L'Apprenti Sith

By Notsil

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Chez les Sith, ils sont deux. Un Maitre, et un Apprenti. Pour achever sa formation, l'Apprenti doit tuer son... More

1. Nouveau départ.
2. Découverte.
3. Rencontre.
4. Premières leçons.
5. Déclic.
6. Décisions
7. Nouvelle vie
8. Lianna
9. Initiation
11. Etincelles
12. En chasse.
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10. Tournant.

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By Notsil


Hors d'haleine, Chloan se laissa tomber au sol. La pluie battante collait ses cheveux noirs et lui apportait une fraicheur bienvenue. Les gouttes d'eau tambourinaient sur le permabéton au même rythme que son cœur, tandis que son esprit peinait à enregistrer les derniers évènements.

Les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête tentaient désespérément de s'ordonner. Avait-il rêvé ? Non, son champ de vision était encore empli des rémanences des éclairs qui avaient fusé de ses mains. Il avait beau fermer ses paupières pour nier leur existence, les traces orange persistaient. Qu'avait-il fait ?

Levant les yeux, il aperçut une masse sombre devant lui. Il rampa pour s'en rapprocher et grimaça sous l'effort qu'il demandait à ses muscles meurtris. Quelques points l'élançaient davantage ; il sentait vaguement qu'il était plus que contusionné. Certains os devaient être fissurés, voire brisés. Étrange, malgré la douleur, il peinait à s'en rendre compte. Rien n'était important. Il devait juste savoir. Un fumet alléchant de viande rôtie parvenait encore à ses narines, en dépit de la pluie. Son estomac gargouilla en réponse, lui rappelant qu'il n'avait rien avalé depuis la veille. Il remisa la faim dans un recoin de son esprit. Il y avait plus urgent. Sa main se referma finalement sur un morceau de charbon, qui se brisa entre ses doigts. Il l'approcha de son visage pour mieux le détailler. Des fumerolles s'en échappaient encore, appétissantes. Sa forme étrange lui paraissait pourtant familière ; fine, oblongue, tubulaire, avec une extrémité blanchâtre qui n'était pas sans rappeler un os. Chloan réalisa soudainement qu'il tenait dans sa main un fragment de doigt humain, et les effluves de chair carbonisée ne lui parurent plus du tout affriandants. Le morceau lui échappa comme il se détournait pour vomir.

Qui avait bien pu commettre un acte aussi atroce ?

– Eh bien, mon petit Chloan, on peut dire que tu n'y es pas allé de main morte, fit tranquillement Maître Zilar.

Sonné, le jeune apprenti Sith leva les yeux vers la silhouette encapuchonnée de son maitre. Il ne l'avait même pas senti approcher.

– Je crois... je crois que je ne me sens pas très bien, balbutia-t-il avant de s'évanouir.

*****

Huit jours auparavant...

Zilar sirotait son thé à la menthe en consultant les dernières nouvelles de l'holonet sur son datapad. Le bruit sourd d'une porte qui claque lui indiqua que Chloan était rentré. Il consulta son chrono : à l'heure, comme d'habitude. Quand donc apprendrait-il que l'obéissance n'était pas la voie d'un futur Seigneur Sith ? Il aurait au moins pu chercher à contourner les règles, à protester, mais non, il continuait à obéir aveuglément à tous ses commandements. Même si Zilar devait reconnaitre que c'était plutôt agréable, il ne devait pas céder à la facilité : il faudrait sévir, imposer d'autres règles futiles.

Deux coups secs furent frappés à la porte du petit salon. Zilar soupira.

– Entre, Chloan.

­─ Bonsoir, Maître, fit le garçon avec un sourire.

─ Alors, qu'as-tu fait de beau aujourd'hui ?

Chaque soir après l'école, Chloan lui résumait sa journée. L'occasion d'échanger sur les connaissances acquises, et pour Zilar, un prétexte pour distiller les arcanes du Côté Obscur. Jour après jour, sans jamais s'en rendre compte, il cheminait plus loin dans le Côté Obscur.

– J'ai séché les cours.

– Pardon ?

Le Maître Sith voulut masquer sa surprise en avalant une gorgée de thé, mais Chloan ne fut pas dupe. Zilar n'était plus omniscient à ses yeux.

