Dans la tourmente

By Eldar-Melda

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Fanfiction inspirée du manga Viewfinder de Yamane Ayano Après avoir quitté Asami pendant près de dix ans, Ak... More

Un nouveau départ
Dix ans après
Retrouvailles
Flammes dans la nuit
Nocturnes
Visites de courtoisie
Rancoeur et blessures
Une belle soirée
Menaces
Douces apparences
En proie au doute
Dans l'intimité de la nuit
Décisions et révélations
Conspiration
Discussion intense
Première confrontation
La tension monte
Colère et frayeur
Juste un dernier réglage
Pris au piège
La bataille commence
Contre la montre
Dernier sang
Le repos des guerriers
Joie et déchéance
Enfin le calme
Epilogue

Mascarade

94 4 54
By Eldar-Melda


Avertissements : De l'action, un soupçon de violence, une messe noire ! 

Kirishima chuchota quelques mots  à l'oreille Asami, quelqu'un lui avait envoyé un message concernant Yamato, ils avaient localisé l'homme grâce à son smartphone. Il ne restait plus qu'à le tracer par GPS. Kirishima admira profondément son patron pour le coup, il avait fait tenir Yamato pendant plus de dix minutes ne se doutant pas que son adversaire avait pris les devants. Asami suivit Kirishima dans une salle voisine, laissant Raibaru seul et abandonné de tous.

- Que fait-on de lui ?

Asami n'eut pas besoin de se retourner pour savoir de qui son secrétaire pouvait bien parler. Il poursuivit sa route devant une porte métallique cachant un matériel informatique de pointe.

- On s'en tient au plan. Il ne nous sert plus à rien. Demain, on parlera de la mort de Raibaru comme d'une délivrance.

Kirishima s'inclina prestement devant Asami, et prit un chemin différent, il savait ce qu'il devait faire. Suoh et lui avaient tout préparé pour cet événement. Ils allaient enfin avoir leur revanche. Raibaru les avait filés toute une nuit avant de se retrouver devant un entrepôt. En plus, il avait tout fait pour se faire remarquer par les hommes d'Asami, le toupet. Contrairement à Takaba, Raibaru tenait absolument à se faire voir. C'était vraiment agaçant. Ils avaient vécu cet affront quand Takaba avait été enlevé par Feilong alors que leur patron commençait à peine à réaliser ses sentiments pour le blond.

- Parfait.

Il décrocha son téléphone :

- Suoh ? C'est le moment.

Il vit presque l'autre sourire à l'autre bout de la ligne, les deux hommes travaillant ensemble depuis plus de vingt ans, ils avaient atteint une certaine synchronisation dans leurs pensées et leurs mouvements.

- Parfait. On peut enfin se débarrasser de ce gêneur ambulant.

Suoh le rejoignit quelques minutes plus tard dans la cellule de Raibaru, qui dégoulinait de sang par tous les pores de sa peau. Il était une réelle immondice à regarder. Asami n'y était pas allé de main morte avec le rival de Takaba, cependant ce n'étaient pas Kirishima et Suoh qui allaient s'en plaindre, bien au contraire. Ils avaient très vite appris à adorer Takaba et à haïr profondément Raibaru. Des deux journalistes, celui qui en valait vraiment la peine, du moins aux yeux de leur patron, c'était Takaba. Au moins lui ne cherchait pas à obtenir ses faveurs !

- Qu'allez-vous me faire ?

Kirishima et Suoh se regardèrent comme si Raibaru était devenu dément au contact d'Asami, décidément, il n'était pas de la trempe de Takaba. Akihito se doutait de suite que quelque chose ne tournait pas rond dès le départ,  Raibaru en revanche semblait autrement moins perceptif que le blond. Le blond avait tout de suite su ce qu'il risquait  entre les mains d'Asami  pourtant Raibaru s'attendait à être pris dans ses bras. Quelle naïveté et pourtant Takaba avait été candide à une époque.

- Tais-toi.

Les chaînes qui retenaient Raibaru tombèrent à terre et lui aussi, Asami n'avait pas demandé à ce qu'ils soient doux avec Raibaru, alors ils n'allaient pas se priver du tout. De plus, au vu du sort qu'Asami réservait à ce journaliste de pacotille, pas la peine de se ménager. Aussi, ils le prirent par la taille et le transportèrent vers une voiture garée non loin. Ils emmenèrent Raibaru vers la côte, portèrent verre à ses lèvres, il était incapable de résister dans son état et celui-ci tomba inconscient sur la banquette arrière.

