The past, T1 : Entre passé et...

By Triloves_

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Le vrombissement des moteurs. La foule en délire. L'adrénaline. Le danger. Voilà ce qui plaît aux participant... More

SORTIE EN BROCHÉ
BIG NEW !!
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 4
Chapitre 5
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Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8

Chapitre 3

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Chapitre 3

Damien

Quartier du Vieux-Montréal, Montréal, 16 octobre 2017 – 1 h 00 du matin.

     D était perplexe. Ce visage lui disait quelque chose. Il avait déjà vu ce type. Mais où ? Telle était la question. Il essaya de se rappeler une connaissance qui avait une chevelure brune avec des yeux marron, cependant, cela était si courant qu'aucun souvenir ne lui revint. Certes, il côtoyait un nombre incalculable de personnes depuis de nombreuses années et la plupart du temps, il ne faisait même plus attention à l'apparence des gens qu'il rencontrait, pourtant, il était certain qu'il connaissait cet homme.

     — Moi, c'est Alex, répondit le concerné en haussant les épaules, visiblement indifférent.  

     D devint pâle et sentit son cœur battre plus vite, non pas parce qu'un motard était insensible à sa personne – ce qui tenait tout de même du miracle – mais parce qu'il s'appelait « Alex ». Il fronça les sourcils. D'abord ce visage familier qui lui disait quelque chose et maintenant son prénom.

     Bien sûr, cela ne pouvait être qu'une coïncidence. Oui, c'était forcément cela.

     Alors que l'assemblée continuait de les regarder comme s'ils étaient des célébrités d'Hollywood qui allaient se battre pour un Oscar, tous deux se dévisagèrent sans qu'aucun ne décide de dévier le regard ou tout simplement dire quelque chose. Ce qui glaça un peu plus l'ambiance.

     ― Ainsi donc, tu veux tenter le saut de l'ange pour voir si tous tes fans te suivent, reprit monsieur impavide, cassant le silence pesant. On peut essayer, ouais ! Tout de suite, ça te tente ? Sur le pont Honoré-Mercier, dans l'arrondissement LaSalle. 

     Il est taré !

     — T'as sérieusement cru que j'allais me jeter d'un pont, pour atterrir dans un fleuve ? Si c'est le cas, alors t'es plus cinglé que je ne le pensais...

     Le nouveau champion haussa les épaules, arborant un sourire narquois.

     — Franchement ? Ouais ! Parce que le grand D relève toujours les défis, quels qu'ils soient ! Oh, et, en passant, je préfère largement être un taré qu'un égocentrique né.

     — Nan, mais tu sais, ce que tu penses de moi, je n'en ai strictement rien à foutre ! cracha D.

     — Ah bon ? Pourtant, tes yeux disent le contraire.

     Je rêve ! Mais pour qui il se prend, ce mec ?

     D était stupéfait. Hormis François et Andrew, personne ne lui avait encore parlé comme cela. En général, tout le monde buvait ses paroles et rares étaient ceux qui arrivaient à sortir plus de trois mots en sa présence. C'était à la fois étrange et vraiment grisant de se rendre compte que quelques personnes le considéraient encore comme un mec banal. Car il pouvait compter sur les doigts de la main les personnes qui ne le voyaient pas comme une Superstar. Ils étaient trois.

     Le premier, Erwan, le haïssait pour une raison qu'il ignorait – d'ailleurs, apprendre que lui et le champion étaient amis ne lui plut guère – le second, Marius, le trouvait trop prétentieux et le troisième, cet Alex, semblait penser qu'il était égocentrique.

     Évidemment, tout le monde ne perçoit que les apparences que je projette autour de moi. Seuls Andrew et François, mes uniques vrais amis, savent qui je suis... en partie. 

     — L'ancien grand champion serait-il devenu muet ? reprit Alex en arquant un sourcil. Ah non, c'est vrai, tu n'es pas mutique ! Tu es handicapé du genou ! Grâce à moi !

     Le coup partit tout seul. En pleine figure. D regarda son adversaire qui chancela dangereusement vers la table des boissons. Alex s'écrasa dessus, le bol de punch tombant sur sa tête.

     Pour un mec qui a gagné un nombre incalculable de courses depuis cinq ans, il a un très mauvais équilibre. Étrange...

