La nuit du bal était la plus belle nuit qu'Anne n'ai jamais vu. La lune était pleine et scintillait, le ciel sombre la faisait ressortir. Tout était submergé, la neige et les lumières dans la rue étaient tous éclairés. De délicats flocons de neige dansaient dans les airs et cela ne pouvait être plus parfait.
La nuit était si romantique et Anne aimait tout ce qui l'était. Elle portait un manteau par dessus sa robe et se dirigeait vers le Grand Rushdon, en observant les alentours avec émotions.
Anne laissa échapper une buée entre ses lèvres. Elle prit le papier froissé du bal de sa poche entre ses fines mains avec anxiété, par rapport à ce qu'allait prévoir cette magnifique soirée.
Elle s'arrêta dans son élan juste devant le Rushdon, ignorant les couples qu'elle croisait et ouvrit le morceau de papier.
Anne Shirley Cuthbert, si tu me faisais l'honneur d'être ma cavalière au bal, je t'en serais reconnaissant. Rejoins moi derrière le Grand Rushdon où le bal de déroulera . Je t'attendrais.
Cordialement,
Ton admirateur secret
Anne prit une profonde inspiration et regarda le Rushdon.
« Il n'y a rien ici. » dit Anne en se dirigeant vers la salle, elle quitta son manteau lorsqu'elle franchit la porte.
La salle du bal était remplie de gens de tout âge confondu mais les élèves de l'école étaient majoritaires. Tout le monde était vêtu de sa plus belle tenue. Les filles portaient de grandes robes avec des manches bouffantes comme celle d'Anne et les garçons avaient tous un costume noir et leur cheveux étaient relevés en arrière.
Anne fut soulagée.
Tout va bien. Je suis comme elles, pensa-t-elle.
Elle imagina Princesse Cordelia ayant une entrée grandiose mais en ce moment, hormis le fait qu'elle se sentit royale, elle était ravie que personne ne la regardait.
C'était la première fois qu'elle se sentait si commune. Son anxiété disparue, elle s'imagina en tant que Princesse Cordelia, admirant son chevalier dans son armure scintillante. Elle s'avança silencieuse au milieu de la salle de bal, faisant son possible pour garder la tête haute en tenant sa robe du bout des doigts.
Oh chevalier à l'armure scintillante, je ne suis pas une « damoiselle » et je n'ai nul besoin de votre aide mais votre compagnie pour ce soir ne sera pas de refus. Oh chevalier à l'armure resplendissante, où êtes-vous ?
Elle pensa dans sa tête, en imitant la princesse. Elle voulait prononcer ces mots à haute voix et souhaitait de tout cœur imiter la princesse au milieu de la salle de danse mais ne fit rien et teint sa langue.
Oh chevalier à l'armure scintillante, je n'ai pas besoin de vous mais être seule n'est pas des plus amusants.
Soudain, ses magnifiques yeux bleus rencontrèrent des yeux verts de l'autre côté de la pièce et une fois encore, les papillons dans son ventre réapparaissaient.
Gilbert se tenait au fond de la salle, ses cheveux bouclés noirs étaient soigneusement relevés. Elle était vêtu d'un costume noir et ficelé, il était tout simplement élégant.
Sa bouche s'ouvrit légèrement de surprise lorsqu'il aperçu Anne pour la première fois de la soirée. Ruby était à côté de lui. Elle prenait de la nourriture sur la table derrière eux.
Ils soutenaient leur regard pendant ce qui semblait être une éternité puis Anne regarda dans le fond de la pièce et changea de direction.
Gilbert ne la quittait pas des yeux. Il tendit son cou et se mit sur la pointe des pieds pour ne pas la perdre de vue mais elle était trop loin à présent.
Anne se mit à chercher Diana d'un pas pressé tandis que son cœur battait à toute allure.
Non. Tu ne gâchera pas cette soirée, Gilbert Blythe.
« Anne! » appela son amie. Anne se retourna dans sa direction, reconnue sa voix familière et la rejoignit ainsi que son partenaire Charlie Sloane.
« Diana! » cria Anne. Elle courut et l'enlaça délicatement. « Oh mon dieu, tu es resplendissante! » lui dit Anne en lui tournant autour.
