Dans la tourmente

By Eldar-Melda

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Fanfiction inspirée du manga Viewfinder de Yamane Ayano Après avoir quitté Asami pendant près de dix ans, Ak... More

Un nouveau départ
Dix ans après
Retrouvailles
Flammes dans la nuit
Nocturnes
Visites de courtoisie
Rancoeur et blessures
Une belle soirée
Menaces
Douces apparences
En proie au doute
Dans l'intimité de la nuit
Décisions et révélations
Conspiration
Discussion intense
Première confrontation
Colère et frayeur
Juste un dernier réglage
Pris au piège
La bataille commence
Mascarade
Contre la montre
Dernier sang
Le repos des guerriers
Joie et déchéance
Enfin le calme
Epilogue

La tension monte

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By Eldar-Melda


Akihito faisait face à Asami, dans sa demeure en plein centre de Tokyo, entourée de ces hauts murs et de ces jardins, dans son salon. Il n'appréciait guère la tournure des événements, mais avait-il le choix ? Lui laissait-on le choix ? Il adorait sa liberté, et il avait l'impression qu'Asami voulait l'entraver dans ses mouvements avec un boulet de métal, comme les bagnards aux Etats-Unis. C'était tout simplement insupportable à entendre.

- Alors comme ça je suis obligé de revenir vivre avec toi ? Parce qu'un fou dangereux se promène librement dans tout Tokyo ? Et tu pensais que j'allais accepter aussi facilement ? Tu sais, je suis un être humain, et je pense que j'ai le droit de choisir ma vie...

Asami évita de croiser son regard, il savait depuis le début que proposer à Akihito de revenir vivre avec lui serait une très mauvaise idée, et il venait d'en avoir la preuve sous les yeux : Akihito refusait, même si c'était temporaire, de dormir chez lui.

- Ecoute, avec Arbatov qui a tué tous tes gardes du corps l'autre soir, je me sentirai mieux si tu acceptais de rester ici quelques temps, avant qu'on attrape Arbatov. Je sais à quel point tu tiens à ta liberté, à ton indépendance, mais moi, je ne pourrais pas supporter de te perdre... définitivement.

Akihito dévisageait Asami, affichant clairement son indignation face à une telle proposition, et pourtant, il comprenait qu'Asami ne lui voulait que le plus grand bien, quoiqu'il arrive.

- Et si Arbatov se pointe ici, avec une arme, que feras-tu ?

Asami prit les poignets du jeune homme entre ses mains, baisant chacun de ses doigts doucement, pour calmer le plus jeune. Akihito était certainement sur le point de le gifler, et avec raison. Cependant, il voyait qu'Akihito pesait le pour et le contre dans sa tête. D'un côté, l'hôtel était une solution provisoire, et de l'autre, n'importe qui pouvait entrer dans cet endroit, prétextant une réunion importante, ou une demande d'embauche. Et son appartement était complètement détruit, il ne pourrait pas y revenir. Akihito savait qu'Asami avait raison sur toute la ligne, mais une part de lui-même voulait encore profiter de cette liberté. Il aurait tout simplement voulu revenir ici, de son plein gré, sans avoir à quémander la protection de qui que ce soit.

- Je saurai me défendre, Akihito, comme toujours.

Ce fut à ce moment-là qu'Asami comprit le véritable problème d'Akihito, le jeune homme ne l'avait plus revu pendant dix ans, non pas parce qu'il ne l'aimait pas, mais bien parce qu'il pensait pouvoir se protéger tout seul. Et qu'il n'aurait plus besoin d'Asami et de ses gardes pour être en sécurité. De plus, Akihito pensait pouvoir aussi protéger le coeur d'Asami, en se tenant éloigné de lui, il pensait que l'homme ne s'inquiéterait pas de tout.

- Non, je ne crains pas tes ennemis, ils croiseront tous la mort. Comme toujours. Qu'ils osent te toucher une seule fois, je ne pense pas que je pourrais me retenir.

Akihito n'osait pas soutenir le regard d'Asami...

- Mais moi ? Sans toi ? Comment vais-je faire ? Tu t'es trop mis en danger pour moi, je ne veux pas te perdre. Tu as trop souffert à cause de moi, je ne pourrais plus supporter d'être un poids sur tes épaules, Ryûichi.

Asami baisa délicatement les lèvres d'Akihito :

- Tu es une plume sur mon coeur.

