Les yeux fermés, ailes étendues au-dessus de l'eau, je laisse ma main glisser le long de la surface, récoltant les minuscules particules d'eau qui s'échappe du reste. Un sourire se forme sur mes lèvres et un petit rire nerveux s'échappe de ma gorge.
Décalant mes épaules vers la droite, je suis le mouvement du vent et dessine de simple boucles au-dessus de la mer. L'air marin me rentre dans les narines et j'apprécie cette odeur.
Mes cheveux lâchés titillent mes épaules et je remonte ma main mouillée pour les plaquer dans mon dos. J'ai récemment teint les pointes en rose, afin que l'on cesse de voir ma mère à travers moi.
J'ouvre à nouveau les yeux pour voir la côte s'approcher et surtout la falaise, celle de laquelle j'ai pris mon envol. Sur cette dernière, je remarque très vite une paire d'aile blanche, probablement mon père.
Je reprends de l'altitude et met le cap sur ce point, prenant un peu de vitesse. Finalement, une fois proche de la falaise, j'arrête tous mouvements et pose mes pieds délicatement sur le bord de pierre.
J'ai un peu mal calculé mon atterrissage et si Lucifer ne m'avait pas attrapé le bras, je tombais dans la mer. Un soupir frustré quitte mes lèvres et je croise mes bras sur mon torse d'adolescente, contrariée.
— Ne t'en fais pas, ça viendra, m'assure mon père.
Je souris légèrement et secoue ma main encore mouillée pour en faire tomber les quelques gouttes d'eau encore accrochée.
— Tu dis ça depuis que j'ai appris à voler. Pourquoi c'est toujours aussi compliqué, d'atterrir ?, je proteste.
Lucifer se met à rire et je le rejoins, sans savoir pourquoi. Son rire est communicatif. J'ai encore du mal à le nommer "papa", quand tout le monde se prosterne devant "l'Archange Sacrifié", comme ils le nomme.
L'Archange qui a abandonné son statut pour sauver les Hommes. C'est assez lourd à porter, alors lui dire "papa" devant tout le monde me semble parfois trop difficile.
— Tu sais, il est toujours plus facile de s'envoler que d'atterrir. Parce que remettre les pieds sur terre, ça veut dire accepter toutes les difficultés et les problèmes que l'on a abandonné en s'envolant, me confie-t-il.
Je hausse un sourcil, peu convaincue.
— Tu as des soucis toi ? Tu es Lucifer, l'Archange Sacrifié. Tout le monde t'adore. Je ne pense pas que tu es des soucis quand même..., j'avoue.
Il me regarde et hoche doucement la tête.
— Je te souhaite de ne jamais connaître le poids de ma couronne. Je suis plus l'Archange Sacrifiable que Sacrifié, ironise-t-il.
Pris d'un nouveau fou-rire, il s'approche de moi et passe l'un de ses bras autour de ma nuque, pour venir plaquer ma tête sur son torse. Je ris en me débattant, cherchant à retrouver la liberté de mes mouvements.
Mais il est plus fort que moi et je suis obligée de capituler après quelques minutes, sans manquer de l'insulter dans toutes les langues que je connais.
Cela ne fait que redoubler notre fou-rire, qui dure si longtemps que je mets quelques secondes avant de tourner la tête vers l'intérieur des terres, où ma tante Uriel se tient.
Mon père m'a lâché et je ne l'ai pas senti. Je ne l'ai même pas entendue arriver. Elle me fusille du regard, s'approche de mon père et lui adresse un faux sourire tout en m'ignorant.
— Quel exploit, elle ne s'est pas encore brisé la nuque, lâche-t-elle avec dédain.
Je lui souris et mes yeux s'étrécissent d'eux-même.
— Quelle prouesse, tu ne t'es pas encore étouffée avec tout le venin contenu dans ta bouche, je réponds sur le même ton.
Elle ne répond pas mais je sens que je l'ai vexée. Je ne sais même pas pourquoi elle me déteste autant, je ne lui ai rien fait ! J'ai juste cette mauvaise impression qu'elle me déteste parce que je suis née, tout simplement.
Soudain, quelque chose change. Les deux silhouettes deviennent floues, tandis que le soleil qui, jusqu'ici, ne faisait qu'éclairer la scène, se rapproche de moi. Je me protège les yeux mais rien n'y fait, ça brûle ! Je recule, cherchant Uriel ou mon père des yeux, mais je ne vois rien.
Doucement, je vois Idan se désintégrer devant moi, comme si ce n'était qu'une illusion. Poussière redevient poussière et je suis obligée de m'envoler pour ne pas tomber. Au loin, j'aperçois des ailes blanches, celles de mon père ?
Je ne sais pas, je suis perdue, alors je fonce vers cet espoir inespéré. Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi tout cela arrive ? Je prends de la vitesse, cherchant à atteindre mon père le plus vite possible. Mais plus j'avance, plus il me paraît loin. Qu'est-ce que ça signifie ?
D'un coup, une souffrance inimaginable se fait sentir dans mon dos. Je tourne la tête juste à temps pour voir mes ailes noires se désintégrer sous mes yeux, brûlant mon dos comme jamais. Et d'un coup, je tombe. Comme si mon corps prenait feu, je ne peux rien dire, rien faire.