« Tout comme toi, Anne! » lui répondit Diana.
« Ehem, » Charlie se racla la gorge.
Anne rigola. « Tu es super aussi, Charlie. » ils rigolèrent tous.
« Alors, Anne. Qui est le garçon chanceux avec qui tu es venue ce soir ? » lui sourit Charlie.
« Oh...hm je suis venue seule. » lui répondit honteusement Anne.
« Oh. C'est absurde. Tu es vraiment magnifique ce soir. » lui dit-il.
« Whaou merci, Charlie. »
« Mais Anne. Et pour... » Diana ne finit sa phrase. Elle regarda Charlie et lui sourit.
« Charlie, mon chère. Pourrais-tu nous apporter des boissons? » lui sourit Diana.
« Bien sur ma chère. A condition que tu continues à m'appeler mon chère. » lui répondit Charlie en souriant et s'éloigne.
Anne gloussa.
Le sourire de Diana disparut, elle eut une expression différente tandis qu'elle fit face à Anne.
« Mais Anne. Et pour... » elle murmura de sorte à ce que personne à part elles n'entende.
« Et pour l'admirateur secret? » finit-elle.
Anne soupira. « Et bien... je vais rencontrer cet admirateur secret plus tard, mais je vais attendre que le bal soit finit pour cela. Je ne veux pas y penser maintenant. Je veux juste apprécier cette nuit avant de me lancer dans cette épreuve. Ta tante Joséphine avait raison; la romance est une affaire compliquée. Tomber amoureux c'est juste... c'était un de mes rêves Diana, crois moi. Mais maintenant que ça m'arrive, je ne sais quoi faire. Ugh, c'était beaucoup plus romantique dans les livres. »
Diana lui sourit avec compassion. « Oh, Anne. Peu importe ce qui se passe, je serais toujours avec toi. Ne te mets pas dans de tels états pour ça. Je suis sure que tout ira bien. »
Anne lui rendit son sourire. « Merci. » elle se sentit plus légère maintenant que Diana l'ai rassuré. Anne a une aisance aves les mots mais Diana, elle avait une toute autre qualité; elle arrivait à trouver les bons mots.
« Et voilà, ma chère. »dit Charlie en insistant sur le nouveau surnom que Diana avait créé. Anne gloussa tandis que son amie roulait des yeux. « Merci, Charlie. » lui dit Diana.
« Ah ah ah » Charlie se tenait là, prenant une boisson. Diana roula une nouvelle fois des yeux. « Merci mon chère. » Charlie sourit triomphalement, lui tenant sa boisson.
« Merci mon chère ami. » Charlie fronça des yeux après cette remarque. Anne quand à elle rigolait. « Vous êtes tous les deux adorable. » Mais avant que Diana ou Charlie puissent répondre, le son d'une petite clochette résonna dans la salle.
« Très bien tout le monde! » La voix toute excitée de Rachel Lynde retentit dans la salle. Elle avait été désignée comme hôtesse de la soirée. « C'est l'heure de la traditionnelle dance d'ouverture. A toutes les filles, placez vous sur une seule ligne sur le côté gauche de la salle, quand aux garçons, formez une ligne face à elles s'il vous plaît. »
Tout le monde se mit en place. Le bruit des talons sur le parquet fit écho dans la salle. Diana prit Anne par le poignet et se faufila avec elle sur la ligne.
La douce mélodie résonnait peu à peu, le rythme de la basse prenait vie.
« Maintenant, vous aurez à danser avec de multiples partenaires. A chaque coup de clochette comme ceci, » Rachel secoua la cloche. « Vous devrez changer de partenaires avec le garçon ou la fille près de vous. »
Le volume de la musique monta crescendo. « Et... commencez! » Rachel fit sonner la cloche avec excitation.
Anne, incertaine de ce qu'elle devait faire, tenta d'imiter les autres et dansa au milieu de la salle. Elle scruta aux alentours, remarquant que tout le monde avait un partenaire lorsque quelqu'un l'accosta.
« Salut toi! » Un homme aux alentours de quarante ans s'adressa à Anne.
« Um, Bonsoir. » Anne lui répondit poliment.
« Tu es la nouvelle des Cuthbert c'est ça ? » lui demanda-t-il d'un sourire chaleureux. Il avait une barbe noire bien taillée.
