Chapitre dix :

3K 219 34
                                    

                        Épuisé, je décide de rester chez moi aujourd'hui. J'ai passé toute la soirée, et une bonne partie de la nuit, à parler avec Harry par messages. Vers vingt et une heures, il m'a demandé mon avis sur le livre qu'il m'avait acheté. Je lui avais proposé de l'appeler afin de lui expliquer plus en détail mon ressenti, mais il m'a répondu qu'il préférait me répondre et participer aussi à la conversation. Par appel, il n'aurait pas eu le courage de le faire.

Alors, on a échangé de nombreux messages. On a commencé par parler du livre et on a ensuite abordé la visite au musée. J'ai pu en apprendre un peu plus sur lui, cette nuit. Il m'a parlé de son intérêt pour l'art et du fait qu'il a l'habitude de se rendre souvent à cette exposition en particulier. Il me fait part de son admiration pour La Vague, cet immense tableau que nous avons pu voir à la fin du parcours, et qu'il aime déambuler dans le musée en écoutant les commentaires des spécialistes. Mais des fois, il m'a avoué simplement y faire un tour avec de la musique dans les oreilles.

Et on s'est souhaité bonne nuit, à quasiment trois heures du matin, avant de s'endormir en même temps. Résultat, il est plus de treize heures quand je me lève. Zayn m'a envoyé un message en fin de matinée pour savoir si on se voyait, je lui réponds seulement maintenant de venir à l'appartement.

Le temps de me faire un café, de passer sous la douche et il sonne alors que je termine d'enfiler mon jogging. Encore torse nu, légèrement mouillé, je vais lui ouvrir et son regard ne manque pas de remarquer mon air fatigué.

– Toi, tu viens de te lever.

– Bonjour à toi aussi Zayn.

Je me recule et le laisse entrer, il ferme la porte et je vais attraper un tee-shirt dans ma chambre pour le mettre sur le dos. Tandis que mon meilleur ami se pose dans le canapé, je lui sers une tasse de café et je me prépare de quoi manger. Je fais cuire mon omelette et Zayn allume le petit écran plat que ma mère m'a gentiment offert pour mon emménagement. Ici, c'est un peu comme chez lui aussi. Je mets à l'aise à son appartement et il fait la même chose au mien.

Quand mon repas est cuit, je viens m'assoir à ses côtés et il tourne son regard vers moi. L'émission diffusée crée un fond sonore, mais ne nous empêche pas de parler. Je lui donne des nouvelles de ma famille, il me raconte que son micro-ondes a cessé de fonctionner ce matin et qu'il ne verra pas Maëva avant Vendredi prochain parce qu'elle est en vacances avec ses parents. Puis, inévitablement, le sujet arrive. Celui qui attire le plus son attention et qu'il se retient de mentionner depuis quelques jours, depuis qu'il a vu mon air encore endormi quand je lui ai ouvert la porte. Zayn me connaît, il sait que je suis assez matinal et que je n'aime pas rester la moitié de la journée à ne rien faire.

– Alors, tu as fait des folies hier soir, cette nuit...?

Un grognement sort de ma bouche tandis que je mange un bout de mon omelette. Je sais que, un moment où un autre, je vais bien devoir affronter ses questions et la réalité. Harry ne peut pas rester ni un secret ni un rêve égoïste. Puis Zayn va finir par se rendre compte de quelque chose, ou va se sentir blessé que je l'ai laissé dans l'ignorance. De toute manière, je ne peux rien lui cacher bien longtemps.

Il m'observe et je joue du bout de la fourchette avec un morceau de pomme de terre. En réalité, je ne sais pas comment aborder Harry. On s'est vu trois fois, on s'échange des messages, on s'est appelés une fois, mais j'ai encore l'impression que c'est un inconnu. J'ai déjà lu qu'il fallait une vie entière pour apprendre à connaître une personne, mais à part Zayn et ma famille, je n'ai personne qui est resté aussi longtemps dans mon existence. La solitude n'est pourtant pas un problème pour moi, je sais m'accommoder au silence, je sais m'enfermer et combler le trou à mes côtés dans les livres.

Le carnet || Larry.Where stories live. Discover now