Akihito entoura Asami de ses bras et pleura de toutes larmes de son corps, ces derniers jours avaient été sacrément pénibles pour lui. Depuis qu'il avait à nouveau posé le pied au Japon, Akihito n'avait pas eu une minute de repos à lui. On l'avait épié, traqué, harcelé, regardé comme une bête de somme, et il avait vraiment besoin de temps pour lui, de temps pour eux... Il aurait vraiment adoré rester juste quelques jours chez Asami, à dormir. Au final, cette proposition tombait vraiment à pic.

- J'accepte...

Il regrettait d'avoir accordé quelques jours à Kage Heishi, il l'aurait compris, lui au moins, au journal. Mais plus personne ne semblait lui faire un temps soit peu confiance, à présent que Raibaru faisait tout pour pousser à bout le jeune homme. Il n'était plus désiré au travail, il n'avait pas cherché à se faire des alliés, il était plus seul que jamais. Il avait passé son temps à se battre, en vain, alors que créer un réseau aurait porté quelques fruits. Il aurait fait en sorte de garder sa place, maintenant qu'il était sûr que Raibaru voulait le renvoyer, pour la raison qu'il sortait avec Asami.

- Je demanderai à Kirishima d'apporter tes affaires ici, d'accord ? Pour le moment, repose-toi, tu en as besoin.

Asami mena Akihito à sa propre chambre, où il déshabilla le jeune homme et l'aida à enfiler un pyjama long et confortable. Akihito se coucha aussitôt sur le matelas tout aussi douillet, et il fut suivi très vite par Asami, qui avait pris un simple pantalon de pyjama noir en soie. Le plus vieux prit le plus jeune, le visage encore couvert de larmes dans les bras, et le berça tendrement. Le plus jeune put dormir d'un sommeil sans rêve.

XOXOX

Yamato était désorienté, mais alors là, complètement. Qui pouvait bien lui donner rendez-vous à une heure pareille de la nuit ? C'était vraiment incroyable en soi. Ses instincts de policier lui soufflaient que c'était un piège, et qu'il ne tarderait pas à tomber dedans, les deux pieds joints. Non, c'était franchement dangereux. Il sortit son arme, au cas où, mais il était foncièrement curieux. Il voulait savoir qui était derrière tout ça. Il marcha à pas de loups dans cet entrepôt, et observait autour de lui s'il n'était pas suivi...

- Allons, n'ayez pas peur, prononça une voix qui s'éleva de l'ombre.

Yamato se tourna vivement, et par pur réflexe, il tira en direction de la voix. La balle ricocha sur l'architecture métallique de la structure, et se perdit au loin. Si on trouvait cette douille, sa carrière de policier était finie.

- Qui êtes-vous ?

La voix soupira dans l'obscurité, décidément, cet homme était vraiment nerveux, elle aurait dû choisir quelqu'un d'autre de plus adapté, mais c'était le mieux qu'elle avait trouvé. Les policiers étaient de plus en plus durs à convaincre.

- Vous me connaissez déjà, la clé USB, c'était moi.

Yamato fut abasourdi, terrifié, et désorienté. Il connaîtrait enfin cette source d'information, et pourtant, il savait que c'était sans doute la dernière personne qu'on voudrait avoir en face de soi. Un homme qui se cachait ne pouvait qu'être de mauvaise rencontre.

- Vraiment ?

Et :

- Prouvez-le !

La voix émit un petit rire qui sonnait comme le glas des cloches d'église. Sinistre. Yamato recula de quelques pas, sachant que la voix s'approchait à grands pas de sa position. Il n'hésiterait pas à tirer si cette créature osait effectuer le moindre mouvement curieux.

- Oh, c'est donc ça que vous voulez ?

La voix éclata d'un rire démoniaque :

- Ce fut un plaisir pour moi de voir Asami Ryûichi et Takaba Akihito dans ce lit, tellement sûrs de leur pouvoir. Sans penser une seule minute que quelqu'un aurait l'idée de les filmer dans leurs ébats.

Mais Yamato n'était toujours pas convaincu des bonnes intentions de cette voix...

- Et comment je pourrais vous faire confiance ? Vous ne montrez même pas votre visage !

Le plus horrible visage que Yamato avait jamais vu de sa vie se découvrit face à lui, le commandant dut faire un effort pour ne pas tomber à terre. Son visage était pâle, très pâle, et des gouttes de sueur perlaient à son front.

