Dans la tourmente

By Eldar-Melda

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Fanfiction inspirée du manga Viewfinder de Yamane Ayano Après avoir quitté Asami pendant près de dix ans, Ak... More

Un nouveau départ
Dix ans après
Retrouvailles
Flammes dans la nuit
Nocturnes
Rancoeur et blessures
Une belle soirée
Menaces
Douces apparences
En proie au doute
Dans l'intimité de la nuit
Décisions et révélations
Conspiration
Discussion intense
Première confrontation
La tension monte
Colère et frayeur
Juste un dernier réglage
Pris au piège
La bataille commence
Mascarade
Contre la montre
Dernier sang
Le repos des guerriers
Joie et déchéance
Enfin le calme
Epilogue

Visites de courtoisie

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By Eldar-Melda


Très tôt, quelques semaines plus tard, alors qu'Akihito prenait ses marques dans le service criminologie du journal, il se rendit au tribunal, histoire de passer le bonjour à une vieille connaissance. Naturellement, il n'était pas là de son propre chef, même si, une bonne part de lui-même y allait de son plein gré. Innocemment en quelque sorte. Son rédacteur-en-chef souhaitait qu'il travaille sur des meurtres en série dans les bas-fonds de Tokyo, alors, c'était avec joie qu'il se rendait au tribunal.

Akihito avait pris rendez-vous à huit heures du matin, montre en main, pile au moment où les portes du tribunal s'ouvraient, c'était effectivement très matinal, mais bon, depuis son prix, on ne lui refusait absolument rien. C'était même un privilège de le voir évoluer sous ses yeux, comme une espèce d'animal de foire. D'accord, il faisait un excellent travail dans son service, et son talent à manager une équipe était salué, pour ne pas dire, loué. Comme si c'était une prouesse énorme de mener une équipe.

Bref, il ne comprendrait jamais pour quelles raisons les gens s'obstinaient à vouloir le côtoyer, ça le gênait vraiment dans son travail, lui qui adorait la tranquillité, c'était raté ! Etre journaliste demandait quand même un minimum de discrétion, non ? Visiblement pour certains, ce n'était pas le cas, l'autre jour, il avait pris un blouson, une casquette et un jean délavé pour une enquête, et on avait ruiné sa couverture en le pointant du doigt. Superbe ! Il avait dû adresser ses plus plates excuses à son supérieur.

Sa cible en avait profité pour s'échapper, une fois de plus, alors, quand il était revenu sur les lieux de son enquête, il avait intégralement changé de visage : il était méconnaissable avec des cheveux noirs, des yeux verts, et des cicatrices qui lui barraient le visage hideusement. Pour un peu, on le prenait pour un grand brûlé. Et il faisait fuir les autres : parfait ! Alors il sortait sa capuche, et se collait à un mur, penchant sa tête afin d'éviter le regard des autres... Que c'était simple de faire fuir les autres : la monstruosité était son meilleur atout.

- Bref, ils sont toujours aussi curieux... Ils vous regarderont toujours avec des yeux ronds comme des billes, pointant le doigt dans votre direction, pour vous montrer, à quel point vous êtes beau ou vraiment horrible à voir...

Le jeune homme monta les marches du tribunal dans son costume flambant neuf de travail, on le dévisageait toujours, on lisait toujours avec ferveur ses articles, on lui envoyait des fleurs, des lettres d'amour, des chocolats... Les gens désiraient l'approcher, mais il disait qu'il était là pour le boulot ! 

- Non, mademoiselle, je suis navré de devoir vous décevoir, ceci dit, c'est un immense plaisir d'être lu, et de recevoir vos cartes.

Il prit congé aussitôt de la jeune fille qui lui collait un peu trop aux basques à son goût, il regrettait l'Américaine qui avait très vite compris qu'il fallait le laisser tranquille. Au moins, l'Américaine avait de bonnes raisons de vouloir le côtoyer. Ils entretenaient une correspondance.

- Elle me manque quand même un peu...

A sa grande joie, il rencontra enfin la secrétaire qui devait le mener à son rendez-vous : elle était superbe. Elle portait un tailleur noir, une chemise blanche, un chignon auquel elle avait accroché des rubans rouges, un rouge à lèvres très élégant... On prétendait que le procureur couchait avec elle, ce qui était entièrement faux, ceci dit, la curiosité d'Akihito avait été piquée au vif quand il avait eu vent de cette rumeur. Kuroda, l'ayant de suite compris, lui fit comprendre en quelques termes que ce n'était qu'une relation de travail...