     Un sourire victorieux sur le visage, D regarda l'autre homme se redresser avec l'aide d'Erwan. Il rit, tout comme l'assistance, avant de recevoir à son tour un coup à la figure. Sauf que lui garda son équilibre. Furieux, il fusilla du regard le nouveau champion et fonça vers lui du mieux qu'il put à cause de son genou encore douloureux. Il le plaqua violemment au sol et lui donna une rafale de coups de poings. Il était beaucoup trop en colère et vexé pour se retenir. Il ne vit même pas que son adversaire avait des difficultés à parer les coups et à en donner. Quelques secondes plus tard – qui pourtant lui parurent des minutes – deux bras l'éloignèrent violemment de sa victime.

     Ce dernier avait du mal à respirer et la main gauche semblait être molle. D se figea à cette vue. Il n'en croyait pas ses yeux. C'était impossible que la main de l'homme soit comme cela ! Ce genre de conséquences physiques venait d'un A.V.C. Soudain, des réminiscences de son enfance apparurent dans son esprit, le faisant chanceler.

     Il se revit à sept ans, à l'époque joyeuse et innocente de sa vie où il avait rencontré celui qui allait devenir son meilleur ami ; puis, à ses dix ans, et pour finir à ses quinze où son existence et son avenir avaient basculé dans le néant.

     Ces images d'une vie perdue pour toujours ne durèrent qu'une seconde. Cependant, elles furent si claires et puissantes qu'il dut s'appuyer contre le mur près de lui. Une personne lui passa une chaise et il s'assit en se frottant le visage de ses deux mains.

     Putain, pourquoi faut-il que les souvenirs reviennent sans prévenir ?

     Il fallait dire aussi que la présence de ce type ne l'aidait en rien. D'abord, il s'appelait « Alex ». Ensuite, son visage qui lui disait quelque chose et maintenant, le coup de grâce, un membre qui était partiellement paralysé. C'était trop. Beaucoup trop. Cela ne pouvait plus être qu'une simple coïncidence.

     C'est un cauchemar. Je vais me réveiller !

     D était tellement perdu dans ses pensées, ses yeux fixant intensément les doigts du membre qui étaient crispés comme des pattes d'araignée, qu'il ne vit pas Erwan s'agenouiller près d'Alex. Celui-ci commençait à avoir des couleurs bleuâtres sur la figure et du sang coulait le long de son arcade et de son nez. D'ici quelques heures, il serait marqué de multiples ecchymoses très voyantes sur tout le visage... et le reste du corps.

     J'ai hâte de voir le résultat ! Il l'a cherché, ce con...

     — Alex, ça va ? demanda Erwan en l'aidant à se relever.

     Le jeune homme blessé hocha faiblement la tête. Puis, Erwan se tourna vers D, le visage rouge de fureur.

     — Nan mais t'es complètement malade ?! rugit-il. Il n'a pas la capacité de se défendre, ducon, donc il ne peut pas combattre comme toi et moi ! Tout le monde ici le sait, ce n'est pas un secret ! Tu devrais avoir honte de t'en prendre à un plus faible que toi !

     D allait riposter, toutefois, une voix à présent familière le prit de vitesse :

     — Arrête, Erwan. Je l'ai mérité et tu le sais.

     — Viens, ordonna son ami en ignorant ses paroles, il faut qu'on te désinfecte...

     Tous deux commencèrent à partir vers les escaliers menant à l'étage lorsque la voix rauque de D demanda :

     — Qu'as-tu à la main ?

     Erwan et Alex s'arrêtèrent de marcher. Sans se retourner, le champion s'exprima d'une voix impassible :

     — J'ai un handicap. Mais c'est mon problème et tant que je gagne les courses, tu dois me respecter comme n'importe quel autre motard que tu respectes. Je me suis toujours battu pour démontrer que mon handicap n'est pas un frein et j'aimerais que ça continue dans ce sens-là.

     Puis, il monta les escaliers et disparut au premier étage. Le son reprit dans la pièce et tout le monde se dispersa dans la maison. D envoya son poing valser contre le mur et partit à son tour au palier supérieur pour rejoindre ses amis restés dans l'une des chambres de la propriété. Il espérait ne pas croiser Erwan et Alex dans le couloir.

