Les Chroniques d'Idan (tome 2...

By QueenCharlieBradbury

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(À lire après "LA Dernière Banshee" pour éviter tout risque de spoilers !). Montée sur le trône des Enfers a... More

Préface❤
Prologue
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXII
Chapitre XXIV
Chapitre XXV
Chapitre XXVI
Chapitre XXVII
Chapitre XXVIII
Chapitre XXIX
Chapitre XXX
Chapitre XXXI
Chapitre XXXII
Chapitre XXXIII
Chapitre XXXIV
Chapitre XXXV
Chapitre XXXVI
Chapitre XXXVII
Chapitre XXXVIII
Chapitre XXXIX
Chapitre XXXX
Remerciements [+ tome 3]
HS - Histoire à suivre

Chapitre XXIII

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By QueenCharlieBradbury

Un doux chant d'oiseau me parvient, un peu étouffé par l'oreiller, sur lequel je suis allongée. Après quelques minutes à écouter ce son mélodieux, je me lève en étirant mes bras et mes longues jambes engourdies. 

J'ai bien dormi. Et ce constat, bien que plaisant, me serre le cœur. Pourquoi ai-je un jour eu l'idée de quitter ce paradis ? Ici, j'avais tout : une femme aimante pour m'élever, des amis, je pouvais m'entraîner à n'importe quelle heure de la journée. J'étais libre. 

Mais accepter cette liberté, c'était perdre ma véritable famille. Et je crois qu'à l'époque, je n'aurai pas pu le supporter. Pas pu, ou pas voulu ?, me chuchote ma conscience. Je l'ignore, tout en sortant du lit. 

Le soleil n'est pas encore complètement levé et le spectacle qui m'est offert est presque surréaliste : un ciel rosé, sans le moindre nuage, au-dessus d'une eau translucide dans laquelle je peux presque voir quelques poissons nager.

— Enfin réveillée ?, m'apostrophe la voix de Samantha.

Je me retourne, surprise de la voir appuyée contre le chambranle de ma porte, qui est ouverte. Pourquoi est-elle ouverte ? La jeune Banshee est déjà habillée aussi, à la mode Amazone : un top assez ample de couleur gris, avec un bas de la même couleur, suffisamment souple pour pouvoir se battre. 

Elle a relevé ses cheveux en une queue de cheval haute assez serrée et sur son poignet, je remarque le bracelet de sa mère. J'avais totalement oublié qu'elle le portait en permanence, parce qu'elle le cachait dans les manches de ses nombreux sweat. Sur son autre bras, je remarque un bandage autour de sa main et je suis obligée de tourner la tête pour ne pas m'énerver.

— Ça te surprend ?, je demande, tout en me rasseyant sur le lit.

Samantha hausse les épaules avec une petite moue. Ses bras restent croisés sur ses épaules et elle semble regarder au-dessus de moi pendant qu'elle me parle.

— Pas vraiment. Je suis plus surprise par le fait que tu aies actuellement dormi, réplique-t-elle avec un mince sourire.

Je réprime un rire. C'est vrai que depuis quelques temps, le fait de dormir ne m'a pas paru nécessaire ou vital. C'était une sorte d'activité « en plus », si je ne savais pas vraiment quoi faire d'autre. 

En même temps, gérer l'Enfer, les Enfers et essayer de retrouver Samantha sont des activités suffisamment chronophages et je n'avais pas de temps de répit pour me permettre de dormir. Il y a un nombre de morts chaque jour... 

C'est assez impressionnant. Est-ce que les Humains aiment mourir ? Franchement, en voyant certains dossiers, le doute est permis. Cependant, afin de répondre à la jeune femme, je lève les yeux au ciel.

— Et pourtant, Dieu sait comme j'en avais besoin, je murmure.

J'entends Samantha pousser un petit cri de surprise alors je me tourne vers elle, les sourcils froncés. Les muscles tendus, prête à frapper n'importe quel intrus, je tombe juste nez-à-nez avec une Samantha mi- amusée, mi- choquée.

— Est-ce que tu viens de prononcer le mot « Dieu », pour exprimer autre-chose que « Dieu n'est qu'un vieux débile égoïste » ? Qu'avez-vous fait d'Aoile ?, déclare Samantha, les yeux rieurs.

Je plaque une main sur mon cœur, faussement choquée.

— Mais enfin Samantha, on parle de mon grand-père ! Tu sais à quel point j'aime ma famille voyons, je lance d'un air presque théâtrale.

