Un bal d'hiver

Chapitre 2: Un adorable matin d'hiver

La promenade en direction de l'école d'Avonlea n'était pas des plus agréable en ce temps frais. Il faisait particulièrement froid et le chemin était glissant mais notre chère Anne Shirley n'en tenait pas compte car elle était accompagnée de sa tendre amie de cœur, Diana. Elles marchaient toutes deux côte à côte, bras dessus bras dessous à travers les bois gelés.
L'air silencieux du matin était rompu par les craquements de brindilles sous leurs bottes ainsi que leur vif papotage.

« Oh Anne, je suis si impatiente pour ce bal d'hiver! Ça se produit seulement tous les dix ans! Quelle chance nous avons d'être ici maintenant, tu ne crois pas ? » demanda Diana, le sourire jusqu'aux oreilles.

Anne souriait faussement mais essayait de ne pas le montrer. Vous voyez, Anne n'était pas particulièrement attirée par ce genre de rassemblements vu ce qui s'était passé lors du pique-nique de famille. Pour elle, ce n'était qu'une occasion pour les gens de porter de beaux vêtements et de juger les autres. Anne se sentait déjà mal avec ses taches de rousseurs et ses cheveux roux qui la rendaient complexée, en plus d'être l'orpheline de la ville. Aller au bal ne lui apportera que des moqueries, une fois de plus.
Mais qui était elle pour ruiner cette joie que laissait apparaître sa chère Diana?
Ce serait égoïste de sa part, pensa-t-elle. Elle sourit et répondit       « oui, c'est sur ».

Le rire que laissât échapper Diana plaisait à Anne.

« J'ai entendu dire qu'il fallait y aller à deux. Oh, je suis déjà nerveuse d'arriver à l'école aujourd'hui! Le bal est demain! Et si personne ne me demande d'y aller? Qu'est ce que je vais faire? Oh j'ai attendu ce moment toute ma vie, et si-»

« Calme toi, Diana. Je suis sure que quelqu'un te proposera. Une fille si adorable que toi aura une file si grande de garçons qu'elle atteindra la prochaine ville! Je veux dire, si une fille comme toi ne peux y aller avec quelqu'un, que dieu ai de la pitié pour moi. »

« Enfin Anne! Ne soit pas cruelle avec toi même. Tu es une adorable jeune fille qui me rend heureuse chaque jour. N'importe quel garçon serait chanceux de t'avoir. » sourit Diana. Anne sourit en retour se demandant ce qu'elle avait fait pour mériter une amie si précieuse que Diana.

« Bonjour Diana. » Une voix familière retentit par derrière.
« Tiens justement » Diana sourit. Anne ferma ses yeux d'agacement et prit une brève inspiration, appréhendant ce qui allait se passer.

Nul autre que Gilbert Blythe se tenait devant elles, il les rejoignit en regardant Anne.
« Anne » sourit-il s'adressant à elle. Anne gardait son regard pointé droit devant elle mais une sensation inconnue dans son ventre apparut soudainement, et elle n'appréciait guère cette sensation. Il prononçait son nom d'un ton mesquin et sournois, elle ne put alors s'empêcher de penser qu'il se moquait d'elle. Mais Gilbert Blythe, le garçon qui tentait en vain d'attirer son attention, n'était pas ce genre de garçon.
« Quelle belle matinée aujourd'hui, n'est ce pas? » demanda-t-il, la tête relevée, ses deux mains tenant son sac pendant à son épaule.
« Oui en effet » répondit Diana.
« Oui ca l'était » murmura Anne dans sa barbe laissant Gilbert la regarder d'un air amusé.
« Donc Gilbert, sais-tu avec qui tu vas aller au bal demain soir? » Diana s'adressa plus à Anne qu'à Gilbert.

Les lèvres de Gilbert se transformèrent en un timide sourire.
« Il y a une fille à qui je pense, mais elle n'est pas facile à aborder ». Anne resta silencieuse, les yeux dirigés devant elle, son menton incliné vers le haut mais elle pouvait deviner que Gilbert avait ses yeux posés sur elle. Elle essaya de rester indifférente.
Soudain, les mots de Gilbert la nuit dernière lui revinrent en tête.

« Tu voudrais y aller avec moi? »

Elle retira de suite cette pensée de son esprit.
« Pourquoi, avec toutes ces belles filles de l'école, ce garçon des plus galant s'intéresserait à moi ? » pensa-t-elle.

En plus, ils se détestent l'un l'autre.
Du moins, elle le déteste. Après la fois où il l'a délibérément humilié en classe, l'appelant 'carotte'! Comment ose-t-il ? Mes cheveux ne sont pas comparables à des carottes! pensait Anne. En plus de cela, sache que mes cheveux deviennent peu à peu auburn, merci au revoir!
Anne s'était sentie extrêmement en colère après cet incident il y a un an. Il s'est excusé. A présent, elle tente discrètement de se calmer tandis qu'ils arrivèrent à l'école.

« Je suis désolée d'entendre ça. Mais je suis sure que beaucoup de filles rêveraient d'être ta cavalière, tu n'as pas à t'inquiéter à propos de cette mystérieuse jeune fille. Sinon, Anne est totalement li-» Avant que Diana n'ai put finir sa phrase, Anne se tourna de suite dans sa direction, les yeux écarquillés et les oreilles rouges d'embarras.

Le silence pesant entre eux faisait place, tandis que Gilbert Blythe grattait nerveusement sa nuque.

« Et bien, je t'ai fais savoir que l'accompagnement d'un garçon ne m'est pas nécessaire. Je peux y aller seul si je le veux. La présence d'un genre opposé n'est guère fondamentale pour m'amuser à ces bals stupides. Je peux m'amuser, seule ou pas. Je refuse de suivre la société et cette coutume stupide des garçons et des filles ensembles. »
Anne ne cessait de répéter en général qu'elle n'avait pas besoin d'un garçon pour être indépendante, quand à Diana et Gilbert, ils trouvaient sa réaction plutôt amusante.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin en classe, ils posèrent leur manteau près de la portes et partirent s'installer.
« Merci d'avoir marché avec nous Gilbert » Diana lui sourit.
« Plaisir partagé » il jeta un coup d'œil à Anne qui lui adressait un regard neutre. Après que Diana ai rangé ses affaires, Gilbert fit un clin d'œil à Anne et se dirigea à sa table, la laissant encore une fois dans l'incompréhension et avec cette sensation dans le ventre.

Et elle n'aimait toujours pas cette sensation.