- Non, ceci n'est qu'un masque... Laissez-moi me présenter...

Alors la créature enleva ce qui semblait être des lambeaux de peau scarifiée, révélant une peau digne des plus grands mannequins de la planète. Les horribles boursouflures laissèrent place aux lèvres les plus pulpeuses que Yamato avaient jamais vues. Le nez déformé fut remplacé par un nez droit. Et pour achever cette vision, pour la première fois de sa vie, Mikhaïl Arbatov apparut devant Yamato Shinzô.

- Vous !

Yamato empoigna plus fortement son arme, mais Arbatov se déplaça prestement sur la droite, et en profita pour désarmer le policier, abasourdi par tant de vitesse. Le pistolet fut détruire en moins de deux secondes. Quelle force herculéenne !

- Seul Asami Ryûichi est capable de me battre en combat singulier, ne tentez même pas de m'abattre, commandant Yamato.

Yamato fixa le visage avec une haine profonde...

- Comment osez-vous ?

Arbatov sourit délicatement, et prit le visage du policier entre ses mains puissantes et dominatrices. Ce policier était étrangement tout à fait à son goût.

- Allons, pas de ça entre nous, après tout, je vous ai donné cette vidéo.

Yamato détestait à présent la dette qu'il avait envers son informateur, il se sentait pris au piège par sa propre loyauté. En un mot, Arbatov l'avait mis à ses pieds, sans que lui ne puisse rien y faire. Il capitula.

- Pourquoi ?

Arbatov prit la nuque de Yamato entre ses doigts, pour un peu, il le sauterait comme il avait sauté Takaba. Mais, il devait d'abord détruire Takaba avant de pouvoir le faire. Quel dommage.

- Nous avons un ennemi commun. Deux même.

Et il lécha les lèvres de Yamato, rien que pour en goûter la texture, cet homme, plus petit que lui, les cheveux blonds, les yeux verts, un corps fin, un petit ange, était vraiment à croquer de suite.

- Que me voulez-vous ?

Arbatov sourit de toutes ses dents...

XOXOX

Plus loin, un homme avait photographié l'intégralité de cette conversation, observait et analysait chaque mouvement des deux protagonistes, c'était des clichés qui permettraient de propulser son journal au rang des grands quotidiens... Le temps de quelques jours, certes, mais au moins, ça vendrait à un plus gros tirage.

- Ceci dit...

Des gens pourraient pâtir de cette rencontre entre ces deux individus, pour le coup, il avait envie de prévenir les deux personnes qui pourraient souffrir de cette soirée. Il prit son portable, le connecta à son appareil photo, et ouvrit internet, il envoya la photo à son ancien collègue et rival.

- Au moins, tu seras prévenu, Akihito, même si t'es vraiment chiant de chez chiant.

Non, Akihito ne méritait pas de subir à nouveau les pires souffrances entre les mains d'Arbatov, l'homme l'avait suffisamment torturé comme ça. Akihito méritait de souffler un petit peu, un peu de repos lui ferait le plus grand bien.

- Même si c'est une vraie tête de mule parfois.

Alors le journaliste quitta les lieux en catimini et prit sa voiture, garée plus loin, et regarda tout autour de lui, c'était en ces moments qu'on savait qu'on avait choisi un métier dangereux. Certes, pas aussi risqué que celui de policier, mais houleux tout de même. Akihito en était le plus bel exemple.

- Toujours à se fourrer dans un pétrin pas possible ce mec.

Genre comme sortir avec Asami Ryûichi malgré leurs différences sociales et culturelles, malgré leur différence d'âge et leurs ambitions. L'un désirait tout contrôler, alors que l'autre voulait partir à l'aventure. Comment deux personnalités aussi différentes pouvaient-elles coexister ? Mystère.

- Mais tellement incroyable aussi.

Et le pire c'était qu'il tenait le plus beau scoop de sa vie avec le prix Pulitzer d'Akihito, et la réputation sinistre d'Asami, mais en même temps, le jeune homme lui en voudrait à mort. Sans parler des armoires à glace d'Asami, au passage.

- Parfois, certains ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont.