Alors ils sortirent de la voiture, côté route, sans laisser de traces dans le véhicule, cheveux ou autres, et prirent le corps de Raibaru. Ils positionnèrent Raibaru sur le siège conducteur et démarrèrent le moteur, enclenchèrent une vitesse, fermèrent la portière, et regardèrent la voiture se crasher au bas de la falaise.

- Il est certainement mort sur le coup, rentrons.

Un autre véhicule les avait suivis et les ramena vers l'antre d'Asami qui les attendait de pied ferme pour la suite des opérations. Ils étaient enfin débarrassés d'un poids.

XOXOX

- Alors ?

Kirishima et Suoh pénétrèrent la place forte construite par Asami au fil du temps, jamais Akihito ne l'avait vue, il en avait juste entendu parler. Pendant ces dix ans, Asami n'était pas resté inactif, il voulait être prêt pour le retour de son amant, l'amour de sa vie. C'était une tâche qui lui avait permis de se vider l'esprit, de déverser son trop plein d'émotions autre part. Il avait consacré tout ses plages horaires libres à l'édification de sa demeure, à son déménagement, à quelque chose qui pourrait lui permettre de protéger tout le temps l'homme de sa vie, et maintenant, il pouvait enfin mettre en oeuvre tout ce qu'il avait bâti au cours de ces années.

- C'est fait, il ne parlera plus.

Asami appuya sur une touche de son clavier, l'écran géant fixé au mur fut révélé, une carte du Japon s'afficha, et Asami zooma sur la zone de Tokyo. Il était sûr que le plan ne se passerait pas comme prévu ce soir. Comme à chaque fois avec Akihito. Certes il était toujours plus inventif, mais il oubliait souvent certains détails. Ce que cette soirée prouvait une fois de plus !

- Au fait, avez-vous des nouvelles d'Akihito ?

Il se retourna encore une fois :

- Amenez Serguei, ça l'intéressera sans doute.

Le Russe apparut quelques minutes plus tard, plus dubitatif que jamais, Asami n'accordait décidément pas sa confiance comme ça. Au contraire, c'était un homme qu'il fallait conquérir d'abord par un lourd labeur avant de pouvoir rentrer dans son cercle, et encore il devrait travailler davantage pour figurer parmi les têtes pensantes comme Kirishima ou Suoh. Asami ne choisissait que ceux qui avaient prouvé leur loyauté à plusieurs reprises, personne d'autre pour diriger certaines opérations. Il lui permettait d'être en ses lieux en raison de sa connexion avec Akihito. Autrement, il ne lui accorderait pas le moindre regard.

- Bonsoir Asami, je me demandais quand vous daigneriez m'appeler.

Asami se retourna vers l'autre :

- Soyez ravi que je vous autorise à pénétrer ces lieux. C'est un privilège rare.

Serguei s'assit sur un fauteuil en cuir derrière Asami, conscient que l'homme ne voulait pas vraiment être en contact avec qui que ce soit pour la suite. Cet homme était un traqueur et avait besoin d'un certain espace pour évoluer, il prenait ses aises uniquement quand on le laissait dominer les lieux.

Kirishima se plaça juste à côté de son supérieur.

XOXOX

Akihito attendait sagement sur son siège inconfortable de fourgon, il essaya de trouver une position plus agréable pour son corps, or il faisait partie des prisonniers et dans ce cas on n'avait pas vraiment droit à la parole. Au contraire, leurs faits ne leur permettaient pas vraiment de choisir dans quelles conditions ils allaient être logés. Il zyeuta une gourde d'eau accrochée à la ceinture d'un de ses gardes mais n'osa pas demander s'il pouvait en prendre une gorgée. De toutes façons, il était baillônné ! 

- Ne fais pas le malin.

Le militaire avait sans doute remarqué son petit jeu de regard, ils n'étaient clairement pas comme les hommes d'Arbatov autrement moins observateurs. Les gens du mafieux russe avaient été bernés les uns après les autres pendant leur traque du traître. Akihito s'était beaucoup amusé à brouiller les pistes, s'ils avaient été autrement plus intelligents, ils auraient tout de suite compris son petit jeu. Et il se serait retrouvé dans la Moskova.

