Chapitre dix-sept :

2.6K 206 59
                                    

                   Cette fois, Harry est au rendez-vous. Après quelques jours, où j'ai passé mon temps à cogiter et me demander si j'avais fait les bons choix. Mais je ne pouvais plus revenir en arrière, j'avais répondu à l'invitation d'Harry et je ne pouvais me dégonfler au dernier moment. Ma conversation avec ma sœur m'a poussé à aller de l'avant et prendre ma vie en main, je ne peux plus fuir. Et je ne veux plus connaître ce que j'ai pu traverser dans le passé. Félicité a eu raison de me sortir de mes retranchements et de m'inciter à suivre mes propres conseils, ceux que j'ai pu lui donner.

J'ai attendu en fumant une cigarette, au parc, comme la dernière fois. Et quand Harry est arrivé, vêtu d'un pull gris et d'un jean, je l'ai trouvé plus beau que jamais. Il a retiré ses lunettes de soleil, ses boucles semblaient former un nuage de douceur autour de sa tête. Je me suis mordu la lèvre, levé du banc et il m'a accueilli avec un baiser timide sur le coin de la bouche. Son air enfantin dessiné sur son visage m'a fait craquer davantage.

Nous sommes allés nous chercher des boissons au café et nous nous sommes installés dans l'herbe, à l'abri d'un arbre feuillu. Le temps est idéal, ni trop chaud ni trop froid. Au loin, on entend des rires d'enfants, des conversations lointaines, des chants d'oiseaux. Nous avons discuté pendant de longues minutes. Harry a le dos appuyé contre le tronc de l'arbre, sa paille en carton coincée entre ses dents, alors qu'il m'écoute parler du livre qu'il m'a acheté et que j'ai lu récemment. Son sourire ne quitte pas ses lèvres, il semble heureux d'apprendre que j'ai apprécié ma découverte.

Par message, il me demande si je peux lui lire quelque chose. J'accepte immédiatement, il sort le livre que nous n'avons pas terminé la dernière fois. Mais avant que je ne puisse l'ouvrir, il se décale et me laisse la place contre le tronc. Je m'installe, je cherche la bonne page et sursaute presque en sentant un poids sur mes jambes. Lorsque je baisse les yeux, je vois Harry poser sa tête sur mes cuisses en s'allongeant sur le dos. Son regard rencontre le mien et je lui souris. Au début, je ne sais pas où poser mes doigts. Je tiens alors fermement le livre entre mes deux mains et reprends la lecture là où nous l'avions laissé.

De temps en temps, je m'autorise un regard vers Harry. Ses paupières sont fermées et il respire calmement, ses mains ramenées contre son ventre. Je crois que cette activité est devenue notre moment. Parfois, je réajuste mon dos contre le tronc, croise mes jambes pour détendre mes muscles engourdis. Mais ce n'est pas le moins du monde désagréable.

Je sais que je dois lui parler sérieusement, aborder le sujet avec lui, seulement je voudrais d'abord profiter au maximum de chacune de ces petites secondes. Au bout d'un moment, sa main chaude vient chercher l'une des miennes et il lie nos doigts avant de les poser au niveau de sa poitrine. Je sens son coeur battre et c'est la meilleure sensation au monde.

Je lui fais la lecture pendant une longue partie de notre après-midi, je crois qu'il a simplement besoin de ça. Autant que moi. Quand le livre est terminé, je le referme et le pose au sol. Dans l'herbe. Malgré cela, aucun de nous deux ne bouge. Nous restons dans cette position et rapidement mon autre main, qui n'est plus occupée, trouve son chemin entre ses boucles. Un sourire étire ses lèvres, mais il n'ouvre pas les paupières. Tandis que je commence quelques caresses, je me dis que c'est le moment, sinon je sais que je vais partir sans avoir eu le courage de lui en toucher un mot.

– Harry... ? Est-ce que je peux te parler de quelque chose d'important ?

Finalement, il ouvre les yeux et son regard tombe directement sur mon visage. Ses orbes émeraudes me scrutent, mais elles ne sont pas intimidantes. Elles sont douces et me poussent à continuer sur ma lancée. Il hoche la tête, lentement. Je souffle, glisse mes doigts contre sa joue au passage.

Le carnet || Larry.Where stories live. Discover now