- Vraiment, avait répondu Akihito.

Kuroda le regarda bien droit dans les yeux :

- Oui, vraiment... Je n'aurais pas le mauvais goût de sortir avec une relation de travail, c'est malpropre.

Et pourtant, Kuroda avait rougi légèrement. Légèrement. Suffisamment pour qu'Akihito comprenne qu'il avait quand même des vues sur la dame.

- Et on évite de raconter ça dans les journaux, c'est clair ? Je n'ai aucune envie de te coller un procès au cul... Déjà, j'apprécierais pas de devoir poursuivre une vieille connaissance, mais en plus, lui n'aimerait pas non plus.

En d'autres termes, Asami. Mais la visite d'aujourd'hui ne portait pas du tout sur les soi-disant relations du procureur respecté de Tokyo avec ses propres personnel, au contraire, Akihito avait des raisons autrement plus sérieuses de le rencontrer, impliquant son propre travail, entre autres. Son tueur en série était vraiment vicelard : il avait compris directement qui était Akihito sous ses déguisements divers, même s'il ne savait pas que c'était le célèbre prix Pulitzer.

- Alors, Takaba, que me vaut le plaisir de ta visite, demanda le procureur, une fois qu'ils furent seuls.

Akihito sourit chaleureusement :

- Mon métier de journaliste, quoi de plus normal ?

Kuroda sourit avec beaucoup de douceur : il se souvenait du jeune homme de vingt-cinq ans qu'il avait rencontré, sous le faux prétexte d'une hôtesse disparue, qui paraissait vulnérable à toutes les attaques. Mais il avait appris à le connaître : il voyait le feu qu'Asami adorait tant chez son jeune protégé, son courage et sa ténacité. A tel point que Kuroda avait eu envie, à son tour, de le protéger. Notamment, quand Akihito avait enfin eu le courage de dire que Sakazaki avait voulu être payé en nature en échange d'informations. Asami avait vaguement apprécié, forcément, il avait fallu des trésors de diplomatie pour calmer le jeu entre les deux.

- Viens-en aux faits...

Akihito se pencha vers le procureur, dans son fauteuil en cuir noir, disposé autours d'une petite table basse, sur laquelle reposaient des verres d'une boisson fruitée. Kuroda était contre l'alcool au travail, ce qui ne l'avait pas empêché de prendre un verre ou deux dans le bar ultra-sélect de Sudou.

- Alors, il me semble qu'un tueur avait opéré de la même manière dans les années quatre-vingt-dix, est-ce exact ?

Kuroda pinca ses lèvres avec un dégoût assez évident :

- Hélas oui. Mais ce tueur ne visait que les femmes de seize à vingt ans, issues du même milieu social et artistique. Il ne s'intéressait qu'aux danseuses. Il leur donnait rendez-vous après une représentation, avant de les égorger, et de les démembrer. Chaque "figure" qu'il créait avec ces corps représentait une scène d'un ballet célèbre. Ce tueur-ci s'intéresse à toutes les catégories sociales, tous corps de métier. Un admirateur sans doute, mais n'ayant pas les moyens de se payer une place à l'opéra, il se dirige vers d'autres cibles, plus simples à atteindre : les gens dans la rue. Ce qui le rend plus difficle à attraper.

Pendant qu'Akihito prenait des notes sur ce tueur en série des années quatre-vingt-dix, il regardait de temps à autre la photo d'Asami à un gala de charité en compagnie de plusieurs autres personnalités politiques et influentes. L'homme était au centre de la photo, comme pour mieux narguer Akihito, de toute sa splendeur, et pourtant cette vision éclatait le coeur du jeune homme en mille morceaux. C'était une source de souffrance de devoir venir dans ce bureau à chaque fois.

- Et comment l'avez-vous attrapé ?

Kuroda avait remarqué le jeu de regard du journaliste, mais préféra ne pas se pencher sur sa vie privée, ou plutôt, de son manque de vie privée, de ses blessures, de ses regrets, de son besoin de se reconstruire... Kuroda avait admiré la façon dont Akihito avait accablé de preuves le procès contre Arbatov : c'était un travail de maître, vraiment. Il avait eu accès à l'ensemble du dossier concernant le procès grâce à une connaissance à l'ambassade de Russie. Kuroda voyait très bien qu'Akihito n'en voulait pas à Asami, mais à lui-même, maudissant sa faiblesse, toute la rancoeur qu'éprouvait Akihito était encore bien présente. Mais avait-il seulement eu conscience qu'Asami avait été dans tous ses états pendant ce long mois ? Seulement conscience des efforts déployés pour qu'on le retrouve ? Ou alors était-il déçu ? Quelque chose clochait définitivement, mais ce n'était pas en fuyant Asami qu'on résolvait ses problèmes, c'était en l'affrontant de face.

