Endlessly

By allomelanie24

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La passion est un ouragan ; quelque chose de sublime qui précède le chaos. C'est une histoire qui se termine... More

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Partie 13

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By allomelanie24


C'est le jour de Noël que j'ai eu le plus beau des cadeaux. Bien sûr, je savais que tu me cachais quelque chose depuis une semaine ou deux, mais je n'avais pas cherché à savoir quoi ; t'avais l'air de vraiment tenir à cette surprise.

On avait été dîner chez tes parents la veille et ça avait été agréable parce que c'était l'année où Annabelle devait fêter Noël dans la famille de Fred. Pour le coup, nous, on serait tranquille avec ça – et ça avait l'air de faire plaisir à tes parents de savoir qu'ils t'auraient avec eux tous les ans. C'est triste parce qu'avec Jamie, on n'avait plus vraiment de contact avec notre famille d'accueil, même si c'était la seule famille qu'on avait vraiment – et que j'étais persuadé que notre mère d'accueil serait heureuse de nous voir de temps à autres. Mais des enfants elle en avait eu plein d'autres et certainement qu'elle en avait encore aujourd'hui ; elle avait d'autres chats à fouetter.

On avait donc passé Noël chez tes parents ; on avait mangé pour quinze, j'avais un peu trop bu avec ton père et on avait chanté je ne sais plus quelle chanson pendant que ta mère jouait du piano. Y avait pas plus cliché, mais j'avais adoré faire ça avec toi, avec vous. C'était génial d'avoir une famille, Alice. Tu n'étais pas juste ma petite amie, la femme de ma vie ou tout ce qu'il te ferait plaisir d'entendre à ton sujet ; tu étais ma famille, mon point d'encrage et tous mes repères. Je voulais concrétiser ça de façon sérieuse mais, sans mariage, ce n'était pas gagné. Sauf que t'avais de la suite dans les idées toi ; t'es arrivée le matin de Noël avec un sourire jusqu'aux oreilles vu que, le moyen de nous transformer en une véritable famille, tu l'avais trouvé.

T'as ouvert tes cadeaux et j'ai ouvert les miens. T'as ri comme une folle en découvrant les slips de grand-mère que je t'avais promis, mais comme on n'attendait pas Noël pour se faire des cadeaux, y avait pas de grosses surprises, c'était même pas des surprises d'ailleurs ; sauf le dernier. Le dernier c'était une petite boîte que tu m'as tendue en tremblant légèrement.

« C'est quoi ça ?, j'ai demandé tellement tu souriais.

— Ouvre. C'est une surprise.

— D'accord. »

J'ai décroché le nœud et j'ai ouvert la boîte. Dedans, y avait une tétine pour bébé et, sur le coup, j'ai pas compris. J'ai froncé les sourcils et relevé les yeux vers toi pour essayer d'éclaircir le mystère ; quand je t'ai vue rayonner, j'ai enfin percuté.

« T'es enceinte ? », j'ai demandé.

J'osais pas trop sourire, au cas où j'étais en train de fabuler, et t'as doucement hocher la tête. Mon cœur a explosé dans ma poitrine, Alice. Je me suis mis à trembler et à t'aimer encore plus qu'avant. Je ne savais même pas comment c'était possible, d'ailleurs. Je t'aimais déjà tellement que cette fois-ci, ça me dépassait complètement.

« Joyeux Noël. », t'as ajouté – et dans le plus profond de mes souvenir, je crois que j'ai pleuré.

J'ai t'ai couvert de baisers et je t'ai serré contre moi, jusqu'à ce que tu te plaignes de ne plus avoir d'air. J'allais être papa et toi, tu serais celle qui le rendait possible. J'allais pouvoir corriger mes erreurs, celles de mon père ; j'allais pouvoir me racheter et cesser de me sentir coupable. Ça m'a fait un bien fou, Alice. Je crois que tu l'as vu parce que tu me regardais en souriant depuis un moment, complètement attendrie.

« Quoi ?

— Rien. T'es beau quand t'es heureux. »

Ça m'avait fait rire parce que c'était moi qui te disais ce genre de choses normalement.

« Au début j'ai voulu te garder le test pour que tu vois mais... je me suis dit qu'un truc plein de pipi que tu ne saurais même pas déchiffrer, ça ne t'intéressait pas. D'où la tétine... »

J'ai éclaté de rire ; t'avais le don pour sortir de ces trucs.