Suite à ça, nous éclatons de rire. Nos éclats de joie emplissent la pièce et ne sont perturbés que par l'arrivée soudaine d'une guerrière Amazone. Cette dernière s'arrête juste avant le pas de la porte et me fixe, ce qui me permet de me calmer et retrouver un semblant de sérieux. 

Je me souviens brièvement de cette fille, bien qu'elle soit plus jeune que moi. Sans un sourire ou un regard bienveillant, elle pose devant la porte un petit tas de vêtements.

— Vous êtes attendue par Sa Majesté la Reine, dans l'arène, à huit heures vingt-cinq, nous annonce-t-elle.

Puis, sans un mot de plus, elle s'en va. Désormais calmée, Sam et moi échangeons un regard. Elle semble surprise et un peu excitée, tandis que je suis plutôt agacée. Les intrusions à répétitions dans ma chambre commencent sérieusement à me porter sur les nerfs. 

Samantha s'approche du tas de vêtements et me les apporte, les posant sur mon lit. Je pose une main dessus et m'effondre littéralement sur les draps ouverts avec un long soupir.

— Pourquoi ai-je l'impression de vivre dans un moulin ?, je soupire.

Samantha rit et se redresse pour enfin entrer dans la chambre. Elle ne fait que quelques pas, avant d'attraper la poignée de porte et refermer cette dernière sans un bruit. Puis, elle se tourne à nouveau vers moi avec un petit sourire et pointe du doigt la porte fermée.

— Si tu fermais ta porte, tu arrêterais de te poser la question, réponds la jeune femme.

Me relevant immédiatement en entendant sa pique, je quitte mon lit douillet. Je hausse les sourcils et croise les bras. Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres tandis que je fais un pas vers elle, essayant de paraître menaçante.

— Tu penses vraiment que je dors avec la porte ouverte ? Et pourquoi pas un écriteau avec écrit « venez me tuer, je dors » tant que tu y es ?, je renchéris, amusée.

La Banshee rit un instant et fait une grimace, sans doute imaginant la scène. La jeune femme lève les mains en l'air et s'arrête juste avant mon lit. Son regard accroche le lever de soleil et je vois ses pupilles se dilater devant ce sublime tableau. 

Je suis son regard et retrouve avec bonheur le même spectacle que lors de mon réveil. Le soleil amorce doucement sa course vers le ciel tandis que les flots viennent s'échouer avec grâce sur le sable. Je peux presque discerner les poissons qui nagent tranquillement dans l'immensité des flots, sans rien savoir du monde qui les entoure.

Comme les Humains, ils restent dans des eaux connues, ayant trop peur de ce qui se trouve à quelques mètres d'eux. Cette volonté propre aux Humains, de vouloir rester aveugle à la beauté du monde qui les entoure ; préférant le détruire plutôt que de le comprendre. Prenant conscience trop tard de leurs erreurs.

Je suis interrompue dans mes pensées poétiques par l'arrivée impromptue d'un top, qui s'échoue sur ma tête, bloquant ma vision. Il me faut quelques secondes pour assimiler le fait que je ne peux plus rien voir. 

L'océan a disparu, tout comme la pâle lueur du soleil. Ne reste qu'un grand tableau gris devant mes yeux. Je le retire d'un seul coup, encore hébétée par cet atterrissage. Tournant la tête vers la jeune Banshee, je la découvre tordue de rire, une main sur sa bouche pour rester silencieuse. 

En me voyant la fixer, l'air hagard, elle toussote et tente de réprimer son fou-rire. Même à dix-huit ans, presque dix-neuf, elle reste l'enfant que j'ai vu grandir. Avec le même sens de l'humour et le même esprit vif et taquin. Cependant, je doute que nous ayons le temps de se lancer dans une bataille de ce genre. Surtout que les munitions sont de mon côté. 

Je me contente de hausser un sourcil provocateur avant de désigner la porte du doigt :

— Il faut que je m'habille ou nous allons être en retard. Et crois-moi, tu n'as pas envie de déclencher la colère de « Sa Majesté la Reine », j'annonce, la calmant aussitôt.

Avant de disparaître de l'autre côté de la porte, Samantha se tourne vers moi, l'air songeur.

— Tu crois qu'elle nous fera combattre ?, me demande-t-elle.

Je plisse les yeux, ne comprenant même pas pourquoi elle semble en douter. Mais comme elle semble sérieuse, je décide de la prendre à contre-pied.