- Très simple : en le prenant sur le fait, on avait demandé à une danseuse étoile très célèbre d'accepter de jouer le rôle d'appât, elle avait accepté de suite. Une de ses amies avait tuée par ce monstre, alors, comme d'autres, elle voulait en finir très vite. Très vite. On avait placé un traqueur sur son épaule, ça a mené les policiers tout droit dans l'antre de la bête. C'était un fétichiste, il conservait une partie des mèches de cheveux de ses victimes dans des bocaux recouverts de soie rose. Comme sur les chaussons de danse.

Il ajouta, en toute apparente innocence :

- On l'a affronté de face, pour résoudre ce problème.

Akihito tiqua malgré tout :

- Kuroda, de quoi parlez-vous ?

Le procureur afficha une mine triste :

- Pourquoi ne cherches-tu pas à voir Asami ?

Akihito ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes :

- Ce n'est pas à vous de me donner des leçons de morale.

Mais Kuroda insista :

- Tu sais, il a tout autant souffert de ton enlèvement que toi, je ne l'ai jamais vu aussi agité. Tu es vraiment quelque chose... Mais tu ne t'en rends pas compte : Arbatov a vraiment réussi à te casser.

Akihito serra le poing autour de son propre verre, les larmes aux yeux :

- Vous ne savez rien !

Et il hurla :

- RIEN !

Kuroda se félicita que cette salle soit parfaitement insonorisée, sachant que les colères d'Akihito pouvaient être ce qu'on appelait une tempête :

- Tu vaux beaucoup plus que cet homme. Crois-moi. Si quelqu'un doit se sentir sale, c'est lui. Tu n'es qu'une victime, rien de plus.

Alors Akihito craqua : les larmes qu'il avait contenues depuis le début de leur entrerien coulèrent sur ses joues, pendant des heures et des heures, Kuroda avait brisé une digue dans son coeur, avait réussi à percer l'armure de pierre que s'était dressé le jeune homme autour de son coeur, maintenant, il fallait que le venin sorte. Toutes ces années à souffrir, à cauchemarder la nuit, à se réveiller en sursaut, à entendre le son du rire d'Arbatov dans sa chambre, ses caresses sur son sexe qui lui faisait atrocement mal... Tout ça, Asami ne l'avait pas vécu, il ne pouvait pas comprendre.

- Donne-lui sa chance... Va le voir demain soir. Je te donne son adresse. Je vous donne une heure de rendez-vous à tous les deux, d'accord ? Fais-moi confiance, tu vas y arriver. Tu y arrives toujours.

Kuroda avait déjà vu des cas pareils, où les filles, ou les hommes, craquaient dans son bureau pour une affaire de viol, d'agression sexuelle, d'attouchements, de harcèlement sexuel au travail, à la maison, dans la rue, aux voyeurs, aux violeurs... Chacun réagissait de la même manière : la honte qu'ils ressentaient était émise sur leurs proches, sur la police, sur ceux qui pouvaient les aider, eux, les victimes. Akihito était pareil. Parce que personne n'osait avouer à ses proches à quel point il ou elle avait souffert.

- Fais-le, ça va te faire beaucoup de bien. J'en ai vu d'autres que toi.

Akihito refusait de croiser le regard de Kuroda...

- Takaba, tu en as besoin, crois-moi. Va le voir, ne te renferme pas sur toi-même. Ca ne t'aidera pas d'éviter une personne que tu aimes profondément, non plus, pas plus que diriger ta colère vers lui. Ca ne te servira à rien.

Kuroda posa sa main sur l'épaule du journaliste qui pleurait silencieusement dans son propre bureau, qui refusait toujours de lever la tête, de le voir en face, comme si faire face à Kuroda le rendrait plus vulnérable que jamais. Takaba était certainement revenu plus fort que jamais, plus glorieux que jamais, mais cette gloire s'était cosntruite sur des bases très fragiles. Trop fragiles. Takaba avait fui au lieu d'affronter. Il avait affronté Arbatov et gagné, mais n'avait pas réussi à surmonter ses propres démons. Il avait entendu parler de cauchemars, de pleurs, de cris dans son sommeil. Décidément, rien ne serait simple pour Takaba tant qu'il ne serait pas guéri.