« Mais j'ai une photo du test si tu veux !

— Montre. »

Alors t'as fouillé dans ton portable – et entre une centaine de photos de moi, il était là. Ton test. J'étais tellement heureux que j'ai commencé à avoir mal au visage à force de sourire.

« Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?, t'avais soudain demandé avant d'enchaîner avec une idée. On pourrait aller se balader en forêt avec Tyson, non ?

— Il fait froid, mon cœur.

— Mais je vais mettre deux pantalons, trois pulls, un bonnet, une écharpe, des gants et...

— OK. Respire. On y va.

— Super ! »

T'as filé dans la chambre, comme ça. Il ne faisait même pas aussi froid que ça mais, j'avais froid sans toi alors je me suis levé pour aller enfiler un pull.

Je ne sais pas lequel de nous deux a mis le plus de temps à réaliser ce qui était en train d'arriver à notre foyer, mais on n'a pas eu l'air de percuter de suite. Toi comme moi, on était conscients que t'étais enceinte, mais on n'avait plus reparlé de ça pendant une semaine ou deux. Comme si on l'avait intégré et que ça ne changeait pas nos vies. Mais c'était faux, et on s'en est rapidement rendus compte parce qu'au début, t'as été vraiment très malade. Quand tu me l'as annoncé, t'étais déjà à un mois et demi et je ne sais pas comment t'avais réussi à me le cacher tellement le changement s'est fait rapidement. T'étais si fatiguée que parfois, ça me faisait peur. J'ai lu plein de trucs sur internet pour aller me rassurer et ça avait marché – un peu. Sauf que j'avais osé dire "t'as de la chance, t'as pas encore eu de nausées" pour que ça t'arrive. Tu passais ta vie aux toilettes et tu ne mangeais presque plus rien. C'était l'Enfer pour te faire avaler ne serait-ce qu'un truc qui ne te dégoûtait pas et j'ai compris ma douleur quand tu t'es laissée envahir par tout plein de saute d'humeur. Tu ne t'en prenais jamais à moi, mais ça t'arrivait de t'énerver contre une chaise, la télé, le frigo, tu pleurais à la moindre contrariété, tu voulais des câlins puis finalement non, t'avais faim mais tu ne voulais pas entendre parler de salé, tu t'excusais quand tu te rendais compte que tu me faisais tourner en bourrique et ça te faisait pleurer quand t'avais envie de vomir à cause de ce que je préparais à manger.

C'est un soir où t'avais passé une plutôt bonne journée qu'on s'est mis à en reparler sérieusement. Tu somnolais contre moi, emmitouflée dans ta couverture polaire.

« Tu regrettes pas ? », t'as demandé après un silence qui m'avait paru interminable.

Y avait la télé mais quand je sens que quelque chose te tracasse, je n'arrive pas vraiment à me concentrer dessus.

« Regretter quoi ?

— Que je sois enceinte. »

Je t'ai serrée un peu plus fort entre mes bras.

« Bien sûr que non, Alice. Pourquoi est-ce que tu penses un truc pareil ? Tu regrettes toi ?, j'ai demandé, effrayé à l'idée de t'avoir forcé la main sans le vouloir.

— Non, non. C'est pas ça.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne te sens pas bien ?, j'ai demandé alors que tu secouais la tête. Qu'est-ce qu'il y a alors ?

— Ça me fait peur, t'as fini par avouer.

— Oh, j'ai soufflé, soulagé. Moi aussi, ça me fait peur, tu sais ?

— Vraiment ?

— Oui. J'y connais rien en bébé ou même en grossesse.

— Désolée, t'as dit en riant. Je ne t'ai pas trop embêté aujourd'hui ?

— Oh bah..., j'ai dit en faisant mine de réfléchir ; t'as embrassé mes lèvres. Tu m'embêtes jamais, Alice. Tu m'inquiètes, parfois. Ou tu me fais de la peine. Je me sens inutile et ça me perturbe. »

J'ai embrassé ton front et t'as basculé à califourchon sur mes genoux ; tu nous as enroulé dans ta couverture et t'as enfoui ta tête quand mon cou.

« T'es pas inutile. Tu me tiens les cheveux quand je vomis. Tous les maris ne font pas ça. »

Évidemment, ça m'a fait sourire ; mes mains se sont glissées sous ton t-shirt pour caresser ton dos et je t'ai senti sourire contre ma peau.

« Tu vas arrêter maintenant ?

— Quoi donc ?

— La boxe. T'avais dit que t'arrêterais quand je tomberai enceinte... ? »

Je me souviens exactement de ma réaction parce qu'elle a été si naturelle qu'il était évident que c'était un mensonge.

« J'ai encore deux combats de prévu et après j'arrêterai. »

Ce qui est faux puisqu'il n'y a rien de prévu à l'avance mais surtout... je n'avais pas envie d'arrêter, Alice. J'en suis désolé aujourd'hui mais j'aimais trop ça. J'avais besoin de cette adrénaline pour me sentir vivant, j'avais besoin de cogner pour évacuer ma colère. Je ne pouvais pas prendre le risque d'arrêter et de tourner en rond à la maison avec toi enceinte. J'avais déjà eu un avant de goût quand je m'étais blessé et que j'avais dû arrêter quelque temps ; je ne voulais pas revivre ça.

Tu n'étais plus dans la provocation ou tu ne cherchais plus mes limites juste pour sentir ton cœur battre plus fort avant que je lève le poing, mais je ne pouvais pas arrêter de boxer et je pense que, là-dessus, on ne s'est jamais compris. C'était un peu comme toi qui allais voir Annabelle tous les mardis jusqu'à ce que tu comprennes que ce n'était pas bon pour toi, tu vois ? Moi, j'ai compris trop tard que ce n'était pas bon pour nous. Je m'en mordrai les doigts jusqu'à mon dernier souffle, mais c'est fait et c'est là que se trouve un autre "et si" ; et si j'avais vraiment arrêté, qu'est-ce qu'il se serait passé ?

Je n'en saurai jamais rien et toi non plus. Je n'ai pas arrêté les combats et ça me ronge parce que parce que t'étais la plus belle chose qui me soit jamais arrivé et j'ai tout foutu en l'air.

« Merci. », t'as répondu, soulagée que je ne fasse pas d'histoire.

Puis t'es restée contre moi, et tu t'es endormie là. T'étais toujours fatiguée et t'avais encore plus l'air d'une petite fille fragile, mais je t'aimais comme un dingue et quand t'as eu passé le premier trimestre de grossesse, que les nausées et tous les désagréments dû à l'accoutumance de ton corps au bébé étaient passés, tu t'es mise à rayonner comme jamais tu ne l'avais fait, Alice. T'étais si belle que j'en perdais mes moyens ; j'étais vraiment impatient que tu regagnes les 5 kilos que t'avais perdu à force d'être malade et que ton ventre s'arrondisse pour de vrai.

Le lendemain de la première échographie, c'était ton anniversaire. J'aurais aimé qu'on reste à la maison mais tes parents avaient organisé une petite fête pour toi et t'avais décidé qu'on leur annoncerait que t'étais enceinte.

« On a la photo de l'échographie, en plus ! », t'avais avancé comme argument.

Mais à quoi bon essayer de me convaincre quand j'étais incapable de te dire non, hein ?

« Y aura qui ?, j'ai tout de même demandé.

— Eh bien mes parents, Anna, quelques oncles et tantes et cousins et cousines. Oh mes grands-parents aussi.

— Alice... Je suis pas sûr de ton coup, là. Ils m'ont jamais vu, ils...

— J'ai fait inviter Jamie et Suzanne. Tu te sentiras moins paniqué comme ça, non ? »

Ton attention était si adorable que j'ai capitulé. Je n'avais pas vraiment le choix puisque je ne t'aurais pas fait faux bon, mais ça me rassurait en effet. De plus, j'allais avoir un sacré beau lot de consolation : la tête d'Annabelle quand on annoncerait que toi, t'avais réussi à tomber enceinte.

Chez tes parents, j'étais toujours très à l'aise parce que ton père m'aimait bien. D'ailleurs, c'est carrément lui qui m'a emmené auprès de son frère pour me le présenter. C'était marrant parce qu'il parlait quasiment pour moi. On a dévié sur la boxe parce que j'avais un reste de coquard et que ça intriguait toujours les gens – puis la boxe, ça plait toujours aux hommes. T'as fini par me rejoindre et passer tes bras autour de ma taille. T'avais l'air fatigué alors j'ai embrassé ton front.

« De quoi vous parlez ?, t'as demandé.

— De son dernier combat. Faudrait qu'on aille le voir un de ces jours, non ? »

Je me suis presque senti coincé, mais t'as répondu à ma place.

« Il va arrêter quelques temps, t'as répondu avec un air désolé et je t'ai appuyé avec un simple sourire.

— Tu veux t'asseoir, mon cœur ? », j'ai fini par demander.

T'as hoché la tête alors je me suis excusé auprès de tes oncles et je t'ai suivie dans le canapé. Jamie était déjà là, il discutait avec Fred.

« Bon anniversaire, Alice, il a dit en souriant.

— Merci. Heureusement que t'es là, je crois qu'Adam serait mort d'une crise d'angoisse.

— N'importe quoi.

— Je ne t'ai jamais vu aussi tendu. », il a dit à mon égard, complètement mort de rire.

Je n'ai rien rétorqué mais il ne savait pas ce que tu comptais annoncer, lui. Il ne savait pas que j'avais peur de la réaction de tes proches ; apprécier le petit ami de sa fille et accepter de le voir comme un gendre avec qui elle va avoir des enfants, c'est différent. Puis Annabelle est arrivée avec ses coupes de champagne.

« Pas pour moi, merci, t'as dit alors que je prenais une coupe.

— Sérieusement ? C'est ton anniversaire. Abuse pas, t'as toujours un verre à la main.

— Non merci, t'as répété.

— Alice... Papa sait que tu bois, c'est bon. T'es plus une enfant.

— Elle a dit non, Annabelle. », j'ai coupé froidement.

Ta sœur m'a jeté un regard noir avant de s'éloigner, pendant que Suzanne te dévisageait avec un air suspicieux. Mais tu t'es blottie contre moi et je t'ai serré dans mes bras. T'étais vraiment fatiguée parce qu'à cette heure-là, en général, tu faisais une sieste. Et moi, j'adore quand t'es comme ça, toute endormie, toute câline. Je t'aimais tout le temps Alice, mais quand t'étais le bébé qui portait mon bébé, c'était encore mieux.

« Vous avez fait la bringue ou quoi ?

— Non. Elle vieillit, c'est dur pour elle., j'ai répondu ; ils se sont mis à rire, toi y compris.

— Tais-toi. Tu racontes des âneries, t'as râlé.

Puis sans préavis, ta mère a débarqué dans le salon à nouveau.

« Le dessert est servi ! », elle a annoncé.

Tu t'es levée comme une fusée, complètement réveillée. Mon cœur n'a pas arrêté de battre la chamade tout du long parce que je savais ce qui m'attendait à la fin du repas. Puis ta mère a lancé une si belle perche que tu n'as même pas hésité trois secondes à la saisir. Je serais incapable de retrouver ce qu'elle avait dit mais toi, t'avais rebondi en te levant.

« D'ailleurs, on a quelque chose à vous dire avec Adam. »

Je me souviens du silence qui s'était abattu sur la pièce, de tous les regards braqués instantanément sur nous. T'as pris ma main et tu souriais tellement que c'en était contagieux. Tout le monde te regardait sourire et moi je regardais Annabelle retenir son souffle.

« Avec Adam, on va avoir un bébé. »

Ta sœur s'est décomposée. Je t'assure que si t'avais vu sa tête, t'aurais été mal à l'aise d'être aussi heureuse. Mais tu ne l'as pas vue car tu regardais tes parents avec appréhension ; ils ont très bien réagi, d'ailleurs. Évidemment, ton père a demandé si on avait l'intention de se marier mais il n'a pas insisté très longtemps. C'était juste pour savoir.

« Pas besoin d'être marié pour élever des enfants, t'as dit. On a été faire la première écho hier, vous voulez voir ? »

Bien sûr qu'ils ont voulu voir. Tous, sauf Annabelle. Dans la demi-heure qui suivait, elle prétextait avoir des choses à faire et elle rentrait avec Fred et Tommy. C'est la dernière fois qu'on l'a vu.

Les semaines défilaient plus ou moins lentement et le seul truc qui me manquait vraiment, c'était dessiner sur toi. Je ne sais pas si tu te rends compte des heures qu'on a passé à parler pendant que je dessinais sur ta peau. Des nuits entières à se raconter tout et rien sans jamais être épuisés. Puis même s'ils servaient à masquer mes erreurs, tu les aimais ces dessins. Tu les aimais tant et si bien qu'un soir, tu m'as avoué qu'ils te manquaient à toi aussi. Ton ventre avait commencé à s'arrondir pour de vrai et tu m'as demandé de le couvrir de roses.

« Alice... Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée, j'avais répondu.

— Pourquoi ?

— Parce que j'ai pas envie d'associer mes dessins au bébé sachant qu'à la base, c'est pour masquer tes bleus. »

Mais t'as fait une petite moue adorable et j'ai su que j'allais craquer.

« Mais y a plus de bleus et ça me manque que tu passes des heures à me dessiner dessus. »

Je t'ai regardée en silence, histoire de savoir jusqu'où tu irais.

« Allez, dessine-moi des roses, Adam. S'il te plaiiiit. Pour le bébé, il sera content d'avoir une jolie maison. », t'as ajouté.

Ça m'a fait rire alors j'ai hoché la tête.

« D'accord. Va pour des roses.

— Génial ! »

Sans même attendre une seconde, t'as ôté ta robe de chambre et tu t'es allongée dans le lit en relevant ton t-shirt.

« D'ailleurs, t'en as pas marre de l'appeler Bébé ?, t'as dit alors que je m'installais prêt de toi avec les feutres.

— Comment ça ?

— Bah... T'as déjà pensé aux prénoms que t'aimerais qu'il porte ? Parce que moi oui et j'ai plein d'idée, mais il faut qu'on choisisse ensemble.

— Dis-moi. », j'ai dit alors que je commençais à dessiner.

Tu m'as fait une liste de prénoms ; je n'en connaissais pas la plupart et on a passé la nuit à débattre sur le prénom qu'on donnerait à notre bébé. Quand tu t'es endormie, on s'était arrêtés sur Marie et Samuel. Je te les avais même écrits sur le ventre et quand tu les avais découverts le lendemain, tu t'étais mise à pleurer.

Trois semaines plus tard on découvrait que c'était Marie qu'on attendait impatiemment et j'avais été tellement heureux de l'apprendre que j'avais rappelé ma mère d'accueil pour le lui annoncer. Ça t'avait fait plaisir que je renoue avec elle et t'avais tenu à l'inviter à déjeuner un midi. Je ne me souviens pas de sa venue mais je sais que t'avais adoré apprendre des choses sur moi et sur Jamie. T'avais été tellement heureuse que le soir, malgré le froid qui régnait entre vous depuis ton anniversaire, t'avais envoyé un message à Annabelle. C'est la première fois que j'ai fouillé dans ton portable, Alice. Quand je t'ai vu te décomposer en silence et que tu m'as dit que t'allais t'allonger un peu. Tu m'as assuré qu'elle n'avait pas été désagréable mais quand j'ai vu que tu lui avais annoncé que tu attendais une fille, qu'on avait décidé de l'appeler Marie et qu'elle t'avait répondu que c'était moche, j'ai cru que j'allais devenir dingue.

Je ne t'ai jamais rien dit parce que j'ai compris que t'avais plus envie d'en entendre parler, mais je l'ai appelée et je lui ai demandé de s'excuser. Je lui ai dit qu'elle allait le regretter si elle ne le faisait pas parce que c'était la dernière fois qu'elle entendrait parler de nous. Mais elle ne s'est pas excusée. T'étais enceinte de six mois et on ne lui a plus jamais adressé la parole.

Les clichés sur la grossesse, y en a tellement que j'ai fini par me demander si c'était possible de tous les vivre d'un coup ; j'en ai vite conclu que non. T'as jamais eu envie de fraise et j'ai jamais dû chercher un magasin ouvert en pleine nuit pour contenter une envie. C'est vrai que t'as été malade au début et que t'as perdu beaucoup de poids mais ensuite t'avais récupérer un petit ventre tout à fait adorable et j'adorais sortir avec toi pour voir la réaction des gens lorsque tu te retournais. De dos, t'avais toujours ta taille fine mais boom, quand t'étais de profil, y avait pas de doute sur ton état actuel.

Quand j'y repense, si y a un cliché que t'as respecté à la lettre c'est les changements d'humeur. Tu n'avais pas l'air d'une hystérique et tu ne me hurlais pas dessus comme une folle mais t'étais extrêmement émotive et c'était dur à gérer parfois. Par exemple, on n'allait plus au cinéma parce que tu pleurais si facilement qu'on avait dû sortir lors d'un drame que t'avais absolument tenu à voir. J'allais faire les courses seul parce qu'en cas d'imprévu, tu te mettais à pleurer – et quand je dis imprévu, c'était si y avait plus ton chocolat préféré et que tu devais faire un choix.

Du coup, le choix de la chambre a été un peu compliqué. Tu ne savais pas si tu voulais du rose et comme je n'en voulais pas, on a mis longtemps à tomber d'accord. Toi tu trouvais que c'était vachement mignon du rose pour une fille et moi je m'évertuais à te démontrer que des trucs roses elle allait en avoir à foison et que si sa chambre l'était également, elle allait tomber en dépression – ça t'avait fait pleurer, pardonne-moi.

« Pourquoi pas jaune, alors ?, t'avais demandé.

— Bof, non. »

T'avais soupiré parce qu'après des heures de débat au milieu du bureau qui deviendrait la chambre de Marie, on n'était arrivés à rien du tout.

« Je sais !!, tu t'es soudainement écriée.

— Ah ? Dis moi.

— Bah gris ! On part sur du gris, tu vois ? Mais clair, hein. Genre gris perle. Et c'est les accessoires qu'on achète en couleur. »

J'y ai réfléchis et t'avais l'air tellement emballé que j'ai trouvé ça chouette aussi.

« On peut commencer par rose et puis changer quand on en a marre ? Hein ? Aller... Roooose, steuplais. Rose pastel c'est pour les filles et ça va avec le gris ! »

J'avais éclaté de rire avant de te voler un baiser.

« Ok, ok. Va pour les accessoires roses.

— Génial !! »

Tu souriais tellement que ça m'a surpris quand ton visage s'est transformé.

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ??

— Je crois que Marie est contente, t'as répondu en prenant ma main pour la poser sur un côté de ton ventre. Tu la sens ? »

J'ai secoué la tête parce que je ne sentais la jamais. C'était super frustrant d'ailleurs, parce que ça faisait six mois et je ne l'avais pas senti bouger une seule fois.

« Rooh aller Marie, t'avais ronchonné. Il veut bien du rose ! »

Comme par magie et pour la première fois depuis le début, j'ai senti un petit coup. Mon cœur s'est soulevé et cette fois-ci, c'est moi qui allais pleurer.

« T'as senti là, hein ? »

J'ai été incapable de répondre tellement j'étais ému ; j'ai juste hoché la tête.

« Je crois qu'elle te boudait à cause du rose..., t'as dit avec un petit air embêté. Vous êtes réconciliés maintenant. »

Tu t'es mise à rire et je t'ai volontiers suivi.

« On va déjeuner ? On ira acheter ce qu'il faut tout à l'heure ? », t'avais demandé comme si rien ne s'était passé.

Mais tu la sentais bouger depuis des mois alors que pour moi, c'était la première fois ! Je n'arrivais pas à passer à autre chose.

« Adam ?, t'as demandé avec les mains tendues pour que je t'aide à te relever.

— Désolé.

— Tu sais, même Mike Tyson il pleurerait pour ça..., t'as dit avec un petit sourire.

— Tais-toi, j'ai dit en riant. Laisse-moi être ému dans mon coin, ok ? »

T'as levé les yeux au ciel et je t'ai aidé à te mettre sur tes pieds.

« Elle va être bien ici.

— On va être bien tous les trois. », j'avais répondu.

Et j'y croyais vraiment, Alice.

On a fait l'amour cette nuit-là et t'avais pas perdu tes habitudes ; t'étais toujours dans tes pensées, blottie entre mes bras pendant que je caressais distraitement les courbes de ton corps. C'est quand j'ai levé les yeux vers toi que j'ai vu que t'étais contrariée.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Au début, t'as pas répondu. Je ne suis même pas sur que tu m'avais entendu mais t'as fini par me le dire de toute façon.

« Je ne vais pas avoir le même nom de famille que vous. »

J'avais froncé les sourcils parce que je ne comprenais pas trop.

« Comment ça ?

— Marie va prendre ton nom de famille et vous allez tous les deux vous appeler Knight. Et pas moi.

— Oh. »

Je t'avoue que je n'ai pas su comment réagir sur le coup, comment est-ce que je pouvais régler ce problème sans parler de mariage, puis je me suis rappelé le sens premier du mariage – avant la fête et tout ce qu'il y a autour aujourd'hui – et j'ai pris mon courage à deux mains pour te proposer une solution.

« Tu veux qu'on se marie ? », j'ai demandé.

Tu t'es redressée et tu t'es assise en tailleur. T'avais remis des sous-vêtements mais j'ai pas pu m'empêcher de détailler ton corps. T'étais si belle, Alice. T'avais dû prendre une taille ou deux de soutien-gorge et ça allait vraiment bien avec ton ventre rebondi.

« J'ai pas envie de faire une fête ou...

— Qui te parle de faire une fête ?, j'ai demandé alors que tu haussais les épaules. Est-ce que tu veux t'appeler Alice Knight ou pas ? »

Tu m'as regardé avec un air tellement innocent que j'ai cru fondre de l'intérieur. Tes yeux pétillaient mais t'osais pas sourire.

« Oui. », t'as répondu timidement après avoir baissé les yeux.

J'ai tendu une main vers ton visage et je t'ai obligé à me regarder.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

— Bah... j'ai toujours dit que je ne voulais pas me marier.

— Mais aujourd'hui t'as envie de porter mon nom de famille et y a pas d'autre solution.

— Oui. »

J'ai ouvert les bras et t'es venue te blottir contre moi.

« Alors qu'est-ce qu'on fait ? On va se marier ?, t'as demandé après avoir embrassé mes lèvres.

— Quand ?, j'ai rétorqué.

— Le premier rendez-vous qu'on peut avoir à l'état civil ? Je sais pas comment ça fonctionne. Mais avant que j'accouche. Puis j'ai déjà la bague, t'as ajouté avec un petit sourire. Toi aussi ! Tu vas avoir une alliance, Adam ! »

Ton excitation m'a fait sourire mais mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j'ai pas réussi à rire pour de vrai. On allait se marier et même si c'était qu'une histoire de nom de famille, ça comptait énormément pour moi. Je sais que c'était le cas pour toi aussi et que dans ta vision du mariage tu gardais uniquement le traditionnel, mais je crois que je ne t'ai jamais dit à quel point j'avais aimé ce revirement de situation. J'ai toujours cru que j'étais contre le mariage mais c'était avant que je tombe amoureux de toi.

« On est obligés d'inviter des gens ?, t'as soudain demandé.

— Deux témoins, oui.

— Oh. Jamie et Suzanne seraient d'accord tu penses ? »

Ton cerveau fonctionnait à toute allure, Alice. J'avais à peine eu le temps de digérer l'information que t'en rajoutais encore et encore.

« Oui, je pense.

— Alors on n'a besoin que d'eux. »

J'allais acquiescer mais je me suis retenu.

« Tes parents, Alice. Tu peux pas ne pas leur dire. »

T'as eu l'air embêté sur le coup, mais je savais que c'était par rapport à Annabelle, parce que t'avais pas envie qu'elle soit au courant ou qu'elle fasse un commentaire.

« Je le dirais à mon père. Il va comprendre. »

J'ai hoché la tête en silence. Je crois que t'avais eu l'intention de le lui dire mais que tu ne l'as jamais fait. Ça ne m'a pas vraiment desservi par la suite mais je n'étais plus à ça prêt à ce moment-là.

« Dommage que Marie se joigne à nous, je ne pourrais pas mettre ma robe. », t'as dit en riant.

