Tout se passait bien, en faite pour la première fois de ma vie je n'avais rien à redire, je n'avais pas à me plaindre.
Le week-end chez Safia avec mon frère c'était très bien passé, je ne me suis jamais faite griller et Safia et Farès avaient arrangé leur situation.
J'avais commencé mes heures de conduite tout de suite après être revenu de vacances avec Khalis. Au début il semblait désespérée de moi, il en avait marre et je le comprenais. Je n'arrivais même pas à démarrer ! Mais il m'a beaucoup aidé et je le remercierai jamais assez. J'ai commencé avec lui mes 5 premières heures, puis il ne pouvait plus les assurer parce qu'il avait beaucoup de papier à faire et gérer l'administration et sa secrétaire ne s'en sortait pas toute seule. Il refusait que ce soit un homme qui me fasse mes cours, alors ça a été une monitrice de l'auto-école.
Ce jour là, je me rappelle c'était un samedi matin. J'attendais ma monitrice pour faire mon heure de conduite. Je conduisais de 11h à 12h. Et c'est finalement Khalis qui m'a fait conduire cette heure là.
Dans la voiture, pendant que je m'installais, je lui ai dis :
Wissal : Comment ça se fait que c'est toi qui me fais conduire ?
Khalis : T'es pas contente ?
Wissal : Bah si, mais je croyais que tu pouvais plus.
Khalis : Aujourd'hui j'avais pas grand-chose, alors je me suis arrangé avec Sandra pour que se soit moi qui te fasse ton heure.
Sandra c'était ma monitrice.
Wissal : T'es mignon! Tu voulais juste rester avec moi ?
Khalis : Vas-y démarre.
Wissal : Qu'est ce que tu as-tu ne répond pas ?
Khalis : J'ai envie de t'embrasser pour te montrer à quel point j'peux être encore plus mignon mais pas ici.
Wissal : Mais qui t'as dit que je voulais t'embrasser ?
J'avais refusé de m'afficher, enfin surtout devant l'auto-école. Il y travaillait et j'étais élève, je ne voulais surtout pas que ça empiète sur sa vie professionnelle même si il y'a eu beaucoup de suspicion, surtout quand je restais avec lui avant d'avoir la réponse du code, mais je ne voulais pas que ça soit trop explicite pour les autres.
Je faisais mon tour quand le téléphone de Khalis a sonné. Il a regardait le nom et m'a dit.
Khalis : Je suis obligé de répondre.
Il a donc répondu et je continuais de rouler tout droit.
Khalis : Allo ?
.... : .......
Khalis : Je travaille là, mais dès que je fini je rentre de toute façon.
... : ......
Khalis : Non tu sors pas avec ta copine, on avait prévue de passer l'après-midi ensemble.
... :....
Khalis : Je pouvais que aujourd'hui alors la prochaine tu viens pas taper ta crise parce que je suis pas assez disponible.
Khalis (en s'adressant à moi) : Tourne à gauche
J'ai tourné à gauche tout en suivant sa conversation.
... :...
Khalis : Je suis en train de faire conduire là
... :....
Khalis : On mange ensemble et après je te dépose chez ta copine.
.... :.....
Khalis : Non t'inquiète pas je fais pas la tête.
... :....
Khalis : Vas-y à tout à l'heure.
... : ....
Khalis : Ouais moi aussi.
Puis il a raccrochée et m'a indiquée ou est ce qu'il fallait que j'ailles.
Wissal : C'était qui ?
Khalis : Ma sœur.
Wissal : A chaque fois elle t'appelle.
Khalis : Ça te pose un problème ?
Wissal : Non pas du tout, mais je veux dire moi j'appelle pas Farès tous les jours.
Khalis : On a pas la même relation c'est tout
Wissal : Et tes parents ils vivent avec vous ? Enfin je veux dire tu vis avec tes parents déjà ?
J'ai vu Khalis se tournait vers moi et fronçait les sourcils.
