À Isadora-art : joyeux anniversaire ma belle !
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« Granger, je te jure sur la tête de Dumbledore que si tu ne sors pas de cette chambre immédiatement je vais défoncer la porte ! » hurla Malfoy en tambourinant de toutes ses forces sur le bois brut de la porte de leur chambre à coucher.
Granger avait et la brillante idée de s'enfermer à l'intérieur, pour une raison qu'il n'arrivait décidément pas expliquer, et depuis qu'il était revenu de son footing quotidien, Draco se retrouvait privé de fiancée et de salle-de-Bain, le jour de son anniversaire, pour couronner le tout. Il était fatigué, son t-shirt inondé de sueur lui collait à la peau et il rêvait d'une douche, tout seul sur le palier de sa propre chambre, sans baguette pour la déverrouiller. Autrement dit, il fulminait.
« Ne jure pas sur la tête de Dumbledore ! » cria Hermione depuis l'intérieur, outrée, et Draco donna un coup de pied si violent dans le mur que la jeune femme le sentit presque trembler.
« Bordel Hermione, laisse moi entrer ! »
« Je... je peux pas ! »
Draco soupira comme un buffle, passant une main nerveuse sur son visage.
« Pourquoi ? »
Seul le silence lui répondit, un silence coupé par une hésitation maladroite qui le fit plisser les yeux. Il connaissait Hermione mieux qu'il ne se connaissait lui-même, et il savait qu'elle avait toujours une bonne excuse pour tout et une bonne raison pour tout ce qu'elle entreprenait. C'était simple, elle avait toujours, toujours, le dernier mot. Et si elle était incapable de lui dire ce que diable elle faisait enfermée dans cette pièce, c'était qu'il y avait anguille sous roche. Pire, cachalot sous gravillon.
Elle tramait quelque chose, il en était persuadé.
« Hermione... » gronda Malfoy d'un ton menaçant.
De l'autre côté de la porte, paniquée, la jeune femme brassait l'air en cherchant un prétexte suffisamment plausible pour lui sauver la mise, ne sachant que trop bien reconnaître le ton le ton d'un Draco en colère.
« Parce que... j'ai mes règles ! » hurla-t-elle, et Malfoy dû mordre son poing pour ne pas le fracasser contre la porte.
« Tu te fous de ma gueule Granger ? »
« Pas du tout ! Et j'ai vraiment, vraiment, besoin que tu ailles me chercher des protections à la pharmacie ! » gémit la lionne « S'il te plaît ! »
Si ça n'avait tenu qu'à lui, Draco aurait probablement crié tellement d'insultes que le bâtiment tout entier s'en serait écroulé et que les pôles auraient fondu, mais étant un homme très raisonnable et d'une patience extrême, il fit le choix d'évacuer cette colère dans un sifflement réprobateur qui ferait frissonner le ministre de la magie plutôt que dans la démolition de son propre domicile.
« Si t'es toujours enfermée quand je reviens je te jure que ça va chauffer »
Hermione ne répondit rien, en haleine, et ne s'autorisa à expirer tout l'air contenu dans ses poumons que lorsqu'elle entendit la porte d'entrée du manoir claquer derrière lui. En se précipitant vers la fenêtre, elle l'observa s'éloigner sur l'allée principale, fulminant, et probablement en train de la maudire pour le reste de son existence. Elle soupira.
Voilà qui lui laissait une quinzaine de minutes pour préparer une surprise qu'elle avait initialement prévue d'organiser en une heure et demie de travail méticuleux. Lorsque son regard se posa sur les cartons remplis de décorations d'anniversaires achetées pour l'occasion, elle soupira avec désespoir et enfouit sa tête dans ses mains. Rien ne se passait comme prévu aujourd'hui. Tout d'abord, elle s'était réveillée une heure plus tard que d'habitude, lorsque Draco était déjà parti faire son footing matinal, ensuite elle avait fait brûler ses pancakes, renversée la gamelle de Pattenrond en trébuchant dessus, perdue une boucle d'oreille dans le trou du lavabo et avait vu son fiancé revenir presque deux heures plus tôt qu'il ne l'aurait dû, alors qu'elle s'évertuait à tout descendre dans le salon pour préparer sa surprise.
Elle n'avait pas eu d'autre choix que de monter se barricader dans leur chambre à tout vitesse, en manquant de casser tout ce qu'elle avait dans les mains, dans l'espoir qu'il n'ait rien aperçu de son petit manège. Il avait vingt-cinq ans aujourd'hui, ce n'était pas rien, et Hermione avait pensé bien faire en voulant marquer le coup. N'ayant pas pu réunir tout le monde pour une grande fête le jour même, elle avait suivi le conseil de Harry lui disant de reporter la réception à un autre jour et de lui organiser quelques chose de plus personnel, de plus intimiste, ce que la jeune femme avait pris au pied de la lettre en organisant une véritable mini-fête juste pour eux deux.