- Allez va, rejoins Asami demain soir à huit heures, d'accord ? Essaye au moins de faire ça. Vous en avez besoin.

Kuroda leva le menton du jeune homme :

- Fais-le, tu en es capable, hein ?

Kuroda lui passa un mouchoir comme il en passait aux victimes des viols :

- Et va !

Kuroda accompagna Akihito par sa porte de sortie privée qui permettait d'accéder aux parkings réservés au personnel, mais il avait réussi à convaincre ses supérieurs de réserver une place pour Takaba. Ils avaient accepté sans broncher, trop heureux d'aider le prix Pulitzer du Japon.

Akihito rentra chez lui d'un pas incertain, toujours enfermé dans ses pensées...

XOXOX

Asami jetait toujours des coups d'oeil aux photos que Kirishima lui avait donné : Akihito en compagnie de ce policier un peu trop fouineur, Yamato, en train de partager le déjeuner dans un café assez chic, Akihito en train de travailler avec un soupirant qu'il avait éconduit, Raibaru Ikari, et enfin, Akihito au port, avec trois hommes qui ne venaient clairement pas du Japon... A quel jeu jouait-il effectivement ?

Inutile de dire qu'il s'inquiétait beaucoup pour son amant, ou ex-amant... Rien que penser au passé le rendait fou de douleur, depuis cette nuit, Akihito n'avait pas donné de signes de vie, à part son travail dans ce journal, dirigé par un vieux rival, non seulement au travail, mais aussi par rapport à lui, Asami, même si Raibaru n'en savait strictement rien... Même s'il avait des doutes. Asami croisait les doigts pour que cet homme ne découvre pas sa relation intime avec Akihito, ne désirant pas que la carrière du jeune homme soit ruinée à cause de lui.

De plus, avec ce policier qui tournait autour du journaliste, les choses se compliquaient encore, même si Akihito avait clairement refusé d'apporter son aide au policier, le policer n'en démordait pas. Ce commandant découvrirait tôt ou tard le secret de son refus, sa relation avec lui, pourquoi Akihito avait réellement fui le Japon, pourquoi Akihito l'évitait vraiment... A tel point qu'on pouvait croire qu'ils avaient rompu...

C'était vrai, ils avaient rompu, mais alors pourquoi Akihito s'était-il jeté dans ses bras après cette réception ? Pour lui dire bonjour ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? C'était à ne rien comprendre du tout !

- Pourquoi me fais-tu subir ça ?

Alors Asami se levait à nouveau, et observait les gens dehors, dans ce quartier chic de Tokyo, comme pour se calmer, comme pour chercher des réponses dans le comportement des gens, comme pour analyser la situation. Pour faire croire qu'il maîtrisait absolument tout. Mais c'était faux : quand il s'agissait d'Akihito, il devenait agité, pour ne pas dire complètement dominé par ses propres émotions.

- Monsieur, je crois que vous vous faites trop souffrir.

Kirihima avait parfaitement raison : il était temps qu'il passe à autre chose sans doute, mais quelque chose au fond de lui refusait de croire que tout était fini entre lui et le beau journaliste. Il voulait croire que leur étreinte sur le toit de cet hôtel n'était pas quelque chose de passager, une aventure d'un soir.

- Kirishima, continuez à le suivre.

Kirishima haussa les épaules, il appréciait beaucoup Takaba mais il tenait aussi à la santé de son propre supérieur, ne voulant pas qu'il s'autodétruise à cause de l'amour. Et pourtant, Asami avait déjà tué un homme, mené uniquement par la colère, pour sauver son jeune protégé, les choses devenaient très vite glissantes quand le jeune homme était dans les parages.

- C'est vraiment nécessaire ? Takaba ne semble pas prêt à vous revoir, monsieur...

Encore la vieille discussion : Kirishima croyait que le jeune homme en avait vraiment fini avec Asami, qu'Asami perdait son temps avec lui, qu'il avait une fixation sur le journaliste, à tel point qu'il en oubliait le reste. Bien sûr, il aimait beaucoup Akihito, mais quand même, c'était au jeune homme de faire ses propres choix, pas à Asami de dicter sa vie.

- Il va revenir, je le sais...