Khalis : Tu cherches quoi là ?
Wissal : Comment ça ?
Khalis : C'est quoi ce questionnaire que tu me fais ?
Wissal : Pourquoi tu t'énerves ? T'as quelque chose à te reprocher ou quoi ?
Khalis : J'ai rien à me reprocher, mais ton comportement de gamine stoppe le.
Wissal : Quel comportement de gamine ?
Khalis : Pourquoi tu cherches à comprendre déjà ?
Wissal : Ah j'ai pas le droit ? Je suis avec toi non ? C'est normal que je veuille comprendre ta vie, que je connaisse ta famille.
Khalis : Tu veux pas que je te présente ce soir aussi non ?
Wissal : Mais pas du tout ! Quand je dis connaître, c'est à travers toi, que tu m'en parles, que tu m'expliques un peu vos liens. Je sais pas moi, mais pas que tu restes muet dès qu'il s'agit de ta famille.
Khalis : T'as pas besoin de les connaître.
Wissal : Il faudra bien un jour non ?
Khalis : Ah ouais ? Et pour quel raison ?
Wissal : Pour quel raison ? Quoi tu crois qu'on va rester comme ça toute notre vie ou quoi ?
Khalis : T'as pas besoin de connaître ma famille pour l'instant.
Wissal : J'ai pas besoin de les connaître ? Mais tu sais quoi je veux carrément pas les connaître, ni te connaître davantage.
Je connaissais la route pour rentrer à l'auto-école et c'est le chemin que j'ai pris.
Khalis : Oh tu vas ou la ?
Wissal : Je rentre.
Khalis : Ton cours il est pas terminé. Tu continues.
Wissal : Je m'en fou de ton cours. Je rentre maintenant.
Khalis : Oh tu commences pas à faire ta gamine avec moi ok ? Apprend à faire la différence et mélange pas ta vie privée avec tout.
Wissal : C'est toi qui me dis ça ?
Khalis : Oui c'est moi.
J'ai respiré profondément et je ne pouvais pas continuer à rester dans cette voiture avec lui.
Wissal : Tu sais quoi ?
Je me suis dirigée vers un parking vide et j'ai stoppée la voiture.
Wissal : Je sais pas faire la différence alors je te laisse et je rentre chez moi.
Je suis descendu de la voiture et me suis dirigée vers le premier arrêt de bus que j'ai trouvé. Il a tenté de me rappeler mais je n'ai pas répondu.
[...]
Wissal : Tu veux quoi ?
Il est 15h20, je suis dans ma chambre à regarder la télé. Khalis n'a fait que m'appeler depuis 14h. Je fini par enfin répondre.
Khalis : Joue pas à ça avec moi Wissal.
Wissal : Ah tu penses peut être que je joue là ?
Khalis : T'es ou ?
Wissal : T'as pas besoin de savoir.
Khalis : Ecoute moi bien, j'ai passé l'age pour ces gamineries. Soit tu acceptes qu'on se voit maintenant et qu'on parle soit je raccroche mais compte plus sur moi pour te rappeler.
J'ai soufflé, j'avais joué la maligne depuis ce matin mais la je savais qu'il était sérieux.
Wissal : Je suis chez moi.
Khalis : Je viens te chercher comme d'habitude.
Wissal : Ok
J'ai raccrochée. J'ai seulement enfilé une tenue puis je suis parti à l'endroit habituel.
10 minutes plus tard, il était là.
Je suis monté dans sa voiture, et il a démarré. Les 10 premières minutes étaient silencieuses, aucun de nous ne voulait parler. Puis il a fini par céder.
Khalis : Arrête de faire la femme froide comme ça.
Wissal : Je vois pas en quoi ça peut te déranger.
Khalis : Tu t'énerves pour rien et t'agis comme une gamine.