« Oui. » Anne lui répondit franchement, ne sachant quoi dire d'autre. « Je suis Sebastian. J'ai navigué avec Gilbert, je suis aussi une sorte de parent pour ce garçon. J'ai travaillé avec lui au quai, il semblait bien solitaire. Mais il va mieux maintenant. »
Anne se mit à sourire. Elle avait entendu parler de Sebastian avant mais n'avait jamais eu l'occasion de le rencontrer avant ce soir. Il est l'une des personnes noires ayant vécues à Avonlea autrefois et l'avait déjà aperçu dans les alentours mais n'avait jamais su qu'il était le Sebastian.
Lorsque Gilbert était de retour d'Avonlea pour la première fois, les gens étaient surpris de le voir avec Sebastian. Il était un parfait inconnu en ville et venait de s'y installer. Au début, certains étaient septiques; ils n'étaient pas très tranquilles à l'idée de laisser un étranger vivre dans leur ville. La première fois qu'Anne a entendu parler de cet homme, elle avait eu de l'empathie pour lui étant donné qu'elle aussi a été nouvelle à Avonlea et tout le monde ne la connaissait qu'en tant qu'orpheline. Bien entendu, ils ont été cléments avec elle, ce n'est qu'une enfant mais elle a tout de même été longtemps discriminée. Elle pouvait donc imaginer ce que Sebastian avait vécu. Mais au fil des mois, ils ont réalisé que Sebastian n'était pas menaçant.
« Huh, tu es ravissante. Différente de ce que j'ai entendu à propos de toi. » il gloussa.
Anne le regarda de suite après cette réflexion, ses pensées se volatilisèrent. « Vo-vous avez entendu parler de moi? » Anne ouvrit grand les yeux. Elle savait qu'elle était considérée comme la fille étrange de sa classe, mais jamais elle n'aurait pensé que tous ces potins remonteraient jusqu'aux adultes.
« Oui, en effet. Beaucoup. Rien d'autres que des bonnes choses. Gilbert semble vraiment s'être attaché à toi, mon enfant. » il gloussa une nouvelle fois en secouant doucement sa tête. « Ce garçon en vaut la peine. » murmura-t-il sans particulièrement s'adresser à Anne, mais elle l'avait entendu. Avant qu'Anne ne put répondre, la clochette sonna et un autre garçon prit place.
« Bonsoir Anne. » Billy Andrews salua sa partenaire d'un sourire chaleureux. Anne n'avait pas répondu. Elle était encore préoccupée par ce que Sebastian lui avait dit. « Anne? »
« Hm? » elle lui accorda finalement son attention.
« Tu es éblouissante ce soir. » lui sourit-il. Anne le fixa, elle n'était pas habituée à ce genre de compliments, surtout de sa part.
« Tu n'es pas mal non plus » elle fit son possible pour ne pas bégayer.
« Alors, tu es venue avec quelqu'un ce soir? » lui demanda-t-il.
« Non. Mais tu dois savoir que ce n'est pas une honte. » Elle mentait. « Je n'ai nullement besoin d'un genre opposé pour parvenir à me sentir autonome et désirée. Je me satisfais seule et franchement, je pense que je m'amuse mieux ainsi, je peux marcher et bouger avec qui je veux quand je veux. »
Billy gloussa à sa réponse. « Oui c'est sûre que tu n'es pas du genre demoiselle. »
« Exacte, en effet. Tu sais Billy Andrews, cette manière de devoir être parfaite est un peu bizarre pour moi. » ce commentaire fit baisser le regard de Billy avec honte.
« Mais je dois t'avouer, je commence à t'apprécier de plus en plus! » Anne rigola tandis que Billy la regarda en souriant.
« Aïe! » Billy criait de douleur tout en se massant l'arrière de sa cheville.
« Qu'est ce qui se passe? » Anne était confuse.
« Oh, excuse moi. Je ne t'avais pas vu. » Gilbert était désolé. Mais sa réponse devint le pire des mensonges lorsqu'il aperçut Anne et Billy côte à côte.
Gilbert dansait avec Jane Andrews derrière Billy et Anne. Les deux duos s'étaient arrêtés et les deux garçons se fixaient l'un l'autre, tandis qu'Anne et Jane se tenaient derrière leur partenaire.
