Chapitre 19 : une profusion de provision

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Marc fut songeur sur tout le reste du trajet. A l'arrière, la fillette dormait. Durablement traumatisée mais entière. Ses plaies cicatrisaient déjà et bientôt, il ne resterait plus que des marques. Indélébiles.

Il se gara aussi près que possible de la cabane, mais c'était néanmoins à plusieurs centaines de mètres de la cabane et cela agaça Hank. Il semblait néanmoins soulagé. Il allait mieux. Beaucoup mieux depuis qu'il avait retrouvé ses arbres. Il descendit aussi vite que possible et respira à pleins poumons. Il ouvrit rapidement la portière à l'arrière et récupéra son sac, puis il fit le tour et souleva la petite fille endormie qui se glissa naturellement dans ses bras. Cette position n'était plus étrange depuis longtemps pour eux.

Hank les conduisit tranquillement jusqu'à son chez lui et ouvrit la porte, elle n'était jamais fermée à clé. Il rentra et alla directement poser la petite sur le seul et unique lit. Il remonta la couverture froide sur sa taille et alla allumer le poêle à bois pour qu'il répande une douce chaleur. Le bois craqua rapidement alors que les crépitements envahissaient l'air.

Marc s'était arrêté devant la porte, il hésitait à rentrer. La cabane était excessivement spartiate, il s'en doutait mais il se sentit mal en découvrant son intérieur. Il avait côtoyé Hank durant des années, l'aidant à survivre en troquant, sans jamais s'apercevoir de la si grande précarité dans laquelle il vivait.

— C'pas beau mais t'as l'droit rentrer quand même t'sais.
— C'est très bien, ne t'inquiètes pas. Merci Hank.

Il franchit la porte, la referma derrière lui et resta immobile pendant que l'autre homme s'activait. Il ne savait pas où se mettre. Il n'en avait juste pas la moindre idée. Dans un coin, il y avait le lit sommaire. A côté le poêle et une réserve de bois. Un vieux tapis élimé couvrait le centre de la pièce et un bac d'eau avec quelques casseroles complétaient le tout. Il n'y avait rien d'autres. Absolument rien d'autres. Dans son sac à dos, Hank portait sans doute le reste de ses possessions.

— Tu as des provisions ?
— C'qui reste est en bas.

Hank désigna une trappe grossièrement dissimulée. Doucement, comme pour s'assurer qu'il ne fâcherait pas Hank, il allait vers l'ouverture. Il tira la poignée vers le haut, descendit les quelques marches et découvrit quelques caisses contenant des boites de thés et de cafés, quelques kilos de riz et une dizaine de boite de conserve. Ce n'était pas énorme en soit. C'était néanmoins très suffisant pour une personne seule capable de compléter cela en cueillant et en chassant.

— T'es pas content hein ..., conclut Hank, épuisé.
— On pourrait tendre le hamac le long de cette poutre. Ce ne sera pas parfait, mais ça pourrait faire une chambre correcte pour Cassy, qu'en penses-tu ?

Hank regarda et réfléchit avant d'acquiescer. Il tenta immédiatement de le faire et galéra un peu à atteindre la poutre, puis il réussit à passer les cordages. Le hamac était tiré. Ce n'était pas bien beau, mais ça ferait un couchage de plus.

— Je dois aller voir Sam et écrire mon rapport. Je reviendrais ce soir d'accord. Je te laisse Cassy. Je te fais confiance.

Hank hocha de la tête.

— Je ramènerai le troc que je t'ai promis, pour le voyage dans la montagne et pour ... pour le logement. — T'con.

Hank haussa des épaules et se détourna, bien décidé à se lover dans son duvet, dans le hamac et à dormir. Quand Marc s'éloigna de la petite cabane, il se sentit particulièrement mal. Il savait bien que le fou était fou, mais pourtant il lui faisait absolument confiance, alors qu'est-ce que ça faisait de lui ? Un plus grand fou encore, conclut-il avec ironie.

L'homme de la montagneWhere stories live. Discover now