Wissal : Je m'énerve pour rien ? Ça veut dire quoi ça ? Tu me dis que j'ai pas besoin de connaître ta famille, que tu ne veut pas me présenter. Donc quoi ? On est ensemble pourquoi si c'est pas pour continuer ? Tu crois que dans 10 ans je vais encore venir te voir en mentant à mes parents ?
Khalis : T'as compris tout de travers.
Wissal : Peut être, mais j'arrive à un stade ou j'essaye de comprendre seule. Tu me parles jamais de toi, et dès que j'essaye de te faire parler tu me stoppes. Et en plus de ça tu t'énerves. Ça veut dire quoi ça ? T'as le comportement d'une personne qui a quelque chose à se reprocher. Ça fait trop longtemps que je sens qu tu me caches quelque chose pourtant je te fais quand même confiance. Mais là c'est trop, on dirait que tu me mènes en bateau, limite que t'as une double vie. Peut être qu'au téléphone c'est même pas ta sœur en faite mais ta femme.
Il me laissait parler sans m'interrompre jusqu'à que j'eus fini.
Il s'est garé dans un parking vide, et a coupé le moteur.
Wissal : Je sais Khalis que tu me caches quelque chose, je le sens.
Khalis : Ouais c'est vrai.
Wissal : Quoi ?
Khalis : C'est vrai je te cache quelque chose.
Wissal : Qu'est ce que c'est ?
Khalis : Mais après te l'avoir dit, il se passera quoi ?
Wissal : Comment ça ?
Khalis : Tu es au courant de la vérité et après ? Tu pars et tu me laisses ? Tu retournes avec Sayf ?
Wissal : C'est si grave ?
Khalis : Ouais.
Wissal : Je ne retournerai jamais avec Sayf. Jamais. Tu peux en avoir la certitude.
Khalis : Et moi, tu pourras encore me regarder dans les yeux ?
Wissal : Je sais pas ce que tu vas m'annoncer Khalis, je veux pas te mentir. Si tu m'as trahi, si tu m'as trompé je sais que si tu as fais cette erreur je te pardonnerai pas.
Il y'a eut un silence, j'ai posé ma main sur son épaule et doucement je me suis mise à la caresser.
Wissal : Dis moi Khalis.
Khalis : Quand tu me parlais de ma famille la vérité c'est que...
Wissal : (en le coupant) : Tu es marié et papa ?
Khalis : Non, c'est que j'en ai pas.
J'étais choquée, spontanément j'ai enlevé ma main de son bras.
Wissal : Qu'est ce que tu me dis ? Et ta sœur alors, et tes parents ? C'est pourtant bien ta sœur au téléphone que tu maternes tant ?
Khalis : (En passant sa main sur le visage) : Quand j'étais gosse, j'avais 19 ans j'ai fais les 400 coups dans ma vie. On a été à un mariage, je m'en rappelle c'était un samedi soir très tard...
Il faisait des petites pauses, et j'avais pas envie de le brusquer.
Khalis : Y'avait personne chez moi qui avait le permis sauf moi. Ce soir là, j'ai bu avec mes collègues. On s'est défoncer jusqu'à 4h du mat'. Je devais finir la soirée en boite de nuit après le mariage mais y'avait personne pour raccompagner ma famille alors c'est moi qui les ai raccompagner.
Il a lever la tête vers moi et m'a dit :
Khalis : Ce soir là, j'aurai jamais du toucher à ce putain de volant. Dit-il en donnant un coup sur le volant.
Wissal : Qu'est ce qui s'est passé ?
Khalis : J'étais déchirée. Je voyais rien du tout, je conduisais comme un con et ma mère je l'entends encore elle récitait des sourates, elle disait qu'on ne rentrerait jamais vivant à la maison. Mon père il parlait pas, ça faisait déjà longtemps que c'était froid avec moi. On était pas trop loin Wissal, il nous restait encore 2 minutes de route avant d'arriver mais je sais pas comment on a fait un accident. Je me rappelle de plus rien, sauf des cries de ma mère et ma sœur.