Mes ailes ont disparues et l'eau sous moi se rapproche si vite que je ferme les yeux pour ne pas sentir la mort me cueillir. Mais je ne peux retenir la douleur qui se propage. Je pousse un cri de souffrance, cherchant la main de mon père mais je ne sens que la fraîche morsure de l'hiver. L'hiver ?
La vive lumière qui m'éblouit les rétines m'apprend que nous sommes aux alentours de midi, au tout début d'après-midi. Avec un grognement, je tente de me redresser, mais quelque chose me retient au sol. Quelque chose ne va pas.
Je fronce les sourcils, réveillant une sourde douleur au niveau du dos à chaque mouvement. Un nouveau grognement, plus prononcé, sort de ma gorge. J'entends des pas venir dans ma direction, mais je suis incapable de bouger.
Une sorte de poids invisible me plaque au sol, sans gêner ma respiration pour autant. Mes yeux me brûlent, alors je les referme. Une larme roule, sans doute à cause de la surexposition au soleil. Je ferme les poings et tente de bouger mes jambes, puis mes bras, à la recherche de la moindre chose cassée. Je ne me suis jamais sentie aussi...humaine.
Je sens une main se poser sur mon bras, provoquant une myriade de petits frissons le long de mon épiderme. Je grogne encore, incapable de faire autre chose. J'entends un soupir, est-ce du soulagement ?
J'ai l'impression de venir au monde en cet instant, les yeux clôts et devant écouter les bruits environnant pour me situer. J'entends une voix, encore indistincte, appeler quelqu'un. Encore des bruits de pas.
Un petit cri de surprise, mêlé à du soulagement. Une autre main sur mon bras. Une discussion étouffée, que mes oreilles n'entendent pas. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je ne me souviens de rien, si ce n'est d'une masse blanche m'enveloppant quand une des créatures du Chaos m'a touché.
Est-ce qu'Olga est morte ? Suis-je morte ? Visiblement pas. Sinon, je doute que je ressentirais de la douleur. Et il n'y aura personne pour m'accueillir en Haut. Si par aventure, j'atterrissais en Haut. Les voix continuent leurs flots réguliers et incompréhensibles, mais c'est agréable pour mes oreilles.
Je tente de rouvrir les yeux, éblouie par l'astre lumineux. Avec un nouveau bruit guttural, je tente de tourner la tête, ce qui m'arrache un gémissement de douleur. Mais j'y parviens. Aussitôt, mes yeux se posent sur Samantha, qui m'observe avec un mélange de soulagement et de peur. Qu'est-ce qui se passe ?
J'essaye d'ouvrir la bouche, de parler. Mais je ne peux pas. Les lèvres de Samantha bougent, mais je ne comprends pas. Elle semble s'en apercevoir, car elle arrête aussitôt. Je ne reconnais pas les tunnels autour de moi. Ou sommes-nous ? Serions-nous de retour parmi les survivants ? J'espère que non, ils ne m'inspirent aucunement confiance. Mais je ne peux pas demander, si entendre la réponse.
Un peu plus sur ma droite, il y a Thomas. Je sens sa présence, debout, à m'observer. C'est à ce moment que je réalise que je suis allongée à même le sol, avec Samantha accroupie à mes côtés. T'Shael se trouve sur mon ventre et m'observe de ses petits yeux bleus. Je ne sais pas ce qu'il attend de moi, ni même s'il attend quelque chose.
J'ai dû prendre un sacré choc frontal pour ne pas me souvenir d'où je suis. A moins qu'on ait bougé ? Mais entouré par des créatures aussi dangereuses, je doute que Samantha ou Thomas puisse me bouger et éviter ces trucs. Donc je raye ça de ma liste. Alors quoi ? Quelqu'un nous a trouvé et téléporté ?
Je n'ai aucune envie de croiser une autre créature surnaturelle après Olga. Et vu mon humeur et ma faiblesse évidente, je n'ai aucun moyen de me protéger. Avec un nouveau grognement, je remets ma tête face au soleil, fermant les yeux pour essayer de bouger doucement chaque membre de mon corps. Mais pour l'instant, ils ne répondent que partiellement.
"Comment tu te sens ?", j'entends dans ma tête.
J'émets une sorte de rire étouffé qui me broie le dos et je ne peux m'empêcher de gémir. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Pourquoi mon dos me fait aussi mal ?
"La grande forme. Après tout, j'ai seulement prit une créature du Chaos en pleine tête, je te fais ça au petit déjeuner !", je réplique de manière acerbe à la petite créature.
Qu'est-ce que c'est que cette manière de poser des questions débiles ? J'ai l'air d'aller comment, selon lui ? Je devrais être morte ! Si même mon père n'y a pas survécu, pourquoi moi ? Je ne suis qu'une moitié de ce qu'il est ! Je devrais être sous forme de poudre actuellement. C'est quoi ce délire ? Un nouveau gémissement m'échappe tandis que j'entends un soupir agacé. Pourquoi mon dos me fait aussi mal ?