L'homme vérifiait toutes les secondes son rétroviseur intérieur, Dieu savait à quel point ces types pouvaient être destructeurs, Akihito en avait fait les frais pendant un mois dans ce restaurant sordide, alors, il ne voulait vraiment pas partager le même sort.

- Oui, c'est sans doute pour ça que je vais pas publier cette article, que je vais laisser cet honneur à Akihito, il le mérite bien.

Alors l'homme sortit de sa voiture, jetant des coups d'oeil toujours un peu partout, plus fiévreux que jamais. Cette fois, l'enjeu sur sa vie était réel.

- Akihito, dépêche-toi d'écrire cet article...

Le journaliste confondit les croquettes pour chien avec le lait, il prit de la sauce piquante pour de la sauce soja, et il ne réussit pas à s'endormir de la nuit.

XOXOX

De son côté, Serguei n'en menait pas large du tout, il assistait au triste spectacle qui s'étendait à ses pieds, tous les journalistes qui avaient participé à l'arrestation d'Arbatov, donnant toujours plus d'informations à la police au passage, étaient morts. Ils avaient pris rendez-vous ce soir, en souvenir du bon vieux temps, et voilà que cette soirée était fichue en l'air.

- Que vous est-il arrivé ?

Serguei appela la police, pour la seule fois de sa vie, il fit confiance aux forces de l'ordre russes, il n'avait pas trop le choix. Et surtout, il ne voyait pas trop comment annoncer aux familles que leurs maris, frères, fils, et pères avaient été sauvagement tués, dans un rituel qui évoquait douteusement le satanisme.

Il réfléchissait à une manière d'expliquer sa présence en ces lieux aux forces de l'ordre et décida de donner une version assez proche de la réalité. Il avait loué à ces journalistes une chambre dans son hôtel pour parler d'Arbatov et de ses manigances. Ces journalistes et lui-même se réunissaient régulièrement dans le but de célébrer cette victoire.

Quel choc pour lui d'apprendre que ses plus vieux amis étaient morts à cause de cette raclure, quelle tristesse de se retrouver seul ici, à ne rien faire. Quelle haine naissait dans son coeur rien qu'à la pensée d'Arbatov. Mais pour le moment, il attendrait ici, les policiers avant de donner sa version des faits.

- Mes amis, vous serez vengés.

Ce fut un discours particulièrement larmoyant qu'il sorti aux policiers, l'histoire d'un homme qui avait vraiment voulu aider des journalistes d'un quotidien qu'il adorait, vénérait, et lisait avec passion. Il ne pensait plus pouvoir lire les faits divers sans éprouver le moindre chagrin du tout. Il avait adoré les voir arrêter Arbatov : c'était du grand art !

Il avait apprécié cette alliance entre forces de l'ordre et journalistes, c'était un noble exemple de coopération et de fraternité. C'était tout bonnement inouï. Et il débitait inlassablement sa tristesse et sa rancoeur aux policiers qui étaient venus l'interroger. Une femme s'approcha de lui avec un paquet de mouchoirs, mais l'homme paraissait trop fragilisé pour les prendre.

- Monsieur, toutes mes condoléances.

Et on le laissa tranquillement dans son coin, le laissant seul dans la nuit, au grand plaisir de Serguei. Son petit numéro avait été joué à la perfection, la tristesse n'avait pas pris place dans son coeur, mais plutôt un flot continu de rage, et de colère. Il rentra chez lui, non sans avoir pris quelques photos du carnage.

- Décidément, prendre le manteau des satanistes Arbatov, tu n'as donc aucune honte...

Serguei se tourna vers un meuble, avec un double-fond, il ouvrit ce double-fond et en sortit une arme, qu'il ne pensait plus du tout utiliser avec le temps. C'était devenu le souvenir d'un passé peu glorieux, seul vestige de sa fierté et de son honneur. Il contemplait l'arme comme une pièce de musée, quelque chose qui devait être vu sans être touché. Mais maintenant, elle allait reprendre du service, cette dame.

- Je vais me battre.

Et l'homme prépara sa valise pour le Japon. Au passage, il avait pris un dossier créé par les bons soins de ses amis morts, et il s'était dit que le contenu pourrait intéresser Akihito...

XOXOX

Au Japon, loin de la Russie de Moscou et de ses quartiers les moins fameux, deux hommes se réveillèrent dans leur lit, de bon matin, avant de partir travailler. Si le plus âgé des deux rêvait de prolonger la nuit, l'autre préféra partir plus tôt que d'habitude, avant que Raibaru ne saisisse une occasion de prouver à quel point il était incompétent aux yeux du personnel.

