Chapitre dix-huit :

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           Je n'aurais pas pensé que les choses tourneraient mal aussi rapidement. Mais, à vrai dire, je n'aurais jamais pu le deviner non plus. Ce sont des événements qui arrivent, soudainement, et que personne ne peut prédire ou contrôler. Pourtant, j'aurais voulu faire quelque chose, ne pas laisser le bonheur filer entre mes mains, impuissant.

Harry et moi étions ensemble depuis trois semaines, j'étais vraiment sur un nuage. J'étais heureux, et j'avais l'impression que nous l'étions tous les deux. Rien n'avait réellement changé dans notre relation, elle était comme avant. Si ce n'est les baisers et les caresses en plus. Les sourires qu'il m'offrait, les baisers qui devenaient un peu plus longs et intenses à chaque fois, ses mains sur mes hanches, ses doigts contre ma nuque ou dans mes cheveux, sa façon si intimidante de me regarder parfois où il se contentait juste de me fixer avec des yeux émerveillés et brillants. Je devais agir de la même manière, parce que ses joues prenaient une couleur rosée et il se mettait à sourire plus encore. Ce genre de sourire qui fait battre mon cœur plus vite, celui qui dévoile ses fossettes.

Zayn m'avait prévenu, de faire attention, de ne pas trop idéaliser, de rester sur mes gardes. Il me connaît, mieux que moi-même parfois. Il sait ce que j'ai traversé, les risques et les blessures qui cicatrisent doucement. Mais je n'ai rien pu y faire. L'amour rend aveugle, et je ne peux pas voir si mes sentiments m'en empêchent.

Comme dans chaque couple, je m'attendais à ce qu'il y ait des conflits. Malgré tout, depuis que j'ai fais sa connaissance, Harry a toujours été doux, gentil, poli et compréhensif. Si quelque chose le dérangeait ou le gênait, il me le faisait savoir. Pas toujours volontairement, mais un regard me suffisait pour comprendre si quelque chose ne lui convenait pas. Cette fois là, je n'ai pas su, et j'aurais dû. J'aurais dû savoir. J'aurais dû apercevoir les signes.

Tout ce que je voudrais, c'est comprendre. Avoir des réponses. Il ne peut pas tout me dire, tout m'expliquer en une seule fois, je le sais, mais il peut me rassurer et m'aider à y voir clair. Il n'a pas le droit de me laisser dans le vide comme ça. Comme si je n'existais soudainement plus. Comme si ma vie n'avait plus d'importance. Comme si je n'étais plus personne. Il n'a pas le droit de disparaître, sans me laisser d'explications, et revenir quelques jours plus tard l'air de rien. Parce que c'est ainsi qu'il fonctionne, Harry, mais je ne l'ai pas compris tout de suite. Je ne le savais pas, à vrai dire. Ça aussi, j'aurais dû.

Et c'est difficile de se disputer avec une personne qui reste prostré dans un mutisme presque permanent. Une personne qui n'ose et ne veut pas parler. Je le comprends, il a ses raisons, je ne peux pas le pousser à faire de longues tirades s'il n'en a pas envie. Mais, quand les mots ne sont plus présents, il n'y a plus que le silence. Pesant et interminable. Les minutes me paraissent des heures et les heures des jours. Je reste le regard fixé sur mon téléphone, j'attends un signe, un message, quelque chose qui mettrait fin à cette torture. Les tics-tacs de l'horloge du salon me montent à la tête, je ne les supporte plus. Chaque seconde m'éloigne un peu plus d'Harry. Et ça m'effraie, parce que je suis définitivement trop attaché à lui.

Je ne sais pas réellement si c'est de ma faute ou de la sienne, je pense que nous avons tous les deux notre part à jouer. Mais, je m'en veux. Atrocement. Et ça me fait tellement mal que j'en pleure. Je ne pense qu'à ça, qu'à lui, je ne veux plus sortir tant que je ne l'ai pas vu, tant que je n'ai pas des explications et une conversation sérieuse avec lui. Honnêtement, ça me fait affreusement peur. Qu'il veuille que notre relation prenne fin, que je disparaisse de sa vie, alors que je l'ai laissé entrer dans la mienne. Entièrement.

Nous sommes chez moi, dans mon canapé. Il lit un livre, allongé sur le dos et la tête reposant sur mes cuisses. Je joue à la console sur ma télévision. Tout est normal et calme. Nous venons de manger un délicieux repas végétarien qu'il m'a aidé à préparer. Presque brûlé, car nous étions trop occupés à nous embrasser plutôt que de surveiller la cuisson. Le pire a été évité. J'ai ouvert une bouteille de vin et il a levé les yeux au ciel en souriant.

Le carnet || Larry.Where stories live. Discover now