- Ne vous inquiétez pas pour ça, messieurs.

C'est ce qu'Akihito aurait pu dire si on ne lui avait pas muselé la bouche. Parce qu'en plus il ne pouvait pas exprimer oralement ce qu'il voulait, il fallait qu'il se fasse comprendre par des gestes alors hélas ses mouvements seraient mal interprétés.

Cependant, une grande secousse bouscula le fourgon, et tout le monde fut projeté de l'autre côté du véhicule, à part Akihito qui était toujours attaché à son siège. Les chaînes lui lacérèrent les poings et sa respiration fut coupée. Il crut un moment qu'Arbatov lui avait à nouveau flanqué un coup violent dans le ventre.

Des cris à l'extérieur, des coups de feu, des personnes qui martelaient le macadam, des gens qui tentaient de se défendre sans doute, Akihito avait l'impression de se retrouver en plein attentat. Peut-être était-ce le cas ? Mais il n'entendait pas de détonations à l'extérieur. Au contraire, il reconnut le langage russe parmi les voix qui hurlaient.

- Des Russes, ici ?

Akihito pensait que son esprit lui jouait des tours. Serguei n'aurait jamais commis l'imprudence de s'en prendre ouvertement aux forces de l'ordre, Akihito n'avait pas demandé de l'aide de ses amis russes, et de toute façon, ils étaient tous représentants de l'ordre, mais qui ? Alors qui ? Qui pouvait oser s'en prendre aux forces de police ?

- Его надо освободить... (1)

Pardon ?

Lui ?

Le libérer ?

Non c'était la dernière chose à faire certainement. On allait définitivement croire qu'il avait des alliés plus que douteux... Et si... Et si... c'était le but de la manoeuvre pour le discréditer encore plus ? Et si... C'était une mise en scène pour autre chose ? Et si... Quelqu'un prenait des photos pendant ce temps là ? Le coeur du journaliste battait la chamade dans sa poitrine.

- Что вы стоите ! Действуйте ! (2)

Toujours du Russe.

Encore du Russe.

- то наш друг ! (3)

Quoi ?

- Его надо отпустить ! (4)

Mais qui pouvait bien être assez dingue pour le libérer ?

Alors on ouvrit grand la porte de la camionnette ; les soldats réagirent aussitôt et tirèrent tout de suite. Le feu fut nourri, cependant le feu n'atteignait pas du tout les autres. Au contraire, les Russes avançaient toujours plus. Les policiers japonais tombaient sous les coups les uns après les autres... Bientôt, il ne resta plus qu'Akihito dans sa cage. Il sentit des bras le prendre vers l'extérieur, il se débattit, ayant compris le but de l'opération.

Pour qu'il se calme, on le drogua.

XOXOX

- Il se réveille ?

La voix de cet homme était beaucoup trop familière pour Akihito. Il l'avait entendue dans ses cauchemars, dans ses rêves les plus sordides, dans ses moments de solitude, quand il se réveillait en sursaut la nuit, malgré la présence réconfortante d'Asami dans son lit.

- Non pas encore.

Cette autre voix qu'il avait souvent entendue récemment, cette tonalité faussement réconfortante, cette langue traîtresse, ce son qui avait raconté de beaux mensonges à ses oreilles. Qu'il regrettait d'avoir entendu ses conseils maintenant !

- Dommage.

Akihito entendit le bruit de pas se rapprochant, des pas qui évoquaient ceux des prédateurs. Akihito sentit un souffle chaud sur sa nuque. Des gouttes d'eau. Et il ouvrit définitivement les yeux. Pour faire face au visage intact d'Arbatov.

- J'ai utilisé une de tes tactiques jeune imbécile.

Arbatov assena un coup de pied à la tête encore tourbillonnante d'Akihito qui faillit perdre connaissance. Cependant une voix réussit à le tenir réveillé, une seule, cette langue aussi il l'avait entendue, mais c'était surtout vis-à-vis d'Asami.

- Attention, n'abîmons pas trop son visage, je veux qu'Asami le reconnaisse. Je veux voir sa colère.