Kirishima fronça des sourcils, la tête d'Asami était définitivement envahie par le jeune homme : quand Takaba avait quitté son supérieur, voilà dix ans, Asami s'était muré dans un silence assourdissant, même pour un homme aussi discret que Kirishima. Maintenant que le jeune homme en question était revenu, c'était comme si Asami était revenu à la vie, d'un coup, il souriait plus, certes de ce faux sourire qu'il adressait à ses partenaires en affaires, mais il souriait plus. Il était sorti de chez lui, et Kirishima en était ravi.

- Je pense que lui aussi aimerait un peu de paix pour le moment, s'il reste loin de vous, c'est qu'il a ses raisons. Peut-être que vous devriez le voir de vous-même pour vous en assurer. Ce n'est jamais bon de contempler une image.

Asami fusilla du regard son secrétaire, son bras droit, tant sur la scène de crime, qu'au bureau, dans sa vie publique, qui prétendait mieux savoir que lui ce qui était bon pour son propre amant, ou ex-amant, mais il n'arrivait pas à se rendre à l'évidence que peut-être Akihito en avait fini avec lui, de tout ça...

- Et moi je pense qu'Akihito court plus de dangers en restant éloigné de moi qu'en étant proche de moi.

Kirishima haussa les sourcils pour marquer son étonnement, tout en restant le plus professionel et courtois possible :

- Takaba s'est bien débrouillé pendant dix ans, non ? Alors il peut encore se débrouiller correctement seul, loin de vous ? Ou si vous ne comprenez pas ça : voyez-le vous-même, discutez-en avec lui.

Asami n'arrivait pas à croire qu'il se... disputait avec son propre secrétaire au sujet d'Akihito, mais alors pas du tout :

- Akihito a besoin d'aide, je le sens !

Kirishima rétorqua :

- Laissez-le donc respirer alors ! Laissez-le venir à vous comme quand vous l'avez sauvé des griffes de Fei Long. Ca se passera très bien... Alors que si vous vous obstinez à vous accrocher à lui, vous ne réussirez à rien.

Et le secrétaire ajouta :

- De plus, quand Arbatov l'a capturé, c'était une des fois où Takaba a réussi à déjouer la vigilance de nos propres hommes. Certes, à ses périls, mais il a besoin d'air. C'est un grand garçon, il saura prendre la bonne décision.

Asami ne paraissait pas convaincu le moins du monde : Akihito avait besoin de soutien, même si son protégé était têtu comme une mule, il n'empêchait, il aurait besoin de son appui bientôt, il le sentait de toutes les fibres de son corps et rien ne pourrait le contredire. Akihito était plus vulnérable qu'il n'y paraissait : malgré ses sourires, sa tête haute, il restait fragile. Trop. Il avait beaucoup mûri, mais cette force s'était construite en ignorant ses propres faiblesses. Il aurait tellement voulu l'avoir dans ses bras...

- Il m'évite surtout, il n'a pas besoin d'air, il m'évite. Que cherche-t-il à vouloir m'éloigner ? M'accuser des crimes qu'Arbatov envers lui ? D'avoir été la personne qui partage mon lit ? De quoi ?

Kirishima se doutait fortement que c'était exactement pour ces raisons que le jeune homme esquivait l'appartement d'Asami, ses clubs, ses restaurants, ses bars, ses hôtels... Tout ce qui appartenait à Asami. Il n'entrait même pas en contact avec les gens qui avaient côtoyé ou côtoyaient Asami. A part Kuroda, mais c'était un cas à part, étant journaliste, manager d'un service, une personnalité publique, Akihito ne pouvait pas ignorer cet homme.

- Si personne de notre organisation ne peut l'approcher, à part en le suivant de loin, je ne pense pas que vous-même puissiez entrer en contact avec lui. S'il met un point d'honneur à ne pas vouloir vous voir, alors je pense qu'il faut lui laisser le temps, vous ne croyez pas ?

Asami n'était pas tellement d'accord avec ce que venait de dire Kirishima du tout : il pensait vraiment tout le contraire.

- Je pense que le temps d'Akihito est compté : d'après ce que j'ai entendu dire, Arbatov va bientôt sortir de prison, et il risque fort de s'attaquer à Akihito. Je ne veux plus qu'Akihito soit capturé pendant un mois, sans que j'aie rien vu venir ! Je ne veux plus de deuxième enlèvement ! Akihito mérite tellement sa liberté !