     Quand il fut certain que ceux-ci étaient dans la salle de bain, il se précipita du mieux qui le put jusqu'à la chambre qui se trouvait au fond du couloir. Sur le chemin, il vit sa petite amie, Elena, demoiselle de vingt-quatre ans dont sa chevelure caramel lui tombait sur le visage en ondulant. Elle était en dernière année d'études pour être travailleuse sociale et espérait intégrer un centre de protection de l'enfance et de la jeunesse. Elle le salua d'un signe de main et entama la conversation :

     ― Coucou D, est-ce qu'on peut se parler, s'il te plaît ?

     ― Oui, bien sûr ! sourit-il.

     Pour plus de tranquillité, ils allèrent dans l'une des chambres inoccupées. Il referma la porte et, instantanément, la musique et autres bruits assourdissants se turent considérablement, ce qui fit un bien fou à ses tympans.

     ― Je t'écoute, Elena.

     ― Voilà, ça fait seulement quatre mois que nous sommes ensemble et tu n'es pas sans savoir que notre couple ne fonctionne pas. On se comporte plus comme des meilleurs amis que comme des amoureux. Et je n'ai pas envie de te rendre malheureux, mais il y a deux semaines, j'ai fait une rencontre qui a bouleversé ma vie. Et je crois que je suis en train de tomber amoureuse. C'est pour cette raison que je souhaiterais rompre, si cela ne te dérange pas, annonça-t-elle en se triturant les doigts, mal à l'aise.  

     ― D'accord, accepta directement l'ancien champion.

     D retint un soupir de soulagement. La séparation, il y pensait depuis quelques semaines pour une raison simple : Elena trouvait toujours des excuses pour ne pas coucher avec lui, pourtant, c'était elle qui l'avait dragué. Au bout d'un moment, cela devenait lassant. Certes, il n'était pas accro au sexe comme certaines personnes, mais pour lui, dans un couple, la sexualité était tout aussi importante que la confiance. Alors, il était logique que la séparation soit la meilleure des décisions et dans un sens, il était content qu'Elena ait pris les devants : il ne savait pas comment le lui annoncer sans la blesser.

     Très cher célibat, tu m'as manqué.

     ― Tu n'es pas fâché ou blessé ? Tu sais, je t'aime, mais pas comme une petite amie.

     ― Bien sûr que non ! Elena, si tu as rencontré quelqu'un et si tu l'aimes vraiment, alors je suis heureux pour toi. Et de toute façon, comme tu l'as dit, toi et moi, ça ne le fait pas. Ce n'est pas grave, c'est la vie.

     ― Alors on redevient des amis, comme avant ?

     D la prit dans ses bras avant de lui embrasser le front.

     ― Évidemment ! Par contre, je veux rencontrer l'élu de ton cœur.

     Elena rigola en s'éloignant de D. Ce dernier sourit, heureux que la jeune femme ait trouvé quelqu'un qui lui apporterait tout le bonheur qu'elle méritait.

     ― On va encore attendre pour la rencontre, hein, c'est beaucoup trop tôt, dit-elle en remettant une mèche derrière son oreille. Bon allez, je dois rejoindre des amies au rez-de-chaussée.

     ― Et moi, je dois rejoindre mes deux acolytes.

     Ils quittèrent la chambre, se bouchèrent quelques instants les oreilles pour s'habituer aux différents sons provenant de partout dans un volume assez élevé, et partirent chacun de leur côté. D entra dans la chambre occupée par ses deux amis. François et Andrew, qui étaient en train de s'affronter dans une partie de FIFA sur une console de jeux vidéo dernier cri, le regardèrent en haussant les sourcils avant de les froncer – on ne pouvait vraiment rien leur cacher.

     — Faut qu'on parle tous les trois, annonça-t-il en éteignant l'écran de télévision, ce qui fit râler ses deux meilleurs amis.  

     — De quoi veux-tu parler ? demanda Andrew.

     ― Oh, bah, je ne sais pas. Du fait que mon successeur est un ami très proche d'Erwan, par exemple, dit-il en fusillant François du regard.

     Celui-ci détourna le regard, mal à l'aise, et déglutit. L'aîné du trio connaissait Erwan Leduc depuis sa naissance et était très proche de lui. Parfois, il lui donnait même de l'argent car le rouquin se trouvait dans une situation financière relativement précaire. En soi, que les deux hommes soient amis cela ne le concernait pas vraiment et à vrai dire, il s'en fichait. Mais que l'avocat ne lui ait pas dit que son protégé faisait partie de l'entourage d'Alex lui était insupportable.

     C'était une information importante qu'il aurait dû savoir dès sa sortie du coma puisque Erwan Leduc aimait mettre une tierce personne en opposition avec D.