– J'ai entendu ce matin qu'il y avait des Jedi en ville. Alors je suis allé leur parler, continua-t-il.

Le Maître Sith s'étrangla avec le liquide brûlant.

– Tu as... quoi ? tempêta-t-il. Ne me dis pas que tu les as invités à dîner, tant qu'à y être !

– C'est vrai, je peux ? s'enthousiasma immédiatement le garçon.

– Bien sûr que non, imbécile !

D'un geste rageur, il reposa son verre sur le petit guéridon à sa droite. Ce moment de détente qu'il s'accordait chaque jour venait brusquement de prendre fin. Il se massa l'arête du nez tandis qu'il réfléchissait à ce nouveau problème.

– Je t'écoute, dit-il enfin, résigné.

– J'ai senti leur présence sur le chemin de l'école. J'ai décidé de les suivre.

– Quelle brillante idée. Je suppose qu'il ne t'est pas venu à l'esprit que leur formation, contrairement à la tienne, était terminée ? Qu'ils pourraient distinguer ton aura ? s'échauffa Zilar.

– Je ne suis pas allé leur dire « Bonjour, je suis un apprenti Sith, enchanté », si c'est ce que vous craigniez, maître, rétorqua Chloan.

– Évidemment, ou tu ne serais déjà plus de ce monde.

– Je les crois plus ouvert d'esprit que vous ne le pensez, maitre. Et je sais que notre existence doit demeurer secrète. J'ai pris la précaution de dissimuler ma présence dans la Force. Ils n'ont pas eu de soupçons.

– Ou bien ils t'ont utilisé comme appât pour remonter jusqu'à moi.

– Si tel était le cas, vous vous en seriez rendu compte, maitre, répliqua le jeune homme avec un sourire narquois.

Zilar balaya son argument d'un revers de main.

– N'essaie pas de m'amadouer... J'aurais eu cent fois le temps de quitter les lieux avant que tu ne rentres.

– Alors n'essayez pas me faire croire que vous n'étiez pas au courant de la présence de Jedi sur Lianna... Vous saviez qu'ils ne représentaient pas un danger.

Voyant le maitre Sith se rembrunir, Chloan jugea préférable de concéder le point.

– De toute manière, nous avons seulement discuté. J'ai voulu en savoir davantage sur leurs croyances, comment le fait qu'ils soient Jedi changeait ou non leur perception du monde. Et comment ils manipulaient leur « Force », dans quel but, tout ça.

Zilar se renfonça dans son fauteuil.

– Intéressant. Quelles leçons en as-tu tirées ?

– Eh bien, je dirais que pour des gens qui appartiennent au Côté Lumineux, ils vivent trop dans la peur du Côté Obscur. Or la peur, par essence, relève du Côté Obscur. Etrange, n'est-ce pas ?

Le maitre Sith opina du chef.

– Les Jedi se sont toujours méfiés de leurs émotions. A croire qu'ils cherchent à ressembler à des droïdes, sans chaleur et sans passion. Les émotions sont la vie, elles représentent la Force.

– Pourtant, maître, vous m'avez dit qu'il fallait s'en méfier, objecta Chloan.

– Car elles doivent nourrir, et non remplacer, ta pensée. Elles sont le carburant, non le gouvernail, qui te permettent de naviguer les courants du Côté Obscur. Les Jedi croient que les émotions submergent l'individu et le livrent à la toute-puissance de la Force. Si eux se soumettent à ce qu'ils croient être sa « volonté », les Sith voient davantage la Force comme une alliée, un moyen d'atteindre leur but.

– C'est la raison pour laquelle les Jedi Noirs ne sont pas des Sith, alors ? demanda Chloan, intéressé par la tournure que prenait la conversation.

– Exact, acquiesça le maître Sith. Les Jedi Noirs ne voient le Côté Obscur que comme un moyen plus rapide, plus facile, d'acquérir du pouvoir. Leur seul but, c'est d'être plus puissant que les Jedi, maîtres du Côté Lumineux, le plus souvent d'afin d'assouvir une quelconque vengeance.

–Je ne trouve son apprentissage ni rapide, ni facile, maître, se renfrogna Chloan. Canaliser ses émotions demande beaucoup de travail.