— Est-ce que tu nous entends maintenant ?, demande Samantha à côtés de moi.
Je grogne et tente de lever pitoyablement la main. Je n'y arrive pas et mon dos me fait toujours souffrir. Mais j'essaye de passer outre afin de me concentrer sur mes muscles. Mon cerveau a beau donner les autres, je n'obtiens qu'un bref mouvement de quelques secondes. Ridicule. Je ne comprends pas mes réactions.
— Je pense que tes muscles vont mettre un moment à se réveiller. Un choc pareil, ils doivent être sonné, lâche Thomas avec une pointe de cynisme.
Je fronce les sourcils. Pourquoi est-ce qu'il parle de mes muscles comme si c'était des choses vivantes ? Ils ne sont pas en train de dormir, ils refusent de répondre aux demandes de mon cerveau. Ce n'est pas normal.
Bien qu'attaquée par des créatures du Chaos, je devrais guérir plus rapidement que la moyenne non ? Ceci dit, si j'avais dû mourir, c'est que quelqu'un a fait un enchantement illégal. Encore. Finalement, je m'oblige à transmettre la réponse à T'Shael, afin qu'il la relaye au groupe. J'entends Thomas murmurer un "génial" tandis que Samantha presse l'une de mes mains dans la sienne.
— Ça va aller. Tu t'en es sortie, c'est déjà ça, lâche Samantha.
En réponse, je sens ma main pulser, comme si mon cœur s'y trouvait. Au moins une qui répond.Doucement, je tente de sortir mes ailes, pour calmer la douleur de mon dos. Mon cerveau m'envoie une sorte d'avertissement que j'ignore, cherchant à sentir mes plumes le long de mon dos. Mais rien. Pas même l'ombre d'un mouvement.
Comme si elles avaient....disparues. Je grogne à nouveau, tente de bouger quitte à m'en faire mal. Mon visage doit se mettre à rougir à force de contenir la douleur, mais je m'en fiche. Je veux sentir mes ailes se déployer. Je veux être sûre qu'elles soient là. Elles doivent être là. Elles sont forcément là. La douleur me fait sans doute halluciner. Où pourraient-elles être ?
Je sens une larme rouler sur ma joue. Est-ce la douleur ? La peur ? Je ne saurais le dire. Mais des mains essayent de me tenir en place tandis que je tords comme un vers. En sentant la poigne de Sam' m'obliger à rester stable, je jette un coup d'oeil à mes bras.
Mes tatouages. Ils ne sont plus là. Une nouvelle larme roule tandis que j'arrête tout mouvement. Je laisse le soleil brûler mes rétines, faisant couler plus de larmes. Plus de tatouages. Mes ailes que je ne sens plus. Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce un mauvais rêve ? Une plaisanterie ?
Pourquoi est-ce que je ne guéris pas ? Quelque chose ne va pas. Quelque chose ne me semble pas normal. Est-ce que c'est le mauvais bras ? C'est peut-être ça, j'ai mal regardé, c'est pas le bon bras... Ou alors, Samantha me bloque la vue, c'est sûrement ça.
Mes tatouages sont forcément là, ils font partis de moi. Sauf que je sais, au fond de moi, que j'ai tort. Je le sais. Je le sens. Je le devine physiquement. Le Chaos m'a tuée, comme il a tué Lucifer. Il m'a prit tout ce qui faisait de moi une Ange.
Il a prit mes ailes.
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Hello ! Comment ça va ? Moi, ça va.
OH MON DIEU AOILE N'EST PLUS UNE ANGE OH MON DIEU ! Calmez-vous, ça va aller. On respiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiire x) Moi aussi j'ai eu un spasme. Mais ça va être rigolo, la voir cacher ça à tout le monde tout en essayant de garder sa dignité. Pas facile louloute. C'était quand même ben calme lo'. #RIPLeFrançais. On espère qu'elle redevienne Ange, si c'est possible évidemment.
Vous avez aimé le souvenir d'Aoile ? Avouez, déjà ado' elle avait de la répartie la gamine xD ! Mais j'aime bien l'idée qu'elle ait eu du mal à gérer ses ailes, sa nature et même sa famille. Après tout, pas facile d'être la fille du Roi des Enfers. Et encore moins celle de Dame Madera !
La perte de ses ailes en rêve aussi... Brr... La pauvre.... MAIS C'ÉTAIT DANS LE TRAILER LES ENFANTS, VOUS AURIEZ DÛ SAVOIR QUE CA ALLAIT VENIR ! Si vous voulez retourner voir le trailer, allez-y xD C'est dedans, les ailes qui s'effritent.... ^^
Que pensez-vous de Thomas et Sam' ici ? Ils ne sont pas ultra présents, mais quand même. Vous les aimez ? Thomas qui se moque d'Aoile (un peu héhé) ? Est-ce que ça vous avez manqué, à vous aussi ? Parce qu'à moi, OUI ! xD
Rendez-vous mercredi prochain pour la suite des aventures de nos héros ! ^^ En plus, des têtes connues vont revenir.... ^^
JOYEUX ANNIVERSAIRE BluAngelBackers 😘❤