Sauf que monsieur était revenu plus tôt, chamboulé son timing, et qu'elle n'avait définitivement plus le temps.
Constatant qu'elle perdait d'ailleurs de précieuses minutes en s'apitoyant sur son sort, la sorcière se jeta à corps perdu sur sa baguette et fit voltiger les décorations dans tous les sens. Les sortilèges l'aidaient à aller plus vite, et heureusement car Malfoy devait probablement être sur le chemin du retour. D'un coup de poignet elle envoya les banderoles s'enrouler sur l'armature du lit à baldaquin, d'un autre les bougies parfumées aux plantes s'aligner sur la commode et s'allumer chacune leur tour. Tout s'assemblait dans un capharnaüm confus orchestrée par une Hermione au bord de la crise de nerf, qui sentait que rien ne serait prêt à temps avant son retour.
Au moment où elle se rendait compte qu'elle avait laissé le gâteau dans le frigidaire, elle entendit la porte d'entrée claquer à nouveau, et les pas retentissants de Malfoy dans l'escalier. D'un geste nerveux, elle tenta d'accrocher un maximum de décorations, serpentins brillants et lanceurs de confettis, partout où c'était possible, sans même vraiment faire attention à ce qui sortait des boites. Elle eut tout juste le temps de faire s'accrocher la grande banderole d'anniversaire au mur que Draco tapa à la porte, la faisant sursauter.
« Hermione, je vais te tuer si tu n'ouvres pas cette porte ! »
« J-j'arrive » glapit-Elle en attrapant le cadeau de Malfoy et en se recoiffant du mieux possible, le cœur battant à toute allure.
Mais l'ancien serpentard avait épuisé son stock de patience pendant son aller-retour à la pharmacie, et décida qu'aujourd'hui il n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête.
« Et puis merde »
Prenant de l'élan, il traversa le couloir à toute vitesse et enfonça son épaule contre la porte, qui avait été déverrouillée un millième de seconde auparavant et qui s'ouvrît à la volée avant de cogner violemment contre le mur. Draco manqua ainsi de s'écraser au sol et de décapiter Hermione, qui s'était de justesse jetée sur le côté en criant de stupeur. Son fiancé se redressa, prêt à faire son scandale, avant de se figer brusquement. Ahuri, muet comme une poutre, il observa alors la pièce qui avait été transformée en champ de bataille bariolé et Granger, qui, en pyjama, les cheveux tellement ébouriffés qu'il en voyait à peine son visage, le fixait avec un sourire crispé.
« Surprise...? »
Draco cligna des yeux, fronça les sourcils, et son regard se posa sur la gigantesque banderole accrochée au mur. Un sourire moqueur étira ses lèvres alors qu'il la pointait du doigt.
« T'es sûre de toi ? »
La jeune femme se retourna, perplexe, et afficha une moue horrifiée en lisant le colossal « JOYEUX ANNIVERSAIRE IRINA » qui s'y étalait en lettres capitales. Elle eut la sensation de tomber dans le vide, et se revit dans le magasin, distraite pendant une fraction de seconde par la vieille dame à côté elle, glissant dans son panier le mauvais article. En la voyant blêmir ainsi, comme si elle venait d'apercevoir un cadavre, Malfoy ne put s'empêcher de laisser échapper un rire, toute trace de colère envolée.
« Oh mon dieu je suis désolée ! Ça devait être tellement bien, mais t'es revenu plus tôt que prévu et je savais pas quoi faire, j'ai pas eu le temps de tout préparer et j'ai laissé le gâteau en bas et... » débita-t-elle à toute vitesse, avant d'être interrompue par la bouche de Malfoy fusionnant avec la sienne.
Coupée en plein élan par ce baiser inattendu, la jeune femme s'abandonna à l'étreinte une seconde, avant que Draco ne rompe le contact.
« Ma parole t'es complètement cinglée » rigola-t-il, et Hermione se joignit à lui en poussant un soupir désespéré.
« Joyeux anniversaire Draco »
Le sorcier l'embrassa à nouveau, tendrement, jetant au passage la boîte de tampon sur le lit pour glisser ses deux mains sur ses hanches. Se décalant après une courte minute, il la regarda droit dans les yeux.
« Merci 'Mione »
Puis doucement, il se pencha vers son oreille.
« Mais si tu recommence l'année prochaine, on ne retrouvera jamais ton cadavre » murmura-t-il suavement, et Hermione éclata tout simplement de rire.
Trois mois plus tard, la situation s'inversait pour elle, et elle eut droit, à peu de choses près, au même spectacle pour son propre anniversaire.
Après tout, à la guerre comme à la guerre.