– Le Côté Obscur parait « simple » aux néophytes, parce que créer des émotions semble plus naturel que les refouler. Un coup de poing donné sous l'emprise de la colère délivrera davantage de puissance brute, même pour un non-sensitif. Cependant, comme je te l'ai enseigné, « simple » et « facile » ne sont pas des synonymes. Seul un travail assidu permet d'apprivoiser toutes les subtilités du Côté Obscur.

Au regard sceptique de son apprenti, Zilar sentit qu'il n'était pas convaincu. Il retint un autre soupir. La jeunesse avait peut-être l'avantage de l'enthousiasme, mais elle était aussi bien ancrée dans des principes qui n'avaient pas encore subi le feu de l'expérience. Il faudrait marteler ses convictions, les forger avec le Côté Obscur, pour passer enfin son apprenti dans la trempe du combat qui scellerait son avenir.

– Ces Jedi Noirs... sont-ils toujours des Jedi, au départ ? demanda Chloan.

– Oui, à croire que leur utilisation du Côté Lumineux de la Force ne leur donnait pas entière satisfaction, gloussa le Maitre Sith. Certains Jedi Noirs forment directement des « élèves » ; avec une si vaste galaxie, nombre de sensitifs échappent aux Jedi, et restent inintéressants aux yeux des Sith.

– Ils ont quitté l'Ordre Jedi pour reproduire le même schéma ? Et pourquoi continuer à revendiquer le terme « Jedi », même affublé du terme « noir » ou « obscur » ? Je veux dire, à rompre les ponts, autant changer de nom...

Zilar termina son verre de thé à la menthe avant de répondre.

– Tout n'est pas si simple, apprenti. Les Jedi aiment les subtilités. Certains Jedi Noirs n'embrassent pas le Côté Obscur de leur propre volonté.

– Comment ça ? s'étonna le jeune homme.

– Les Jedi se plaisent à faire régner l'ordre et la justice, ils croient représenter l'incarnation du Bien, du Côté Lumineux... mais où placer réellement la frontière entre le Côté Clair et le Côté Obscur ? Le but ultime peut être lumineux, et les moyens pour l'atteindre, obscurs... Ainsi, le Jedi Noir ne se rend pas toujours compte qu'il a « basculé ». Il cherche à se justifier aux yeux de ses pairs. Qui le rejettent. Bien souvent, c'est leur confrérie même qui les exclue, d'où le nom qu'ils se complaisent à garder, afin de souiller d'une tache indélébile l'aura de blancheur immaculée dont aime s'entourer l'Ordre.

– Je vois, murmura Chloan. Et les Sith qui utilisent le Côté Lumineux, ce sont des Sith Clairs ou des Sith Blancs ?

– Des Sith qui utiliseraient le Côté Lumineux ? répéta Zilar, déconcerté. Impossible. Une hérésie. Pourquoi se fatiguer avec le Côté Lumineux quand tu as accès aux arcanes obscurs ?

– Mais s'il y a autant de Jedi Obscurs, il y a bien dû y avoir des Sith Clairs, non ? persista le jeune homme.

Le maitre Sith balaya l'argument d'un revers de la main.

– Les Sith n'ont jamais été très nombreux. Et lorsqu'ils l'étaient, ils passaient leur temps à s'entretuer pour gagner en puissance. Comment veux-tu qu'un Sith Clair puisse seulement exister ? Un Sith qui n'use pas du Côté Obscur est un Sith mort, c'est tout. Un Sith Blanc, et puis quoi encore...

– Je nous pensais seulement plus tolérants que les Jedi... Utiliser le Côté Lumineux de la Force nous est-il interdit, alors ?

Zilar soupira. Comment expliquer au jeune homme que la Force était à la fois bien plus simple et bien plus complexe que ce qu'il croyait ? Que la philosophie Sith ne se résumait pas à lancer des éclairs de Force ?

– Ce n'est pas « interdit ». Il n'y a pas de frontière aussi stricte pour les Sith. L'essentiel reste d'arriver à nos fins. Mais les habitudes du Côté Obscur restent ancrées en nous. Quoi que tu fasses, il signera tes actes.

Le Maitre Sith se leva pour mettre un terme à la discussion. Ses plans devaient subir quelques ajustements au vu du potentiel que Chloan avait révélé ce soir.

