L'homme de la montagne

By KoenDiri

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Il y avait bien des choses que Marc pouvait cataloguer comme de "mauvaises nouvelles". La disparition d'une e... More

Dédicace et Avant-propos
Prologue
Chapitre 1 - le choix du fou
Chapitre 2 - l'impuissance du marcheur
Chapitre 3 - les difficultés de la montagne
Chapitre 4 - le domaine des chinchimottes
Chapitre 5 : le rugissement des flots
Chapitre 6 : les battements du cœur
Chapitre 7 : la vengeance du farfadet
Chapitre 8 : les larmes de l'enfant
Chapitre 9 : la cruauté dans la peau
Chapitre 10 : les cris du silence
Chapitre 11 : la colère des sages
Chapitre 12 : le poids des responsabilités
Chapitre 13 : la naissance des chinchimottes
Chapitre 15 : une course endiablée
Chapitre 16 : une interrogatoire déroutant
Chapitre 17 : accomplir la mission
Chapitre 18 : une vie commune
Chapitre 19 : une profusion de provision
Chapitre 20 : des changements notables
Chapitre 21 : un silence prévenant
Chapitre 22 : un cri déchirant
Chapitre 23 : une famille retrouvée
Chapitre 24 : le chant des papillons
Chapitre 25 : une autorité inébranlable
Chapitre 26 : une visite difficile
Chapitre 27 : une antre monstrueuse
Chapitre 28 : un niveau alarmant
Bonus : L'enfance de Hank
Chapitre 29 : la fin du voyage
Participations aux concours et résultats

Chapitre 14 : une mission impossible

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By KoenDiri


Durant la nuit, plusieurs fois, Marc fut réveillé par une chouette qui hululait au loin. Il écouta alors la forêt qui vivait pleinement. Les petits bruits s'élevaient de de partout. Pour un véritable « gars de la ville » ça aurait pu être inquiétant. Lui il avait conscience que cette symphonie naturelle était sommes toute normale et même rassurante. Si un prédateur pointait le bout de son museau, alors tous se tairait et un grand silence s'abattrait sur les bois. C'était ce genre de silence qu'il fallait craindre. C'était ce genre de silence qui annonçait une catastrophe.

Alors il se rendormit sans crainte jusqu'au lever du jour. En se réveillant, il se dit que tout de même, Hank les avait laissé s'endormir bien tôt ... et que cela présageait une journée sportive. A midi, il transpirait sous l'effort, il se sentait épuisé et voyait l'autre homme avancer de ce pas égal et pourtant si rapide. C'était l'un de ces jours où Hank n'avait pas envie de faire de pause. L'un de ces jours compliqués à gérer où Hank voulait avaler les kilomètres, gravir les montées pour mieux dévaler les pentes et où rien ne semblait capable de le freiner. Heureusement ou malheureusement, les petites ne suivaient pas le rythme et permettaient de le canaliser un peu si cela était encore possible. Comme pour le ralentir, il entendit Cassy qui lui chuchotait à l'oreille qu'elle voulait encore entendre l'histoire des chinchimottes ! Alors il parla, modérant à peine ses pas. Il parla et parla encore, sans délirer, sans grossièreté et en articulant correctement.

Il raconta les rituels autour de la nourriture, comment les chinchimottes grignotaient les pensées tristes que l'on laissait échapper. Il raconta les farces qu'ils se faisaient entre eux.

Les petites étaient si captivées qu'elles en oubliaient les douleurs qu'elles avaient dans les pieds. C'était Osho qui marchait le plus. Elle était vraiment très courageuse, mais aussi très fatiguée. Elle baillait souvent et sa tête dodelinait comme si elle était beaucoup trop lourde pour elle. C'était une drôle de sensation de la voir ainsi. On aurait presque dit une petite marionnette, suspendue au bout de fils trop exigeants, qui ne voulaient pas céder et la laisser s'écrouler, enfin. Tout son corps semblait n'attendre que ce moment d'éternité, où elle pourrait se répandre au sol. Il se sentit mal à cette idée mais il ne pouvait pas vraiment y faire grand-chose. C'était important qu'ils arrivent à destination. C'était important qu'ils arrivent vite. Il fallait avancer et autant il comprenait la fatigue de l'enfant, autant il savait à quel point elles avaient besoins de soins.

