L'homme de la montagne

By KoenDiri

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Il y avait bien des choses que Marc pouvait cataloguer comme de "mauvaises nouvelles". La disparition d'une e... More

Dédicace et Avant-propos
Prologue
Chapitre 1 - le choix du fou
Chapitre 2 - l'impuissance du marcheur
Chapitre 3 - les difficultés de la montagne
Chapitre 4 - le domaine des chinchimottes
Chapitre 5 : le rugissement des flots
Chapitre 6 : les battements du cœur
Chapitre 7 : la vengeance du farfadet
Chapitre 8 : les larmes de l'enfant
Chapitre 9 : la cruauté dans la peau
Chapitre 10 : les cris du silence
Chapitre 11 : la colère des sages
Chapitre 12 : le poids des responsabilités
Chapitre 13 : la naissance des chinchimottes
Chapitre 14 : une mission impossible
Chapitre 15 : une course endiablée
Chapitre 16 : une interrogatoire déroutant
Chapitre 17 : accomplir la mission
Chapitre 18 : une vie commune
Chapitre 19 : une profusion de provision
Chapitre 20 : des changements notables
Chapitre 21 : un silence prévenant
Chapitre 22 : un cri déchirant
Chapitre 23 : une famille retrouvée
Chapitre 24 : le chant des papillons
Chapitre 25 : une autorité inébranlable
Chapitre 27 : une antre monstrueuse
Chapitre 28 : un niveau alarmant
Bonus : L'enfance de Hank
Chapitre 29 : la fin du voyage
Participations aux concours et résultats

Chapitre 26 : une visite difficile

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By KoenDiri


Hank posa son regard fou sur la femme, il n'avait pas envie de la voir là, il avait envie de prendre son fusil et de tirer autour d'elle jusqu'à ce qu'elle disparaisse comme la vilaine illusion qu'elle n'était pas ! Mais son fusil n'était pas dans ses mains. Depuis peu, il était dans un coffre fermé qui était rangé à l'abri des mains de Cassy. C'était une bonne chose en soit puisqu'il n'était pas censé lui tirer dessus, même pas près d'elle. Marc l'avait précisé. Deux fois. Il était aussi censé retenir les putains et autres jurons dans sa bouche, mais ça, c'était vraiment très dur. Tout avait été très dur ces derniers mois. S'ils passaient cette dernière étape, ça pourrait aller mieux. Enfin, ça, c'était le mensonge que lui répétait Marc à longueur de temps pour essayer de le motiver. C'était forcément un mensonge vu le passage qu'il y avait autour de la cabane ! Ça irait mieux quand plus personne ne viendrait et visiblement, ce n'était pas près d'arriver.

Il regarda autour de lui. La femme, c'était Fanny, la psychologue de Cassy sauf qu'aujourd'hui, elle était venue l'évaluer lui. Ses ... soucis comportementaux avaient fini par poser questions et on demandait à cette femme de définir si oui ou non, sa compagnie pouvait être une gêne pour le développement de l'enfant. Elle avait décidé de l'évaluer chez lui pour lui éviter le stress de la ville. Elle devait s'assurer simplement qu'il était capable de communiquer correctement et qu'il avait un minimum de maîtrise de lui-même ainsi que de conscience morale. Elle ne doutait pas qu'il ait de gros soucis, mais Cassy s'épanouissait depuis des mois dans ce foyer et elle ne l'en retirerait pas pour rien, d'autant plus que les deux hommes faisaient front commun pour l'enfant.

C'était la première fois qu'elle allait le rencontrer mais immédiatement, elle vit son stress, la façon dont il se tenait, dont il bougeait, il semblait vérifier tout et n'importe quoi du coin de l'œil. Il était possible qu'il ait de graves hallucinations par ailleurs. Quand elle avait posé la question à Marc il avait haussé des épaules puis avait conclu par un : « tous les croyants peuvent être vu comme des fous, la question c'est juste ... fait-il les bons choix ? Il m'a sauvé la vie. Il a sauvé ces enfants et il n'a jamais abandonné Cassy. »

Les croyants ... Elle avait souri à cette réponse, ça voulait tout dire et rien dire. Elle s'avança vers lui et lui tendit franchement la main pour qu'il la serre tout en lui disant bonjour. Il grimaça mais saisit sa main d'une poigne fuyante. Il détestait ce type de contact.

