Chapitre 14: Le cadeau d'Anne.

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L'air hivernal frappait violemment le visage pâle d'Anne. La chute de neige était indéniablement forte mais Anne tenait le cadeau en sûreté comme si sa vie en dépendait, en haletant pas après pas. Elle était essoufflée. Elle couru tout du long jusque chez Gilbert, longeant le ruisseau et la fameuse forêt. Elle fut rassurée que le soleil ne soit pas totalement couché, ce qui lui permettait d'être un minimum éclairée sur son chemin. On pourrait croire que courir à travers les bois avait été son passe temps favoris depuis ses derniers jours. Elle ne fit pas attention aux branches qui fouettaient son visage, le silence de la nuit était rompu par le bruit de ses pas dans la neige ainsi que par son souffle abondant.

Lorsqu'elle aperçut enfin la maison au loin, elle se mit à ralentir jusqu'à l'arrêt et resta un moment devant. Elle reprit son souffle après tant d'efforts.
La plupart des lumières à l'intérieur étaient éteintes mais une pièce au coin de la maison était éclairée; ce devait être le feu de cheminé.

En silence, elle s'approcha de la véranda. Rassemblant tout son courage, elle leva le poing pour toquer à la porte. Mais soudain, elle réalisa qu'elle n'avait rien préparé à dire.

Elle fît demi tour en fronçant les sourcils, puis revint à la porte, essayant de toquer une nouvelle fois.

Tu peux le faire, Anne.

Elle retira ses mitaines pour toquer mais se retenu une fois de plus. Elle semblait avoir échoué cette bataille entre son cœur et la peur.
Elle se mit à penser à ses héroïnes préférées; Jane Eyre, Jeanne d'Arc et bien d'autres encore, toutes braves et sans crainte. Et plus elle pensait à elles, plus elle était frustrée. Elle savait que jamais elle n'arriverait à devenir comme elles.

Elle ferma ses yeux en respirant d'un air vaincu.
Elle se retourna et descendit les escaliers de la véranda pour rentrer chez elle, mais les marches en bois étaient couvertes d'une fine couche de glace, à l'insu d'Anne.

D'un mouvement rapide, elle perdit l'équilibre. Elle laissa échapper un cri perçant avant de se retrouver à terre.

Anne grogna à la fois de frustration et de douleur. « Pourquoi, pourquoi est-ce que tout est contre moi. »      soupira-t-elle d'un air désespéré, les yeux levés vers le ciel.

Tout à coup, un bruit de pas traînants se fît entendre de l'intérieur. La porte s'ouvrit et, comme si la situation ne pouvait être plus grave, Gilbert se tenait devant elle d'un air confus.

« Anne? »

La jeune fille ferma les yeux, souhaitant de tout son cœur disparaître dans son manteau et ne plus revenir sur cette Terre.
Elle entendit Gilbert se diriger vers elle. Il l'aida à se relever et se retrouva ainsi face à elle.

Il était dans l'incompréhension la plus totale.

« B- Bonsoir, Gilbert. J'étais juste.. um, je.. »

« Anne il fait extrêmement froid dehors. Aller, viens à l'intérieur. Tu trembles. »

Anne ne souhaitait en aucun cas déclencher une nouvelle dispute alors elle entra, Gilbert lui ouvrit la porte comme lors de leur première rencontre à l'école.

« Installe toi près du feu, je vais t'apporter des couvertures. » dit Gilbert dans l'urgence.

« Oh non ce n'est pas.. » mais le garçon était déjà sorti de la pièce. « Nécessaire. »

Anne soupira et retira son manteau trempé. Elle s'assit sur le sol près du feu en plaçant le cadeau sur ses genoux.

Gilbert revînt avec une pile de couverture dans une main et une tasse de thé dans l'autre.

Un bal d'hiverWhere stories live. Discover now