— Non, elle nous habille chez GAP pour un brunch entre potes, j'ironise.

Samantha lève les yeux au ciel et quitte la chambre, faisant claquer la porte derrière elle pour me faire comprendre que mes traits d'esprit de l'atteigne pas. Dommage ! Ainsi –pour la troisième fois aujourd'hui- je quitte à nouveau mon lit sur lequel je m'étais encore assise pour admirer la vue et attrape le top que Samantha m'a si gentiment envoyé à la figure. 

Contrairement au sien, celui que m'a fait porter Penthésilée est noir. Je souris tendrement devant cette attention toute particulière. Quelque part, le noir a toujours été ma couleur. Mais je sais que ce n'est pas pour cela que la Reine m'a donné des vêtements noirs.

Même chez les Amazones, il y a un code couleur. Le gris est généralement réservé aux combattantes en formation, celles qui n'ont pas encore pris leur première vie. Sachant que Samantha est une Banshee, j'ai bien peur que cette couleur ne la quitte jamais. 

Pour les esclaves mâles combattant pour leurs vies, on leur fait porter du rouge, couleur du sacrifice. Chez les enfants, jusqu'à l'âge de six ans, les vêtements sont blancs. La couleur de la pureté, des enfants n'ayant encore jamais porté une arme ou combattu. 

Et enfin, le noir. La couleur des guerrières accomplies, celles qui ont déjà pris des vies et combattu sur un champ de bataille. Penthésilée porte cette même couleur, avec sa couronne de combat dorée et une fine bande de la même couleur de chaque côté de son bas.

Une fois entièrement douchée et habillée, j'attache également mes cheveux en une queue de cheval haute très serrée, pour qu'aucun cheveu ne daigne sortir de l'élastique. Puis, j'enfile une ma paire de basket habituelle, qui ne me quitte jamais. 

Je me demande si j'aurai le droit de régner avec, ou si je devrais essayer de porter des talons plus souvent. Une grimace déforme mon visage rien qu'en y pensant. Pitié, mes chevilles ne le supporteraient pas. Finalement, après au moins quinze bonnes minutes, je sors de ma chambre. 

Le couloir est vide, alors je m'approche de la chambre de Samantha, cherchant la jeune femme. En poussant la porte de sa chambre, je tombe sur la Banshee, qui s'apprêtait à sortir. Portant sa main blessée à son cœur, la jeune femme me fait les gros yeux.

— Sérieusement Aoile, parfois je me demande si tu es là pour me protéger ou me tuer. Est-ce que tu te rends compte de la frayeur que tu viens de me faire ? Est-ce que tu peux...t'annoncer, la prochaine fois ? Je ne tiens pas à faire une attaque cardiaque parce que tu as décidé de te la jouer ninja, me réprimande la Banshee.

Je hausse un sourcil. La jeune femme roule des yeux et marmonne un truc pour elle-même avant de me pointer d'un doigt accusateur.

— La prochaine fois, je te crie dessus, me menace-t-elle.

Bien que je ne laisse paraître qu'un certain amusement, sa « menace » m'a réellement fait bondir. Maintenant que je ne suis plus une Ange, qui sait quel dommage peut me faire un cri de Banshee ? Je sais que je ne peux pas en mourir, à cause du Lien. 

Mais je ne tiens pas à ressembler à une grand-mère pour le restant de ma très, très longue vie ! Lorsqu'elle passe devant moi, je m'imagine avec le visage ridé et réprime une grimace. Non vraiment, ça ne m'irait pas du tout. 

Je secoue la tête pour me sortir de cette image du crâne, avant de remarquer que la Banshee est déjà dehors. Alors je rattrape la jeune femme et nous sortons du Palais ensemble. Cependant, une fois dehors, Samantha m'attrape le bras et s'arrête, me forçant à faire de même. Elle se penche vers moi et me chuchote à l'oreille :

— On a le temps de prendre un petit déjeuner ? Je meurs de faim.

Je cligne des yeux deux fois avant de me tourner vers elle. Sa tête est restée à la hauteur de mon oreille, ce qui fait que nous nous retrouvons littéralement nez-à-nez l'une avec l'autre. Je recule d'un pas avant de froncer les sourcils devant son sourire à peine feint.

— Sérieusement ?

Elle hoche la tête.

