Bonus : L'enfance de Hank

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note : nous arrivons à la fin de cette histoire. Après coup, j'ai écris des bonus, certains ont été ré-intégré au texte, mais pas celui-ci. Ca m'embête un peu de vous le mettre à la fin, car j'aimerai finir sur un autre ton. Je me suis dis que c'était le bon moment :) 

J'en profite pour remercier toutes les personnes de leurs commentaires. Grâce à vous j'ai rajouté quelques chapitres à l'histoire et j'ai essayé de retravaillé la fin. J'espère qu'elle vous plaira, pour ajourd'hui, je vous laisse avec le bonus :)

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Le petit garçon leva un menton tremblotant vers sa mère. Elle s'appelait Natasha. Elle était très jolie et très amoureuse aussi. Enfin, ça, c'était avant. Avant que le monsieur ne touche une autre femme, lui offre des fleurs et des rêves à foison. Avant que le monsieur ne dise qu'une femme avec un gosse à charge, c'était inconcevable pour lui.

Après ça, sa mère était toujours amoureuse mais peut-être un peu moins, mais elle était beaucoup moins heureuse et le petit garçon qui s'appelait Hank comprit bien que c'était de sa faute mais il ne sut pas ce qu'il pouvait faire. Il avait essayé d'être sage comme il l'avait appris. Il n'avait rien cassé. Il n'était pas monté sur la grande bibliothèque en bois massif même si c'était diablement tentant. Il n'avait rien fait de tout ça. Il avait même mangé tout ce qu'on lui avait mis dans son assiette, alors que ce que le monsieur cuisinait, c'était franchement pas bon.

Ils avaient emménagé chez lui durant quelques mois avant que sa maman soit vraiment triste et qu'ils ne doivent partir et puis, ils s'étaient retrouvés à la rue. Pour Hank, ce n'était pas si grave. Il y avait toujours sa maman et ses bras tout tendres dans lesquels se blottir quand il faisait trop froid ou qu'il avait de la peine. Mais pour sa maman c'était impensable.

Ils avaient trouvé une petite chambre de bonne où vivre et dormir. Hank aimait bien vivre là parce qu'il se sentait comme un grand après tout il avait le droit de rester tout seul pendant que sa maman travaillait. Une seule consigne : il devait être sage. Donc il ne fallait pas ouvrir la porte, pas colorier les murs, pas grimper sur les meubles, pas s'enrouler dans le tapis, pas se faire des déguisements avec les draps. Mais il avait des petites figurines et il pouvait les poser de partout tant qu'il ne faisait pas d'escalade. Alors il jouait. Il jouait beaucoup et s'ennuyait un peu aussi. Ce n'était pas si mal en soit. Il aimait vraiment cet endroit.

Et puis, un jour, sa maman n'était pas rentrée le soir. Ça c'était vraiment bizarre. Il avait attendu très longtemps, mais il avait faim, alors il avait fini par faire une bêtise. Il avait ouvert le placard pour prendre des biscuits. Ça c'était interdit. Au bout d'un certain temps, il s'était inquiété très fort, mais il ne fallait pas sortir, alors il avait attendu encore puis avait fait une nouvelle bêtise en mangeant pleins de gâteaux. Comme le temps passait, il s'était mis à pleurer et au bout d'une semaine de loyer impayé, le propriétaire était venu pour découvrir l'enfant livré à lui-même, sale et affamé.

La police avait été contacté et la mère portée disparu. Personne ne la retrouverait jamais. Elle s'était trouvée au mauvais endroit au mauvais moment et son corps avait été jeté dans la rivière toute proche. Il ne referait jamais surface.

De sa mère, Hank garderait une image floue d'une crinière noire et de deux yeux gris pâles. Une beauté froide aux pommettes saillantes. De son père, il ne s'en souviendrait jamais. L'enfant fut confié à une institution en attendant que l'on retrouve un membre de sa famille et il fut noté qu'il souffrait d'un très grand retard scolaire et des difficultés d'attention. Au bout de quelques mois, il arriva chez Joe.

Pour le petit bonhomme, le choc fut rude. Joe voulait bien qu'il habite là, mais il était censé être aussi discret qu'une souris et surtout : utile. A l'arrière de l'atelier, il démêlait les filets de pêche et très vite, il dut apprendre à préparer le poisson. Le petit garçon n'aimait pas ça : ça sentait mauvais et ça faisait mal au doigt à force.

Il ne fut jamais réellement scolarisé et toujours plus ou moins exploité. A l'adolescence, il aimait s'extirpait loin des coups et des humeurs de cet homme en se réfugiant dans la forêt. La montagne devient peu à peu son sanctuaire. De sa mère, il avait hérité un petit carré de terre, là, dans les bois. Il n'y avait rien, si ce n'est une cabane de chasseur. Le jour où il dût partir pour fuir cet homme, il s'y réfugia. Joe le savait sans doute mais il ne vient jamais le chercher.

Les deux hommes ne se reverraient jamais. A l'enterrement de Joe, tous diraient que c'était un « bon gars » avec un « certain humour » et Joe emporterait son secret dans sa tombe. Personne n'avait jamais su qu'il avait eu un enfant à élever dans le coin et ça lui allait très bien comme ça.

Des années plus tard, quand une psychologue demanderait à Hank comment il avait vécu son enfance, il trouverait la question étrange. Ça n'avait pas été plus dur que la suite de sa vie. Ça n'avait pas été plus simple non plus. C'était juste une enfance comme tant d'autres. Quand elle lui demanderait où il était allé à l'école, il hausserait les épaules. Il n'était pas bien intelligent. Il ne savait pas conduire par exemple. Alors pourquoi aurait-il eu besoin d'y aller exactement ?

Il ne parviendrait pas à comprendre ce qu'elle voulait dire quand elle décrirait alors ce qu'est censé être une enfance normale mais se sentirait mal à l'aise à l'idée de ne pas pouvoir offrir ça à Cassy, parce que Cassy était une gosse maligne qui méritait vraiment le meilleur.

L'homme de la montagneTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon