Cette fois, Harry est au rendez-vous. Après quelques jours, où j'ai passé mon temps à cogiter et me demander si j'avais fait les bons choix. Mais je ne pouvais plus revenir en arrière, j'avais répondu à l'invitation d'Harry et je ne pouvais me dégonfler au dernier moment. Ma conversation avec ma sœur m'a poussé à aller de l'avant et prendre ma vie en main, je ne peux plus fuir. Et je ne veux plus connaître ce que j'ai pu traverser dans le passé. Félicité a eu raison de me sortir de mes retranchements et de m'inciter à suivre mes propres conseils, ceux que j'ai pu lui donner.
J'ai attendu en fumant une cigarette, au parc, comme la dernière fois. Et quand Harry est arrivé, vêtu d'un pull gris et d'un jean, je l'ai trouvé plus beau que jamais. Il a retiré ses lunettes de soleil, ses boucles semblaient former un nuage de douceur autour de sa tête. Je me suis mordu la lèvre, levé du banc et il m'a accueilli avec un baiser timide sur le coin de la bouche. Son air enfantin dessiné sur son visage m'a fait craquer davantage.
Nous sommes allés nous chercher des boissons au café et nous nous sommes installés dans l'herbe, à l'abri d'un arbre feuillu. Le temps est idéal, ni trop chaud ni trop froid. Au loin, on entend des rires d'enfants, des conversations lointaines, des chants d'oiseaux. Nous avons discuté pendant de longues minutes. Harry a le dos appuyé contre le tronc de l'arbre, sa paille en carton coincée entre ses dents, alors qu'il m'écoute parler du livre qu'il m'a acheté et que j'ai lu récemment. Son sourire ne quitte pas ses lèvres, il semble heureux d'apprendre que j'ai apprécié ma découverte.
Par message, il me demande si je peux lui lire quelque chose. J'accepte immédiatement, il sort le livre que nous n'avons pas terminé la dernière fois. Mais avant que je ne puisse l'ouvrir, il se décale et me laisse la place contre le tronc. Je m'installe, je cherche la bonne page et sursaute presque en sentant un poids sur mes jambes. Lorsque je baisse les yeux, je vois Harry poser sa tête sur mes cuisses en s'allongeant sur le dos. Son regard rencontre le mien et je lui souris. Au début, je ne sais pas où poser mes doigts. Je tiens alors fermement le livre entre mes deux mains et reprends la lecture là où nous l'avions laissé.
De temps en temps, je m'autorise un regard vers Harry. Ses paupières sont fermées et il respire calmement, ses mains ramenées contre son ventre. Je crois que cette activité est devenue notre moment. Parfois, je réajuste mon dos contre le tronc, croise mes jambes pour détendre mes muscles engourdis. Mais ce n'est pas le moins du monde désagréable.
Je sais que je dois lui parler sérieusement, aborder le sujet avec lui, seulement je voudrais d'abord profiter au maximum de chacune de ces petites secondes. Au bout d'un moment, sa main chaude vient chercher l'une des miennes et il lie nos doigts avant de les poser au niveau de sa poitrine. Je sens son coeur battre et c'est la meilleure sensation au monde.
Je lui fais la lecture pendant une longue partie de notre après-midi, je crois qu'il a simplement besoin de ça. Autant que moi. Quand le livre est terminé, je le referme et le pose au sol. Dans l'herbe. Malgré cela, aucun de nous deux ne bouge. Nous restons dans cette position et rapidement mon autre main, qui n'est plus occupée, trouve son chemin entre ses boucles. Un sourire étire ses lèvres, mais il n'ouvre pas les paupières. Tandis que je commence quelques caresses, je me dis que c'est le moment, sinon je sais que je vais partir sans avoir eu le courage de lui en toucher un mot.
– Harry... ? Est-ce que je peux te parler de quelque chose d'important ?
Finalement, il ouvre les yeux et son regard tombe directement sur mon visage. Ses orbes émeraudes me scrutent, mais elles ne sont pas intimidantes. Elles sont douces et me poussent à continuer sur ma lancée. Il hoche la tête, lentement. Je souffle, glisse mes doigts contre sa joue au passage.
– Notre baiser, il... Enfin, je veux dire... je soupire et secoue la tête. Je t'apprécie beaucoup Harry, tu... Je ne vais pas te cacher que tu me plais et ces deux baisers que nous avons échangés... J'aimerais vraiment que ce ne soient pas les seuls ou les derniers. Je ne sais pas ce que tu attends de nous deux, de notre relation, mais j'adore ce qu'on partage et ce qui nous lie et... Je ne veux pas perdre ça, je ne veux pas te perdre...
Je baisse les yeux vers lui, retiens mon souffle. Je laisse un petit moment flotter pour reprendre mon souffle et mon courage. Dans mon esprit tournent encore les paroles de ma sœur auxquelles je tente de m'accrocher pour ne pas perdre espoir. Je dois saisir ma chance.
– C'est... Je ne souhaite pas gâcher notre amitié, mais je ne sais pas je me dis que si tu m'as embrassé une deuxième fois c'est que, toi aussi, tu voulais peut-être ça ?... Tu y pensais au moins. Je sais qu'on ne se connaît que depuis peu, mais je me sens réellement bien à tes côtés. Et j'aimerais que ça continue comme ça... Longtemps... Alors, je...
Mais avant que je ne puisse continuer, il gigote un peu et sors son portable de sa poche. Son autre main lâche la mienne, provisoirement, il tape un message et le mien vibre. Je le prends, lis ses mots qui s'affichent à l'écran et rougis.
D'Harry à Louis :
Est-ce que tu es en train de me demander de sortir avec toi ?
Je crois qu'il a fait cela pour m'aider à trouver mon but et ne pas m'emmêler dans des phrases interminable. Mon cœur bat la chamade d'un coup, je cesse de caresser ses cheveux mais garde mes doigts entre ses boucles brunes. Lorsque j'ose baisser les yeux vers lui, il me regarde intensément, et je hoche la tête et murmurant une réponse positive assez timide.
Sa bouche délicate s'étire en un sourire, il se redresse pour pouvoir s'asseoir face à moi. Ou presque contre moi plutôt, il se penche et me prends par surprise en glissant ses doigts sous mon menton pour m'embrasser. J'accroche les miens à ses boucles, ferme les paupières et soupire de soulagement. Je n'ai pas encore ma réponse, mais je peux facilement la deviner au goût qu'ont ses lèvres sur les miennes.
Son portable est tombé entre nous, mais il s'en fiche. Il m'embrasse plus longuement et plus tendrement encore que nos deux derniers baisers. Nous nous séparons au bout de quelques longues secondes et je reprends mon souffle contre sa bouche. Lui, il sourit et retrace la courbe de ma mâchoire du bout des doigts, puis murmure :
– J'accepte.
C'est à mon tour d'aborder un sourire immense qui me fait mal aux joues. Et de l'embrasser en retour, comme un remerciement. J'ai du mal à y croire, j'ai l'impression d'être dans une sorte de rêve et je me demande si je ne suis pas encore en train de dormir. Mais pourtant, c'est tout ce qu'il y a de plus réel. Harry me sourit et se positionne contre moi.
Et on reste comme ça pendant un moment. Aucun de nous ne dit quoi que ce soit. Il a la tête posée contre mon épaule et moi un bras passé autour de ses hanches, le tenant proche de mon corps qui ne peut plus se passer de sa chaleur.
Je lui ai proposé de passer à l'appartement, après un tour dans le parc, mais il a poliment refusé. Si je n'écoutais que moi, je passerais mes journées à ses côtés, mais je devine qu'il a d'autres choses à faire. Toutefois, avant de me laisser, il a glissé ses doigts contre ma joue et m'a embrassé le front. Un geste qui me donne encore moins envie de le quitter.
Je le regarde partir, à pieds, tourner dans une rue. Et moi, dans l'autre sens, je rejoins mon chez moi. C'est vide, je suis rempli de la présence d'Harry et un sourire extrêmement niais se dessine sur mes lèvres quand je repense à notre après-midi. Je ne prends même pas le temps d'enlever mes chaussures que je prends déjà mon portable afin de lui envoyer un message. Simplement pour le remercier du moment qu'il m'a accordé, et d'avoir accepté d'être avec moi. Mon petit ami.
Dans un soupir, je m'étale dans mon canapé et appuie sur le numéro de Zayn. Je crois qu'il est avec Maëva, mais peu importe, je suis bien trop heureux pour ne pas lui dire. Et je lui ai aussi promis qu'il serait le premier au courant. Je lui raconte d'abord la conversation avec ma sœur, Félicité, au téléphone, puis notre sortie il y a quelques minutes à peine.
– Donc, ça y est, vous êtes ensemble ?
– Oui, c'est mon petit-ami.
– Bon écoute Lou, tu vas ramener tes petites fesses à l'appartement et on va fêter ça comme il se doit.
– Quand ça ?
– Vers dix-neuf heures ? On va passer faire des courses avec Maëva, puis si tu veux invites d'autres amis !
– J'aimerais bien que ce soit simplement entre nous, d'abord.
– D'accord, je comprends. À tout à l'heure !
Nous raccrochons en même temps et je me lève afin d'aller prendre une douche et me changer. Je préfère que nous partagions avant tout un moment à trois, où je peux leur raconter certains détails, sans que tout le monde soit au courant. Je n'ai pas honte, au contraire, je suis très heureux et j'assume pleinement ma sexualité, je ne l'ai jamais caché à personne. Mais, je trouve cela un peu bizarre d'organiser une fête pour célébrer la fin de mon célibat. Un petit comité entre moi, mon meilleur ami et sa copine me paraît tout à fait convenable. Je n'ai pas besoin de plus.
Même si Zayn a sûrement déjà prévu ce qu'il faut, je viens avec un pack de bières. Je n'aime pas me présenter les mains vides. Mon meilleur ami m'accueille avec une grande embrassade et me félicité. Je sais qu'il est heureux, lui aussi, pour moi. Parce qu'il m'a vu souffrir, pleurer, me morfondre à cause de garçons qui n'en valaient pas la peine. Peut-être qu'Harry fera pareil, peut-être qu'il me brisera le cœur, peut-être que je me retrouverait en miettes, mais je ne me suis pas lancé dans une relation depuis longtemps. Et surtout, aucun homme ne semblait me plaire, suite à ma rupture. Mais Harry m'a tout de suite intrigué et charmé, parce qu'il est naturel et simple. Et je crois que c'est ce qui m'a tout de suite attiré chez lui. Presque autant que son goût pour la culture en général.
Mes deux amis m'accueillent chez Zayn avec un air heureux. Maëva me félicite et embrasse ma joue. Ils me servent une bière fraîche, je mets les miennes au réfrigérateur et nous nous installons sur le balcon. J'allume une cigarette et en tends une à Zayn, même si sa copine nous lance clairement un regard noir.
– Bon, et tu nous le présente quand, officiellement ?
– Je ne sais pas... Je ne veux pas précipiter les choses, on vient à peine de se mettre ensemble. Et je n'ai pas envie qu'il me file entre les doigts parce qu'il trouve qu'on va trop vite...
– Faudra que je lui fasse comprendre que s'il te fait mal, je vais venir après lui et hanter sa vie, lui faire la misère etc... Enfin tu sais, le discours qu'un meilleur ami doit tenir.
Nous nous mettons à rire et je lui donne un petit coup de coude, amusé par sa plaisanterie. Il dit ça sur le ton de l'amusement, mais je sais qu'au fond il le pense vraiment. Zayn veut me protéger, rencontrer Harry avant tout pour savoir si c'est un homme bien et digne de confiance. Je pense qu'à sa place, j'aurais fait la même chose. Il ne veut pas me ramasser à la petite cuillère encore une fois et, de mon côté, je ne souhaite pas lui infliger ça non plus. Il a d'autres choses à penser, à faire. Sa vie de couple, son avenir, ses études... Je ne peux pas toujours être une priorité et accaparé son attention, et son temps, avec mes histoires de cœur.
J'espère simplement que celle-là ne se terminera pas comme les autres. Ce serait dommage, parce que je pense réellement qu'Harry est un être très respectable et bon. Je ne connais pas grand chose à son sujet, seulement ce qu'il souhaite me montrer, mais je lui laisse du temps. Ce n'est pas facile d'accorder sa confiance à une autre personne, j'en ai assez souffert pour le savoir moi-même.
– Blagues à part, ce serait bien que je puisse le rencontrer. Ça a l'air d'être un gars très cool, et je veux connaître la personne qui est en train d'accaparer tout le temps de mon meilleur ami.
– Tu sais, je réponds en souriant, même si je suis en couple, ça ne nous empêchera jamais de nous voir. Ça ne va rien changer entre nous.
– Oui Louis, je n'en ai aucun doute. Mais là, je sais que c'est lui que tu as envie de voir tous les jours. J'ai connu ça aussi.
Zayn lance un regard à Maëva, elle lui offre un sourire. Ils échangent un baiser sous mon nez et je les taquine en faisant mine de vomir. Mais au fond, je sais que je vais rapidement devenir aussi insupportables qu'eux. J'ai déjà envie de revoir Harry, alors que nous nous sommes quittés il y a seulement quelques heures. Nous sommes en couple, je suppose que c'est ce que je dois ressentir. Je ne sais pas... Je n'ai pas fait cela depuis tellement longtemps, j'en ai presque perdu l'habitude.
Mais avec Harry, tout semble plus simple. Il ne se prend pas la tête, et je commence à suivre sa voie. C'est nouveau pour moi. Harry est la première personne que je laisse entrer ainsi dans ma vie depuis ma rupture, et j'ai à la fois besoin de temps et de savoir qu'il ne va pas m'abandonner.
Zayn me sort de mes pensées en tapotant gentiment mon genou. Je tourne la tête vers mes amis et leur souris. Je sais que, quoi qu'il arrive, eux seront toujours là pour moi. Comme ma famille. Je n'ai pas encore informé Félicité, du succès de ma demande, mais je compte bien le faire au téléphone une fois que je serais chez moi.
Nous passons une bonne partie de la soirée à simplement boire, parler, échanger des blagues et des conversations sur des sujets divers. Maëva part se coucher vers vingt-trois heures. Zayn me propose de me raccompagner, je secoue doucement la tête et le remercie. J'aime marcher, et je n'habite pas si loin. Il me serre dans ses bras, me dit de faire attention. Et je crois qu'il n'implique pas seulement cela pour le chemin du retour.
En rentrant, je lui envoie un message pour le rassurer. Je passe un appel à Félicité, elle semble vraiment heureuse pour moi. Je lui fais promettre de ne rien dire au reste de la famille pour le moment, je veux que ce soit annoncé de ma propre bouche. Et surtout, quand Harry et moi seront prêts à ce que ça devienne aussi officiel. Ça ne fait que quelques heures, après tout.
Juste au moment où je raccroche, mon téléphone vibre. Harry me propose de se voir après-demain, il me laisse choisir l'endroit et l'heure. Je m'endors, un sourire aux lèvres.