— Je suis ravie d'enfin vous rencontrer. Cassy parle beaucoup de vous, vous savez.

Il détourna le regard, se dandina un peu, restant silencieux. Il était plus que mal à l'aise, mais elle continua sur ce ton doux qu'elle prenait avec certains enfants :

— Vous voulez bien me faire visiter ?

Elle avait prévenu Marc qu'elle demanderait cela à Hank, pour qu'il le prépare afin ne pas le prendre par surprise. Elle voulait que son « patient » sache comment se déroulerait le rendez-vous. Hank lui fit signe de le suivre d'un mouvement de tête et la conduisit dans un champ, loin sur la gauche. Là, il y avait trois chevaux. C'était une idée de Marc, pour l'aider à se calmer. Au début, Hank avait été réticent mais la vie dans le ranch était plaisante et les chevaux n'abimaient pas la nature, alors il avait fini par accepter. Les chevaux venaient du ranch des Rivers, c'étaient de vieilles poulinières à la retraite. Personne ne montait dessus. Elles avaient juste besoin d'un peu d'attention.

— Comment s'appellent-elles ?, demanda-t-elle dans l'espoir de lui tirer ses premiers mots.
— Edelweiss, Andromède et Brise.
— Vous les montez ?

Il fit « non » de la tête, puis se souvient qu'il était censé parler. Il montra un petit local et expliqua difficilement qu'ils les brossaient et les emmenait promener dans la montagne. Parfois elles portaient un sac ou deux ou des paniers dans lesquelles ils mettaient le petit bois. Rien de très lourd.

Cassy lui avait souvent parler des chevaux et la psychologue pensait que le contact des animaux était une excellente chose. Elle était plutôt contente de les rencontrer enfin, elles aussi. Elle constata que les juments étaient très calmes et cherchaient volontiers le contact humain. Elles semblaient presque imperméables aux réactions du baroudeur.

Ensuite Hank la conduisit au potager. Une activité très saine pour la fillette qui participait activement. En venant elle savait que le potager existait et que Hank était celui qui s'en occupait principalement. Elle lui demanda le nom de certains légumes et ce qu'il faisait. Il arriva à répondre sans difficulté particulière si ce n'est celles développées par sa présence. A côté du potager, il y avait la cabane. Enfin, c'était une cabane à l'origine. Elle avait beaucoup évolué pour accueillir la petite. Des murs avaient poussé, de l'isolation avec recouvert le toit et des vitres étaient apparues sur les fenêtres. Il y avait maintenant une véritable salle de bain qui fonctionnait à l'aide d'un collecteur d'eau pluviale et d'un chauffe-eau.

Il parvient à le lui expliquer, il arrivait à être cohérent et à dérouler sa pensée sans accro. Il était clairement associable, mais Marc pouvait pallier en partie à ça. Il eut plus de mal encore à la faire rentrer dans la maison, mais il le fit pour lui montrer la chambre de Cassy puis celle de Marc. Quand elle lui demanda où il dormait il eut l'air gêné.

— Parfois dans l'salon. Parfois d'hors. Parfois ailleurs ...
— Ailleurs ?

Hank détourna la tête, clairement gêné à présent, il dormait de temps à autre dans la même chambre que Marc. D'abord ça avait été pour des raisons pratiques, il n'y avait pas la place pour trois chambres et pas le budget pour pousser davantage les murs. Et puis leur relation avait évolué petit à petit et ils avaient commencé à dormir ensemble pour d'autres raisons. Ils n'étaient pas en couple. Il n'était amoureux ... pas vraiment, enfin, il ne savait pas. Marc chassait les cauchemars. Marc était rassurant. Il n'avait pas envie de dire à cette femme que parfois, il était tellement inquiet qu'il tremblait comme une feuille.

— Ce n'est pas grave Hank. Vous avez le droit de ne pas en parler.

Ce n'était qu'un test. Marc lui avait déjà dit tout ce qu'elle pourrait apprendre aujourd'hui, elle voulait juste voir comme il allait réagir et elle était plutôt satisfaite : il ne s'énervait pas défensivement à la moindre embuche.

— Nan, vous v'lez savoir et j'suis censé parler. J'dors ... J'dors dans la chambre d'Marc.
— Et cela vous ennuie ?

Il haussa les épaules, rougissant légèrement. Elle lui fit un sourire alors qu'il se détournait un peu en marmonnant.