Ils mirent encore plusieurs jours mais enfin, enfin ils allaient arriver. Il n'y avait plus qu'une journée de marche d'après Hank, à un rythme acceptable, c'est-à-dire simplement un rythme possible. Ils étaient tous épuisés. Ce fut peut-être pour ça que l'erreur se produisit. Ce fut peut-être pour ça qu'il y eut l'accident. Souvent, les accidents venaient de presque rien, un peu de malchance et beaucoup trop de fatigue. Elle pesait sur les paupières, rendant les mouvements plus idiots qu'à la normale et affectant le jugement.

Marc avait vu la trace de patte, épaisse, aux multiples coussinnets. Vraiment. Réellement. Il l'avait vu. Au lieu de prévenir Hank immédiatement, il s'était dit que c'était étrange. Hank avait sursauté et s'était mis à délirer, parlant tout seul un peu trop vite. Ce n'était pas arrivé depuis longtemps et très peu devant les petites, alors il s'était dit qu'il fallait calmer ça. C'était une erreur. Il y avait un autre danger. Un danger plus pressant et bien plus violent. Un danger qui pouvait s'avérer mortel.

Les grognements l'avaient surpris. Il avait juste eu le temps de présenter son dos à la morsure, sans même savoir trop ce qui se trouvait à présent derrière lui. Mérine avait hurlé et Hank avait levé son fusil.

PAN.

Le coup de feu résonna dans les bois, sourd et angoissant. Il tenait toujours la petite. Il y eu un couinement, puis ce fut Marc qui hurla alors qu'une mâchoire se referma sur son mollet, cherchant à le déchirer. Il vit, du coin de l'œil, une forme noire qui le tirait vers le sol. Hank leva de nouveau le fusil et tira, encore. L'animal prit enfin la fuite. Hank n'avait pas visé l'animal pour ne pas prendre le risque de toucher l'autre homme ou l'une des fillettes. Il vient rapidement à sa rencontre mais ne put que constater les plaies. Il pourrait bien désinfecter tout ça et le bander, le muscle était touché et il ne pourrait pas marcher. Il regarda autour de lui, à la recherche d'une solution, mais ne trouva pas la moindre idée. Marc fut le premier à comprendre et à décider de ce qu'il fallait faire.

- Sort un duvet pour les filles.

Voyant que Hank tournait en rond, marchant et parlant à voix basse, il l'interpela par son prénom et se répéta jusqu'à ce qu'il obéisse. Il fit s'installer les filles dans le duvet pour qu'elles ne prennent pas froid pendant que Hank le soignerait ... enfin, au moins pendant que Hank lui donnerait de quoi se soigner lui-même visiblement.

Il siffla de douleur au contact du désinfectant-qui-ne-pique-pas et se banda la jambe de son mieux pour arrêter le saignement.

Il fallait prendre des décisions rapides. Marc savait gérer malgré le stress et la douleur, il commanda de son mieux pour que Hank fasse ce qu'il fallait. Il n'arriverait plus à bouger : il fallait établir un camp avec un feu, rapidement.

- Choisis l'emplacement d'un camp, autour d'ici, assez près pour que je puisse y aller et fait un feu. Les filles, allez avec lui s'il-vous-plait, ramassez toutes les petites branches que vous pouvez trouver et posez les dans le camp, dans un coin.

L'air ailleurs et les trois fillettes dans son sillage, Hank obéit. Hank sembla hésiter quant à l'emplacement puis il commença à installer le feu tout en râlant. Ce n'était pas un bon endroit d'après lui ou pas un assez bon endroit en tout cas.

Marc ne doutait pas qu'après une telle attaque, il aurait été préférable de faire un feu de camp, loin, loin d'ici et en restant malgré tout sur ses gardes. Mais il ne pouvait simplement pas. Le temps qu'il y réfléchisse, le feu faisait de jolie volute orangée. Hank monta son hamac, tira sa toile de manière à ce qu'elle coupe un peu le courant d'air puis lutta pour installer la toile de tente et les duvets. Enfin, il repartit chercher des buches plus grosses et en quantité. Il avait visiblement compris ce qu'avait Marc en tête, mais sans doute juste inconsciemment ou sans vraiment vouloir l'admettre ... car ce qu'allait lui demander Marc était un effort impossible.