     Certes, rares étaient les fois où il arrivait à ses fins, l'ancien champion étant très apprécié, mais ce n'était malheureusement pas impossible. Marius, entre autres, était un excellent exemple. Et là, le comportement d'Alex était sûrement son œuvre. Évidemment, il ne pourrait jamais en être certain, cependant, le doute persisterait. Comme son meilleur ami ne répondait rien, D perdit patience et commença à taper du pied.

     ― François, dis quelque chose !

     Le concerné poussa un long soupir.

     ― Que veux-tu que je te dise ? Ces deux derniers mois, tu avais d'autres priorités que savoir le prénom des amis d'Alex.

     Ouais, pas faux.

     N'ayant plus d'arguments à apporter, D décida de dévier de sujet :

     — Bref, passons. J'ai encore des questions sur le...

     — Pitié, ne me dis pas que ce sont des interrogations sur cet Alex, se plaignit Andrew.

     — Désolé de vous embêter encore avec lui...

     — Tu vas arrêter avec ce type ? le coupa de nouveau son ami en se levant du petit canapé où il était assis. Il t'obsède depuis deux mois. C'est pénible à la longue.

     — Laisse-le, Andrew ! lança François. Ce gars a battu notre meilleur pote, ce que personne n'avait réussi à accomplir en dix ans, donc c'est normal qu'il se pose des questions à son sujet. Que veux-tu savoir, D ?

     L'ancien champion respira et expira doucement. Il allait poser les trois questions qui le narguaient depuis qu'il avait rencontré le champion. La peur coulait dans son sang et il n'était plus certain de vouloir connaître les réponses. Cependant, il savait au fond de lui qu'il se devait de les découvrir. C'était vital. Après, il aviserait. D alla s'asseoir en tailleur sur le lit, prit une grande inspiration et demanda :

     — D'où vient-il ? Quel est son handicap exactement ? « Alex », est-ce son véritable prénom ?

     — OK, je vais répondre par question. Alors primo, il vient du Vieux-Montréal, comme la plupart des motards ; secundo, son handicap c'est une hémiplégie gauche, mais il est aussi estropié à cause d'un accident survenu durant son adolescence ; et tertio, on n'en sait rien. C'est peut-être un diminutif, comme c'est peut-être un pseudonyme. Il est très secret sur ça.

     Pour la seconde fois durant cette interminable soirée, D se figea.

     Il n'y avait plus de coïncidence possible. Son passé revenait véritablement dans sa vie. Une vie qu'il s'était construite de fil en aiguille et qui n'avait pas de place pour ce qu'il était avant. D était toujours dans ses pensées les plus profondes lorsqu'une voix masculine résonna au loin.

     — D ? D ? D !

     Il sursauta. Andrew, qui ne supportait pas ses absences, avait encore hurlé pour le ramener à la réalité. L'ancien champion envoya un coussin sur son ami, cependant, pour une fois, ce dernier ne riait pas.

     — Quoi ? dit-il quand il remarqua que ses amis le regardaient avec incompréhension.

     — Si on te posait une seule et unique question, tu y répondrais sans rechigner ? demanda Andrew.

     — Oui, bien sûr.

     — Pourquoi t'intéresses-tu autant à lui ? On sait une grosse partie de ta vie, D, mais là, tu es très mystérieux.

     D pesa le pour et le contre. Il connaissait Andrew et François depuis dix ans. Ils s'étaient toujours super bien entendus et ne se disputaient presque jamais. Il donnerait sa vie pour eux et il savait qu'ils en feraient de même pour lui. Parce qu'ils étaient les seuls à connaître son véritable prénom et comment il avait atterri dans ce monde-là. Ils connaissaient même une bonne partie du vrai D.

     Néanmoins, il restait certaines choses qu'ils ne savaient pas à son sujet, comme sa vie avant leur rencontre ou son passé. Et bien qu'il sache que ses amis ne le jugeraient jamais, il avait tout de même peur de leur réaction. C'était la raison pour laquelle il ne leur avait pas parlé de ça. L'ancien champion finit par soupirer avant de céder.

     — Très bien ! Je vais tout vous raconter...

***

N/A : Voilà le chapitre 3. le prochain sera...Et bien, je ne sais pas, malheureusement, puisque j'écris lorsque les idées e viennent et que l'envie d'écrire est là. Mais il sera bientôt là lol

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