— J'veux pas que vous croyez ... que j'suis ... encore plus nul. J'suis pas parfait, mais la p'tite est bien ici. Elle rit. Elle s'amuse. Elle apprend même à écrire avec Marc. Elle s'ra bien.
— Je n'en doute pas. Cassy fait énormément de progrès, mais aujourd'hui je voudrais parler de vous, Hank.

Il haussa encore des épaules, mal à l'aise à souhait.

— Vous avez envie qu'elle reste ?

Il leva la tête vivement, comme choqué que ce ne soit pas évident.

— Si j'voulais pas, elle s'rait pas là. Elle est géniale. Elle mérite ... d'être ... bien.

Elle lui fit un sourire encourageant et il s'éloigna d'elle. Il était agité à cause du stress, mais maintenant, elle voulait les voir ensemble. Marc allait revenir avec elle. En attendant Hank lui montra les derniers aménagements et elle put lui poser quelques questions. Elle lui reparla du moment où les parents biologiques de Cassy étaient venus en pleine nuit. Elle lui demanda s'il avait eu envie de leurs tirer dessus. Elle fut satisfaite qu'il acquiesce, son honnêteté l'honorer.

— Pourquoi ne pas l'avoir fait ?
— C'aurait été mal, j'pense.

Elle avait sa base, elle pouvait le valider. Marc rentra avec Cassy. La petite fille arriva en courant et s'accrocha à la jambe de Hank.

— Coucou pti'puce. Tu t'es amusée c'matin ?
— Ouiiiiiiii ! J'ai vu Sam ! Il m'a emmené au manège. C'était drôle ! Marc, il a eu peur !
— Mais pas toi ?
— Nooooon !

Il lui fit un sourire qui resta triste à l'idée qu'on la leur retire juste parce qu'il n'était pas assez sain d'esprit. La petite attrapa ensuite la psychologue, elle l'aimait bien et voulait vraiment lui montrer sa chambre et tout ce qu'il y avait dedans. Elle avait pleins de jouets ! Et des peluches ! Et de cahier de coloriages et pleins de trucs à coller de partout.

Hank resta dans leur sillage, attendant son verdict le cœur lourd, persuadé que sa folie était trop envahissante pour le bien-être de l'enfant. Au bout d'un certain temps, elle posa quelques questions à la petite fille et lui demanda si elle était bien dans cette maison.

— Oh oui !
— Et qu'est-ce que tu penses de Hank ?
— Hank, il est trop gentil !
— Tu l'aimes bien alors ?
— Oui, beaucoup !, fit la petite fille avec un sourire sincère.
— Alors tu vas continuer à habiter ici, avec Hank et Marc. Néanmoins ... Hank, je voudrais vous voir en thérapie. Je crois savoir que vous aimez faire du troc. C'est du troc. Est-ce que ça vous convient ?

Il vacilla sur ses pieds. Aller en thérapie, c'était aller en ville, néanmoins il était prêt à troquer fortement pour le droit à ce que la petite reste alors il accepta immédiatement, sans même vraiment y réfléchir. Cassy ne comprit pas trop pour la dame disait ça et continua à babiller gentiment.

La psychologue s'éclipsa très vite, voyant la fatigue nerveuse de Hank et l'ayant bien assez titiller comme ça. Dès qu'elle partit Hank s'écroula dans les bras de Marc. Ce dernier le serra contre son torse et le laissa écouter son cœur pendant plusieurs dizaines de minutes jusqu'à ce qu'il cesse de trembler comme une feuille.

— Tu t'en es très bien sorti, tout va bien.
— J'vais ... aller en ville ?
— Oui, mais ça ira, ça va bien se passer, ce n'est presque rien d'accord ?

Hank fit oui dans son cou, restant blottit un moment. L'étreinte était agréable. Marc posa un baiser sur ses cheveux et lui répéta qu'il était très fier de lui. Hank acceptait de plus en plus les contacts avec les gens et particulièrement avec lui.

Il ne savait pas trop où ils allaient ensembles mais ils se rapprochaient et Hank lui avait déjà montré qu'il avait remarqué son intérêt. A l'époque, c'était purement physique mais malgré ses étrangetés, à présent, il appréciait énormément Hank pour qui il était. Et tant pis pour les hallucinations, les discutions avec le vide et les crises d'angoisses tourbillonnantes. En condition « normale », elles étaient rares et Hank vivait correctement. 

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