Il y'a eu un silence dans la voiture. Je parlais pas. Il était donc responsable de la mort de sa famille ? Mais si sa sœur est morte dedans qui est la femme avec qui il est au téléphone ?
Khalis : Quand je me suis réveillé, y'avait la police. Il m'on annoncé que mes parents étaient mort. Et que ma sœur serait paralysée des jambes à vies. Tu sais elle avait quel age quand je lui ai gâché la vie Wissal ? Elle avait 13 ans. Ça fait 6 ans qu'elle circule qu'avec son fauteuil roulant. J'ai été un bâtard en tuant ma famille et en paralysant ma sœur, mais aussi un lâche parce que j'ai fais 2 ans de prison pour ça.
Je n'ai plus parler, j'avais la tete baissée.
Khalis : J'ai laissé ma sœur chez des gens de confiance et j'ai fais ma peine. La rééducation coûtait trop chère et j'avais rien. Elle en a pas fait pendant 2 ans. Quand je suis sorti, j'étais à la rue. Si ma sœur avait un toit, moi j'avais rien. J'ai dormi chez un collègue pendant quelques temps et après je me suis repris en main. Je voulais récupérer ma sœur mais je pouvais pas. Je me suis dis que j'étais un pd et que je méritais de vivre comme un clochard, je méritais ce qu'il m'arrivait. Je suis resté à rien faire pendant un temps mais depuis ce soir là j'ai plus jamais bu.
Il s'est arrêté de parler quelques minutes, mais je sentais qu'il n'avait pas fini.
Khalis : Quand je suis ressorti j'avais 21 ans. Et j'avais rien, sauf une sœur que je ne méritais pas. Mais elle ne m'en a jamais voulu, jamais. Elle pleurait pour qu'on vive tout les deux, elle me demandait tous les jours de venir la chercher et qu'on recommence une vie tous les deux. Alors j'ai travaillé, comme un chien. Je dormais pas, je cumulais 2 travail, un de nuit et un de jour. J'étais un zombie mais je refusais de tomber dans le vice de la rue. Parce que si je tombais dans ça je pouvais faire une croix sur ma sœur. C'est avec l'argent que j'ai récolté pendant 2 ans que j'ai ouvert cette auto-école. Et ça fait 1 an et demi que j'ai récupérer ma petite sœur. Elle avait 17 ans quand elle est revenu vivre avec moi. Et tu sais qu'est ce qu'elle m'a dit le premier soir ou elle a dormi dans mon appart ?
Wissal : ( les larmes aux yeux) : Non.
Khalis : Elle m'a dit que j'étais le seul qu'il lui restait et que on devait se promettre de ne jamais ce quitter. Et j'ai promis. Je l'ai privée de ses parents, je lui ai enlevée son innocence, elle n'a pas eu une enfance normale et elle me dis encore qu'elle a besoin seulement de moi. Elle est paralysée Wissal et c'est à cause de moi.
Wissal : Et si elle faisait de la rééducation ?
Khalis : Plus jamais elle ne marchera. Le médecin a dit que la rééducation aurait du être faite tout de suite après l'accident. Mais j'avais pas les moyens et quand enfin j'ai pu avoir l'argent, 5 ans était passé.
J'étais à mon tour paralysé après cette nouvelle. Je comprenais chacun de ses sous entendus chacun de ses silences, chacune de ses paroles vis-à-vis de sa sœur. J'ai compris, à ce moment précis, que je n'avais pas à me méfier de lui, mais tout faire pour l'aider. Parce que toute cette histoire était trop récente et surtout il en était trop blessé.
Khalis : J'ai tué mes parents et j'ai gâché la vie de ma sœur. Si moi j'arrive plus à me regarder dans un miroir comment toi tu pourrais rester avec moi ?
Quand il m'a dit ça, je me suis avancé vers lui et je l'ai serré dans mes bras. Bien-sur que j'allais rester !