Chapitre 16 : une interrogatoire déroutant

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Si Lochlan était surpris, par le ton brusque, il choisit de s'installer en douceur, comme s'il ne l'avait même pas entendu. Il sortit pourtant un papier et nota la demande dans un coin. « Parler à Sam ? »

- D'accord, mais commençons par le début. Comment vous appelez vous ?
- On s'en fout d'ça ! J'veux parler à Sam !

Face à lui, l'homme resta immobile, la pointe de son stylo vaguement en l'air au-dessus de son papier. Voyant qu'il n'obtiendrait rien s'il ne coopérait pas, Hank trépigna d'impatience puis cracha son prénom presque comme une insulte.

- Hank ! J'm'pelle Hank ! T'compris. Hank.
- Oui, j'ai entendu, vous voulez contacter Sam. Hank comment ?

Il y eut un long silence. L'homme s'agita un peu plus dans la pièce et laissa son regard dériver deux fois vers la porte. Lochlan resta calme et détendu dans son siège. Au pire, il faudrait courir un peu. Il aurait bien aimé fouiller ce mec, trop fin, devant lui pour vérifier qu'il n'avait pas d'arme, mais vu ses réactions, il fallait choisir : l'interrogatoire ou la fouille.

- D'accord Hank, c'est pas grave. Juste Hank. Ca me va. Comme ça on peut discuter. Je suis Lochlan. Vous êtes Hank. Vous avez montré un bout de tissu à mon collègue. Est-ce que vous voulez bien me le montrer ?

Sans poser de difficulté supplémentaire, Hank arracha l'étoffe de sa poche et la posa sur le bureau. Il regard le shérif la prendre et la triturer un peu, l'air pensif.

- A qui est-ce ?
- A l'petite.
- Est-ce que vous savez comment elle s'appelle, cette petite fille ?
- C'est Mérine mais j'veux pas vous parler à vous ! J'veux parler à Sam. Il a dit que j'pourrais demander ! Qu'Sam il s'rait moins con qu'vous ! Et qui viendrait !
- On va appeler Sam. Est-ce que vous savez son nom de famille ?
- Sam Cambry qu'je vous dis !
- D'accord.

Lochlan décrocha son téléphone et appuya sur un numéro, cela appela directement Emric, dans la pièce d'à côté, puis gentiment, il lui demanda de trouver Sam Cambry et de le faire venir ici. Il n'avait pas la moindre idée de qui il s'agissait, mais il allait falloir le découvrir et s'il parvenait à calmer l'autre, il aurait plus d'informations.

- Voilà, voilà. On va chercher Sam et le faire venir, mais en attendant, ce serait bien qu'on avance. Où était Mérine quand vous l'avez vu ?
- Dans l'forêt., répondit-il en continuant à faire les cents pas.

Lochlan eut la désagréable impression qu'il acceptait de lui parler uniquement pour qu'il ne l'embête pas davantage, comme si dans tous les cas il serait trop idiot pour saisir ce qu'il avait à dire. Néanmoins, il ne s'en offusqua pas. Les manières des baroudeurs étaient souvent étranges et bien loin des normes de la société actuelle. Celui-ci devait avoir un retard mental ou un quelconque souci psychiatrique en plus, mais ce n'était pas étonnant non plus. Calmement, il poursuivit.

- Est-ce qu'elle était vivante ?
- Ouais.

Le soulagement se répandit en même temps qu'une sourde appréhension.

- Elle l'était encore quand vous êtes parti ?

Hank sursauta littéralement et se tourna vers le flic, l'air furieux.

- Pour qui qu'vous m'prenez putain ! J'tue pas l'gosses moi ! J'suis pas un p'tain d'ogre ! Saloperie d'flic de merde ! Vous êtes encore plus con qu'Sam ! C'est pas permis ! P'tain ! Le temps il passe ! Vous comprenez ça ou vous êtes trop con ! Vous avez pourtant une montre pt'ain ! Merde !

Hank se déchaîna dans un baragouinement qui devient totalement incompréhensible, mais le fait qu'il soit si en colère qu'on ose lui poser cette question était plutôt rassurant en réalité. Quand Emric se montra à la porte, clairement inquiet, accompagné du jeune Donnovan, il leur fit un signe discret pour qu'ils s'en aillent.

L'homme de la montagneWhere stories live. Discover now