Constance...

De Jigglypluff

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Tout commencera grâce ou à cause d'une sculpture. Une union. Des richesses. Un(e) mort(e). Un pacte. Une femm... Mais

0 - La Vénus.
1 - Le devoir d'une femme.
2 - De l'attention.
3 - Les hommes.
4 - Ensoleillée.
5 - Belles fleurs.
6 - Promenades et banalités.
7 - Complices.
8 - Courtisanes.
9 - En famille.
10 - Que d'amour.
11 - Cérémonial.
13 - Soirées D'apparat.
14 - Absence.
15 - Attente Languissante.
16 - Vieil Ami.
17 - Retrouvailles?
18 - Quelle Vie...
19 - Guérison.
20.
21. Réveil

12 - Histoire De Voyages.

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De Jigglypluff

La mode anglaise était très différente de la française, mais ce qui m’avait le plus frappée était les jardins. Versailles était la genèse du jardin à la française : allées ordonnées, buissons taillés et fontaines rivalisant de luxes agrémentaient le lieu de détente privilégié du Roi-Soleil. Pourtant de l’autre côté de la Manche, il semblait plus réputé de laisser les plantes s’épanouir. Les fleurs n’en étaient que plus belles, plus lires. Il me semblait pénétrer dans l’intimité de la nature elle-même.

Je déambulais sous les arches de plantes grimpantes sous les yeux amusés d’Aleister et son ami. Leur anglais était trop fluide et trop développé pour moi, malgré tous mes efforts, alors j’avais décidé de reporter mon attention sur le spectacle atypique qui s’offrait à moi.

Aleister m’avait présenté Robert Spencer, comte de Sunderland comme un influent homme d’Etat de Charles II. J’avais également compris qu’il était un ami de son père autrefois. Mon mari avait tenté plusieurs fois de m’expliquer la situation politique instable de l’Angleterre, en vain.

-  Constance, monsieur mon ami nous propose de nous rendre à la Cour. A moins que tu n’en aies réellement envie, j’ai répondu que nous n’en aurions pas le temps. Même s’il est clair que tu ferais sensation, je ne suis pas sûr que l’hédonisme de la guerre te plaise.

- Je te fais confiance.

Aleister me proposa son bras puis embrassa mon épaule dénudé. Il continua sa conversation, et moi ma contemplation. Quand vint l’heure du thé, j’étais toute impatiente. Le thé anglais était la première chose que j’avais goûté au sortir de la traversée, accompagné de délicieux biscuits. Il était tellement différent du français, habituellement si fruité. Là, il était un peu plus amer et fort, et j’adorais cela ! En réalité j’adorais tout ce qu’Aleister me présentait. La passion dans sa voix ne cesserait de me lasser.

Le lendemain, Aleister m’autorisa à lui emprunter une tenue de chasse. Cela faisait une semaine qu’il m’avait promis de faire le tour de la forêt autour de sa propriété, et je n’avais pas un instant cessé de la harceler à ce propos. Je ressemblais à un homme, mes cheveux rentrés dans un grand chapeau. Un garçon un peu jeune et féminisé selon moi, un bel éphèbe selon Aleister. Je ressemblais trait pour trait à l’Adam jeune adolescent de mes souvenirs.

Nous galopâmes toute la matinée mais fûmes bien obligés de rentrer au zénith. Nous étions pleins de terre, et les domestiques insistèrent pour que je me change et me nettoie. Je n’en avais aucune envie parce que j’avais  réellement faim, et puis parce que cela signifiait la fin des balades salissantes pour la journée, mais elles étaient celles que j’aimais le plus. Nous dégustâmes un délicieux ragoût de chevreuil et une sorte de flan en dessert.

Je suppliais mon guide, me servant de mari par la même occasion, de m’emmener au marché de Londres. Je dus alors à nouveau changer de vêtements, et en revêtir de moins luxueux pour me fondre dans la masse. Je fus gâté, et me vis offrir des étoffes, bijoux et dentelles de la part de mon magnifique porteur de moustache. Il se fit lui-même cadeau d’un haut chapeau de feutre bleu marine assorti à une cravate.

Lorsque nous rentrâmes, on m’aida à retirer mon manteau et me tendit une lettre au sceau de ma famille. Je me réfugiais auprès de la cheminée et la décachetait avec soin. Je reconnus immédiatement l’écriture appliquée d’Adam, et un sourire éclaira mon visage.