Arbatov se dirigea vers cette voix et Akihito entendit le bruit d'un baiser langoureux. Yamato était l'amant d'Arbatov, grâce à Mitarai, il avait obtenu cette information. Maintenant restait à savoir si Arbatov jouait avec l'homme ou s'il était tout simplement amoureux de lui. Akihito pourrait sans doute utiliser cet atout à son avantage.

- Ne t'inquiète pas pour ça : tu auras enfin ce que tu veux, mon amour.

Quelqu'un se racla la gorge histoire de couper cours aux échanges des deux tourtereaux. Or  Akihito aurait eu plus de temps à formuler un plan dans sa tête. Il lui fallait absolument une idée pour se libérer de cet endroit maudit. Une odeur putride envahissait tout ce qui rendait l'air irrespirable, Akihito suffoquait presque dans cet environnement. Sans doute l'endroit qui servait aux rituels de Kage et d'Arbatov.

- Concentrons-nous sur la cérémonie.

Kage, Akihito ne l'avait plus revu depuis sa démission, Kage qui avait savamment manipulé Raibaru, et tous les autres dans le but de priver Akihito d'alliés au sein même du journal. La mise en scène dans son appartement n'était qu'un leurre.

- Kage, souffla-t-il.

La voix d'Akihito n'était qu'un murmure, sa gorge était sèche, beaucoup trop sèche, les fumées qui entouraient son corps semblaient en aspirer toute l'humidité. Si seulement il pouvait avoir une gorgée d'eau. Sauf qu'il savait très bien que ses gardes ne le laisseraient pas boire du tout.

- Oui ?

Arbatov partit d'un rire dément :

- La vermine demande à parler !

Kage s'avança tout de même, cependant son regard n'était pas amical du tout, au contraire, aucune émotion ne transpirait de son visage ni de ses yeux. C'était le regard le plus vide qu'Akihito avait jamais observé. Pire qu'Arbatov sous l'effet de la colère froide et glaciale. L'homme le toisa de toute sa hauteur quand ses pieds furent à côté de sa tête.

- Votre appartement, un coup de théâtre ?

Kage émit un rictus plus que méprisant :

- Certes, je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on implique ma famille dans cette machination, or Arbatov insisté qu'on l'utilise pour parvenir à son but à lui. Il fallait détourner votre regard de mes activités.

Akihito fronça des sourcils :

- Vous ne voyez donc pas ? Vous êtes définitivement stupide. Vous êtes un fouineur, un journaliste, je vous ai épié à faire des recherches sur les différents employés de Raibaru. Vous aviez vu juste : quelqu'un à l'intérieur donnait des informations à Raibaru. Le plus drôle dans tout ça c'est que Raibaru ne se doutait même pas de la provenance de sa source. Au contraire, il était même ravi de pouvoir vous descendre chaque jour davantage.

Il marqua une pause dans son discours. Il était vraiment ravi de l'effet de ses mots sur Akihito, or Akihito voulait gagner du temps, il savait qu'Asami devait être en route. Il ne serait plus très long, il n'était jamais très tardif. Asami savait toujours comment trouver Akihito, peu importait l'endroit.

- En fait, je n'ai fait qu'office de messager tout au long de cette histoire, entre Arbatov et les autres. Même si Mikhaïl a préféré se montrer à Yamato, le trouvant singulièrement intéressant à ses yeux. C'était certes imprudent, pourtant c'était nécessaire à la réussite de notre plan. N'est-ce pas Mikhaïl ?

Arbatov passa un bras derrière la taille de Yamato qui se colla tout contre lui, Akihito n'aimait vraiment pas cette vision, si seulement il pouvait casser un petit peu le lien entre ces deux-là. Ou plutôt défaire l'emprise d'Arbatov sur Yamato. Selon toute vraisemblance, Arbatov l'utilisait pour parvenir à ses fins. Impossible autrement selon le journaliste.

- Allons, allons, laissons Yamato tranquille, veux-tu ?

Alors Arbatov et Yamato se séparèrent doucement, sachant que le temps de la discussion était terminé, il fallait faire vite, très vite. La mort de Takaba Akihito devait la faire la une des journaux le lendemain matin ! Kage utiliserait ses connexions dans le monde journalistique pour faire parvenir la nouvelle au plus vite. Il simulerait un contact, une information.