Kirishima posa une main apaisante sur l'épaule de son supérieur :

- Je pense justement qu'il faut lui laisser cette liberté que vous chérissez tant, monsieur, si je peux me le permettre. Je sais à quel point ça a été dur pour vous de l'attendre, encore et encore, sans que lui ne veuille vous voir. Je sais très bien que lui laisser le temps demande beaucoup de vous, sachant qu'il est si proche de vous, monsieur.

Asami ne baissa pas le regard, il avait parfaitement conscience que Kirihima avait raison, cet homme était la logique même, ne se laissait pas berner par ses propres émotions du tout, il était calme, discret, mais d'une efficacité redoutable, il était ravi d'avoir embauché cette personne.

- Kirishima, alors que conseillez-vous ? Que je reste sagement ici sachant qu'Akihito va se retrouver en plein coeur du danger ? Yamato l'a déjà approché, mais par chance, il ne se doute pas encore de ce qu'a été ou de ce qu'est notre relation, Raibaru voulait sortir avec moi, mais Akihito a intercepté ses cadeaux pour moi, et les a jetés... Arbatov va sortir très bientôt de prison. Akihito ne peut pas s'en sortir seul !

Kirishima cilla :

- Monsieur, je pense qu'à ce moment-là, Arbatov va aussi vous attaquer, au moment où vous êtes le plus vulnérable. Autrement dit : maintenant. Il sait qu'Akihito est de retour au Japon, il sait que vous faites tout pour l'avoir à nouveau dans vos bras... Il va vous provoquer sur ce terrain-là. C'est pour cette raison qu'il fait absolument que vous laissiez Takaba tranquille. En lui tournant toujours autour, en oubliant le reste, vous risquez beaucoup plus gros.

Asami savait très bien tout ça, et c'était justement pour ces raisons-là qu'il ne voulait pas laisser Akihito tout seul.

- A ce moment-là, Akihito sera à nouveau avec moi, je le connais, il va revenir dans mes bras, c'est juste une question de temps. Il a gardé contact avec Kuroda, pas seulement parce que c'est un procureur, une source d'informations pour lui, mais aussi parce que c'est un lien avec moi. Ca le fait souffrir, mais il réalise, je le sais ! Je le connais !

Kirishima préféra battre en retraite : son supérieur était beaucoup trop obstiné quand Takaba était concerné, c'était une cause perdue d'avance. Il était tombé tellement profondément amoureux du jeune qu'il en devenait méconnaissable : lui qui gardait le parfait contrôle de ses émotions en face du monde, perdait sa maîtrise devant ses hommes à cause d'un ange blond... Si on l'avait su, on se serait moqué d'Asami Ryûichi, et Kirishima tenait à l'honneur de son patron. Certes, on utilisait déjà Akihito pour contrecarrer les plans d'Asami, mais quand même.

- Je ne doute pas une seconde qu'Akihito se retrouvera dans vos bras, mais je désire protéger votre honneur et votre personne, j'apprécie beaucoup le jeune homme, je le protégerais au prix de ma vie s'il le fallait, comme pour vous, mais je priorise votre sécurité, monsieur. Seulement votre sécurité...

Ainsi, Kirishima laissa seul Asami dans son bureau alors que le téléphone sonna : avec surprise, il constatait que Kuroda l'appelait au bureau, ce qui était imprudent, mais suffisamment important pour qu'il ose utiliser ce numéro en urgence :

- Asami, j'écoute.

Le procureur lui répondit :

- Takaba Akihito te rendra visite demain soir, à huit heures, chez toi, Ryûichi.

Kirishima avait aussi entendu ses mots, il stoppa net sa marche, afin de connaître le fin mot de l'histoire.

- Vraiment ?

La voix d'Asami tremblait légèrement...

- Oui, tu as parfaitement entendu, il veut encore te voir, rassure-toi, laisse-le venir à toi, laisse-le mener ce rendez-vous, s'il-te-plaît.

Asami ferma les yeux, une larme coula sur ses joues, montrant à quel point il était soulagé :

- Merci, Shinji.

Alors Kirishima regarda avec pitié son patron, et une bouffée de sympathie envers le jeune homme monta dans son ventre... Asami paraissait beaucoup plus joyeux qu'auparavant, mais aussi plus vulnérable.

Trop vulnérable à son goût... Beaucoup trop... Il se faisait sans doute des idées, mais il espérait vraiment que les choses se passent bien pour les deux amants.

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