« Ma chère sœur,
Nous espérons à Versailles de tout notre cœur et que tu te portes bien, et que ton mari prend soin de toi. Je me chargerais de lui rappeler que tu es le plus précieux joyeux de notre famille, et qu’il a tout intérêt à ne pas te blesser lorsque vous reviendrez.

L’appartement me semble vide sans ta présence. Je n’ai toujours pas trouvé meilleur public que toi pour jouer du piano, alors je t’attends. Je poursuis ma formation de garde auprès du duc. J’ai fait la connaissance de nombreux jeunes gens très sympathiques, et j’espère te présenter quelques uns d’entre eux un jour. Pourtant, je n’ai toujours pas rencontré de jeune femme qui m’émeuve, qui me corresponde, et le mariage passera après ma profession.

Je tenais à te prévenir que la tension entre la France et l’Angleterre augmente. Elle est notre alliée supposée et pourtant refuse de nous aider à résoudre le conflit des Réunions, elle s’oppose même à certaines de nos décisions ! Je ne souhaite pas qu’il t’arrive quoi que ce soit, et je crains que tu doives rentrer sous peu.

Sinon, rien d’extraordinaire ne se passe en dehors des classiques intrigues de Cour. Le Roi a s’est entichée d’une nouvelle blonde. Angélique de Fontanges a dix-sept ans, et elle plaît au Roi. C’est La Montespan qui lui a présenté en tant que fille d’honneur en pensant qu’il se lasserait, mais il y tient pour l’instant. Personne ne sait combien durera cette amourette mais on dit qu’il a suffit d’une paire de pendants d’oreilles et d’un sautoir pour la conquérir.

Reviens vite ! Ton entourage souffre de ton absence. Ton mari a bien de la chance, mais dis-lui de ne pas trop nous priver.
Je t’aime.
Ton frère jumeau, l’aîné, Adam. »

Je transmis la lettre à Aleister qui fit mine de réfléchir, assis à mes côtés. J’adorais lorsqu’il lissait sa moustache entre ses doigts, il avait un air adorablement mystérieux dans ces moments-là.

- Peut-être devrions, par prévention, retourner en France.

- Oh non ! J’adore l’Angleterre, et nous n’avons encore visité !

- ‘Rien’ tu es bien sévère. Je suis ravi que tu aimes mon pays, nous aurons l’occasion de revenir ne t’inquiètes. Tu n’auras pas même le temps d’oublier la langue : je vais faire venir avec nous des domestiques bilingues.

Il m’embrassa la tempe et passa les bras autour de mon cou. Nous avions passé trois semaines ici, et j’en apprenais tellement chaque jour. Nous n’étions pas encore partis que j’avais hâte de revenir. On nous installa une table de fortune devant la cheminée sur laquelle nous mangeâmes notre souper. Je suivis ensuite Aleister dans notre chambre. Je me jetais sur le lit tandis qu’il enlevait sa chemise. Il s’allongea à mes côtés et m’embrassa. Il m’aida à retirer ma chemise en lin et ses mains parcoururent mon corps, caressantes, puis insistantes, sans jamais se faire désagréables. Nous finîmes tous deux de nous déshabiller puis il fit naître une rivière de baisers sur mon corps. Je me sentais submergée, inondée par les vagues de son amour. Le torrent continua entre mes cuisses, place forte de mon désir bourgeonnant. A chacun de ses gestes, à chacune de ses caresses, je la sentais grandir cette chaleur enfouie en moi. 
Mes mains vinrent naturellement saisir son abondante chevelure. Je voulais le sentir plus proche, plus proche, plus aimant si c’était même possible. Il fut juste là pour cueillir l’explosion de mon désir me consumant. Ses mains ne me quittèrent à aucun instant, elles épousaient les formes de mon corps vibrant.

Finalement il posa ses lèvres sur les miennes, me serra contre lui, et me souhaita une bonne nuit en chuchotant. C’était aussi pour ça que je l’aimais, il se me préoccupait de mon plaisir pour en oublier le sien. A ses côtés, je me sentais aimée, et j’avais l’impression d’avoir plus à offrir que simplement mon corps.