A cloche pied, posant à peine le membre blessé sur le sol, Marc sautilla jusqu'à son duvet et s'assit, cherchant à se réchauffer de ce qu'il savait être un état de choc. Quand Hank eut fini une pile conséquente, il s'arrêta et Marc put voir ses mains trembler.

- Hank, je suis désolé. Je ne peux pas marcher.

Il hocha la tête comme si ce n'était pas un problème, comme s'ils allaient juste pouvoir rester là à tout jamais. Marc décida d'y aller doucement.

- Sans toi, on n'aurait jamais retrouvé les petites. Tu as fait des choses formidables.

Hank se dandina sur place, il ne voulait pas écouter la suite mais elle allait être dite, à moins qu'il ne parte en courant dans l'instant. Il ne le ferait pas. Il n'était pas un lâche.

- On a besoin que tu ailles chercher les secours pour nous. La forêt est très accidentée, mais ils pourraient venir par ici à cheval. J'ai besoin que tu ailles les chercher, que tu les fasses venir et que tu les guides.

Hank écarquilla les yeux sous le choc et demanda en bredouillant :

- Dans la ville ?

- Oui. Il faut que tu marches jusqu'à la ville. Que tu ailles en plein centre jusqu'au grand croisement. Je crois que les ... flics sont là. Ils ne te croiront peut-être pas. Il faudra demander à voir Sam. Sam Cambry. Sam s'occupera du reste puis tu leur expliques pour les chevaux et tu les guides. Tu peux le faire. Tu es incroyablement fort et rapide, tu peux faire le trajet seul.

Marc hésita un instant, se rendant bien compte de l'ampleur du défi qu'il lui demandait de réaliser pour eux, puis il ajouta sans vraiment y croire :

- Ca ira. Il faut juste que tu restes calme et concentré.

Il attendait la crise, alors il fut surpris quand Hank rapprocha son sac des petites, fouilla dedans et en extirpa le couteau qu'il lui avait offert avant de le passer à sa ceinture. Il leva la tête et observa le ciel un moment, sans doute pour évaluer le temps qu'il aurait. Il s'agitait un peu, mal à l'aise.

Marc hésitait à lui dire d'emmener l'une des fillettes, les garder ici était dangereux mais Hank n'aurait pas d'équipement et il faudrait qu'il aille vite, vraiment très vite. Il valait mieux qu'il parte seul. Doucement Marc attira Mérine près de lui et lui demanda si elle était d'accord pour donner l'un des volants de sa robe à Hank, pour qu'il montre à son papa et à sa maman qu'il l'avait trouvé. La petite fit une grimace et lui répondit que ses parents ne savaient pas que la robe était à elle mais elle retira un bout de tissu sans mal, avec un sens pratique qu'ont certains enfants et le tendit au fou comme si elle n'avait plus peur de lui.

Hank le prit, livide à tel point qu'il semblait au bord du malaise.

- Est-ce que tu peux vérifier que nous avons ce qu'il faut ici ?, demanda rapidement le flic pour lui faire penser à autre chose.

Ça ne prit que quelques secondes à Hank de le faire mais durant ce laps de temps il dû admettre qu'il devait leur laisser son fusil et tout le reste de son équipement. Il faudrait qu'il arrive avant la nuit. Il allait devoir courir.

A titre d'essai, il répéta :

- Jusqu'à la ville, au centre, chez les flics, demander Sam.

- Sam Cambry, mon adjoint., rappela Marc.

- Les conduire ici ... et après ?

- Je te ramène chez toi, avec une tonne d'équipement. Ce sera Noël avant l'heure.

Hank hocha la tête, pas heureux pour un sous, fit quelques pas sur un huit imaginaire puis il partit, la tête enfoncée dans les épaules. Il ne se retourna pas et Marc le vit peu à peu changer de rythme alors qu'il s'enfonçait dans la forêt. Au dernier moment, il s'arrêta, sortit le couteau, marqua son passage d'une croix profonde dans le bois et repartit, sans un regard en arrière. Il allait marquer le chemin, ainsi s'il lui arrivait quelques choses, les petites pourraient suivre les marques et se rapprocher de la ville. Dans l'autre sens, si on le trouvait, il n'y aurait qu'à suivre les marques pour remonter au campement de fortune.

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