne comprend pas le sens.
Mais ce n'est pas ce qui la préoccupe pour l'instant. Elle a toujours son regard plongé dans celui du médecin qui avait pris soin d'elle, le premier loup auquel elle s'est involontairement attaché, lui faisant remettre en question tout ce qu'elle croyait savoir sur eux et leur comportement.
Ce qui la choque surtout à cet instant est son expression et ses yeux, qui ne reflètent absolument rien. C'est le néant. Le voir si neutre la chamboule. Elle s'attend à ce qu'il sourit, ce qu'il soit excité, lance une blague à deux balles. Qu'il parle quoi !
C'est ce qu'il lui avait sauté aux yeux lors de leur première rencontre. Son visage toujours expressif et joyeux. Sa bouche si bavarde qui pouvait être légèrement irritante à ne jamais être fermée.
C'était un homme, heureux de vivre, qui mordait sa vie à pleine dents, la prenant comme elle venait, sans prise de tête, ni tourment. Il ne se posait pas de questions.
C'est parce que c'est comme ça qu'elle avait toujours rêvé d'être qu'elle l'a tout de suite apprécié sans jamais l'avoir pourtant avoué.
Alors que ces yeux se ferment, elle ressens le besoin de lui souffler cette phrase, en espérant qu'il redevienne l'homme qu'il était avant, avant qu'elle ne commette l'impardonnable, et que leur relation change du tout au tout.
-Peter... Je te demande... Pardon...
Et c'est sous les yeux stupéfaits de tous ici présents, que l'Aura Apaisante finit de faire effet, et que la chasseuse s'endort, avec un air serein sur le visage.
Car c'est la première fois de son existence qu'elle s'excuse. Mais cet homme en vaut la peine, et elle est fière de l'avoir fait. C'est la première personne pour qui elle avait éprouvé autre chose. Des choses nouvelles. Alors elle ne voulait pas perdre ça, le perdre lui pour une connerie qu'elle avait faite. Car oui, c'était entièrement de sa faute cette situation.
Michael finit par grogner, son loup possessif et jaloux.
-Qu'est ce qui vous lies tous les deux Peter ? Gronde Michael en serrant possessivement le corps de sa moitié contre lui. Elle semble t'accorder une attention toute particulière que je ne comprend pas.
-J'en sais rien, répond-t-il alors qu'un léger sourire nait sur son visage. Et j'aimerais bien le savoir, tout comme toi. On lui demandera.
-Mouais... Marmonne L'Alpha n'aimant pas son petit sourire satisfait. Dans tout les cas, défense de la toucher. Elle est mienne.
-Ohla ! Je te la volerai pas, ne t'en fais pas, rit le guérisseur en levant les mains en l'air. J'ai déjà mon âme sœur qui m'a donné un merveilleux fils.
-Tu as plutôt intérêt. Depuis que je t'ai fait mon Quatrième Bêta, je trouve que tu prends un peu trop tes aises, ça déplaît à mon loup.
-Ça te déplaît à toi aussi, tout simplement car ta moitié à l'air plus proche de moi que de toi, répond-il effrontément, faisant naître la colère de l'Alpha des Alphas.
-Michael, stop, intervient Marc.
Quand à toi, Peter, j'aimerais bien savoir ce qu'il t'arrive, dit-il en regardant le concerné. Tu as changé, pourquoi ? Où est passé le Peter gentil, insouciant et joyeux que je connaît ?
-Depuis que je suis devenu Bêta, j'essaie d'avoir la même relation que vous avez tous les trois ensemble, toi, Matt et Jason. Mais quoi que je fasse, vous ne voyez en moi qu'un Omega, un soigneur et pas un combattant, quelqu'un de droit et doux, mais surtout un soumis... Lance-t-il, grimaçant.
Étonné d'entendre son ressenti, et de savoir d'où vient son comportement étrange de ses derniers jours, les deux Dominants restent sans voix.
Il se sent rejeté, comprend Michael qui se détend, et ressent le besoin de le contredire, de le rassurer.
-Un soumis ne pourrait pas atteindre le stade de Bêta. Tu es loin d'être soumis Peter, commence Michael. C'est pour cela que tu as ce poste désormais. Mais en te le donnant, je ne t'ai pas demandé de devenir quelqu'un d'autre. Tu n'es pas soumis, au contraire, tu oses toujours dire ce que tu as à dire. Tu est franc et honnête. Dans ton métier de soignant, même si quelqu'un n'est pas d'accord avec toi et ton jugement, tu ne t'es jamais laissé marcher sur les pieds. Tu as fait ce qui était bon pour le patient, et non ce qu'attendait de toi les proches, quitte à t'en mettre plusieurs à dos. C'est pour cela que tu es à mes côtés en tant que bras droit aujourd'hui. Personne n'était plus qualifié que toi. Cela faisait un long moment que je cherchais mon Quatrième Bêta, tu peux demander à Marc, avoue-t-il avec un hochement de tête de ce dernier. Mais ce que je préférai chez toi, c'était ce caractère joyeux et naturel. Tu ne te poses jamais de question, tu prend tout ce qui vient comme ça. J'espérais que ce caractère détendent un peu tout le le monde. Car tu n'a pas besoin de ton pouvoir d'Omega pour être apprécié de tous ceux que tu rencontres ou pour détendre l'atmosphère. Tu as juste besoin d'être toi même. Dans ma maison, depuis, tout le monde est moins à cran. J'avais besoin moi même de ça. Tout... Ça, dit-il en englobant tout autour de lui de ses bras, et elle, continue-t-il en posant sont regard sur la jeune femme entre ses bras. Tout me pesait. J'étais continuellement à cran, sur les nerfs. Mais dès que je te croisais, que je te voyais rire avec les autres, mon loup s'apaisait naturellement. J'avais juste besoin de toi.
Peter, ému de ces belles paroles, et surtout fier d'être utile à son Alpha, bombe le torse puis dévoile son cou en soumission mais surtout en signe de pardon cette fois.
-Nous n'avons jamais vu quelqu'un de soumis en toi, mais un très bon ami, un nouveau Bêta, à qui il fallait apprendre le métier, ajoute Marc. Car on savait que l'Alpha avait une grande estime pour toi. Et Jason était juste un peu jaloux, voilà tout, sourit-il. Jamais il ne t'a pris pour un soumis pour autant. C'est ce qui s'appelle une saine rivalité.
Les deux hommes se rapprochent et se serrent la main.
-Merde.. Merde, merde, merde ! Jure l'ambassadeur, reportant toute l'attention des hommes sur lui.
-Que se passe-t-il ? s'enquiert Michael alors qu'il tâte la jeune elfe dans ses bras.
-Ça y est, votre petit malentendu est réglé ! S'énerve l'elfe, au grand étonnement des autres, son peuple d'un naturel si calme. Bien, alors on va chez les elfes. Et tout de suite, insiste-t-il.
-Pourquoi ?
-Parce que votre âme sœur est mal en point ! Rétorque l'elfe, au bord de la rupture de nerf. L'énergie qu'elle a relâchée tranquillement était celle de trop, explique-t-il en essayant de reprendre son calme. Je vous expliquerais plus en détail lors du chemin, finit-il en prenant la chasseuse des bras de L'Alpha tout en se relevant.
***
Et voilà mes louveteaux !
Bon... Bah j'ai pas grand chose à dire pour ce chapitre. Car il n'y a pas grand chose à dire.
Votez, commentez et à la prochaine ! 🐺💕