Le lendemain, Aleister organisait notre voyage de retour tandis que je tentais de tenir une conversation construite avec une de mes domestiques. J’aimais noter les mots que j’apprenais dans un carnet par ordre alphabétique, pour ne pas oublier trop vite. Aleister m’encourageait beaucoup comme à son habitude, et je lui en étais reconnaissante.

Nous partîmes trois jours plus tard, et la mer fut plus houleuse qu’à l’allée. Je passais l’essentiel du voyage dans ma cabine tentant de déchiffrer quelques lettres qu’on m’avait prêtées.

Nous arrivâmes dans le nord de la France, et décidâmes de passer au comté de Belfort. Personne n’avait été informé de notre retour précipité alors personne ne nous attendait. C’était un lieu magnifique, qui semblait hors-du-temps. Le château avait été construit en pierres blanches et je remarquais que l’extérieur avait été récemment lavé. Le jardin par contre avait été laissé à lui-même mais l’harmonie était bien moins réussie que chez nos voisins anglophones… Je me rappelais donc de leur demander leur recette.

Nous visitâmes en compagnie des domestiques cette énorme bâtisse. La plupart des tapisseries étaient de tons bleus, verts ou beiges. Dans l’aile droite se trouvaient le grand salon, les cuisines et une grande bibliothèque. Dans la seconde, une dizaine de chambres avec baignoires et coiffeuses rivalisaient. Nous découvrîmes également des écuries vides mais conservées en bon état et une serre. Le Roi nous avait fait un magnifique présent.

Nous décidâmes de n’y rester que pour la nuit, et le lendemain, un émissaire du Roi nous rendit visite. Apparemment il avait été chargé de tenir le lieu en bon état jusqu’à notre première visite. 
Aleister décida de laisser au château trois de ses domestiques de confiance et de peupler la maison plus tard.

La route jusqu’à Versailles dura une journée qui me sembla interminable. Nous arrivâmes pendant la nuit pour nous coucher directement, épuisés par le trajet inconfortable. Le lendemain je décidais de me lever tôt pour rendre visite à mon frère, et Aleister insista pour m’accompagner. Je toquai toute excitée à la porte de mon ancienne appartement, et Etienne me salua.

Ce fut mon père qui m’accueillit par une embrassade, et me posa quelques questions sur mon voyage. Je le laissais ensuite en compagnie de mon mari pour discuter avec Adam dans sa chambre. Il m’embrassa d’abord ravi, puis m’éloigna de lui l’air inquiet.

- Serais-tu revenue à cause de ma lettre ?

- En partie oui mais ne t’en soucie pas. Aleister était déjà décidé, et il a ajouté que nous y retournerions. Ainsi, aucune femme ne te plaît à la Cour…

- Aucune d’elle ne capte réellement mon attention.

- Pourquoi cela ?

- Elles sont si ennuyantes, leurs seuls sujets de conversation sont les étoffes et les intrigues.

- C’est ce qu’on apprend dès notre naissance, et c’est ce que demande la plupart des hommes.

- Mais toi, tu n’es pas comme ça…

- Et Isabelle ?

- Pourquoi s’intéresserait-elle à moi lorsqu’elle se fait déjà courtiser par la moitié des hommes de Cour ? Ses parents doivent déjà avoir conclu quelque chose avec le plus riche d’entre eux.

- Elle pourrait s’intéresser à toi parce qu’elle et ses parents te connaissent. Elle sait que tu n’es pas comme les autres. Puis tu as une fortune et un futur titre de garde royal qui t’attend.

Aleister déclara avoir des affaires à régler pour nous laisser boire le thé tous les deux.

- Viendras-tu aux appartements du Roi ce soir ?

- J’ignore si nous y sommes invités, mon mari et moi.

- Tu sais très bien que si. Je m’ennuie en ton absence à ce genre d’événements, je pourrais t’y présenter le duc ! Ce n’est plus mère mais lui désormais qui m’oblige à y assister.

- Je viendrais dans ce cas te tenir compagnie.

Aleister m’accorda la permission de me rendre seule, en compagnie d’Adam au dîner du Roi. Il faisait déplacer mes affaires et avait de nombreuses affaires à régler avec l’Angleterre et son château, en plus de celui de Belfort désormais.