– Ecoute-moi bien, apprenti. Peut-être ai-je été trop strict. Continue tes discussions avec les Jedi. Je vois que tu te poses bien des questions à leur sujet, et peut-être satisferas-tu ta curiosité à leur contact.

– Bien, maitre, répondit Chloan dont le regard venait de s'illuminer.

– Reste prudent en leur présence.

Le jeune homme roula des yeux.

– Oui, maitre.

– Je suis sérieux. Un Jedi ne serait pas un problème pour toi, mais trois, c'est ambitieux pour un simple apprenti. Et ne te laisse pas embobiner par leurs discours : un Jedi ne fait pas que se défendre. S'il a le moindre doute sur ton identité, il t'attaquera sans sommation. Alors surtout ne les provoque pas.

Dégrisé, le jeune homme acquiesça sobrement.

–File maintenant, j'ai du travail.

*****

Chloan ouvrit lentement les yeux en clignotant. Il contemplait le plafond de sa chambre, et s'il ne se trompait pas, il était allongé dans son lit, où il ne se souvenait pourtant pas s'être couché. Il se sentait faible et nauséeux, et la lumière, pourtant tamisée, lui irritait les yeux. Il se retourna avec un grognement et enfouit sa tête sous son oreiller. Son corps n'était que courbatures, sa bouche aussi sèche et pâteuse qu'un lendemain de soirée trop arrosée.

– Bien dormi, jeune apprenti ? demanda Zilar.

Malgré son état, Chloan n'eut aucune peine à discerner le ton moqueur de son Maitre.

– Quelle heure est-il ? marmonna-t-il.

Le Sith haussa les sourcils et fit quelques pas dans la pièce.

– Est-ce vraiment le plus important, apprenti ? N'as-tu donc aucune autre question plus pertinente ? Aucun souvenir des évènements passés ?

Chloan se redressa brusquement, soudain dégrisé et inquiet. Le sourire narquois qu'arborait Zilar n'augurait rien de bon. Bras croisés, il se délectait de la confusion du jeune homme. Chloan frissonna et tenta de rassembler ses souvenirs.

La veille... il ne se rappelait pas. Ni l'avant-veille. Comme si un trou noir avait absorbé toutes ses pensées. Il devait se concentrer, se remémorer les derniers évènements. Il y avait cette vision rose, et avant, la pluie, le tonnerre, le charbon. Tout lui revint alors en un éclair : sa promenade au parc, sa rencontre avec le Jedi, leur combat dans une impasse des quartiers pauvres. Il pâlit.

– Combien de temps ? articula-t-il péniblement.

– Ah, je vois que tu commences à te souvenir, ironisa Zilar. Tu as passé sept jours inconscient, dont la moitié en cuve bacta. Tout ça pour un simple Jedi... pathétique.

­ ­─ Je ne l'ai pas tué, s'obstina Chloan.

─ Bien sûr, se moqua le maître Sith. Il s'est calciné tout seul, peut-être ?

─ Il a pu... il y avait de l'orage, la foudre a pu le frapper par hasard, s'entêta le jeune homme.

─ Entre deux immeubles ? Pourquoi nier l'évidence ?

─ Ça ne peut pas être moi... Vous n'avez aucune preuve !

Zilar soupira.

─ Je n'ai pas de temps à perdre en futilités, apprenti. Tu as sciemment désobéi en révélant ton identité aux Jedi, et en plus tu n'assumes pas tes actes ?

─ Je n'ai jamais voulu...

Chloan s'interrompit brusquement : il n'arrivait plus à respirer ! Pris de panique, il croisa le regard de son maitre, parfaitement calme. La Force était là, sous ses doigts, à portée de main, et pourtant inaccessible.

─ J'ai dû m'occuper des trois autres, apprenti. Je ne couvrirai pas ta prochaine erreur, est-ce bien clair ?

Le jeune homme hocha frénétiquement la tête tout en cherchant désespérément un peu d'air.

─ Bien. Tu convoites peut-être le pouvoir, mais c'est encore moi qui le détiens. Ne l'oublie pas.

Chloan inspira goulûment comme l'étau qui enserrait sa gorge disparaissait. Le souffle court, il mit quelques temps à se rendre compte que son maitre avait quitté la pièce. Il frissonna. Il était encore loin d'être à la hauteur, et il n'avait plus le droit à l'échec.




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