Anne vit la mâchoire de Billy se contracter. Les yeux de Gilbert se tournèrent à présent vers les siens.
Elle tenta de détourner le regard mais elle pouvait toujours dissimuler celui de Gilbert sur elle qui n'avait pas bougé d'un pouce.
« Tout va bien, mon pote. » dit Billy en prenant la main d'Anne pour l'emmener danser.
Ils continuèrent à valser plus loin de Gilbert, Anne demanda. « Que s'est-il passé? »
« Il a accidentellement marché sur ma cheville. Tout va bien. Je suis sure que c'était involontaire. » sourit Billy.
La clochette sonna, ils durent changer de partenaire.
« A la prochaine fois chère Anne. » dit-il dans une sorte de révérence, ce qui fit rougir Anne.
Elle aperçut soudainement Gilbert les regarder. Pendant un moment, Anne cru voir une sorte de haine et de peine dans son regard mais elle évita tout contact visuel avec lui et chercha un autre partenaire.
Gilbert se tenait à une dizaine de mètres d'elle ce qui signifiait qu'il devrait traverser toute la pièce pour être près d'elle. Anne le vit s'approcher et, dans la panique, saisit Moody qui était le garçon le plus près d'elle. Gilbert remarqua, et prit finalement la main de Ruby, en attendant la prochaine sonnette de la cloche. Il était déterminé à danser avec Anne ce soir. Ses yeux ne quittèrent jamais Anne pour la garder de vue jusqu'à ce qu'il entende les respirations tremblantes de Ruby. Il regarda Ruby qui avait les joues rouges sous l'excitation de se retrouver face à lui. « S-Salut Gilbert. » elle bégayait.
A ce moment, il réalisa que c'était embarrassant, ses pas effectués pour se rendre au milieu de la salle de danse et pour au final être avec Ruby, il se maudissait intérieurement. « Hey Ruby » il répondit à son grand sourire enfantin. Il trouvait étrange le fait qu'elle soit nerveuse chaque fois qu'il lui tenait compagnie même s'ils avaient passé la majeur partie de la soirée ensemble.
Gilbert et Ruby semblaient tous deux embarrassés en attendant le prochain coup d'envoie.
« Changez! » cria Rachel Lynde.
Gilbert se faufila rapidement à travers la foule et tenta de trouver Anne, mais l'ayant vu, elle paniqua et choisit Josie Pye qui se trouvait jusque à côté d'elle.
« Oh, super » dit Josie d'un air monotone tandis qu'Anne lui lança un sourire maladroit.
Gilbert gloussa, Anne l'avait entendu et lui lança un regard noir.
« C'est la première attention que j'ai de toi depuis le début de la soirée.»
Gilbert qui dansait à présent avec Diana, s'adressa à Anne en lui souriant. Anne souffla et prit son courage à deux mains pour ne pas le regarder. Josie roulait des yeux pendant que Diana sourirait.
« Tu es vraiment resplendissante ce soir, Anne. » lui remarqua Gilbert en affichant son plus beau sourire ce qui fit accélérer son cœur.
« Pense, Gilbert Blythe, à ne plus utiliser le dictionnaire en une phrase. » lui répondit-elle. En même temps, elle lança toute sorte d'insultes.
Les sourcils de Gilbert se levèrent, surprit par toutes ces moqueries de Josie qui roulait ses yeux bleus. « Bien, tu viens de réincarner l'ensemble du dictionnaire. » lui coupa Josie. Anne rougit d'embarras, souhaitant à tout prix que la cloche sonne.
Gilbert rigola. « Je parie que tu ne peux pas l'épeler. » il s'adressait à Anne. Anne leva un sourcil, toujours troublée mais ne repoussa pas le challenge.
« Resplendissante, R-E-S-P-L-E-N-D-I-S-S-A-N-T-E, adjectif venant du latin resplum signifiant l'attirance ou la beauté. »
Diana sourit fièrement, Josie était confuse et Gilbert sourit d'admiration.
Ding!
Au moment où le son retentit, Gilbert se hâta en direction d'Anne pour se retrouver en face d'elle. Il sourit triomphalement à notre Anne qui, quand à elle, fut nerveuse.