— Oui, sérieusement. On a rien avalé depuis qu'on est parti d'Idan, souligne-t-elle en prenant un air dur.

Je lève les yeux au ciel.

— Je suppose qu'on pourra manger en arrivant. En général, Penthésilée aime manger devant des combats, je lâche sans grande conviction.

Samantha hoche la tête, mais je sens à son attitude qu'elle ne croit pas un traitre mot de ce que j'ai dit. Plusieurs secondes passent où nous nous regardons, l'une face à l'autre, sans un mot. Puis finalement, la Banshee brise le silence.

— Est-ce que tu sais comment aller à l'arène ?

Je hoche la tête, un sourire satisfait sur le visage.

— Oui Sam', j'ai vécu ici pendant un sacré bout de temps. Sachant que l'île n'a pas changé, je ne pense pas que ça soit difficile de m'y repérer, avoué-je.

Samantha acquiesce.

— Dans ce cas allons-y ! Puisqu'on ne peut pas faire attendre la Reine, me rappelle-t-elle.

Je soupire et la guide à travers le village. En réalité –bien que quelques maisons en plus aient été construites- ce n'est pas parce que le village n'a pas changé que je peux me rendre aux arènes sans demander mon chemin. C'est plutôt parce qu'à cette heure-ci, tout le village y va, pour assister à des combats d'esclaves mâles. 

Du coup, nous avons juste à nous fondre dans la foule et suivre leurs pas. Qui plus est, l'arène est le seul bâtiment qui comporte plusieurs étages, conformément aux designs romains. Du coup, il est très repérable ! Pas dupe, Samantha soupire en voyant l'arène dépasser le reste des maisons en terme de taille et je comprends par le regard qu'elle me lance qu'elle sait très bien pourquoi il est facile de s'y rendre. 

Une fois au pied de l'édifice, je me rends compte qu'il a été magiquement réparé il y a peu. Les pierres semblent neuves et leur couleur est encore étincelante. Mais je n'ai pas le temps de m'en réjouir que déjà, deux des gardes personnelles de la Reine s'approchent de nous.

— Aoile et Samantha ?, demandent-t-elles en cœur.

Je me demande si c'est l'un des critères de sélection, être capable de tout réciter en duo. A la longue, ça doit être assez pénible tout de même. Je hoche la tête et les deux femmes, vêtues d'armures souples marrons, nous escorte jusqu'à Penthésilée. Le chemin n'est pas long, il y a simplement des marches à gravir. 

Je sais que la Reine a fait construire une entrée secrète, uniquement connue d'elle –puisqu'elle a tué les architectes après la construction- afin de pouvoir partir rapidement en cas de combat sur la rive. Il y a également un moyen magique d'enfermer tout le monde dans l'arène si jamais l'île était attaquée. En restreignant ainsi le terrain de combat, les Amazones sont sûres de toujours gagner.

La reine, tout en haut des gradins, dans la tribune normalement réservées à l'Empereur, admire le rond de sable encore vide, dans lequel deux hommes viendront à s'affronter d'ici quelques minutes. Contrairement à ce que je pensais, Penthésilée est vêtue d'une tunique noire, cintrée grâce à une cordelette dorée nouée autour de la taille. 

Son bas est de la même couleur que la tunique et elle porte des sandalettes dorées assez légères. Ses cheveux sont entièrement tressés et forment un chignon complexe à l'arrière de son crâne, sur lequel est fixée sa couronne. Cette dernière ressemble à celle que j'ai également pour le combat : une simple bande dorée qui passe sur le front. Sauf que pour elle, sur son front, la couronne dessine la pointe d'une flèche.

Comme si elle avait senti notre présence, la Reine s'arrache à sa contemplation et nous incite à la rejoindre d'un simple mouvement de tête. Derrière elle, sur des sièges prévus à cet effet, se trouvent la garde de la Reine, cinq jeunes femmes en tenue de combat marron.

 A côté du siège de Penthésilée, s'en trouve deux plus petit, pour moi et Sam. Cette dernière semble vraiment mal à l'aise devant tout cela mais n'ose rien dire. Doucement, elle vient prendre place sur son siège et je lui attrape la main, pour essayer de la mettre à l'aise. En retour, elle m'offre un petit sourire crispé et je l'entends soupirer pour essayer de se détendre.

— Que penses-tu de l'arène Aoile ?, me demande Penthésilée.

Je regarde autour de moi et laisse échapper un sourire. Le reste du village prend place dans les gradins et je les sens presque trembler d'excitation malgré la distance qui nous sépare.

