Le paysage défilait lentement, le château des jardins d'or était recouvert d'une épaisse brume qui s'étendait à des kilomètres. La forêt était dans le même état, on pouvait voir quelques animaux tels que des sangliers, des lapins et même pour les chanceux des biches.
Douce et calme, la matinée ne pouvait que mieux commencer.
C'est ce que s'était dit Érine, mais pour elle ce qui cassait cette douceur le bus, remplit de personnes qui ne savaient pas ce qu'était une douche.
Elle tourna son regard vers Alizé assise à côté d'elle qui essayait de démêler ses fils d'écouteurs. Elle se débattait avec depuis qu'elles étaient montées dans le bus.
Elle regarda un peu partout dans ce bus bondé en essayant de comprendre tous ces gens collés les uns aux l'autres, soit avec leur portable à l'oreille et qui déballait toute leur vie à haute voix ou à dévisager les autres.
Érine soupira, elle avait de la musique dans les oreilles et les pensées de ces personnes ne la préoccupait pas tant que ça.
Elle vit le bus s'arrêter devant l'arrêt du lycée. C'est à ce moment-ci que le bus se vide complètement, laissant trois ou quatre personnes à l'intérieur.
Érine descendit avec Alizé qui avait enfin réussit à défaire ses fils d'écouteurs, pour rejoindre leur salle de classe. C'était leur première année dans ce lycée, elles ne connaissaient personnes et personnes ne les connaissaient.
Érine se dirigea vers sa salle d'anglais tandis qu'Alizé allait vers la salle de latin. C'était le seul cours où elles n'étaient pas ensemble, le seul moment où Érine se sentait seule.
Elle prit place à une table isolée, près de la fenêtre et le cours commença normalement. La prof, madame Tomate, leur rendit les devoirs fait deux jours avant et les notes n'étaient pas vraiment réjouissantes. Érine ne s'étonna donc pas de voir son 4/20 sur ce DS. Elle n'aimait pas cette prof, elle s'amusait même à la dessiner sur son cahier : visage rond, triple mentons, petits yeux, lunettes d'Éva Joly avec pour corps cinq rond et des tee-shirts à fleurs des années 50.
Érine était concentrée sur son dessin lorsque son professeur l'interrogea sur le cours, qu'elle n'avait bien évidemment pas écouté.
- Je sais pas, répondit Érine d'un air désintéressé.
- In English !
Érine était complètement désintéressée par ce cours, elle ne répondit donc pas. Mme.Tomate et Érine se regardaient droit dans les yeux, ce duel pouvait durer plusieurs minutes avant que l'une d'elles ne baisse les yeux. Cette fois ci, se fut la prof qui baissa les yeux.
- Eh bah tu as gagné le droit de me faire un devoir supplémentaire ! Décida Mme.Tomate.
Elle se dirigea vers son armoire et prit un tas de feuille qu'elle posa sur la table. Elle en choisit une et la donna à Érine.
- For tomorrow.
Érine soupira. Elle en avait déjà marre de l'année scolaire qui venait à peine de commencer.
A la fin du cours, elle rejoignit Alizé devant la salle d'espagnol.
- Pousse toi t'es sur mon chemin !
La jeune fille se retourna, cette voix lui était familière. Elle n'eut pas de mal à reconnaître Marianne, une des «petites connes» qui était malheureusement dans sa classe et son chienchien Sydney. Elles passaient leurs journées à critiquer les autres pour se sentir supérieurs à eux.
- T'as mal entendue ou tu veux qu'elle répète ? Lui cria Sydney.
- T'as qu'à attendre ici, la salle est juste là, répondit Alizé.
- Je t'ai parlé à toi ? Non, donc ferme là !
À ce moment-là, Mme Papel ouvrit sa porte et demanda aux élèves d'entrer dans sa salle.
Marianne tourna la tête et donna en fort coup d'épaule à Érine avant d'entrer dans la salle de classe. Ils saluèrent tous la prof avant de rentrer dans la salle.
Cette dernière leur fit un contrôle surprise, que seul trois personnes de la classe réussiront, d'après les calculs d'Érine.
Celui-ci parlait d'un «speed dating», soit la seule leçon qu'elle n'avait pas apprise, enfin, elle n'apprenait pas vraiment aussi...
Elle tourna son regard vers la prof qui, sans gêne, se toucha la poitrine, le cou et le ventre.
«Elle est chelou c'te prof...»se disait-elle.