- C'est mon mois de préavis, je ne vais pas m'amuser à venir en retard tous les jours.

Asami comprit les intentions d'Akihito, mais ne pouvait pas se résoudre à le laisser quitter la maison seul, aussi, il prit sa propre voiture pour l'emmener au travail, histoire de montrer qu'Akihito avait des alliés un peu partout, dans le beau monde. Akihito n'avait pas trouvé l'idée excellente, en raison de Raibaru et de son habitude à fourrer son nez dans les affaires du prix Pulitzer.

- Je t'accompagne.

Akihito sourit presque malgré lui quand Asami tourna la clef, et fit démarrer le moteur, il ne conduisait pas souvent lui-même, mais c'était une occasion spéciale pour l'homme, il voulait surtout rappeler à Raibaru qu'Akihito était sous sa protection. Qu'il était intouchable.

- Très bien, mais gare-toi seulement à quelques rues du journal, je peux faire le reste à pied aisément.

La route fut agréable, mais un peu trop courte au goût des deux amants, elle se fit en silence, en écoutant les nouvelles à la radio, et Akihito fronça des sourcils quand on annonça la mort inexplicable d'un groupe de journalistes russes. On pensait que ces journalistes en avait découvert trop, et en savait trop, on avait donc jugé bon de les éliminer.

- Mais ils ne disent pas leurs noms...

Akihito avait un sérieux doute, il alluma son téléphone portable et consulta ses mails, rien de ses collègues russes depuis une semaine. Certes, ils avaient dit qu'ils l'appelleraient en cas de progrès sur leur enquête sur Arbatov, mais c'était tout de même sacrément gênant.

- Qu'est-ce qui peut bien les retenir ?

Asami, qui avait aussi jeté un coup d'oeil sur la boîte de réception d'Akihito, était tout aussi perplexe, Akihito transférait souvent les nouvelles informations vers la boîte d'Asami. Et l'homme se sentait tout aussi perdu que le plus jeune.

- A moins que les tués soient tes amis, je ne vois pas comment on pourrait les retenir, d'après ce que tu m'as dit, ils ne connaissent pas la peur.

Akihito sourit malgré tout, Asami avait une fois de plus compléter ses propres pensées, seule la mort pourrait les empêcher de continuer leur travail. C'était de vrais journalistes, des gens qui allaient sur le terrain et qui prélevaient les informations sur le tas. Ils suivaient le fil des rumeurs et se lançaient à l'aventure. Pour eux, risquer leurs vies était un plaisir, Akihito s'était de suite reconnu en eux.

- Appelle-voir ton ami Serguei, il en saura sans doute plus que ça. Il doit avoir des yeux et des oreilles un peu partout.

Akihito tenta le numéro de son mentor, mais il était aussi absent, ce qui n'était pas vraiment dans les habitudes de son tuteur. Quelque chose clochait définitivement. Il éteignit son portable d'un air dubitatif, Serguei était définitivement ailleurs, certainement à s'occuper des familles. Si c'était bien ces journalistes qui avaient été tués.

- J'espère qu'il va s'en sortir, vraiment.

Asami posa une main douce et rassurante sur l'épaule de son amant :

- Je suis sûr qu'il est en vie quelque part.

Alors Akihito sortit du véhicule, d'un pas lent et lourd, ignorant les regards des passants qui le reconnurent aussitôt comme la célébrité du moment, ignorant totalement le désespoir qui animait en ce moment-même le jeune homme. Un garçon l'accosta et il signa un autographe, finalement, un bain de foule serait le bienvenu. Asami avait eu raison, il se renfermait trop sur lui-même ces derniers temps. Il réussit même à sourire, malgré tout.

En rentrant dans les bureaux, tous les regards se tournèrent vers lui, et ce qui frappa Akihito, ce n'était pas vraiment l'attention, mais le manque de douceur dans leurs yeux. Ils affichaient tous des regards noirs, et certains avaient les mains crispés sur leurs claviers, leur attitude était vraiment différente de son premier jour ici.

Puis, la salle de conférence, où tout le monde était réuni, ou presque, des visages apparaissaient à la télévision, et Akihito reconnut avec horreur les visages de ses anciens collègues en Russie. Le présentateur affirmait que ces journalistes avaient été assassinés d'une façon brutale et sauvage, ce qui ravit certains des collèges japonais d'Akihito, à sa grande fureur...