Lorsque le duc du Maine est entré dans la salle et qu’il m’a remarqué, il m’a salué d’un sourire. Maintenant que j’étais mariée, tout autre geste aurait été déplacé surtout en l’absence de mon mari. Le Roi me vit également mais il resta impassible. La scène commença et se termina dans le silence hanté par les chuchotements des courtisans.

Les musiciens commencèrent ensuite à jouer et la Roi nous fit signe.

- Comtesse de Belfort, vous manquiez à la Cour et vous manquiez au Roi.

Son attitude n’avait donc pas changé. Je m’inclinais après l’avoir remercié et observais la jeune à ses côtés qui se tenait devant la marquise. La demoiselle de Fontanges était très jolie, je ne pouvais que le reconnaître.

Sa Majesté s’enquit du déroulement de notre voyage en Angleterre, et je m’empressai de raconter les quelques détails qui m’avaient le plus marquée. Je vantai également la beauté du comté de Belfort et le remerciai.

- Maîtrisez-vous l’anglais ?, me demanda la Fontanges.

- Je n’y ai séjourné que trois semaines madame.

- Je suis sûr que vous êtes très modeste comtesse, comme à votre habitude.

Le monarque après ce commentaire, se décida enfin à s’éloigner suivi de son harem. Adam voulait me présenter le chevalier dans Lorraine lorsque, à ma plus grande joie, le duc du Maine nous rejoint. Je n’avais aucune envie de connaître l’intriguant qui plaisait à mon frère, je voulais bien accepter sa passion, mais qu’il ne compte pas sur moi pour sympathiser avant cet énergumène.

- Vous êtes donc revenue de vos noces, ne devaient-elles pas durer deux semaines de plus ?

- Mon frère et mon mari craignaient le conflit des Réunions et l’envenimement des relations entre l’Angleterre et la France.

- Ils sont très avenants. De plus, la situation politique est instable, ils se remettent à peine d’une révolution après tout.

Il me résuma en quelques mots la situation de nos voisins. C’était déjà plus clair que le cours détaillé que m’avait fourni Aleister.

- J’imagine que vous avez entendu parler d’Angélique, la nouvelle favorite de Sa Majesté, s’enquit le duc.

- Quelque peu, Aleister en est ravi.

- Qu’il ne se réjouisse pas trop vite, le Roi aime chasser sur plusieurs tableaux.

- La Reine en fait quotidiennement l’expérience je le crains.

- Il pourrait avoir beaucoup plus de maîtresses s’il le souhaitait, elles se jettent littéralement à ses pieds, répondit-il amusé.

- Mais il désire celles qui lui résistent.

- Vous êtes la seule, il n’en a pas l’habitude. Je crois que cela l’irrite.

- Il est énervé contre moi ?, demandais-je surprise.

- Oh certes non, votre mari sûrement.

Je frissonnais, peu rassurée. Je craignais à vrai dire que le Roi tente d’évincer Aleister ou de lui nuire. Après tout, un monarque tel que lui avait tous les pouvoirs, et il pourrait lui faire ce qu’il voulait en restant impuni.

Le duc me proposa son bras. Je regardais autour quelques instants et repérais Adam, chuchotant à l’oreille de Monsieur le frère du Roi. Il n’avait pas l’air de se soucier de mes faits et gestes alors j’acceptais l’invitation du duc. Il n’avait pas changé. Il avait toujours fière allure malgré sa jambe boiteuse, sa canne lui rajoutait une certaine prestance à vrai dire. Il portait un magnifique costume vert pâle et doré, les yeux plissés face au soleil montant de l’après-midi. Nous quittâmes discrètement la salle et nous dirigeâmes vers les serres royales.

- Pensez-vous qu’il se lassera vite ?

- Je ne sais. Si vous vous interposez sûrement, c’est ce que toute la Cour attend.

- Je ne vois pas pourquoi je m’interposerais dans les affaires de cœur du Roi.

- Parce que vous avez accepté son cœur comme cadeau, ce joyau… vous êtes liée à lui désormais, que vous le vouliez ou non.

Nous nous sommes assis sur un banc face à une fontaine. Le bruit de l’eau s’écoulant était relaxant. La brise légère caressait ma nuque. Une odeur de fraîcheur fruitée vagabondait dans les airs.

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