Je t'ai regardée un moment puis, moi aussi, j'ai éclaté de rire. On ne s'arrêtait plus parce que t'es la seule personne au monde à avoir une robe de mariée pour faire du ménage et que ça ne me semble même pas étrange. Je t'aimais tellement, Alice. J'aimais ton côté lunaire, ton côté unique. Y en a qu'une comme toi et j'y arrive plus. Je ne veux pas d'une autre femme, je ne veux pas de quelqu'un d'autre. Mais les choses vont rentrer dans l'ordre bientôt. Je me demande ce que tu penses de tout ça, de la situation. Je me demande ce que tu aurais fait, toi. Je me demande pourquoi nous, pourquoi est-ce que j'en suis réduit à coucher nos souvenirs sur une lettre que je n'ai même pas pu te remettre en main propre. Peut-être que je n'aurais pas dû ressasser tout ça, mais qui l'aurait fait si ce n'était pas moi ? Qui aurait su ? Je sais, j'ai obligé à Jamie et Suzanne à ne rien dire, mais je me rends compte que je ne peux pas garder tout ça pour moi et que, de toute façon, ce que je suis en train de lire n'aura plus aucune incidence sur les choses à venir.

Jamie et Suzanne.

C'est vrai qu'ils savent, eux. On les voyait assez souvent pour qu'ils soient témoins de la force de notre amour. Eux aussi, ils me manquent. C'est un choix que j'ai fait et que je n'ai pas droit de regretter aujourd'hui mais... ils me manquent. Et je suis fier de dire qu'ils étaient témoins de notre mariage. Ils n'ont même pas été surpris quand on leur a annoncé. Ni même quand on leur a demandé de ne pas en parler.

« Ça se verra, avait dit Suzanne en désignant mon annulaire pendant qu'on discutait seul dans la cuisine.

— Les gens penseront que c'est encore une lubie d'Alice... », j'avais répondu.

Suzanne s'était mise à rire en acquiesçant.

— Si Annabelle l'apprend, elle...

— Pour qu'elle l'apprenne, faudrait encore qu'elle appelle sa sœur.

— C'est difficile pour elle, tu sais ?, elle avait tenté, comme si elle voulait apaiser les tensions.

— Si je sais ? Mais qu'est-ce qui est difficile pour elle ? De prendre son téléphone pour avoir des nouvelles de sa petite sœur enceinte jusqu'aux yeux ou d'être heureuse pour elle ? Hein ? »

Suzanne n'avait rien trouvé à répondre et j'avais serré les dents. On était obligés de chuchoter parce que Jamie et toi étaient dans la pièce d'à côté et que je ne voulais pas que ta sœur gâche cette soirée, mais je t'assure que j'avais envie de hurler.

« Deux fois Alice l'a relancé depuis son anniversaire ! Deux fois ! Et qu'est-ce qu'elle a eu en retour ? Un vulgaire "c'est moche" à l'annonce du prénom du bébé. J'ai accepté bien des choses mais je t'assure que c'est terminé. Alice a beaucoup trop souffert.

— Je sais.

— Tu sais ? Qu'est-ce que tu sais ? T'as toujours été du côté d'Anna, toi !, j'ai chuchoté avec beaucoup d'agacement.

— J'ai épousé James. Voilà ce que je sais. Alors j'ai également ta version des faits et je t'assure que je me suis disputée avec Annabelle à de nombreuses reprises. Je ne lui ai pas parlé depuis des semaines, on se voit moins depuis qu'Alice est enceinte et pas elle.

— J'espère que tu te rends compte que c'est mieux comme ça. », j'ai dit sur un ton mauvais.

Suzanne n'a pas répondu, certainement par respect pour l'amitié qu'elle pensait encore partager avec Annabelle, mais je t'assure que j'ai lu sur son visage que j'avais raison.

« Adaaam ? », t'as fini par appeler.

J'ai aidé Suzanne à ramener le plateau de fruits et je suis retourné m'asseoir à tes côtés.

« Tu faisais quoi ?, t'as demandé avec un sourire malicieux.

— Je demandais à Suzanne si elle est devenue insupportable une fois qu'elle a eu la bague au doigt.

— Hey... », t'as râlé en me bousculant.

T'avais un si joli sourire, Alice. Comme si rien ne pouvait entacher notre bonheur. Jamie a passé la soirée à me charrier à propos du mariage et on est rentrés chez nous. Cette soirée-là fait partie de toutes celles dont je n'ai qu'un vague souvenir mais dont je suis certains que nous étions pleinement heureux. On construisait doucement notre petite vie, on avait notre chez nous, on avait nos amis, et on allait bientôt avoir notre famille. Tout prenait doucement place et, à ce moment-là, j'étais profondément convaincu que rien ne pourrait jamais gâcher ça.

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