- Au fait, je ne vous ai pas dit une chose, Takaba, Raibaru avait désigné un successeur à votre  poste, ce successeur, c'est moi.

Le coeur d'Akihito sembla sombrer dans sa poitrine. Comme si la nouvelle de la traîtrise de Kage n'était pas suffisante, il fallait ajouter encore plus de problèmes. Kage n'allait pas vraiment permettre qu'Akihito s'en sorte aux yeux de l'opinion publique.

- Kage, encore une question, qu'avez-vous dit à Raibaru ?

Kage sourit diaboliquement :

- Rien du tout. Il est complètement dans le noir à propos des relations que j'entretiens avec Arbatov. Il aurait adoré être celui qui l'arrêterait, il aurait adoré être celui qui prendrait le cliché final, la photo qu'il aurait envoyée aux forces de l'ordre. Il aurait fait le tour des plateaux télévisés dans tout le pays et cette image lui aurait apporté tout le soutien des politiques qu'il voulait. Il aurait mené sa carrière ministérielle. Or il n'est plus de ce monde. Je suis sûr que votre amant s'en est chargé ce soir. Dommage... Pour lui. Bien entendu. 

Il marqua une pose théâtrale :

- Mais pas pour moi.

Akihito sembla enfin comprendre pourquoi Ryûichi avait tellement tenu à rester en arrière, il avait senti le coup fourré dès le départ. Raibaru devait être au courant que le journaliste ne serait pas présent ce soir-là, il en aurait profité. Pour prendre de force Asami au lit. Mais Akihito était certain d'une chose, qu'Asami ne choisirait jamais quelqu'un d'autre que lui-même. Toutes les paroles rassurantes que l'homme avait murmurées au cours de ces dernières semaines étaient plus que révélatrices sur les sentiments de l'homme.

- Et ensuite ?

Kage se tourna vivement vers le journaliste prostré à terre, seulement vêtu de son caleçon, entièrement ligoté, un spectacle bien pitoyable. Et dire qu'il avait été un grand journaliste. Quelle honte !

- Quoi ensuite ?

Akihito gagnait du temps, juste du temps, il savait très bien pourquoi Arbatov l'avait amené ici, pour le tuer une bonne fois pour toutes ! L'offrir à Satan.

- Arbatov et vous ?

Kage fronça des sourcils, pourquoi poser une telle question ?

- Oui ?

Akihito sourit doucement rien qu'à l'idée d'imaginer la fureur de Kage lorsqu'il lui demanderait ce qu'il avait en tête, personne n'aimait qu'on pose cette question-là.

- Que va-t-il advenir de vous ? Que va-t-il faire de vous ? Que se passera-t-il ? Va-t-il vous éliminer comme on élimine un vieux jouet rayé et rouillé qui ne vous amuse plus ?

Kage envoya un coup de pied violent dans le ventre d'Akihito pour qu'il se taise et fasse silence. Arbatov et lui avaient coopéré pendant plus de cinq ans après sa sortie de prison, période  pendant laquelle Kage avait travaillé sur Raibaru, un temps nécessaire pour préparer le terrain pour Arbatov, tout ça  pour préparer le piège destiné à Takaba. Il avait lancé une simple phrase,  à voix haute  de façon anodine devant la télévision de la salle de conférence, il avait émis l'hypothèse que Takaba pourrait travailler pour le journal. Bien entendu, Raibaru avait tout de suite dit que le journal pourrait très bien prendre Takaba. Il avait envoyé un appel sur le portable du journaliste et avait fait comme si l'idée venait de lui. Naturellement, Raibaru avait placé Takaba dans le même service que Kage. C'était de suite autrement plus facile pour Kage de tirer les ficelles dans l'ombre.

- Imbécile ! Tu parles de choses dont tu ne sais rien !

Cet assaut avait été suffisamment fort pour qu'Akihito crache encore un peu de sang, à la fin de la nuit, il aurait l'estomac complètement détruit.

- Allons, ne le déchire pas trop, Kage, je crois qu'on ne pourra pas effectuer la messe noire correctement. Je croyais qu'il fallait un corps sain pour que le Seigneur soit content ?

Arbatov ne faisait que jouer avec les croyances aveugles de Kage ? Arbatov l'avait-il aussi manipulé en prison ? Sa conversion était-elle simplement une diversion ? Une tentative pour mener à bien son projet ?