« Voici venue la fin de la danse d'ouverture! » s'exclama Rachel Lynde à l'ensemble de la salle. Ils applaudirent tous et commencèrent à rejoindre leur chaise.
« Sauvée par la clochette. » murmura Anne en lui adressant un charmant et espiègle sourire. Gilbert suivit des yeux Anne qui s'éloignait en sautillant, elle cherchait quelqu'un d'autre avec qui passer la soirée, le sourire aux lèvres.
Tu es différente, Anne Shirley. pensa-t-il.
*****
Les conviés commençaient à fatiguer après que plusieurs heures se soient écoulées, l'ambiance festive laissait maintenant place à une douce atmosphère. Une musique mélodieuse retentissait en fond. Mais plus la soirée prenait fin, plus Anne Shirley était anxieuse.
Son inévitable rencontre avec cet admirateur secret était imminent et elle ne faisait que d'y penser.
Je pourrais juste rentrer chez moi là, maintenant, et prétendre ne jamais avoir lu la lettre.
Elle pensait en tripotant le bout de papier. Elle songea à fuir tant que c'était le moment mais se dit que ce serait cruel de ne pas se montrer.
Et ma curiosité me mènera sans doute dans ma tombe. Pensa-t-elle.
Ses yeux contemplèrent la salle; Diana rigolait avec Charlie à une table, Josie semblait s'ennuyer de ce que lui racontait Michael Jones et ses camarades de classe dansaient entre couple au milieu de la pièce. Mais même avec son regard innocent, elle savait au fond d'elle-même qu'elle recherchait quelqu'un en particulier.
Peut être qu'il a raccompagné Ruby chez elle, un sentiment de jalousie envie son esprit. Elle songea à quel point la lune était rayonnante ce soir et combien leur promenade devait être belle et romantique. Elle grogna de frustration. Elle releva son menton, digne, puis fronça les sourcils lorsqu'elle aperçut la peinture sur un des murs.
Son cœur se pinça, et elle ignorait pourquoi ça lui faisait cet effet. C'était la peinture dont Mme Rachel Lynde avait parlé plus tôt dans la journée. En fixant la toile, elle se remémora les commentaires de Rachel à propos de Marilla et John Blythe. Elle imagina à quel point ça aurait été dur, devoir quitter l'amour de sa vie pour l'intérêt des autres. Ses yeux se dirigèrent à présent vers Ruby, assise seule. La voix de Marilla résonna dans sa tête.
Si j'avais été un peu égoïste.
Peut être que ma vie aurait été différente.
Et à ce moment exact, elle pensa à Gilbert et à quel point sa situation était similaire à celle de Marilla.
Elle réalisa ensuite que Ruby était seule. Elle jeta un coup d'œil aux alentours pour être sure de ne pas paraître bizarre en la fixant ainsi. Ruby était seule à une table vide, buvant son verre de sirop de cerise.
Mais si Ruby est seule, alors où est Gilbert? pensa-t-elle.
Elle relut le morceau de papier qu'elle tenait et fit le lien.
Si Gilbert n'est pas là alors... peut-être que...
Mais elle chassa cette idée de sa tête.
Non, ça ne peut pas être lui.
Était-ce possible que Gilbert soit celui qui l'attendait dehors ?
Elle fut envahie d'une vague de courage, elle se leva et décida finalement de rencontrer cet admirateur secret.
Tandis qu'elle courait vers la sortie du Rushdon, son esprit se remplit de pensées de Gilbert se tenant dehors dans le froid, qui l'attendait, séduisant comme toujours. Les mains dans les poches, son nez fin rougit par le froid mais néanmoins souriant. Ses pensées chassaient le moindre sentiment de doute par rapport aux conséquences à venir.
Je vais être égoïste. Juste pour cette fois. Pour moi.
Elle pensait en souriant.
En s'approchant, elle atteind la porte et l'ouvrit en vitesse, hâtivement, voulant vite mettre fin au suspens.
Son visage pâle fut accueilli par l'air glacial et affichait une expression de stupeur face au garçon se tenant face à elle. Les mains dans les poches, nez rougit, frissonnant et lui souriant comme elle l'avait imaginé.
« Billy? »