- MONIQUE ! PIERRE !! Cria-t-elle soudain.
Érine leva la tête, surprise et tourna la tête vers ces derniers.
- ¿ Banda de pequeño gilipolla, por qué haces trampa ?!
Personne ne comprit vraiment ce qu'elle venait dire, mais ça semblait être violent.
- Pourquoi vous recopier hein ?
- Mais madame, j'ai rien fais ! Supplia Monique en regardant Pierre avec un regard froid.
- Moi aussi ! Se défendit le garçon.
Mme Papel s'approcha d'eux et prit leurs feuilles en criant :
- ¡ Saque banda de estúpido! ¡ Y no vuelva !
Les deux personnes concernées se fixèrent, ne sachant quoi faire.
- Elle vous a dit de dégager, leur expliqua Marianne d'un ton agressif.
Sans se poser de questions et par peur de la réaction de la prof, Monique et Pierre prirent leurs affaires et sortirent de la salle de classe.
- Reprenez vos contrôle s'il vous plait, reprit la prof tranquillement.
« Être plus lunatique que ce professeur était juste impossible ».
À l'heure du déjeuner, Alizé raconta sa folle matinée à Flora et Rina qui, elles, étaient en Allemand.
- Votre prof est vraiment tarée sérieux, affirma Rina
- J'aurais trop voulus y être ! Mais je n'étais pas là...
- Je vais poser mon plateau je reviens, annonça Érine en se levant.
Elle croisa Marianne qui venait de poser son plateau. Sans s'en rendre compte, Marianne posa sa main en dessous du plateau d'Érine et lui renversa dessus.
Marianne et Sydney s'esclaffèrent.
- Tu ne peux pas faire attention ?! S'exclama Érine.
- Je t'avais dit de ne pas être sur mon chemin non ? Rigola Marianne en la contournant.
Alizé, qui avait vu la scène, aida son amie à nettoyer.
Érine pensait que cette journée ne pouvait être pire, mais elle se trompait.
En effet, elle était arrivée en retard à son cours d'histoire, elle avait oublié son code de son casier ainsi que son cahier de maths, elle c'était tordue la cheville en descendant les escaliers et avait eu un 3,5/20 en physique-chimie. Pour finir, étant donné sa note catastrophique en physique, le prof l'avait gardé une heure de plus pour faire la correction de son contrôle. Elle avait ainsi raté le dernier bus qui passait par chez elle et elle ne pouvait pas appeler ses parents car son portable n'avait plus de batterie. Une journée de merde comme on dit.
C'était donc à pied qu'Érine rentrait, dans le froid. Elle n'avait pas vraiment peur de se faire agresser, elle savait se défendre mais elle n'aimait tout simplement pas l'obscurité.
Érine marcha donc seul, dans le noir. Pour seule lumière celle des lampadaires.
Tout d'un coup, l'adolescente entendit un cri venant du parc situé près d'elle. Pousser par la curiosité, Érine se dirigea vers ce cri.
Elle se cacha derrière un arbre et observa la scène (chose tout à fait normal d'ailleurs...). Elle fut abasourdit par la scène. Il y avait un groupe des jeunes, tatoués aux bras d'un mystérieux aigle.
Ces derniers s'attaquèrent à deux autres personnes, un garçon et une jeune fille à peu près du même âge que leurs agresseurs. Eux aussi avaient des tatouages identiques, sauf que ce n'était pas un aigle mais une rose.
Érine était tétanisée, non seulement ils se battaient mais le garçon avec la rose sur le bras l'attaquait avec... de l'électricité ?!
Il lançait des éclairs sur ces adversaires, qui eux ripostaient avec des sortes de champs de force fait de terre et de boue.
«Je rêve ou quoi...?». Érine n'en croyait pas ses yeux, elle se demandait si c'était réel ou non. Voir des gens se battre en se lançant de la foudre ou en balançant une énorme boule fait de boue était très bizarre.
Elle espérait ne pas être découverte, une douche de boue très peu pour elle. Érine décida de partir mais quelque chose la retenait. Pourtant en regardant à ses pieds il n'y avait rien qui la maintenait sur place. Soudain, un rayon lumineux lancé par le garçon électrique se dirigea droit vers elle. Ne pouvant bouger, Érine faisait face à ce rayon qui allait peut-être la tuer. Le seul souvenir qu'elle eut de ce moment était le bruit d'une explosion.