- Mikhaïl, tu sais aussi bien que moi que le Maître apprécie toutes les proies quelles qu'elles soient.

Arbatov fit mine d'être surpris, Akihito lui reconnaissait bien ceci : Arbatov avait un don pour le jeu, pour porter un masque sans en avoir l'air. Il était un excellent meneur d'homme pour ces raisons. Il était autrement plus redoutable que Feilong, et pourtant Feilong était quelqu'un qui était du même niveau qu'Arbatov dans le monde de la pègre, c'était dire !

- Désolé, j'avais oublié.

Kage afficha un doux sourire :

- Tu as de la chance que Satan adore tous les sacrifices. Tu devrais revoir ce que je t'ai enseigné.

Kage prit un coffret posé sur une table non loin de la pierre où était attaché Akihito, ce dernier n'avait aucun doute sur le contenu de la cassette. Il pouvait voir clairement une doublure de soie rouge sang, Kage plongea ses mains dans la petite valise et en sortit un poignard sombre à la lame de la même couleur et en forme de s. Kage se taillada les bras avant de commencer la séance, faisant couler du sang sur le corps d'Akihito dont les mains avaient trouvé un petit morceau de verre.

- L'offrande a été bénie, nous pouvons commencer. Mikhaïl, le cadeau que tu fais au Maître est juste inestimabe. Il t'en sera redevable.

Arbatov s'inclina devant Kage. Cependant quand ce dernier eut le dos tourné, Akihito eut la confirmation de ses doutes lorsqu'Arbatov sourit de toutes ses dents. Il regardait Kage comme s'il était simplement un de ses suiveurs. Akihito l'avait vu observer les gens de cette façon et il en avait presque vomi.

- Je crois bien, Kage.

Et comment Yamato pouvait-il accepter de voir une telle scène ? Comment admettait-il de le laisser mourir ? Ca n'avait aucun sens ! Il était représentant de la loi et il embrassait à pleine bouche Arbatov ? Il détestait Ryûichi tellement que cela ? Mais comment ? Comment en arrivait-on  là ? Arbatov l'avait bien utilisé jusqu'au bout.

- Je pense que le Maître se réjouira de voir l'autre offrande que tu lui promets cette nuit, Mikhaïl. Deux mets de choix pour lui.

Alors Kage se mit debout devant Akihito qui ne bougea plus du tout sur le coup, sentant le poignard percer sa chair. L'officiant ferma les yeux, psalmodiant une prière en latin, langue qu'Akihito n'avait jamais apprise, or il ne fallait pas être un génie pour comprendre le sens des paroles. Pendant ce temps, Akihito avait réussi à se défaire de ses liens, mais mimait toujours la position de quelqu'un ligoté fermement. Il attendait le bon moment.

- Satan, permets-moi, ton humble serviteur, de t'offrir ce premier cadeau en cette nuit.

Alors Kage baissa le couteau en direction du coeur d'Akihito cependant, ce dernier pivota sur son autel et flanqua un bon coup de pied à Kage en pleine face. Ce dernier tomba à la renverse.

- Que ?

Alors Akihito quitta l'autel et partit en direction de la sortie, non sans avoir balancé un des braseros sur une bassine d'eau, créant ainsi un écran de fumée.

- TAKABA !

Arbatov était vraiment énervé...

Akihito pensait que son esprit lui jouait des tours. Serguei n'aurait jamais commis l'imprudence de s'en prendre ouvertement aux forces de l'ordre, Akihito n'avait pas demandé de l'aide de ses amis russes, et de toute façon, ils étaient tous représentants de l'ordre, mais qui ? Alors qui ? Qui pouvait oser s'en prendre aux forces de police ?

Il en avait eu la réponse ce soir : Arbatov ! 

Notes : 

(1) Его надо освободить... : Il faut le libérer... 

(2) Что вы стоите ! Действуйте ! : Ne restez pas plantés là bon sang ! Agissez ! 

(3) то наш друг ! : C'est notre ami !  

(4) Его надо отпустить ! : Libérons-le !

Un immense merci à Zèd-3 Èt de StarWars Universe pour m'avoir aidée avec la traduction en russe. 

Contrairement à ce qu'on a pensé quand j'ai commencé à poster cette fantiction ici, j'ai un grand respect pour les Russes ! 


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