— Elle semble plus neuve que dans mes souvenirs. Mais sinon, rien n'a particulièrement changé, je réponds.

Penthésilée approuve d'un geste de la tête.

— Tu as raison. J'aime rénover cette arène, parce qu'à mon goût, c'est une œuvre d'art qu'il nous faut préserver. Sinon, qui le fera, rit la Reine.

Puis, après un silence de quelques secondes, elle enchaîne.

— J'ai entendu dire que les Humains en avaient aussi, mais ne s'en servait pas. Est-ce vrai, Samantha ?

Cette dernière grimace.

— Techniquement, c'est la vérité. Ce sont des monuments historiques, trop fragile pour être utilisé. Et contrairement à vous, nous n'avons pas de magie pour les rénover. J'ai pu en visiter certaines, en France. C'est vraiment magnifique et il y a un petit côté grandiose quand on entre dans une arène. Comme on nous apprend ce qu'il s'y déroulait en classe, on a l'impression que ce monument, pourtant si vieux, a vu bien plus de chose que nous ne pourrions espérer en voir, en une vie. Mais je crois que dans certaines villes –du moins en France-, certains arènes servent encore pour...des...hum. Des corridas, explique-t-elle.

Penthésilée semble intriguée par ce dernier mot et observe la jeune femme à mes côtés.

— Des corridas ? Qu'est-ce que c'est ?, demande la Reine des Amazones.

Samantha pousse un soupir.

— Des spectacles, je suppose. Comme beaucoup de gens, je suis contre cette pratique. Il s'agit d'un « spectacle » pendant lequel un taureau, drogué pour être très agressif, charge à répétitions un homme qui lui agite sous le nez une cape. La couleur change mais en général, elle est rouge, à cause d'un certain mythe comme quoi le rouge énerverait les taureaux. Parfois, l'homme est à cheval. Bref, à chaque fois que le taureau charge la cape, l'homme, qu'on appelle un toréro, la soulève au dernier moment en criant « olé ». Et il y a d'autres personnes qui plantent des piques dans la peau de l'animal jusqu'à ce qu'à la fin, il soit tué. En somme, c'est très agréable à regarder, ironise Samantha.

Je sens l'amertume et la colère dans sa voix, tout comme Penthésilée qui ne retient pas une expression choquée et dégoûtée.

— C'est...particulier. Je suppose que c'est quelque chose de traditionnel ?

Samantha hausse les épaules, sans quitter le rond de sable du regard.

— Je n'en sais rien. Ce n'est pas quelque chose de fréquent, dans le Nord-Est de la France. Et comme c'est quelque chose qui me rebute profondément, je ne suis pas allée faire des recherches poussées, lâche-t-elle.

Comprenant que cette conversation n'irait pas plus loin, Penthésilée soupire et hoche la tête, juste au moment où un gong sonore annonce l'arrivée des combattants. Frappant dans ses mains, la Reine sourit et trépigne presque d'impatience. Jetant un coup d'œil à Samantha, je remarque qu'elle ne regarde plus en bas mais fixe le sol. 

Mon cerveau met du temps à faire le lien, mais j'y parviens. Les combats de gladiateurs, qui se déroulent dans une arène, se terminant sur une mise à mort. Et là, Penthésilée va nous faire regarder deux combattants mâles se battre à mort. Je suppose que ça non plus, Sam ne le cautionne pas. Je me penche vers elle et fait de petits cercles avec mon pouce sur sa main.

— Aoile, je ne peux pas regarder deux hommes s'entretuer. C'est mal, chuchote la Banshee.

Mais avant que je puisse répliquer quoi que ce soit, un nouveau coup de gong retentit et de part et d'autre de l'arène, les grilles se soulèvent. Je sens la main de Sam se crisper sur la mienne, me broyant presque les os, tandis que Penthésilée, d'un air joyeux, se lève et crie à la foule en délire :

— Que le combat commence ! 

____________________________________________________________________________

Hello tout le monde !
Comment ça va ?
Vous passez une bonne semaine ?
Que pensez-vous du chapitre ?

-> les diverses relations entre les personnages ?
-> la conversation intérieure d'Aoile ?
-> Penthésilée ?
-> Les Amazones ? 🤗💜

Qu'aimeriez-vous voir la semaine prochaine ?
Sur ce, bonne journée à tous 😘🔥

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