- Enfin un bon article.

- La télévision l'a eu avant nous.

Et le journaliste du journal réapparut très rapidement, faisant face à un procureur russe, le visage peiné, Akihito tiqua, c'était le juge qui avait prononcé la sentence d'Arbatov. Le seul, selon Serguei, à n'avoir pas été corrompu, qui avait refusé de collaborer avec Arbatov.

- Toute ma famille a été tuée cette nuit, j'étais parti pour une fête entre collègues, et voilà que quelqu'un les a éliminés. Tout comme ces journalistes, qui ont travaillé sur le cas Arbatov. Tout est lié, mais absolument tout.

Ces mots à peine prononcés, le juge fondit très vite en larmes, sous le regard compréhensif du journaliste de la télévision. Puis, le journaliste se tourna vers sa caméra, le visage plus grave que jamais, comme s'il prononçait une sentence de mort à un détenu.

- Si les journalistes qui ont enquêté sur le cas Arbatov sont morts, ça veut dire une chose, que le journaliste japonais Takaba Akihito, qui avait coopéré avec les forces de l'ordre et travaillé pour le même journal local, est aussi en danger de mort.

Alors le voisin direct d'Akihito se tourna vers lui, l'air effrayé par les révélations du journaliste de la télévision, et s'éloigna de lui, à la grande honte et colère du prix Pulitzer. Akihito le toisa avec haine et arrogance, jamais il n'avait vu un journaliste aussi peu couard de sa vie. Ses amis russes étaient morts pour avoir révélé la vérité, et lui fuyait devant celui avait affronté le danger ? Très bien, mais vraiment très bien. Il quitterait ce journal pour un autre avec la plus grande joie.

- Et bien, que voilà des nouvelles plus que tristes, quel dommage que Takaba Akihito nous quitte en ce moment-même, au même moment où Arbatov massacre les journalistes qui se sont occupés de son cas.

Akihito se tourna vivement vers la voix qui avait osé prononcer ces mots avec une froideur peu commune, une indifférence peu commune, et même un soupçon de satisfaction dans sa voix. Ainsi, Raibaru voulait le voir raide mort dans la rue, sa photo étalée à la une de son journal ? Parfait. Akihito n'aurait aucun remords à quitter ces journalistes vicelards.

Seuls Gakusei et Kage Heishi dans une certaine mesure avaient réussi à attiser la sympathie d'Akihito dans cet endroit, les autres ne comptaient pas beaucoup. Aussi, il quitta les lieux avec la plus grande indifférence face à ses collègues, qui observaient la mort de ses amis avec gourmandise, dans le seul but d'écrire un bon article. Et qui n'avaient absolument pas la moindre idée de ce qu'était le terrain, le fait de s'infiltrer dans un gang aussi puissant, de le démanteler à la source... De risquer sa vie, son petit confort.

- Monsieur ?

Akihito se tourna vers la voix, et découvrit Gakusei, le visage terrifié...

- Oui ?

Le petit journaliste lui tendit un dossier...

- Je sais pourquoi vous avez combattu Arbatov la première fois, c'est juste... ignoble.

Akihito ouvrit la porte de son bureau, découvrant des cartons qui ne demandaient qu'une seule chose, à être remplis. Gakusei se tourna vers la personne qu'il admirait le plus dans cette entreprise, et ses yeux étaient embués de larmes. Il prit un disque en main, et l'inséra dans la tour d'Akihito... Qui revit avec horreur ce qui lui était arrivé dans ce restaurant infâme aux mains d'Arbatov. Que c'était horrible de se revoir piégé, traqué, regardé comme un morceau de viande de choix, que c'était horrible de se voir traité comme un chien, voire même pire qu'un chien.

Alors il frappa du poing la table... Ce qui effraya Gakusei, le faisant tomber de son siège.

- Arbatov, tu me le paieras. Et cette fois, tu mourras.

Gakusei n'avait pas osé lever le regard vers Takaba, de peur de croiser le feu qui brillait dans les yeux du plus âgé... De peur d'affronter le vrai Takaba Akihito, l'homme brisé et tourmenté, pas l'idole qu'il vénérait. Il baissa la tête en silence.

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